[Limite-limite] Infiltration feat. Kelya

Un p’tit coup de fesses en guise de réponse, ce qui me fait sourire et nous voilà passer le portail d’entrée du NEST. Alors elle habite au pensionnat de l’académie ? Soit. Sa main dans la mienne, la blondinette m’entraine rapidement jusqu’à la porte d’entrée du pensionnat. Malgré l’obscurité qui peuple les lieux, il n’y a aucune hésitation dans ses pas, elle savait parfaitement quel chemin emprunter, ça doit faire un moment qu’elle habite ici. Alors que je m’apprêtais à sortir quelques mots, son doigt sur pose sur mes lèvres, les obligeant à la discrétion. Il y a un problème ?

Ses yeux prennent la couleur caractéristique des turnes et c’est sans un bruit que je l’observe utiliser son gène. Qu’est-ce que tu prépares Elke ? J’avais déjà distingué ses yeux turnes au bar et sa mutation ne semblait pas m’infecter, ça ne semble toujours pas le cas. La concentration se lit sur son visage et moi, je reste calme, lui faisant entièrement confiance. Je me fumerai bien une petite clope, non ? Bah non, elle entraine mon corps derrière le mur proche de l’entrée. Euh…d’accord ? L’incompréhension se lisait dans mes yeux et elle a dû le comprendre puisque le souffle chaud de ses lèvres vient effleurer mon oreille.

- Fais moi confiance, il faut pas qu’on se fasse chopper par le gardien à cette heure-ci, et si je me trompe pas il devrait pas tarder à.. 

Je me décale instinctivement pour apercevoir la lumière illuminer l’entrée et entendre le bruit de la porte s’ouvrir. What ?

- ..à sortir. 

Soit elle connait l’emploie du temps du gardien par cœur, soit c’est sa mutation qui l’a aidé à savoir que le gardien arriverait. Je penche pour la deuxième option évidemment. Alors son gène consiste à améliorer son ouïe ? C’est plutôt pratique comme mutation. Par contre, si c’est bien ça, ça signifie que ma mutation représente le plus grand danger pour la sienne… Je dois dire que cette idée ne m’enchante pas des masses… Je me décale encore un peu pour regarder ce que fout le gardien, une clope, il se fume une clope à ce moment de là de la soirée… Bon, j’imagine qu’il va falloir la jouer fine pour passer ? L’odeur de sa dose arrive jusqu’à nous et…bon, c’est pas une clope qu’il fume. J’ai déjà entendu des ragots sur ce type et apparemment, c’est un vieux con. Il s’entendrait bien avec mon proprio tient ! Je retiens un petit rire suite à ma réflexion avant de venir murmurer quelques mots à Elke.

-Il va en avoir pour un moment vu ce qu’il fume… Donc soit on essaye de faire diversion, soit on trouve une autre entrée ?

Un sourire amusé orne mes lèvres. Ouai, je dois dire que ce genre de situation est plutôt palpitante et je n’arrive pas à cacher mon caractère joueur. Je colle mon corps à la blondinette, caressant délicatement sa joue de ma main libre et laissant mes lèvres lui chuchoter de nouveaux mots d’une voix suave.

-Sinon on peut très bien attendre qu’il s’en aille, mais ça serait beaucoup moins amusant ?

Je lui mordille gentiment le lobe de l’oreille pour ponctuer ma phrase.

Elle semble aussi amusée que moi face à la situation dans laquelle nous nous trouvons. D’un geste rapide, elle pose ses mains sur mes épaules, faisant prendre à son corps une position parallèle au sol. Instinctivement, mes bras viennent soutenir son corps pour lui éviter une quelconque chute. Elle a de la chance que j’ai d’assez bons réflexes, je doute que le béton soit très confortable ! Mes yeux ne veulent lâcher ses océans alors qu’un sourire joueur orne toujours mes lèvres. Que prépares-tu chaton ?

- Quel malheur, on dirait que quelqu’un vient de trouver une fille qui a besoin de secours dans la rue.. 

Un petit baiser sur mon cou qui ponctue sa phrase, puis un clin d’œil. Alors c’est ça que t’as en tête ? J’esquisse un léger rire alors que son expression change, laissant apparaitre une douleur insupportable sur son visage. La vache, c’est une pro ! Est-ce que sa côte en serait pour quelque chose ? Non, je ne dois pas penser à ça, je dois rentrer moi aussi dans mon personnage ! Okay, c’est parti ! Je prends un air complétement paniqué, attendant quelques secondes avant de me mettre à courir en direction du gardien, totalement affolée.

-MONSIEUR ! MONSIEUR !

Premier réflexe du type, jeter son joint au sol, tout ça pour ne pas se faire griller par des élèves. C’est de beau tout ça ! Je fais genre de reprendre mon souffle alors que mes poumons vont très bien.

-Je…je…j’ai trouvé cette fille et…et j’ai vu la lumière d’ici allumée…Faites quelque chose ! Je…je…je sais pas quoi faire !

Je fais comme si je n’arrivais pas à bien choisir mes mots pour qu’il croit que je suis dans une détresse absolue. Bon, en réalité, je savais pas vraiment quoi balancer. Car si je lui dis que j’ai trouvé Elke blessée au NEST, il va me demander ce que je fous à trainer ici à cette heure-là. Si je lui dis que je l’ai trouvé dans la rue, il va se demander pourquoi j’ai couru jusqu’ici alors que j’aurai pu appeler les urgences ou je ne sais quoi… Bref, restons vague, c’est le mieux à faire. Il semble reconnaitre la blondinette vu son regard et semble inquiet de l’expression qu’elle affiche.

-Mademoiselle Langley, vous m’entendez ? Que vous est-il arrivé ?

Il n’attend pas vraiment sa réponse pour me dévisager à mon tour. Oh merde, il m’a reconnu ? Vu le froncement de sourcil, je pense que oui. Ma réputation au NEST n’est pas vraiment excellente malgré mes bons résultats…

-C’est vous qui lui avez fait ça Drambolt ? Avouez !

Ah ouai, pas de mademoiselle pour moi ?! Super... Putain mais quel vieux connard de merde ce type ! Non Kelya, calme-toi, si tu éclates maintenant, Elke va prendre aussi et ce jeu d’acteur n’aura servi à rien. Je continue donc dans ma lancée.

-Mais…mais faites quelque chose pour elle bon dieu ! Regardez-la, elle souffre !

Ouai, tout aussi paniquée que précédemment, j’essaye tant bien que mal de rester dans mon personnage mais j’ai cette envie de fracasser ce vieil abruti. C’est sûrement à cause de cette facette de mon caractère que tout le monde croit que je frappe n’importe qui ? Mais c’est faux, je tabasse seulement ceux qui me font chier ou ceux qui s’en prennent aux plus faibles. Enfin je crois.

Elke se met à ricaner lorsque le gros con me désigne en coupable, rire que se transforme bien vite en toux et en crachat ensanglanté sur les chaussures du gardien. Mais elle ne fait plus semblant là, pour cracher du sang, c’est que ça ne va vraiment pas bien !

- Il faut.. appeler.. monsieur Ed.. Edgeworth.. Dites lui que.. hum.. l’heure est venue.. ! Il comprendra mais.. il ne doit pas savoir que.. le m.. message vient de moi.. 

Sa voix me fait mal au cœur…Bon putain Kelya, ressaisis-toi ! Elle joue bien le jeu, c’est tout, arrête de rester focalisée sur le sang ! L’homme n’a pas l’air de comprendre ce qu’il se passe, il a l’air complétement paumé, ce qui se comprend parfaitement. La panique monte en lui lorsque la blondinette ferme les yeux, signe d’une perte de connaissance ? Bon, du coup, c’est à moi de prendre la relève, c’est ça ? Je me fous une énorme claque mentale. Il a fumé un bédo, ça devrait jouer un peu sur ses neurones avec cette situation sortie de nulle part. Allez, c’est parti !

-Dé…dépêchez-vous ! Il n’y a pas à réfléchir, vous voyez bien que c’est une mission vitale !

Je lui cris dessus, paniquée, pour bien lui mettre la pression. Quand une personne est dans une situation de stress, c’est le genre d’intonation qui le fait encore plus baliser.

-Vite, vite, je m’occupe d’elle, grouillez !

Bon le gars est totalement submergé par les événements, il est pâle comme un cul mais fini par s’exécuter et part comme une trombe vers l’administration du NEST. Je lâche un soupire de soulagement, mon sourire provocateur retrouvant mes lèvres lorsque la silhouette du gardien disparait. Mes sombres iris scrutent le visage de la blondinette et c’est sur un ton amusé que je lui balance.

-Tu sais qu’on va avoir des problèmes, n’est-ce pas ? Le gardien va pas te louper la prochaine fois que tu le croises.

Et si on sait que je suis impliquée dans cette histoire, je risque encore un blâme ? J’espère que mon premier blâme ne compte plus sinon ça m’en fera 3 et je risque d’être expulsée pendant une durée limitée de l’établissement… Je crois que mon esprit joueur va me perdre. J’esquisse un petit rire avant de faire retrouver pieds au sol à la petite blonde. Me dirigeant maintenant vers la porte d’entrée, je l’ouvre en invitant la jeune femme à entrer la première.

-Après vous mademoiselle.

Un petit pic concernant l’épisode au commissariat malgré un sourire semblable au mien sur les lèvres de la blondinette. Elle n’est pas près d’oublier ce passage de la soirée mais rien de plus normal, c’est pas tous les jours qu’on termine dans une cellule. En plus, elle porte la marque de cet évènement sur son corps, alors ça ne va pas l’aider à zapper ce moment désagréable de sa vie.

- Si jamais problème il y a je prendrai toute la responsabilité, t’en fais pas. Et puis dans tous les cas, je pense pas qu’on nous sanctionne sur les simples propos d’un mec sous l’effet de substances pas bien légales, c’est dingue les hallucinations que ce truc peut provoquer tu trouves pas ? 

Elle sourit encore, montrant toute la confiance dans ce petit stratagème qu’elle a mis en place pour passer les portes d’entrée sans encombre. C’est mesquin de vouloir procéder à du chantage envers un de nos supérieurs du NEST, j’adore ! J’esquisse un petit rire avant de lui caresser doucement la joue.

-Nop, j’assume d’avoir participé à ce petit jeu, tant pis pour les conséquences.

Je lui fais un joli sourire avant de l’inviter à entrer, chose qu’elle fait sans tarder et sa démarche en montant les escaliers me fait sourire davantage. Je ne lâche pas son joli fessier des yeux, évitant tout de même de me vautrer sur les marches et après quelques étages, nous voilà enfin arrivées à destination. Elle ne craint pas le vol puisque sa clé est juste sous le paillasson de l’entrée. C’est le genre d’endroit banal pour cacher une clé en plus, les autres résidents sont plutôt sages pour ne pas avoir essayé de pénétrer la chambre de la jeune femme, non ? Ou peut-être ont-ils déjà essayé mais rien à dérober à l’intérieur ? Notre arrivée dans le pensionnat ne passe pas inaperçu après le bruit strident que fait la porte de sa chambre en s’ouvrant. Waw, ce son est juste ignoble, faudra penser à remettre de l’huile là ! Après quelques secondes pour rechercher l’interrupteur de la pièce, la lumière finie enfin par jaillir, permettant à nos yeux de découvrir les lieux.

Une fois à l’intérieur, je referme la porte derrière nous pour examiner les lieux. Ah oui, elle m’a pas menti sur le désordre… Peut être que quelqu’un s’est introduit pendant notre absence et foutu tout en vrac sur le sol ? Non, elle aurait réagi autrement sinon. Il y a tellement de feuilles sur le sol, c’est abusé quand même, comment elle fait pour marcher là-dedans ? Je me mets à rire en observant les cadavres de bouteilles de vodka près de son lit. Ça me rappelle notre première rencontre au bar, je savais qu’elle aimait cet alcool mais à ce point… Je reporte mon regard sur la blondinette qui s’agite d’un coup sur une des feuilles au sol, la roulant en boule brusquement. J’ai pu apercevoir une partition, comme la plupart des autres papiers par terre. Pourquoi elle s’est énervée sur celle-là en particulier ? Et pourquoi est-elle devenue toute rouge d’un coup ? Okay, là, elle vient de piquer ma curiosité, j’ai besoin de savoir !

- Je t’avais prévenue, hein.. Bienvenue chez moi. 

La confiance dont elle faisait preuve plus tôt vient de voler en éclat en un instant. Le désordre ? Non, c’est cette feuille qui a provoqué ça ! Un sourire provocateur s’empare de mes lèvres, je passe une main derrière son dos pour ramener son corps vers le mien. Mon front collé au sien, je ne la quitte pas du regard.

-Dis moi chaton, qu’est-ce que t’essayes de me cacher ?

Un ton des plus joueur avait accompagné ma question alors que mes doigts glissaient le long de son bras pour venir saisir ce fameux papier qui m’intrigue tant. Une fois la boule en main, mon sourire s’intensifie un peu plus.

-Tu me dis ce que c’est ou je dois le découvrir par moi-même.

Je resserre l’étreinte sur le papier, lui montrant qu’elle ne pourra pas me le reprendre avant de m’avoir donné une réponse à ma question. Gardant son corps près du mien, je finis par lâcher tout aussi amusée.

-Tu sais que t’es mignonne quand tu rougis comme ça chaton ?

La couleur rouge sur ses joues est encore plus dense suite à mes mots. T’es vraiment trop chou quand t’es gênée chaton, adorable. Elle finit par relâcher l’étreinte sur le bout de papier, voyant très bien que je ne céderais pas. Puis-je en regarder le contenu désormais ? Oui, mais je ne le fais pas, je préfère que ce soit elle qui m’en parle puisque ça a l’air de lui tenir à cœur, vu la petite mine boudeuse qu’elle affiche. Je relâche mon étreinte sur son corps, faisant semblant de déplier le papier.

- C’est mon journal intime que t’as dans les mains, là, alors évidemment ça parle de toi.. 

Son journal intime ? Mais j’ai cru apercevoir des notes de musique avant qu’elle ne le plie, non ? Je me gratte l’arrière de la tête. Chacun exprime ce qu’il pense à sa manière, elle c’est la musique, moi le dessin, j’imagine. De toute façon, je ne suis pas capable de déchiffrer une partition alors ça ne sert à rien que je regarde cette feuille, si ? Je ne peux m’empêcher de sourire après ses mots, « évidemment ça parle de toi », pourquoi ces mots me donnent tant envie de sourire ? Mon regard reste fixé dans le sien mais voilà maintenant qu’elle détourne les yeux.

- J’ai pas réussi à trouver quoique ce soit qui arrive à traduire les.. sentiments que je ressens. Pour toi. Enfin, ça m’énerve, et j’ai du mal à gérer mon énervement, mais ça tu le sais déjà.. 

Merde, voilà que je mets à rougir. Les sentiments que tu ressens, hein ? T’inquiète, t’es pas la seule… Tu me fais ressentir des choses que je n’avais jamais ressenti avant mais impossible de mettre des mots là-dessus. Alors ton énervement, j’imagine avoir le même ? Raaah, j’en sais rien, ça me soule ! Je détourne le regard à mon tour, je suis ridicule. Je n'ai jamais rougi autant qu'avec elle, c'est hallucinant comment elle peut me perturber ! La blondinette finit par me sortir de mes pensées en appuyant son front sur mon épaule.

- Ça paie pas de mine comme ça, mais ce qu’il y a écrit là dessus c’est moi, et j’avais pas envie que tu vois ça parce que j’ai aucun contrôle dessus. 

Je me calme peu à peu et un petit sourire vient trouver sa place sur mes lèvres, laissant mes joues reprendre lentement leur couleur d'origine. C'est compliqué d'avoir le contrôle sur soi-même, je ne suis même sûre que ce soit possible, en tout cas, je n'ai jamais réussi. Je replace dans sa main la boule de papier à peine dépliée, caressant doucement sa tête de mon autre main. Depuis quand suis-je aussi docile ?

-Alors je ne regarderai pas, c’est le principe d’un journal intime après tout.

Ma voix était aussi douce que mes gestes. Pourquoi j’ai toujours l’impression d’être apaisée à ses côtés ? Je sens mon assurance revenir peu à peu, mes doigts glissent le long de sa joue pour venir trouver son menton et relever lentement sa tête. Je plonge mon regard dans le sien, un sourire maintenant amusé aux lèvres.

-Par contre, va falloir trouver une autre cachette pour ton journal parce qu’éparpiller les feuilles sur le sol de chez toi, c’est pas terrible.

Je me mets à rire avant d’être coupée par mon estomac qui réclame à manger. J’aurai dû manger avant d’aller au boulot, ça m’apprendra ! Et ça me fait marrer, nullement de gêne sur mon visage, pour une fois que c’est moi qui ai la dalle ! Je dépose un doux baiser sur ses lèvres avant de lui dire amusée.

-Tu me parlais d’un four tout à l’heure ?

Une multitude d’expressions ont animé son visage en l’espace de quelques instants. Tout d’abord, sa légendaire mine boudeuse, j’ai pas regardé cette feuille qu’elle semblait protéger au péril de sa vie mais ça a eu pour effet d’accentuer cette mine. Fallait que je la regarde alors ? J’ai essayé de détendre l’atmosphère comme j’ai pu mais encore une action raté de ma part puisque j’ai eu comme l’impression qu’elle allait me gifler… Bon bah un baiser pour se faire pardonner alors ? Ça a l’air de passer malgré mon ventre qui cri famine. Pourtant, un petit soupire s’échappe d’entre ses lèvres avant qu’elle ne m’indique l’emplacement de ce fameux micro-onde qui fait office de four.

- Juste là, mais avant.. 

Avant ? Mes yeux restent ancrés dans les siens, j’attends patiemment la suite de sa phrase. J’ai fait quelque chose de mal ? Ouai, c’est la première question qui me vient à l’esprit en l’observant reprendre sa concentration.

- Tu te fiches de moi ! Tout ça pour même pas jeter un œil au papier ?! Tu sais quoi, tu mériterais vraiment.. hm.. 

Et voilà, j’aurai dû regarder ce putain de papier ! Ça m’apprendra à vouloir être respectueuse ! Et j’imagine que si je lui pique à nouveau et que j’y jette un œil cette fois, c’est trop tard ? Un petit pincement sur ma hanche me fait émettre un petit gémissement que je n’ai pas eu le temps d’étouffer, surprise. Alors c’est ça ma punition ? Bon, ça va ! Si j’enlève le fait que mes joues ont repris légèrement cette teinte rougeâtre après mon petit son, j’ai connu pire comme vengeance.

- Et puis, plus de sexe pendant une semaine ! 

-Quoi ?!

Bah voilà, ça t’apprendra de parler trop vite Kelya ! Elle se rend compte de ce qu’elle dit ? UNE fucking semaine sans sexe ?! Mais j’ai rien fait de mal bordel ! Raaaaaaaaah ! Je lâche un énorme soupire, baissant les épaules comme pour avouer ma défaite. J’allais lui rétorquer quelque chose mais là voilà qui me montre désormais son dos pour se diriger vers le frigo. Mais c’est vraiment pas juste là, je réclame un avocat ! J’ai rien fait putain, c’est une grosse blague ! La prochaine fois je réfléchirai un peu plus avant de faire quoi que ce soit… MAIS J’AI RIEN FAIT DE MAL ! Enfin je crois ? Je soupire à nouveau, regardant mes pieds comme une enfant qu’on vient de punir. C’est sûrement la pire des sanctions que j’ai pu recevoir dans toute ma vie…

- J’espère que t’aimes les pâtes au saumon, je mange presque que ça. 

Je relève la tête, découvrant un sourire fier sur son visage. J’avoue qu’elle a trouvé LE truc pour me faire chier mais bon, va falloir faire avec j’imagine. Têtue et bornée, je vais pas pouvoir la changer, ça c’est clair. Blasée, je me fraye un chemin à travers les pages de son journal sur le sol, jusqu’au fameux « four », le réglant à bonne température pour les barquettes dont je retire les opercules et hop, direct dans l’appareil. Je me retourne ensuite vers la petite blonde toujours aussi souriante, lui attrapant les joues pour les pincer gentiment.

-Tu vas arrêter avec ce sourire ?

Je lui dis ces mots d’un ton boudeur mais impossible de garder cette expression, je me mets à rire, mes yeux toujours plongés dans ceux de la jeune femme.

-C’est chiant, j’arrive pas à te faire la tête !

Un sourire joueur reprend possession de mes lèvres alors que ma main glisse le long de son bras pour se poser dans son dos, provoquant le rapprochement de nos corps. Elle est magnifique, j’y peux rien, j’aime l’avoir près de moi. Mes lèvres effleurent les siennes avant de descendre dans son cou, lui offrant quelques doux et tendres baisers. Je remonte légèrement pour lui susurrer, d’une voix suave, à l’oreille.

-Tu m’as dit pas de sexe, mais je peux au moins faire ça ?

Mes doigts s’entremêlent aux siens alors que je lui mordille délicatement l’oreille.

Elle n’est pas indifférente à mes gestes, et je dois dire que j’aime ça. Son corps frissonne et la douceur de sa main sur ma joue provoque en moi un désir plus intense. On a dit pas de sexe pendant une semaine Kelya ! Non, c’est autre chose que je ressens à cet instant, à ce regard qu’elle m’adresse. Quel est ce pouvoir que tu as sur moi Elke ? Je lui fais un doux sourire alors qu’elle s’amuse avec une mèche de ma chevelure d’ébène. C’est un tic que j’ai repéré depuis un moment, elle adore faire ça mais je sais que lorsqu’elle le fait, c’est qu’elle a quelque chose derrière la tête. A quoi penses-tu chaton ?

- Ne crois pas que ça soit facile pour moi de te résister trésor, mais tu ne m’as pas laissé le choix. Écoute, comme je crois que je t’aime bien je peux te proposer un deal. 

Un deal ? Je sais pas pourquoi, ce mot sonne comme un défi pour moi, et j’adore les défis ! Mes yeux se perdent dans les siens, je reste silencieuse, attendant avec curiosité ce qu’elle a à me proposer.

- Je peux réduire ta peine d’une journée par nuit qu’on passe ensemble, qu’est-ce que tu en dis ? 

Hum…donc si je dors 3 ou 4 nuits avec elle, sans faire l’amour, la punition sera levée ? Elle me croit pas capable de durer toute une semaine sans sexe enfaite, c’est ça ? Bon Kelya, soyons réaliste, c’est rare que tu tiennes aussi longtemps… L’idée de rester aux côtés de la blondinette me fait sourire, ça fait déjà deux jours qu’on est collées ensembles et je n’arrive pas à m’en lasser, elle est tellement imprévisible, elle arrive toujours à me faire sourire, je demande que ça moi de pouvoir l’embrasser et l’enlacer encore et encore. WHAT ?! Qu’est-ce que je raconte bordel ?! Le bruit indiquant que le diner est prêt me fait reprendre mes esprits. Je sens la chaleur de son corps disparaitre, elle se dégage de mon étreinte pour aller faire la vaisselle. Qu’est-ce que je ressens pour toi, Elke ? Bon, ressaisis-toi Kelya ! Je me fous une énorme claque mentale. Ça va mieux maintenant ?!

-D’accord, j’accepte ! Par contre…

Mon sourire joueur avait retrouvé mes lèvres. Je m’avance lentement vers la blondinette, passant mes bras autour de sa taille pour coller ma poitrine à son dos et venir lui chuchoter d’un ton parfaitement accordé à mon sourire.

-Prépare-toi à subir ma vengeance…

Je laisse glisser sensuellement ma langue sur son cou avant de le mordiller gentiment. « Ne crois pas que ce soit facile pour moi de te résister », j’ai bien retenu cette phrase, et je compte bien la taquiner un peu sur ça. Je lui dépose un doux baiser sur la joue avant de m’éloigner un peu d’elle pour lui mettre une claque au cul.

-Chaton, tu sais pas dans quoi tu t’es engagée.

Je me mords la lèvre inférieure tout en lui lançant un regard provocateur. Plus je la regarde, plus je me dis que j’aurai du mal à m’en passer… Ta gueule Kelya, c’est l’heure de manger, l’appétit te fait dire n’importe quoi ! Je sors les deux barquettes du micro-onde, les disposants de chaque côté de la petite table à manger de la pièce, puis finis par m’assoir, attendant patiemment que la blondinette prenne place, elle aussi.

Elle a l’air amusée suite à ma provocation, pas une once d’intimidation dans son regard. Alors toi aussi tu vas jouer, c’est ça chaton ? Qui finira par craquer la première ? Les paris sont lancés ! Elle a enfin fini sa vaisselle et vient essuyer les deux couverts à l’aide du torchon présent sur la table. Cette position… Mes yeux louchent tout d’abord sur sa poitrine que laisse apparaitre son haut, puis sur son cul. Je continue à penser que ce pantalon lui fait un joli p’tit cul ! Je retrouve finalement ses beaux yeux et le regard qu’elle me lance et ce geste qui l’accompagne, elle m’aguiche clairement, et ça marche ! Ma langue retrace machinalement le contour de mes lèvres alors qu’elle vient me chuchoter des mots à l’oreille.

- Tu n’es pas la seule à pouvoir jouer à ça, Darling. 

Et c’est ça toute la beauté du jeu ! Plus les adversaires sont redoutables, plus la victoire est appréciée ! Cependant, on ne part clairement pas sur un pied d’égalité, je risque d’avoir beaucoup plus de mal qu’elle à me contrôler… Allez courage Kelya ! Elle s’éloigne une nouvelle fois de moi, ce qui me laisse le temps de calmer l’étincelle de perversité qui veut enflammer mes pensées. Combien de temps je dois tenir déjà ? Quatre jours maxi, je vais réussir ! Le sourire qu’elle affiche en revenant vêtue d’un sweat à capuche n’annonce rien de bon pour ma victoire. Est-ce que je peux réellement gagner avec de telles règles ? La blondinette dépose son merveilleux fessier sur mes genoux pour s’emparer quelques instants de mes lèvres. Ça va être dur, ça va être très dur de résister à ses charmes.

- Bon appétit, trésor. 

Je me mords la lèvre. C’est pas ces pâtes au saumon que je vais manger, là, maintenant… 4 jours à tenir Kelya, reste concentrée sur l’objectif ! Un de mes bras vient entourer sa taille tandis que ma main libre se pose sur sa cuisse, laissant mes doigts la caresser délicatement. Ma tête vient trouver sa place sur son épaule pour lui murmurer amusée.

-T’es vraiment redoutable.

Mon souffle chaud sur son oreille, je glisse ma main sur son haut, en dessous cet épais tissu pour sentir sous mes doigts, la douceur de sa peau. Croyait-elle vraiment que ce genre de manigance m’aurait freinée ? Si on ne peut pas voir avec les yeux, alors cherchons un autre moyen.

-Il va falloir trouver autre chose chaton, tu sais comme mes mains aiment se balader sur ton corps…ou bien, ma langue…

Je me tais l’espace d’un instant, continuant mes caresses et reprenant la parole après quelques secondes avec une voix encore plus suave et provocatrice.

-Tu t’en souviens ?

D'hier, de cette nuit à l'hôtel, moi je n'arrive pas à l'oublier. Mes lèvres déposent un baiser sensuel sur son cou, ponctuation de ma phrase. Devrais-je m’arrêter là ? Un sourire mesquin au visage, je remonte lentement ma main, mes ongles effleurant la peau de son ventre quand soudainement, arrivée à sa poitrine, je lui pince le téton et... pas de soutif ? Owh, c'est très intéressant tout ça ! Calme tes ardeurs Kelya ! Il est l’heure de manger non ? Ça serait bête que ça refroidisse. Je stoppe chacun de mes gestes, ramenant mon bras le long de mon corps et attrapant ma fourchette de l’autre, un petit sourire en coin.

-Bon appétit, chaton.

Elle aussi rouge qu’une tomate et c’est l’effet que je recherchais. Vas-tu céder la première Elke ? C’est ce que j’espère en tout cas. Je sais même plus pourquoi elle a instauré cette punition mais je dois dire que la situation est assez amusante. Ah mais si, c’est à cause de cette feuille que je n’ai pas lu et que j’aurai dû lire… MAIS J’AI ABSOLUMENT RIEN FAIT DE MAL !!! Enfin, c’est ce que je continue à croire en tout cas.

- Alors on va.. Hum.. 

C’est quoi cette voix ? Je laisse échapper un petit ricanement. Qu’est-ce qu’il se passe chaton, la chaleur t’empêche de t’exprimer correctement ? Elle est vraiment trop mignonne !

- On va instaurer une règle, hein. Cette délicieuse langue que tu as là tout comme tes doigts de fée n’ont pas le droit de se balader entre mon cou et mes genoux, sous couvert de voir ta peine rallongée d’une journée ! 

NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON ! Mais vas-y, pourquoi elle rajoute des règles ?! Il y en a pas déjà assez ?! Et moi je vais accepter ça sans broncher ? De toute façon, même si je refuse, elle augmentera le nombre de jour quand même, c’est bien son genre… Tsss, quelle galère. Elle enlève ce pull épais et je me mange ses cheveux dans la gueule, puis elle commence à bouffer. Ah bah de mieux en mieux ! Je lâche un énorme soupire avant de remplir ma fourchette.

- Il va de soit que c’est pareil pour moi. 

-Mais attends, c’est…

Pas le temps de finir ma plainte que ses douces lèvres viennent trouver les miennes. Je signale de la triche !

-D’accord…

Je suis bien trop docile avec elle, c’est plus fort que moi, quelle plaie. Bon, ça n’empêche pas cet air boudeur de retrouver mon visage, mais en même temps, j’ai l’impression qu’elle ne se rend pas bien compte de ce qu’elle me demande là… Enfin, sûrement que si elle le sait, et c’est d’ailleurs pour ça toutes ces règles ! Honnêtement, je sais pas si je vais tenir mais bon, qui ne tente rien n’a rien. Je finis enfin par goûter ce fameux plat préparé, bon, rien d’extraordinaire mais ça se mange quoi. J’ai la dalle, donc je ne vais pas me plaindre, je suis bien contente de remplir mon estomac. La chaleur de son corps se fait de plus en plus présente, elle installe sa tête contre mon épaule et fini par fermer les yeux. Elle a vraiment l’air d’un ange dans cette position, elle semble si calme et docile… Elle cache bien son jeu derrière ce visage angélique ! Son sourire provoque le mien, je n’arrive toujours pas à comprendre cet effet qu’elle a sur moi mais… Elle pointe ? OKAY STOP ! Je détourne immédiatement le regard de sa poitrine, continuant à manger ce qu’il me reste de pâtes. Ne regarde pas Kelya, ne regarde Kelya, ne regarde pas Kelya… Elle va finir par me rendre complétement folle !

A la fin de mon repas, je crois qu’elle s’est endormie. Je repose ma fourchette dans le plat maintenant vide, laissant mes doigts caresser lentement sa joue. Elle a l’air tellement apaisé, tous les tracas qu’elle a pu vivre aujourd’hui ont l’air d’avoir disparu… J’espère ne plus jamais la voir pleurer, je veux qu’elle sourît encore et encore, elle est tellement jolie. Mes lèvres se posent tendrement sur les siennes avant que je ne vienne lui chuchoter d’une voix douce à l’oreille.

-Il faut se réveiller chaton, tu ne vas pas dormir là quand même.

Parce que moi je ne compte pas dormir sur une chaise, c’est pas très confortable ! Et d’ailleurs…Je ne sais pas si elle va m’entendre, peut-être qu’elle dort encore mais bon, je dois le sortir ! C’est le retour de mon sourire joueur !

- Pas le droit de se balader entre ton cou et tes genoux, okay. Par contre, je veux prendre une douche avec toi !

Faut bien que je mette des règles moi aussi, non ? Pourquoi ça n’irait que dans un sens ! Est-ce vraiment une bonne idée ce que je viens de lui proposer ? Voir son corps nu et pas pouvoir la toucher, c’est pas très complémentaire, si ? Bon, on pensera à ça plus tard, j’ai vraiment envie d’une douche, ça va peut être me refroidir comme ça ? Quelle bonne blague.

La chaleur de son corps disparait à nouveau. Elle se relève de mes cuisses, me fixant du regard après s’être étirée.

- C’est d’accord pour une douche, mais.. 

Oh non, encore un mais ? Elle va remettre une nouvelle règle, c’est ça ? Si je peux déjà plus la toucher, qu’est-ce qu’elle va rajouter ? Me bander les yeux pour éviter qu’ils ne se baladent sur son magnifique ? Je crains le pire, elle en serait bien capable ! Qu’est-ce que… Je profite du spectacle, observant chaque parcelle de son corps qu’elle laisse apparaitre en retirant ses vêtements. Je m’attarde longuement sur ce bleu causé par ce fameux coup de crosse. Tsss, j’ai la haine contre le type qui lui a fait ça, si je le croise, il ne s’en sortira pas indemne. Ma colère se calme instantanément lorsque la blondinette se rapproche de moi, s’asseyant à califourchon sur mes cuisses, ses océans sont plongés dans mes sombres iris. Je réponds à son sourire par le mien et son tic refait son apparition. Quelque chose te torture l’esprit chaton ?

- Mais avant j’ai envie que tu me dises que.. J’y ai réfléchi, et j’ai envie que tu me dises que tu m’aimes. 

… WHAT ?! Mon cerveau se met en mode off pendant de longues secondes qui me semblent être une éternité. Mais qu’est-ce qu’elle raconte ?! J’…Je.. c’est une blague c’est ça ? Elle veut me taquiner ? Si actuellement elle rougit, moi c’est pire, je sens cette couleur prendre possession de mes joues et je n’arrive pas à me calmer. Elle détourne le regard, complétement gênée par cette demande et moi, totalement surprise, je reste fixée sur son visage.

- Ca me plairait beaucoup de savoir ce que ça fait, et je me disais que.. eh bien.. c’est de ta bouche que j’ai envie de l’entendre. 

Mes pensées sont en ébullition, ma tête est une véritable cocote minute. J’aimerai pouvoir rétorquer quelque chose mais impossible d’aligner correctement les mots pour former une phrase qui a du sens. Elle veut que lui dise que je l’aime ? Mais est-ce que je l’aime ? Est-ce que cette réponse a de l’importance ? Bien sûr ! Enfin je crois ? Je l’aime ? Je l’aime bien oui mais est-ce de l’amour ? C’est quoi l’amour ? Je n’ai jamais dit à quelqu’un ces mots alors pourquoi je le ferais maintenant ? J’ai envie de le faire ? Non, oui, je sais pas ? Et elle ? Elle m'aime ?

-Euh…je…

Fatal error. J’arrive pas à me calmer, les battements de mon cœur vont beaucoup trop vite, mes pensées s’embrouillent, mon assurance habituelle a totalement volé en éclats. Elle a le chic pour me mettre dans un état pareil, elle m’a complétement troublé et surprise, je ne m’attendais pas du tout à ça. Est-ce que je l’aime ? Est-ce que c’est ça l’amour ? MAIS J’EN SAIS RIEN ! Calme toi Kelya, reprends ton souffle, zen… J’y arrive pas, plus j’y pense, plus je rougis et je panique. Alors balance lui toutes ces saloperies dont tu es l’experte pour éloigner les gens ! Non, je peux pas, je ne veux pas lui faire du mal, je lui en ai déjà fait bien assez… Je ne veux plus la voir pleurer par ma faute, je ne veux plus voir cette expression qu’elle avait dans le couloir de l’appartement, je… Ma main se pose délicatement sur sa joue pour ramener son regard dans le mien et sans plus attendre, mes lèvres retrouvent les siennes pour un baiser passionné. Mon rythme cardiaque s’emballe un peu plus, je ne pensais pas ça possible. Je laisse ma langue danser avec la sienne sur un tempo imaginaire, mes joues sont toujours rouges. Notre échange dure un moment, j’aurai aimé qu’il dure un peu plus mais je sens que je suis désormais capable de faire une phrase et elle attend une réponse, non ?

-Je…je dois aller aux toilettes.

Bravo Kelya, quelle belle preuve de courage ! Je détourne le regard, je ne suis pas du tout à l’aise et j’ai juste envie d’aller m’enterrer vivante avec mes joues qui ne veulent pas reprendre leur teinte habituelle ! Je me relève lentement, esquivant le regard de la blondinette et je me barre direction les chiottes. Je baisse la cuvette des toilettes, prenant place sur cette dernière, les mains cachant ma tête. Putain mais je suis ridicule ! Je dois aller aux toilettes, hein ? Putain mais n’importe quoi, quelle débile ! Je suis capable de me fritter avec des colosses mais dire juste « je t’aime », j’y arrive pas ?! Je rougis encore en revoyant l’expression gênée de Elke tout à l’heure. Raaaaah mais c’est pas possible ! Les claques mentales ne suffiront pas à me faire redescendre sur terre, je me fous une énorme gifle pour reprendre mes esprits. Bon cette fois, le rouge sur ma joue ne sera pas dû à mon embarra. Okay, c’est reparti ! Je sors des toilettes pour retrouver la jeune femme et à peine je croise son regard que je détourne à nouveau le mien. Mais c’est pas vrai !

-On va prendre notre douche ?

Assurance ? Zéro. J’ai sorti cette question d’une toute petite voix.

Elle se fout de ma gueule, mais rien de plus normal, j’ai l’air complétement débile là ! Ses doigts viennent caresser ma joue mais je n’arrive toujours pas à la regarder dans les yeux, ces fichues joues rouges ne veulent disparaitre.

- C’est pas grave si tu es pas prête, j’aurais pas dû te demander ça comme ça, désolée. 

Ah bah ça pour être pas prête, je ne l’étais pas du tout, elle m’a pris tellement de court en même temps ! Je ne sais même pas si c’est à elle de s’excuser, c’est juste moi qui suis incapable de sortir ces simples mots… Un petit baiser sur ma joue abaisse un peu la panique qui était toujours présente en moi. Ce contact est apaisant et je me décide enfin à retrouver ses yeux qui scrutent l’intégralité de mon corps. Euh…

- Et tu comptes te doucher toute habillée, peut-être ? 

Les positions sont complétements inversées, ce ton qu’elle a employé et cette façon de se rapprocher tel un prédateur… Je sens ses mains sur la ceinture de mon pantalon qu’elle déboutonne tout en m’emmenant jusqu’à la salle que je venais à peine de quitter. Je me laisse totalement guidée par elle, encore complétement gênée par sa demande de tout à l’heure.

- Tu sais que t’es mignonne quand tu rougis comme ça trésor ? 

Mais c’est pas bientôt fini oui ?! Je détourne une nouvelle fois le regard, elle retourne mes propres phrases contre moi maintenant, de mieux en mieux.

-Tsss, je rougis pas.

Un petit ton boudeur accompagnant ma phrase. Non mais Kelya, t’es totalement grillée là, c’est stupide de le nier maintenant ! J’attrape ses mains qui se chargeaient d’enlever mon bas en continuant sur le même ton.

-On a dit pas touche du cou jusqu’aux genoux, non ?

Je souris en coin avant d’enlever mon haut, mon pantalon et mes sous-vêtements moi-même, esquivant encore le regard de la blondinette. Comment ça se fait que je la regarde pas alors qu'elle est quasi nue ? Je suis malade, c'est pas possible ! Allez, une douche, ça me fera pas de mal pour remettre toutes mes idées en place ! Je rentre la première sous l’eau, essayant de régler au mieux la température mais apparemment, pas d’eau chaude…quelle bonne blague. Tant pis, l’eau froide ne m’a jamais fait peur et je pense que c’est le mieux à faire pour calmer cette rougeur passagère sur mes joues.

-Je te préviens, il n’y a plus d’eau chaude, chaton !

Mon ton était un peu plus assuré que précédemment malgré que je n’arrive toujours pas à la regarder dans les yeux. « J’ai envie que tu me dises que tu m’aimes », j’arrête pas d’y penser, cette phrase m’a vraiment perturbée, c’est horrible ! L’eau froide ruisselle le long de mon corps, ça devrait me calmer bientôt, c’est ce que je fais le matin lorsque ce cauchemar vient polluer mes nuits, ça m’apaise.

Mes yeux sont clos, je sens le calme reprendre possession de moi et mon corps se refroidir au passage de l’eau.

- J’arrive trésor, j’ai juste un petit truc à faire avant. 

Qu’est-ce qu’elle fabrique ? Je jette un œil à travers la vitre de la douche, elle rassemble mes affaires et les emmène avec elle je ne sais où. J’imagine que je vais devoir rester nue pour dormir ? De toute façon, c’est ce que j’avais prévu, j’ai toujours préféré dormir à poil qu’avec un quelconque pyjama. Mais je note le geste et ça me fait sourire, elle est mesquine blondie ! Elle revient assez rapidement dans la salle de bain sans perdre plus de temps, elle me rejoint, collant son corps au mien. C’est vrai que contrairement à l’hôtel, cette douche est minuscule. Mon corps se réchauffe instantanément en sentant les formes de la blondinette s’appuyer aux miennes. J’esquive encore son regard, je ne suis pas encore parfaitement remise des récents évènements… « J’ai envie que tu me dises que tu m’aimes », raaaah mais faut que j’arrête d’y penser bordel ! Ses mains se posent sur mes joues, me contraignant à plonger mon regard dans le sien. Oh non, je crois que je remets à rougir ! Elle m’offre un petit baiser sauvage, entourant par la suite mon cou de ses bras pour me chuchoter quelques mots à l’oreille.

- au fait, j’irai acheter des vrais menottes si tu tiens jusqu’à la fin, chérie. 

Est-ce que j’ai bien entendu ? Ou c’est mon imagination qui me joue des tours ? J’ose enfin la regarder dans les yeux, elle n’a pas l’air de plaisanter, elle semble vraiment vouloir le faire. Je ne peux empêcher un sourire prédateur de s’emparer de mes lèvres, mon esprit pervers a repris le dessus, mais n’est-ce pas ce qu’elle cherchait en me balançant ça ? Pas de sexe, pas le droit de la toucher du cou jusqu’aux genoux avec mes doigts ou ma langue, ça va quand même être compliqué avec ce qu’elle vient de me sortir… Si j’enfreins les règles, ça rajoute un jour sans sexe, c’est ça ? Je suis actuellement en plein débat avec moi-même, c’est une véritable torture ! J’attrape ses mains derrière mon cou, plaquant son corps contre une des parois de la douche, positionnant ses bras au-dessus d’elle que je contrains à rester immobile par la pression de ma main droite sur ses poignets.

-Parce que t’aimes pas les menottes improvisées ?

Un ton provocateur, signe d’une assurance retrouvée, ma main libre vient saisir son menton pour laisser mes lèvres se joindre aux siennes dans un baiser plein d’ardeur que je finis par rompre d’une légère morsure. Mes sombres iris plongées dans ses océans, je l’observe un moment, silencieuse, me délectant de cette sublime vision que m’offre son corps entièrement nu. Puis me rapprochant de son oreille, je laisse mon souffle chaud l’effleurer tandis que je calle une de mes jambes entre les siennes, exerçant une légère pression sur son intimité.

-Tu mériterais une punition de jouer avec ma santé mentale comme ça…

La pression sur son entrejambe se fait un peu plus importante alors qu’un sourire carnassier a pris le contrôle de mes lèvres. J’ai envie de plus, j’ai envie de laisser mes doigts se promener sur son corps, effleurer chaque parcelle de sa peau, entendre ses gémissements à chacun de leur passage… Allez Kelya, 4 jours à tenir, faut relever le défi ! Pour le moment je n’ai enfreint aucune de ses règles. Je lèche sensuellement son oreille, descendant mes lèvres dans son cou pour de doux baiser et le mordiller quand l’envie m’en prend. C'est jouer sur les mots mais ni ma langue, ni mes doigts son sur son cou, donc, pas d'infraction. Et concernant son intimité, c'est la même chose.