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Rumeurs

Aux informations de Central News, les images de la manifestation mettaient en scène trois élèves et un professeur du NEST. Kelya, Skye, Heidi et Kayn. Leur implication est inconnue, mais les images ont beaucoup tourné, difficile de les manquer.
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On parle également, parmi les victimes, d'un turne avec deux rangées de dents pointues. Violent, proche des milieux terroristes, il est annoncé qu'il trempait dans plusieurs réseaux de trafic d'enfants. Des photos ignobles ont été retrouvées sur son nanocom et de l'ADN sur ses dents, prouvant qu'il s'adonnait au cannibalisme.
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Depuis la manifestation, les turnes sont très restreints dans leurs droits civiques. Couvre-feu, certains magasins interdits, plus de présomption d'innocence... Une atmosphère étouffante s'est emparée des rues. Heureusement, au NEST, il n'en paraît rien, pour les pensionnaires.
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Au NEST, on raconte dans les couloirs qu'il se passerait quelque chose entre le prof d'anglais et l'infirmière... Ils sont faits pour s'entendre, aussi calmes et posés l'un que l'autre...
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Un entretien compliqué : le cas "Heidi"

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Ven 20 Sep - 12:51
6h55


Solveig patientait devant l'entrée du NEST.
Assise sur un banc, les jambes croisées, elle pianotait sur son ordinateur, relisant avec ferveur un mémo écrit dans la nuit.
Le mémo n'était pas anodin, tout comme sa présence ici.

Ce qui l'avait amené au NEST était Heidi, sa sœur, suite à la réception d'un message de la direction annonçant, sans hésitation, le renvoi temporaire d'une semaine pour diverses raisons.
Il semblait que sa sœur n'avait pas pour habitude d'avoir une attitude studieuse, et que cela posait problème.
Solveig n'avait pas besoin de lire le message. "Remarques répétées", "un comportement inadapté", "de nombreux cas d'insubordinations", "des notes en baisses", "des absences injustifiées" et "une tendance très inquiétante à arriver à l'institut couverte de blessures de griffures ou d'ecchymoses".
Heidi avait tout du mauvais élève.

Solveig comprenait la position de la direction.
Un élément perturbateur n'était jamais bon dans un environnement quelconque. Elle-même, en tant que jeune scientifique étudiante, était amenée à séparer l'élément perturbateur lors d'expérience.
Elle ne le réintroduisait que si cela avait un intérêt.
Néanmoins, le parallélisme n'était pas vraiment pertinent.
On parlait d'être humain, ici. Des êtres capables de penser, de raisonner et de s'adapter, donc de changer de comportement.
Elle avait donc besoin d'éclaircir la situation. Si elle n'avait pas pris la peine d'en parler à Heidi pour le moment, Solveig redoutait d'être trop intrusive, elle avait contacté le NEST pour avoir un entretien et savoir ce qu'il en était.
C'était peut-être encore plus intrusive que d'en parler à Heidi, mais elle n'avait pas vraiment conscience de cela.
On lui avait donc donné rendez-vous, aujourd'hui, à 7h. Son interlocuteur serait M. Miles Edgeworth, un professeur d'anglais.

Elle avait donc essayé de s'habiller en conséquence.
Des mocassins en cuir, synthétique, noir. Un jean, noir également, dessinant parfaitement les courbes de ses jambes, un chemisier blanc parsemés de roses dessinées.
Elle n'avait pas su dire si c'était une tenue adaptée pour un entretien.
Solveig avait l'impression de faire "artiste", alors qu'elle était aux antipodes de cette idée.
Elle n'avait pas pris la peine de se maquiller, ni d'essayer de cacher ses énormes cernes noires, conséquences des précédentes nuits blanches à travailler, sur sa thèse et sur cet entretien.
Cependant, elle s'était permise de réhausser légèrement la couleur de ses lèvres, par un rouge à lèvre pas trop prononcé.
Pour finaliser sa tenue, elle avait attaché ses cheveux en un chignon plutôt maladroit où des mèches de cheveux s'échappaient clairement.

Elle n'avait pas particulièrement de plan d'attaque pour défendre sa soeur, ni l'intention.
Solveig désirait simplement prendre en compte des éléments extérieurs à son propre point de vue ou à celui de sa soeur.
Comprendre ce qu'il en était.
Cela lui permettrait également, d'en savoir un peu plus sur Heidi. Après tout, n'avait-elle pas passé les dernières années de sa vie, ici ?
Solveig connaissait l'enfant. Ses connaissances étaient moindres concernant l'adulte et totalement absentes pour l'adolescente.

Mais même si elle ne savait pas tout de sa soeur, Solveig était sure d'une chose : Heidi n'était pas bien.
Il y avait les ecchymoses, que Solveig avait également aperçu, mais aussi l'abandon par les parents.
C'était sur cela que Solveig avait passé la nuit à faire des recherches, les possibles conséquences d'un tel abandon sur la psyché.
Le fait qu'elle soit turne, également. Même si elle était considérée comme une citoyenne normale, et qu'elle avait une omnipuce, Heidi était turne.
Il y avait également sa participation à la manifestation qui semblait l'avoir... Chamboulé.
Voir un psy était donc de rigueur, en espérait que Heidi ne se braque pas trop à l'idée...

Solveig achevait la lecture de son mémo, à temps à priori car la grille était en train de s'ouvrir, laissant quelques personnes pénétrées alors dans l'enceinte.
Solveig se redressa et s'avança à son tour, allant jusqu'à l'accueil.

- Bonjour, je suis Mlle Langley et j'ai rendez-vous avec... Un... Certain...

Elle n'était pas à l'aise face à cette femme qui la regardait derrière sa vitre. Pourtant, aucune animosité dans son attitude, voire son regard.
Solveig commençait à stresser, ce n'était pas bon.
Elle prit alors le temps d'une grande inspiration, toujours sous le regard, assez intrigué, de la réceptionniste.

"M. Edgeworth, n'est-ce pas ? On m'a prévenue"

- ...Merci ! Oui, c'est lui.

Un léger sourire en direction de la réceptionniste, attendant alors la suite des instructions.



Solveig Langley
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Solveig Langley
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Ven 20 Sep - 14:12
"Vous allez pouvoir vous rendre dans la salle des professeurs. Il vous attendait, Mr Edgeworth est toujours… Très à cheval sur la ponctualité."

Il y avait un peu de moquerie dans la voix de la femme, mais rien de vraiment méchant. Ce professeur semblait juste être connu pour ce trait de caractère particulier autour du respect des règles. Et, effectivement, à ce moment, un homme sortit de la pièce aux parois de verre à gauche de l'accueil : il était assez grand, les cheveux noirs, bien coiffé, et une allure droite semblable à celle d'un majordome. Son visage ne montrait pas la moindre expression qui pourrait causer un stress supplémentaire à Solveig : pas de moquerie, pas de méchanceté, pas d'impatience… Il tenait une tasse de thé à la main, poussant la porte de l'autre.

- Mlle Langley, c'est bien ça? Venez par ici, je vous en prie. Il y a une table disponible au fond de la salle.

Miles tint la porte ouverte, le temps qu'il fallait pour que Solveig pénètre dans la salle. Il l'avait clairement invitée à entrer, ne laissant la place à aucun moment de gêne occasionné par une mauvaise compréhension. Puis, il laissa la porte se refermer et accompagna la jeune femme près de la table en question. Elle était située près de la baie vitrée donnant sur la serre, assez lumineuse malgré l'heure matinale, et une tasse à thé était posée sur sa soucoupe, en face de la chaise vide que Miles tira en arrière pour Solveig. Au milieu de la table étaient posés, côte à côte, un petit vase de fleurs provenant apparemment de la serre, et une théière fumante. Il portait un pantalon rouge sombre parfaitement lisse, et une chemise blanche au col, aux boutons et aux manchettes légèrement épaissies. Il portait également des lunettes, très fines, lui conférant un air sérieux et impliqué.

- N'hésitez pas à vous servir, il a été préparé pour l'occasion. Il m'est très difficile d'affronter une journée sans une tasse de thé matinale.

Attendant que Solveig soit assise, il se pose à son tour sur la chaise, juste en face. Les choses sérieuses allaient bientôt commencer. Suivant les parents d'élèves, cela pouvait être gênant, fatiguant, éprouvant, passer par la colère, le marchandage, le déni… Parfois, des parents étaient pires que leurs enfants. Miles avait vérifié l'identité de Solveig quand Tobias lui avait dit que ce serait à lui de gérer ce rendez-vous pris par la famille d'Heidi. Décidément, le vieux directeur ne lui faisait aucun cadeau…

Solveig était donc la grande sœur d'Heidi, et il semblait qu'elles avaient tout récemment emménagé ensemble. Tout comme il était récent qu'elle soit devenue la personne à prévenir en cas d'urgence. Cela faisait sens, puisqu'elles venaient apparemment de se retrouver. Chose qui le rassurait un peu, elle était enregistrée en tant que citoyenne. Mais, sa petite soeur aussi, et pourtant, elle était turne… Et si elle aussi…? Miles craignait avoir affaire à une grande sœur suprotectrice et véhémente, prête à défendre bec et ongle sa petite sœur contre tout bon sens.

Mais, ça n'avait pas l'air d'être le type de la femme en face de lui. Elle était élégante, dans une tenue plutôt chic, noire, avec un chemisier blanc orné de roses. Un simple chignon blond sur la tête, elle n'était pas maquillée, ce qui aurait été -selon les opinions personnelles du professeur en tout cas- une faute de goût. Un simple rouge à lèvre plutôt discret. Par contre, si elle ne semblait pas être une grande fêtarde, elle avait l'air de très franchement manquer de sommeil, comme en témoignaient de lourds cernes sous ses yeux verts.

- Très bien. Heidi… Miss Langley est un bon élément, ou pourrait l'être du moins. J'ai personnellement beaucoup d'espoir pour elle, mais même en m'y étant attelé personnellement, je n'ai pas été capable de traverser la carapace qu'elle s'est forgée. Mes rapports ont, je le crains, et je m'en excuse, probablement été décisifs quant aux dispositions prises pour améliorer ses études. Par où commencer... Peut-être avez-vous des questions quant au memo que vous avez recu il y a quelques jours?

Il avait cessé de boire son thé, tout à l'entretien. Il aurait jugé malpoli de continuer à boire tout en abordant un sujet qui pouvait se révéler particulièrement important pour Solveig.
Miles Edgeworth
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Miles Edgeworth
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Ven 20 Sep - 20:40
"Vous allez pouvoir vous rendre dans la salle des professeurs. Il vous attendait, Mr Edgeworth est toujours… Très à cheval sur la ponctualité."

Solveig était toujours dotée de cette lenteur atypique pour voir, décrypter, analyser et comprendre les expressions, ici le rire, des personnes.
L'accumulation de la fatigue faisait également office de frein dans cette quête de compréhension.
Mais là, décidément, elle ne voyait pas ce qui était drôle dans le fait d'être ponctuel.

C'est donc, d'un air particulièrement hagard, qu'elle mis quelques secondes à réagir lorsque la porte s'ouvrit sur un homme d'une grande taille.
Ici, la fatigue lui sauva, en quelque sorte, la mise.
Sa surprise passa presque inaperçue, alors qu'habituellement, elle aurait légèrement tressautée avant d'être rapidement rassuré par l'allure propre et chic de se professeur.
Là, elle le regardait simplement, légèrement éberluée, avant de reprendre sa contenance.

- Mlle Langley, c'est bien ça? Venez par ici, je vous en prie. Il y a une table disponible au fond de la salle.

Il lui plut au premier regard.
Grand, bien habillé, chic, il dégageait une attitude totalement neutre, que ce soit dans son regard, dans sa voix ou dans sa posture.
Il semblait faire attention à ses moindres faits et gestes, avec un tel naturel, que cela fit sourire Solveig.
Un sourire léger et sincère.

Elle porta son regard sur la tasse que Miles tenait d'une main, surprise de trouver un interlocuteur qui ne semblait pas jurer par le café.
Cela ne fit qu'élargir son sourire.

Un instant de silence et d'absence de gestuelles, avant de se rendre compte qu'elle n'avait ni répondu aux présentations, ni répondu à l'invitation.

- Oh heu... Pardon, oui, je suis bien Mlle Langley, Solveig Langley, la grande soeur de Heidi. Je viens pour... Pour... L'entretien.

Elle avait fini sa phrase sur un ton légèrement penaud.
Ce n'était clairement pas son interlocuteur qui la stressait, mais simplement l'évènement.
Se voir doter d'une telle responsabilité, alors que Solveig avait tendance à vouloir rester seule dans son coin.
Mais ce temps était fini, vis-à-vis de Heidi, au moins.

- Je... Vous suis.

Et c'est ce qu'elle fit, remerciant la réceptionniste et lui souhaitant une bonne journée.
Mr. Edgeworth lui maintint la porte aussi longtemps qu'elle mit de temps à la traverser.

- Merci.

Il l'accompagna jusqu'à la table, Solveig n'osant trop parler pour le moment, ne sachant trop quoi dire.
Heureusement, ils semblaient se diriger vers une baie vitrée donnant sur une serre lumineuse.
Curieuse, Solveig accéléra légèrement le pas, avant de coller son visage par la vitre et d'admirer, au mieux, ce qu'il en était.

- Une serre ici ? C'est fantastique !

Elle resta quelques instants, le nez sur la paroi, à regarder à gauche et à droite tout en nommant, dans son esprit, les différentes plantes visibles.
Ce fût un léger bruit de chaise qui la ramena à l'instant présent, et la fit se retourner en direction de la table.

Son interlocuteur semblait avoir tiré une chaise, l'invitant à s'asseoir devant une tasse posée sur une soucoupe.
Il y avait également, au centre de la table, un pot de fleur et une théière d'où sortait un mince filet de chaleur.

- N'hésitez pas à vous servir, il a été préparé pour l'occasion. Il m'est très difficile d'affronter une journée sans une tasse de thé matinale.

Elle reporta son regard sur lui, légèrement surprise d'une telle intention.

- Oh... Je... Si ça ne dérange pas, je veux bien, merci.

Elle s'assied alors sur la chaise, avant de la rapprocher de la table, puis se permis de prendre la théière et de s'en servir une tasse, d'un geste légèrement fébrile mais néanmoins maîtrisé.

Elle reposa le contenant sur la table, avant de prendre la tasse à pleine mains, frissonnant légèrement sous la chaleur prodiguée par le liquide brûlant.
Un nouveau sourire sincère, assurant une expression naïve, vint orner son visage en direction de son interlocuteur.
C'était son premier entretien et elle était bien loin de penser que cela se passerait ainsi.
L'homme était charmant, poli et maniéré, la mettant aisément à l'aise.

Elle prit une première gorgée, laissant le liquide chaud envahir sa gorge.

- Très bien. Heidi… Miss Langley est un bon élément, ou pourrait l'être du moins. J'ai personnellement beaucoup d'espoir pour elle, mais même en m'y étant attelé personnellement, je n'ai pas été capable de traverser la carapace qu'elle s'est forgée. Mes rapports ont, je le crains, et je m'en excuse, probablement été décisifs quant aux dispositions prises pour améliorer ses études. Par où commencer... Peut-être avez-vous des questions quant au memo que vous avez recu il y a quelques jours?

Nullement besoin de regarder à nouveau le mémo, ou de faire défiler les questions dans sa tête.
Tout était clair, enfin pour elle.
Il n'y avait pas d'éléments perturbateurs dans son flot de pensées, excepté la curiosité concernant ce professeur.
Solveig avait dû mal à décrire l'expression de son visage, mais au vu des propos tenus, Il semblait sincèrement peiné et désolé de ce qui arrivait à Heidi. Même s'il avait, apparemment, joué un rôle dans l'origine de cet entretien.
Il avait une capacité à scinder les choses, c'en était presque admirable.

- Oui, j'aimerai sincèrement avoir plus d'informations concernant les... Ce qu'on lui reproche... Non pas que je mette en doute ce qu'il en est, mais... Mais...

Elle s'arrêta, un long instant.
Hésitante sur ce qui était à dire ou à ne pas dire. La seule chose certaine était de ne pas révéler ce qu'était réellement Heidi, à savoir une turne.

- Posons... les choses... ? Mr Edgeworth, si vous le voulez bien. Ma soeur et moi-même ne nous sommes pas vues depuis cinq ans. Et nous nous sommes retrouvées par... Hasard. Je connais celle qu'elle était enfant, et les quelques jours récemment passés avec elle m'ont permis de la découvrir un peu plus. Cependant, je n'ai aucune idée de comment elle peut être dans le cadre universitaire.

Si le ton était d'abord hésitant, celui-ci était plus assuré au fur et à mesure que les mots s'échappaient d'entre ses lèvres, lèvres qu'elle humidifiait par moment d'un léger mouvement de langue.
Pas d'une discrétion à toute épreuve, juste un signe qu'elle n'était pas réellement à l'aise.

- J'ai donc voulu cet entretien pour comprendre ce qu'il m'était possible de comprendre. Je ne cherche pas à aller à l'encontre de l'exclusion. Je ne cherche également pas à aller à contre sens de ce que le NEST préconise, comme l'entretien psychiatrique. Je crois que c'est une bonne initiative, au contraire.


L'abandon par sa propre famille pouvait laisser des séquelles trop importantes pour ne pas faire un état des lieux.
Solveig avait relu beaucoup d'informations pour comprendre tout ceci.

- Et comme vous, je ne suis pas certaine de passer outre sa carapace, car nous devons renouer notre parenté.

Elle s'arrêta un court instant, avant de se gratter la tempe de son index.

- Ca me donne l'impression que je vous fais perdre du temps et j'en suis navrée. Mais j'aimerai effectivement en savoir plus sur tout ceci.
Solveig Langley
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Solveig Langley
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Ven 20 Sep - 22:36
Solveig semblait de bonne humeur. Elle était souriante quand elle vit le professeur arriver, et cela s'intensifiait alors qu'il lui parlait. C'était plutôt un bon signe, compte tenu des raisons qui la poussaient à venir à l'académie, et à prendre ce rendez-vous, et quand bien même la raison eut été qu'elle eut une attirance quelconque pour Miles, cela ne semblait pas modifier son comportement outre mesure, comme en le faisant chercher à profiter de la situation pour diriger la discussion.

- Oh heu... Pardon, oui, je suis bien Mlle Langley, Solveig Langley, la grande soeur de Heidi. Je viens pour... Pour... L'entretien.

Elle semblait stressée par la situation, ce qui était tout à fait compréhensible. Son âge relativement jeune et la nouveauté d'avoir à endosser la responsabilité d'une autre personne expliquaient facilement cela.

- Je... Vous suis.

Après avoir pris congé de la réceptionniste de l'accueil, ils se rendirent jusqu'à la table qui serait le théâtre du rendez-vous. Solveig semblait intéressée par la vue; elle avait l'air d'être le genre à rapidement oublier un sujet pour passer à un autre tant que celui-ci présentait un quelconque intérêt personnel susceptible d'éclipser une situation gênante. Miles la laissa admirer tout son saoul la vue de l'édifice en verre, qui, sommes toutes, était effectivement une rareté sous le dôme, qui n'était pas sans faire la fierté de Tobias. Il mettait souvent en avant les cours de botanique dans les campagnes promotionnelles de l'Institut.

- Une serre ici ? C'est fantastique !

- Oui, c'est un atout particulièrement remarquable de l'école. Les élèves peuvent y découvrir le fonctionnement naturel des végétaux. Par cela, j'entends, leur fonctionnement avant qu'ils ne soient modifiés d'un point de vue génétique.

Après l'avoir invitée à s'asseoir et à se servir d'une tasse thé, elle accepta avec la gêne compréhensible d'une attention très légèrement en dessus des conventions habituelles.

- Oh... Je... Si ça ne dérange pas, je veux bien, merci.

Miles la laisse se servir, puis tester la chaleur de la tasse. Elle semblait plus à l'aise que devant l'accueil, ce qui était une bonne chose. Souriante, elle se tourna vers lui, et l'entretien pouvait commencer; il fallait partir sous les meilleurs auspices pour attaque un sujet aussi délicat.

- Très bien. Heidi… Miss Langley est un bon élément, ou pourrait l'être du moins. J'ai personnellement beaucoup d'espoir pour elle, mais même en m'y étant attelé personnellement, je n'ai pas été capable de traverser la carapace qu'elle s'est forgée. Mes rapports ont, je le crains, et je m'en excuse, probablement été décisifs quant aux dispositions prises pour améliorer ses études. Par où commencer... Peut-être avez-vous des questions quant au memo que vous avez recu il y a quelques jours?

Elle ne réfléchit pas beaucoup plus avant de poser les questions qui lui brûlaient les lèvres. Elle savait apparemment où elle voulait en venir et, plutôt que de contester en bloc les faits, cherchait à les comprendre, probablement pour pouvoir agir plus efficacement sur leur source. Miles se prit à penser que, les différentes fois où il avait essayé d'aider Heidi dans son cursus scolaire, il n'était effectivement pas la personne adéquate; la jeune fille avait besoin d'être maternée, et fonctionnait presque exclusivement à l'émotionnel. Rôle qu'il aurait été aussi compliqué que malvenu pour le professeur d'endosser. Il était plus à l'aise avec les élèves Drambolt et Reid, ou même avec ses cours particuliers avec Miss Becini. Ce qu'il représentait en tant que personne avait une meilleure chance d'interagir avec leurs parcours personnels.

- Oui, j'aimerai sincèrement avoir plus d'informations concernant les... Ce qu'on lui reproche... Non pas que je mette en doute ce qu'il en est, mais... Mais...

Elle était hésitante, tout à coup. Un élément devait bloquer l'entretien, de son côté, tout du moins. Miles lui laissa le temps de trouver ses mots, et quand ce fut le cas, elle lui expliqua une partie de la situation personnelle d'Heidi.

- Posons... les choses... ? Mr Edgeworth, si vous le voulez bien. Ma soeur et moi-même ne nous sommes pas vues depuis cinq ans. Et nous nous sommes retrouvées par... Hasard. Je connais celle qu'elle était enfant, et les quelques jours récemment passés avec elle m'ont permis de la découvrir un peu plus. Cependant, je n'ai aucune idée de comment elle peut être dans le cadre universitaire.

Elle cherchait un peu ses mots mais finit par en arriver au point qu'elle voulait soulever. Elle n'était pas, malgré leur lien familial, la mieux placée pour la comprendre. Ou plutôt… Même si c'était elle la mieux placée, de nombreuses zones d'ombres restaient à éclaircir sur la psyché de la jeune élève.

- Je comprends bien votre situation. Je suis navré de vous imposer si tôt dans ce renouveau de votre relation familiale une épreuve comme celle-ci. Croyez-moi, si j'avais pu éviter d'en arriver là, vous n'auriez pas eu à prendre ce rendez-vous.

- J'ai donc voulu cet entretien pour comprendre ce qu'il m'était possible de comprendre. Je ne cherche pas à aller à l'encontre de l'exclusion. Je ne cherche également pas à aller à contre sens de ce que le NEST préconise, comme l'entretien psychiatrique. Je crois que c'est une bonne initiative, au contraire. Et comme vous, je ne suis pas certaine de passer outre sa carapace, car nous devons renouer notre parenté.

Voilà qui était plus fâcheux. Si elle ne pouvait pas atteindre Heidi, et la convaincre du bien fondé de la décision prise, l'issue la plus probable de cette histoire serait un schisme peut-être irrémédiable entre les deux sœurs, ce qui n'était pas à souhaiter. Miles sirota silencieusement sa tasse, les sourcils légèrement froncés.

- Ca me donne l'impression que je vous fais perdre du temps et j'en suis navrée. Mais j'aimerai effectivement en savoir plus sur tout ceci.

- C'est bien normal. Je vais commencer par simplement énoncer les faits, pour que vous puissiez vous rendre compte de la situation telle qu'elle est vécue par le corps enseignant.

Il reposa sa tasse, et joignit ses mains en entrelaçant ses doigts, regardant Solveig avec un air à la fois grave et pourtant, dénué d'accusation ou de reproche.

- Pour commencer, son comportement en cours met mal à l'aise plusieurs personne du corps enseignant. Le professeur de littérature par exemple, lors de son remplacement au cours de musicologie, a fait remonter l'irritabilité manifeste d'Heidi. D'autres lui ont déjà plusieurs fois fait la remarque de ne pas dormir pendant les cours, dans les amphithéâtres, et de ne prêter que rarement attention aux leçons, sans parfois même ouvrir son sac.

Ensuite, pendant le cours d'anglais - mon cours, donc, elle a refusé de participer au cours, invoquant des blessures graves, pour finalement écrire des... insanités au tableau, cracher le bouchon du feutre par terre, puis jeter celui-ci au sol. Elle a ensuite refusé de le ramasser et est passée par-dessus une table pour retourner à sa place, avant de refuser de venir me parler à la fin du cours. C'est arrivé une seconde fois, après une tentative de ma part de revenir vers elle. Je pense hélas avoir fait plus de mal que de bien.


Miles fit une pause. Cette anecdote le concernait tout particulièrement, c'était la première fois qu'il avait tenté d'aider Heidi, et cela s'était soldé par un cuisant échec. Il parlait un peu plus lentement, prenant soin de mettre de côté tout jugement personnel et énonçant simplement les faits.

- Vous comprenez, je pense, les problèmes qu'un tel comportement peut présenter. Cela nous amène d'ailleurs au sujet le plus délicat, les nombreuses et fréquentes blessures qu'elle arbore en venant en cours. Plusieurs réunions de professeurs ont eu lieu pour en parler, nous craignions qu'il s'agisse de violences domestiques ou de problèmes avec d'autres élèves, mais rien de tout cela ne semblait fondé. C'est notre infirmière qui a pris la relève sur la question, après que l'établissement ait reçu une notification de l'Hôpital Central.

Il s'éclaircit la voix. Apparemment, la liste était très loin d'être terminé, et il semblait gêné d'avoir à en faire un compte-rendu exhaustif devant une proche de l'élève en question.

- Un autre surveillant nous a rapporté un autre type d'incartade; accompagnée, elle aurait été trouvée blessée, en pleine nuit, dans le campus, et le surveillant a d'ailleurs été sommé de me prévenir en personne sur mon numéro personnel. Mais, à son retour, elles avaient détalé, ce n'était qu'un tour qu'elles lui avaient joué. Elle a... Également, mis le feu à une copie devant un de ses professeurs, et insulté un de nos surveillants qui s'occupait de sa sanction. Je vous éviterais la teneur de l'insulte en question.

Rien que cette faute suffisait à elle seule à invoquer un conseil disciplinaire mais, au vu des doutes qui planaient quant à sa situation familiale, à savoir qu'elle était peut-être victime de violences, de simples travaux d'intérêt général avaient été décidés.

- Ensuite, elle a une fâcheuse tendance à quitter la salle pendant les cours, souvent parce qu'elle n'est pas d'accord avec les décisions des professeurs. Ses relations avec les autres élèves n'aidant pas.

Bien sûr, il parlait de Kelya Drambolt et de Skye Reid. Mais impossible d'en parler sans en venir aux avis personnels, alors il se contenta de minimiser cette faute-là. Il n'évoqua que très rapidement le langage particulièrement fleuri de la jeune fille, après tout, beaucoup d'élèves étaient tout aussi grossiers. Pareil pour la bibliothécaire qui s'était plainte du raffut qu'elles avaient fait tous les trois.

- Je vous passerai les devoirs non rendus, ou entièrement laissés à ses partenaires de travail. Les choses se corsent un peu quand ce sont des policiers qui viennent l'emmener au poste directement depuis le campus. Pour insulte à agent. Elle a d'ailleurs fait l'objet quelques temps plus tard d'une seconde arrestation, dont nous avons été informés par les services de police. L'objet était alors une participation à une réunion en lien avec les milieux anarco-terroristes.

Une nouvelle pause. Si Solveig ignorait qu'Heidi avait un casier, elle venait de l'apprendre et allait sûrement avoir besoin de digérer cette information.

- Sans compter que, récemment, vous ne l'ignorez probablement pas, sa présence lors de la fameuse manifestation a été assez largement médiatisée, ce qui a jeté un opprobre considérable sur la réputation de l'établissement.

Cette fois, il s'arrêta complètement de parler. Il lui restait apparemment encore beaucoup à dire, mais il s'inquiétait de l'effet de cette avalanche d'informations sur la réaction de la femme en face de lui.
Miles Edgeworth
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Miles Edgeworth
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Lun 23 Sep - 12:57
- C'est bien normal. Je vais commencer par simplement énoncer les faits, pour que vous puissiez vous rendre compte de la situation telle qu'elle est vécue par le corps enseignant.

Ils rentraient pleinement dans l'objet de l'entretien.
Si Miles s'assurait de décrire les faits avec une pertinence plus que correct, couplé à une neutralité brut, Solveig écoutait.

Elle était "mitigée", pour résumer sommairement, consciente que le NEST adoptait une réglementation plus souple au vu de sa population.
En effet, il pouvait être difficile d'enseigner un savoir aux turnes, entre le contexte politique qui tendait à les acculer, voire les opprimer.
Ajoutant à cela qu'ils s'agissaient d'enfants, d'adolescents et de jeunes adultes, des âges où l'on construisait sa personnalité, cela pouvait être d'autant plus compliqué.
Le NEST devait donc allier douceur et fermeté pour accompagner ces personnes dans cette société qui avait généralement tendance à les rejeter.
Par conséquent, si l'établissement en était venu à expulser temporairement Heidi, c'est qu'elle avait fait des choses graves.

C'était ces choses graves que Solveig appréhendait.
Non pas qu'elle considérait, un seul instant, Heidi comme un hypothétique monstre. Cette hypothèse avait été largement contre-argumentée par les jours passés ensemble, où Heidi était adorable, malgré l'abandon.
Heidi avait pardonné à Solveig son attitude passive vis-à-vis de tout ça.
Heidi ne pouvait pas être mauvaise.

L'hypothèse de Solveig, suite à ses nombreuses recherches, était que sa soeur présentait un traumatisme suite à l'abandon.
Un traumatisme qui lui faisait défier et rejeter toute idée d'autorité.
Abandonner par sa famille alors qu'elle était malade, abandonné par la société parce qu'elle était turne.
Même si elle était vue comme citoyenne, Heidi était et restait turne.

- Vous comprenez, je pense, les problèmes qu'un tel comportement peut présenter. Cela nous amène d'ailleurs au sujet le plus délicat, les nombreuses et fréquentes blessures qu'elle arbore en venant en cours. Plusieurs réunions de professeurs ont eu lieu pour en parler, nous craignions qu'il s'agisse de violences domestiques ou de problèmes avec d'autres élèves, mais rien de tout cela ne semblait fondé. C'est notre infirmière qui a pris la relève sur la question, après que l'établissement ait reçu une notification de l'Hôpital Central.


Solveig écoutait d'une oreille plus ou moins attentive.
Son cerveau enregistrait naturellement le fond du discours, soit les méfaits de Heidi, mais son esprit était un poil trop focalisé sur la forme, Miles étant un excellent orateur.
Il présentait les faits en étant ce qu'ils sont : des faits.
Sa voix restait à la même fréquence tout du long, certains auraient pu dire que le ton était monotone, voire ennuyeux, ce qui n'était pas le cas de Solveig.
Elle appréciait sincèrement cette façon de faire, comme si elle lisait le rapport ou une thèse d'un corpus scientifique quelconque.
Même ses expressions semblaient neutres.
Cette absence de fioritures bouta définitivement stress et angoisse de la grande soeur.
Elle pouvait donc effectuer sa démarche habituelle concernant les interactions sociales : décortiquer, analyser et comprendre les différentes problématiques.
C'était un véritable exercice pour aller.
Attraper les phrases au fur et à mesure qu'elles lui parvenaient à l'oreille, les décortiquer, les analyser, puis les ranger dans différentes cases.
Au fur et à mesure, Solveig entrait de plus en plus de données dans les cases, permettant ainsi de synchroniser ces informations avec ses précédentes recherches.

D'un point de vue extérieur, Solveig pouvait paraître comme légèrement absente.
D'une immobilité à toute épreuve, ses mains entourant toujours la tasse de thé. Son souffle était quasi-inexistant, et il fallait observer avec une grande attention sa poitrine pour se rendre compte qu'elle respirait bien.
Quant à son regard, porté sur Miles, il était songeur.
Elle n'interrompit pas un seul instant son interlocuteur.

Les évènements décrit étaient perturbants, et peut-être que cela pouvait se voir dans l'oscillement de ses sourcils, de ses paupières, ou de ses pupilles qui se rétractaient ou grandissaient variablement.

Solveig découvrait sa soeur, d'un point de vue nouveau, ce qui était la raison de sa présence ici.
Le regroupement des données divergentes vinrent appuyer sa théorie du traumatisme.

Etrangement, Solveig n'était pas... Inquiète.
Si les actes témoignaient d'une profonde aversion vis-à-vis de l'autorité, elle pensait qu'ils restaient suffisamment minimes, excepté l'immolation d'une feuille.
Ce qui faisait tirer l'alarme n'était donc pas un acte bien précis, mais un comportement.

Elle devait néanmoins avouer que l'existence d'un casier judiciaire pour sa soeur était inquiétant, mais n'apportant pas d'informations supplémentaires vis-à-vis de cela, Solveig devra aller consulter cela d'elle-même.
Elle rangea donc l'outrage à l'agent et la participation à un évènement clandestin dans une case différente.

- Sans compter que, récemment, vous ne l'ignorez probablement pas, sa présence lors de la fameuse manifestation a été assez largement médiatisée, ce qui a jeté un opprobre considérable sur la réputation de l'établissement.

Ne comprenant pas en quoi l'attitude de Heidi pouvait entacher la réputation de l'établissement en participant à la manifestation, elle eut d'abord une moue désapprobatrice, moue qui disparu rapidement en comprenant que cet entretien ne mettait pas en lumière le rapport entre Heidi et le NEST, mais entre Heidi et la société.

Miles ayant fini, semble-t-il, Solveig passa en revue les différents éléments dans son esprit.
Il allait maintenant falloir répondre à tout cela.

- Il est certain que tous ces actes n'ont rien d'hétéroclites... Heidi semble donc éprouver une défiance sourde vis-à-vis d'une quelconque autorité.

Solveig s'était enfoncée dans sa chaise, croisant les bras au passage.

- Vous avez émis une hypothèse viable, à savoir les violences. Bien que je ne puisse savoir d'où proviennent ces bleus qu'elle arbore, Heidi a subie des violences familiales auxquelles j'ai indirectement participé.

Ce qui allait venir était certainement la partie la plus délicate, alors Solveig se permis d'introduire le propos.

- Ma soeur et moi avons toujours été discrète, en un sens. Du moins on tendait à cette discrétion. C'était sans compter l'attitude de nos parents qui avaient une préférence pour ma personne tandis qu'ils délaissaient Heidi. Tout simplement parce que je semblais être plus... Comment dites-vous déjà ? Intelligente, voire surdouée.

Elle était plus que perplexe face à cette idée qui l'avait poursuivie tout au long de son enfance jusqu'à aujourd'hui.

- Il n'en est rien, j'ai simplement la capacité de... Comment dire... D'emmagasiner des informations et je suis très curieuse, certains trouvent que c'en est maladif. Pour moi, j'éprouve simplement une véritable fascination pour la connaissance dans tous les domaines et plus particulièrement la science.


C'était pour cela que Solveig ne s'était jamais considérée comme une surdouée, surtout qu'elle payait cette capacité d'emmagasinement très cher, avec une réflexion pouvant être particulièrement lente.

- Cette perception, erronée, a amené mes parents à délaisser Heidi. Puis, vers 12 ans, environs, elle a commencé à tomber malade, ayant des épilepsies parfois violentes. Elle devait se médicamenter et cela a duré jusqu'à ce que je quitte le domicile familial, soit à mes 18 ans tandis que Heidi en avait 14, pour rejoindre la FATE et y étudier.


Elle se contracta un bref instant, n'arrivant pas à réprimer un sursaut de dégoût vis-à-vis de ses propres parents qu'elle n'avait plus vu depuis leur dernière discussion.
Après la rencontre de Heidi, Solveig était allée chez ses parents, pour discuter.
C'était bien la première fois de sa vie qu'elle était sortie de ses gonds, à tel point que ses parents en avaient pleuré.

- A mon départ, mes parents se sont débarrassés de Heidi, tout simplement, en l'envoyant ici. Ils l'ont sciemment abandonné et m'ont menti pour que je ne sache pas la vérité.

Solveig se mordit la lèvre inférieure, se sentant clairement comme coupable pour sa naïveté et, par conséquent, son inaction.

- J'ai été abusée par ma confiance envers mes parents, croyant sincèrement les propos qu'ils me tenaient : Heidi était internée car son état s'était aggravé.

Il fallait maintenant donner une explication plausible à pourquoi ils avaient fait cela, sans inclure sa véritable nature.
Ou... Oblitérer la chose.

- Il n'en était rien, vu qu'ils l'avaient placé ici. Après l'avoir retrouvé grâce à l'une de ses amies, j'ai été m'expliquer avec eux.

Inconsciemment, ses poings se renfermèrent sur ses biceps, serrant fortement à travers le chemisier.
Sa première grosse dispute...

- Ils l'ont abandonné parce qu'elle avait toujours ses crises d'épilepsie, mais également parce qu'elle était une pro-turne, ne comprenant pas pourquoi il devait y avoir une différence entre une citoyenne comme elle et un turne. Nos parents sont anti-turnes, profondément, c'est viscérale. Et ils ont renié leur fille pour ce point de divergence mais aussi parce qu'ils pensaient qu'elle entraverait, d'une quelconque façon, ma voie.


Tout était vrai, Solveig avait seulement omis le fait que Heidi était turne.
Quand ses parents avaient avoué cela, Solveig était si furieuse que le plus précieux vase de leur collection, un vase Ming, s'était écrasé sur le visage de son père sous un flot incessant d'insultes danoises.

- Nous pouvons avancer que Heidi est victime d'un traumatisme, d'où son comportement... En ce sens, consulter un psychologue, voire un psychiatre, me semble être une bonne solution.

Mais ceci n'était qu'un point de départ.
Il y avait d'autres problématiques à régler, comme les notes de Heidi ou son comportement. De ce côté-là, Solveig ne savait pas comment gérer.
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Lun 23 Sep - 22:20
La jeune femme écoutait la liste de faits de Miles relativement attentivement. La plupart du temps, les parents étaient effrayés, redoutant le moment où on leur apprendrait que l'élève avait utilisé, sciemment ou non, sa mutation et avait provoqué un accident, voire une catastrophe. C'était bien sûr déjà arrivé et beaucoup d'élèves ont fini par arrêter de venir. Miles se rappelle notamment d'un élève qui n'est resté que deux années, un assez bon élément, un turne, mais après une annonce de la police indiquant son emprisonnement, le NEST n'avait plus eu de nouvelles de lui.

Cette fois, il ne s'agissait pas d'une turne. Officiellement, du moins. Et Miles n'avait pas l'impression que Solveig s'attendait à ce qu'il parle d'un accident concernant sa mutation. Elle n'avait pas l'air effrayée, elle semblait consciencieusement écouter et trier les informations, les yeux rivés sur lui. Pourtant, elle n'était pas non plus insensible, réagissant subtilement aux différentes parties du dossier d'Heidi qui lui était expliqué.

En tout cas, Miles avait rendu clair, par cette énumération, qu'il ne s'agissait pas d'un évènement particulier qui aurait causé cette décision. Mais bien d'une suite bien trop longue de petites et de grosses déviances qui n'étaient plus tolérables par l'établissement.

Et maintenant, c'était à Solveig de prendre la parole au sujet de tout ça. Après un petit temps de préparation, elle s'était redressée dans sa chaise, les bras croisés.

- Il est certain que tous ces actes n'ont rien d'hétéroclites... Heidi semble donc éprouver une défiance sourde vis-à-vis d'une quelconque autorité.

C'était un bon résumé. Même si le problème semblait plus poussé, puisqu'au-delà de ne pas respecter l'autorité, c'est elle qui cherchait, assez souvent, à s'auto-détruire en provoquant ses sanctions. C'était du moins ce qui ressortait d'un point de vue externe à la situation.

- Vous avez émis une hypothèse viable, à savoir les violences. Bien que je ne puisse savoir d'où proviennent ces bleus qu'elle arbore, Heidi a subie des violences familiales auxquelles j'ai indirectement participé.

"Indirectement participé". C'était là un terme qu'on utilise pour dire qu'on n'a rien fait contre quelque chose, et qu'on s'en veut. L'affaire commençait à s'éclairer sensiblement, mais n'était pas pour autant à mettre dans la balance en face de ses actions. Miles resta silencieux, comprenant que le sujet, délicat, était douloureux pour Solveig à évoquer.

- Ma soeur et moi avons toujours été discrète, en un sens. Du moins on tendait à cette discrétion. C'était sans compter l'attitude de nos parents qui avaient une préférence pour ma personne tandis qu'ils délaissaient Heidi. Tout simplement parce que je semblais être plus... Comment dites-vous déjà ? Intelligente, voire surdouée.

"Moins turne". C'était le plus probable. Mais Miles hocha simplement la tête. C'était un cas classique, qui existait dans différents degrés de gravité. Ici, on était dans un cas extrême.

- Il n'en est rien, j'ai simplement la capacité de... Comment dire... D'emmagasiner des informations et je suis très curieuse, certains trouvent que c'en est maladif. Pour moi, j'éprouve simplement une véritable fascination pour la connaissance dans tous les domaines et plus particulièrement la science.

Elle émanait effectivement quelque chose de… Scientifique. Sa coiffure, ses vêtements, sa façon de parler, de se tenir; tout était très académique. Parfois un peu maladroit, parce que les gestes ne venaient pas naturellement, mais comme répondant à un ensemble de règles et de normes sociales qui n'auraient pas de sens à ses yeux.

- Cette perception, erronée, a amené mes parents à délaisser Heidi. Puis, vers 12 ans, environs, elle a commencé à tomber malade, ayant des épilepsies parfois violentes. Elle devait se médicamenter et cela a duré jusqu'à ce que je quitte le domicile familial, soit à mes 18 ans tandis que Heidi en avait 14, pour rejoindre la FATE et y étudier.

12 ans. Le début de la puberté… Connaissant la particularité génétique d'Heidi, Miles ne pouvait s'empêcher de faire le rapprochement avec sa première hypothèse : les parents, incapables de gérer la mutation d'Heidi, l'avaient envoyée à la FATE. Non pas pour étudier, mais pour y être étudiée.

Mais, cela n'expliquait pas qu'elle soit enregistrée comme une citoyenne. Et, à quel point cette mutation pouvait-elle être dangereuse pour que ses propres parents la renient…? Il allait falloir garder un oeil sur elle…

- A mon départ, mes parents se sont débarrassés de Heidi, tout simplement, en l'envoyant ici. Ils l'ont sciemment abandonné et m'ont menti pour que je ne sache pas la vérité.

Inscrire une élève à l'académie ne constituait pas, aux yeux de la loi, un abandon. Pour la première fois, en se mordant les lèvres, Solveig s'éloignait des faits pour donner une version relativement subjective de la réalité. Mais peut-être que d'autres éléments perturbaient sa vision, comme le fait de ne pas avoir été prévenue, ne pas avoir eu son mot à dire, voire qu'on lui aie menti, ce à quoi Miles n'avait pas pensé, et que Solveig lui expliqua rapidement.

- J'ai été abusée par ma confiance envers mes parents, croyant sincèrement les propos qu'ils me tenaient : Heidi était internée car son état s'était aggravé. Il n'en était rien, vu qu'ils l'avaient placé ici. Après l'avoir retrouvé grâce à l'une de ses amies, j'ai été m'expliquer avec eux.

Effectivement, elle sortait peu à peu du domaine de l'objectivité. L'énervement se lisait peu à peu sur son langage corporel. Tressaillements, poings serrés… Encore une fois, l'histoire d'Heidi devenait de plus en plus claire; tout comme son besoin d'être suivi par un thérapeute.

- Ils l'ont abandonné parce qu'elle avait toujours ses crises d'épilepsie, mais également parce qu'elle était une pro-turne, ne comprenant pas pourquoi il devait y avoir une différence entre une citoyenne comme elle et un turne. Nos parents sont anti-turnes, profondément, c'est viscérale. Et ils ont renié leur fille pour ce point de divergence mais aussi parce qu'ils pensaient qu'elle entraverait, d'une quelconque façon, ma voie.

Ils l'ont renié parce qu'ils sont anti-turnes. Cette partie-là, Miles n'avait pas de mal à la comprendre. Il hocha encore la tête, écoutant les histoires de crises d'épilepsie. "Une citoyenne comme elle"... Il était difficile de jauger les paroles de Solveig, à cause d'une inexpressivité assez marquée, mais justement, au fur et à mesure qu'elle perdait en objectivité, ses sentiments transparaissaient légèrement. Son insistance sur la citoyenneté de sa sœur… Miles aurait jugé qu'à 75% de chances, elle connaissait la mutation de sa sœur. Ce n'était bien sûr pas assez pour en être sûr, mais cela lui permettait de choisir le comportement à adopter pour ne pas brusquer Solveig.

Elle ne souhaitait pas parler de ce problème.

- Nous pouvons avancer que Heidi est victime d'un traumatisme, d'où son comportement... En ce sens, consulter un psychologue, voire un psychiatre, me semble être une bonne solution.

- Eh bien, je suis content que vous en soyez venue aux mêmes conclusion que nous. Croyez-moi, ça n'a pas été une décision facile. Mais notre établissement ne peut hélas pas, en ce moment, assurer ce service... Notre dernier psychothérapeute ayant fini par démissionner. S'occuper de l'Institut peut être... Éprouvant, pour de nombreuses personnes, et il est difficile de trouver des personnes à la fois compétentes et volontaires.

Il but une gorgée de thé. Celui-ci avait un peu refroidi mais Miles s'était refusé à boire pendant que son interlocutrice parlait, ce qui aurait été éminemment grossier.

- Je suis navré d'apprendre la façon dont votre sœur est arrivée ici, et de votre problème familial. Mais elle est majeure, à présent. Pourquoi n'a-t-elle jamais tenté de rejoindre une école qui lui plairait à elle...?

La question était bien sûr à double tranchant, mais Miles souhaitait surtout que ce problème, auquel Solveig ne pourrait sûrement pas répondre seule, soit amené à la connaissance d'Heidi. Si elle prenait conscience qu'elle n'a pas le choix de son établissement scolaire, peut-être que ses exactions s'amenuiseraient.

- Avez-vous d'autres questions? Je pense avoir été plutôt exhaustif sur les points qui nous ont amené à choisir cette sanction pour votre sœur. Bien sûr, vous pouvez compter sur notre soutien pour toute la démarche, et le suivi qui viendra ensuite.
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Mar 24 Sep - 20:07
- Eh bien, je suis content que vous en soyez venue aux mêmes conclusion que nous. Croyez-moi, ça n'a pas été une décision facile. Mais notre établissement ne peut hélas pas, en ce moment, assurer ce service... Notre dernier psychothérapeute ayant fini par démissionner. S'occuper de l'Institut peut être... Éprouvant, pour de nombreuses personnes, et il est difficile de trouver des personnes à la fois compétentes et volontaires.

Solveig opina légèrement du chef tout en écoutant Miles.
Une fois encore, c'était compréhensible : gérer des êtres dont l'ADN offrait une capacité surhumaine ne devait pas être une mince affaire.
De plus, Solveig avait lu, ou entendu peut-être, que le NEST manquait de moyens. Face à une jeunesse désenchantée, devant affronter cette sorte de ségrégation, le psychothérapeute devait être, entre autres, surchargé de travail.

- Je comprends, Mr. Edgeworth. Je ferai les démarches adéquates concernant ce point.


Peut-être en trouverait-elle un au Central Hospital ou dans le privé.
Que le NEST ne puisse pas proposer une solution à ce niveau ne la dérangeait pas vraiment. D'une, parce qu'elle n'était pas certaine que sa soeur accepte de voir un psychothérapeute rattaché au NEST. De deux, et malheureusement, elle n'était pas certaine non plus qu'un tel psychothérapeute aurait eu toute la force et la volonté nécessaire à traiter le cas de Heidi au vu de ce qu'elle avait entendu.

- Je suis navré d'apprendre la façon dont votre sœur est arrivée ici, et de votre problème familial. Mais elle est majeure, à présent. Pourquoi n'a-t-elle jamais tenté de rejoindre une école qui lui plairait à elle...?

C'était une question... Pertinente, à laquelle Solveig n'avait pas de réponse en cet instant.
Il est vrai qu'elle n'en avait jamais discuté avec Heidi, n'ayant pas connaissance des précieux éléments apportés par le NEST.
La situation s'éclaircissant de ce côté-là, elle pourrait essayer d'en discuter avec sa soeur. Peut-être était-ce trop tôt, ou peut-être que le lien était encore trop fragile.
A dire vrai, Solveig redouterait la discussion avec Heidi suite à cet entretien.

- Je... Je ne sais pas.

Elle semblait légèrement gênée, le regard légèrement évasif, tandis qu'un rouge pastel lui montait aux joues.

- Nous sommes en pleine transition et en plein changement. Je n'ai pas connaissance de tous les tenants et aboutissants de ma sœur. Pour le moment, nous essayons de nous accoutumer l'une à l'autre. La seule chose que je sache est son attrait passionné pour la musique qu'elle a depuis toute petite.

- Avez-vous d'autres questions? Je pense avoir été plutôt exhaustif sur les points qui nous ont amené à choisir cette sanction pour votre sœur. Bien sûr, vous pouvez compter sur notre soutien pour toute la démarche, et le suivi qui viendra ensuite.

Difficile à dire.
C'était bien la première fois où on lui demandait ce genre de choses et elle devait prévoir pour quelqu'un d'autre.
Des questions ? Il y en avait certainement.
Lesquelles ? Elle ne savait plus, à moins que...

- Heu... Je me permets, excusez-moi.

Elle leva son bras gauche et retroussa sa manche, allumant alors son "bracelet-ordinateur" qui afficha rapidement un hologramme d'une taille légèrement trop conséquente.

D'un mouvement de la main droite, Solveig réduisit l'écran, le réduisant à la taille d'un nanocom.

- J'ai pris... Des notes, comme c'est ma première fois.

Elle savait que certains considéraient cela comme malpoli de dévier son attention d'une conversation. Cependant, comme cela concernait l'entretien, Solveig se disait que ça ne serait pas trop dérangeant.
Mais elle avait remarqué que Mr. Edgeworth n'avait pas touché à sa tasse de thé de toute la conversation.
Par conséquent, étant obligée de "faire autre chose", elle avait l'impression de ne pas être à la hauteur.

Son stress montait, et cela commençait à se voir, notamment en se mordillant intérieurement les lèvres.

Rapidement, une page blanche annotée apparue à l'écran, que Solveig se mit à parcourir en diagonale.

Quand elle fit le point, elle éteignit l'ordinateur et abaissa son bras.

- Oui, plusieurs. L'exclusion étant temporaire, je suppose que consulter un psychothérapeute est une condition sine qua none pour que Heidi réintègre le NEST si elle souhaite rester.

Elle avait parlé un peu trop vite, perdant peut-être en élocution ou en intelligibilité.
Mais elle ne s'en rendait pas vraiment compte, stressant à nouveau malgré la présence du bienveillant Mr. Edgeworth

- Quelles sont les autres conditions pour qu'elle reste ? Une attitude moins zélée ? Un respect plus prononcé ? Une participation plus active ? Une réhausse des notes ? Le psychothérapeute devra-t-il transmettre des rapports d'observation au NEST ou cela n'est pas obligatoire ?

Bien que tenu par le secret professionnel, les rapports d'observation rendaient seulement compte de l'amélioration, ou non, du patient, sans entrer dans les détails.
Cela permettait, aux autres services, de suivre également l'état du patient.

- Vous êtes mon interlocuteur, le resterez-vous durant tout ceci ? Si cela est possible, j'aimerai sincèrement que vous le restiez, vous n'avez pas idée d'à quel point il m'est agréable de pouvoir discuter avec vous.

Elle avait lâché cela de but en blanc, sans faire attention aux différentes perceptions que l'on pouvait se faire.
Pourtant, c'est vrai qu'il faisait un certain effet à Solveig. Elle était moins stressée qu'à l'accoutumée.
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Jeu 26 Sep - 17:51
- Je comprends, Mr. Edgeworth. Je ferai les démarches adéquates concernant ce point.

Miles souhaita intérieurement bien du courage à la pauvre âme qui devrait redresser celle d'Heidi. Mais il ne doutait pas non plus que la concernée était largement assez maligne pour convaincre son thérapeute de son rétablissement total et indéfectible… Pour revenir exactement comme avant. Il y a quelque chose de féroce dans le combat qu'elle semble mener contre elle-même, comme si elle se punissait de quelque chose. Comme si elle se refusait d'aller bien. Enfin; le professeur n'était pas psychiatre et ce n'était qu'une pensée en l'air. Il se reprit et répondit à Solveig.

- Je suis navré d'apprendre la façon dont votre sœur est arrivée ici, et de votre problème familial. Mais elle est majeure, à présent. Pourquoi n'a-t-elle jamais tenté de rejoindre une école qui lui plairait à elle...?

- Je... Je ne sais pas.

Elle était très visiblement mal à l'aise, et Miles se redressa sur sa chaise pour entamer un changement de sujet. Il était normal qu'elle n'aie pas de réponse à la question, aussi il n'en attendait pas vraiment une. Mais il n'imaginait pas que la relation entre les sœurs était à ce point compliquée que cette simple évocation de conversation entre elles mettrait Solveig mal à l'aise. Celle-ci ne lui laissa cependant pas le temps de parler d'autre chose, et expliqua à quel point leurs rapports étaient ténus.

- Nous sommes en pleine transition et en plein changement. Je n'ai pas connaissance de tous les tenants et aboutissants de ma sœur. Pour le moment, nous essayons de nous accoutumer l'une à l'autre. La seule chose que je sache est son attrait passionné pour la musique qu'elle a depuis toute petite.

- Effectivement… J'ai personnellement eu vent de cette information de la part d'une amie dans le corps enseignant, et si j'ai réussi à obtenir une réponse, ce qui était déjà une victoire en soi; elle n'a hélas pas été celle escomptée. Heidi semble refuser à tous ceux qu'elle ne porte pas dans son cœur toute discussion, quand bien même ce serait sur son sujet favori.

Miles n'avait jamais reporté cet incident-là dans le dossier d'Heidi. Il avait eu du mal à croire que la musique était réellement un de ses centres d'intérêts, quand il a vu à quel point toute discussion était vaine. Avant même qu'il n'ait pu entamer le sujet, elle lui avait dit qu'il n'y comprendrait rien. La pauvre devait se sentir terriblement seule… Comment choisissait-elle les personnes qu'elle laisse entrer dans son cercle intime?

- Avez-vous d'autres questions? Je pense avoir été plutôt exhaustif sur les points qui nous ont amené à choisir cette sanction pour votre sœur. Bien sûr, vous pouvez compter sur notre soutien pour toute la démarche, et le suivi qui viendra ensuite.

- Heu... Je me permets, excusez-moi.

Relevant sa manche, elle découvrit une sorte de manchon métallique. Le fonctionnement de base semblait être le même qu'un nanocom, mais sa taille et son utilisation avaient l'air plus proches d'un ordinateur portable. Une bien étrange machine que Miles n'avait jamais vue auparavant. Il considéra toutefois qu'il aurait été malpoli de lui demander où elle se l'était procuré, alors même qu'elle s'apprêtait à parler.

- J'ai pris... Des notes, comme c'est ma première fois.

Elle n'était pas très à l'aise. Le professeur pouvait le ressentir à l'atmosphère générale dans la pièce, mais aussi le voir à sa manie de mordiller ses lèvres pendant qu'elle consultait son écran.

- Ne vous inquiétez pas, prenez votre temps. Rappelez-vous que c'est nous qui vous avons contactée en premier lieu; il est légitime que vous ayez des questions à poser.

- Oui, plusieurs. L'exclusion étant temporaire, je suppose que consulter un psychothérapeute est une condition sine qua none pour que Heidi réintègre le NEST si elle souhaite rester.

- En effet. A vrai dire, le sujet même de la sanction est la consultation, pas l'exclusion. Celle-ci ne prend effet que pour permettre à Heidi de se concentrer sur son rétablissement.

- Quelles sont les autres conditions pour qu'elle reste ? Une attitude moins zélée ? Un respect plus prononcé ? Une participation plus active ? Une réhausse des notes ? Le psychothérapeute devra-t-il transmettre des rapports d'observation au NEST ou cela n'est pas obligatoire ?

- Qu'elle revienne de son propre chef, et qu'elle soit capable de dire qu'elle se sent bien au NEST. Heidi est majeure; ses notes et sa participation sont à sa discrétion. C'est justement ce que nous voulons; qu'elle retrouve l'envie de les améliorer.

Plus Miles imaginait ce que le conseil des professeurs souhaitait comme issue à cette fameuse consultation, plus il était certain que tout, absolument tout allait pousser Heidi à se braquer encore plus. Mais, il n'était sûrement pas objectif, son expérience personnelle avec elle se mettant en travers de son jugement. Il y avait cependant de quoi être inquiet…

- Quant à son attitude, là encore, ce n'est pas à nous de décider comment Heidi devrait "devenir". Nous pensons simplement que son comportement n'est pas sain, ni pour elle, ni pour son entourage. Ce sera au thérapeute, qui nous tiendra, vous comme nous, au courant de l'évolution de la situation, de décider quand Heidi pourra nous rejoindre, si elle le souhaite. Bien sûr, sa conduite à son retour sera surveillée de près et elle ne bénéficiera d'aucune indulgence si elle manque à nouveau de respect à un membre du personnel.

Solveig semblait si profondément concernée par la situation de sa sœur que Miles cherchait à la rassurer à tout prix. Cependant il ne se résoudrait pas à mentir pour autant et conservait les faits tels qu'ils étaient dans ses déclarations. De plus, si la jeune femme était effectivement inquiète à propos de l'expulsion d'Heidi et des démarches à faire, elle semblait l'être beaucoup moins quant à son état mental. Peut-être était-ce par habitude; leur lien familial ne devait pas lui permettre de souvent assister au genre de spectacle qu'offre souvent Heidi à l'Académie.

- Vous êtes mon interlocuteur, le resterez-vous durant tout ceci ? Si cela est possible, j'aimerai sincèrement que vous le restiez, vous n'avez pas idée d'à quel point il m'est agréable de pouvoir discuter avec vous.


- Eh bien… Je suis ravi de l'apprendre, et je resterai en contact avec vous avec plaisir. Vous conservez bien entendu le choix de changer de référent quand vous le souhaitez, mais il est toujours difficile de tout reprendre à zéro avec une autre personne.

Il la laissa consulter ses notes en cas d'une éventuelle autre question. Sans cela, le rendez-vous arriverait vite à sa fin. Miles termina sa tasse de thé, jeta un coup d'oeil par la fenêtre, vers la serre, et retourna la tête vers Solveig, lui souriant.

- C'est un poids lourd à porter que vous avez sur vos épaules. Vous méritez vraiment votre titre de grande sœur.

Une phrase un peu plus légère que le reste de la conversation. Pour la première fois, il n'était plus dans l'énonciation de fait, mais il avait porté un jugement. Un jugement qu'il rattachait sans doute à un moment de son propre passé, au vu de son sourire et de son moment d'égarement. Cependant, il y avait toujours la même façon de rapporter aussi clairement que possible, avec la plus grande concision, les faits tels qu'il les voyait.

Se rendant compte de son petit écart, il toussota poliment et reposa sa tasse dans la soucoupe.
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