Une boucherie étouffée ?

Mais qu'ont-ils fait ? C'était une vraie boucherie hier,  un turne sur deux a perdu la vie dans la zone classée confidentielle, lors d'une opération censée aider nos recherches à avancer de plus bel. Malheureusement, rien n'a été découvert et le pire, c'est que nous avons un cobaye en moins à étudier. Il a suffit que je sois une journée entière au NEST pour que mes collègues incompétents du FATE sabote deux corps qui auraient pu nous apporter d'énormes réponses sur ce gène qui pollue notre société. Heureusement que je suis passée à la fondation hier soir pour récupérer les pots cassés. Un rat de laboratoire était déjà mort à mon arrivée, l'autre, était dans un état critique mais son état à l'air se s'être stabilisé aujourd'hui. Il est en soin intensif mais les saignements ont été stoppé par mes soins. Le cadavre de l'autre a été jeté en pâture dans la bordure, près de la barrière. Retrouver des morts vers là-bas, c'est assez fréquent mais là, le corps était tellement tâché de sang et charcuté dans tous les sens ce qui me met un doute certain sur l'étouffement de cette affaire. Même dissimuler les preuves, ils n'ont pas su le faire. Heureusement que c'est le gouvernement qui finance en grande partie la FATE. Avec qui je travaille franchement ? Ma mère aurait pu m'avertir avant, toute cette histoire aurait pu être évitée... Non, elle a préféré regarder la vie s'éteindre dans les yeux du parasite. Elle a toujours eu ce petit côté sadique qui l'anime, je sais de qui je tiens cela.

Je fume, clope sur clope, je sens bien que je suis contrariée. J'aurai pu sauver ce corps à expérimentation, sa mutation était fascinante en plus de ça. Quel gâchis ! Avant qu'il balance le corps, j'ai pu examiner les incisions qui avaient été faites, c'était un travail de cochon, aucun professionnalisme là dedans. Ne me dites pas qu'ils ont donné ce boulot à un stagiaire car jamais un spécialiste aurait pu faire un pâté pareil. Je devrais me concentrer un peu plus sur mon travail ici au lieu d'aller jouer les infirmières au NEST mais il y a tellement à découvrir là bas aussi. J'ai déjà quelques noms de turnes que j'aimerai voir passer sur la table d'opération. Un sourire sadique orne mes lèvres alors que mes poumons se remplissent encore un peu plus de fumée cancérigène.

Zack regardait avec froideur l'édifice qui se dressait devant lui : Le FATE, soit le "Foundation Against Turned Epidemic". Aussi appelé le "Touchepôça" chez les flics.
On évitait d'y toucher au FATE. Financé par le gouvernement, le même qui finançait les flics.

Il s'alluma une cigarette, arrêté en plein milieu du passage.
Les gens passaient à côté de lui, dans les deux sens, le regardant avec une certaine appréhension, mais aussi un grand dédain : "Un bordeux". Ca sonnait un peu comme "merdeux", ou "pouilleux". Bref, un truc inférieur quoi.
Il jeta un regard en direction de l'entrée, même le type le regardait d'un oeil mauvais...

Ce qui l'amenait ici, c'était une sacrée affaire.
A dire vrai, Zack n'en aurait même pas entendu parler si les parents de la victime n'étaient pas venus le voir.
Une jeune enfant turne, abandonnée dans la bordure, charcutée comme pas deux.
"Enlevée !" avait crié la mère en pleurant, soutenu par le père. "On vous donnera tout ce qu'on a, mais trouvez-le coupable."
Fallait pas aller plus loin. Une énigme ? Un moyen de faire chier ? Un paiement ? Que demander de plus ?
Par contre, le fait que des inconnus le trouvent pour régler cette histoire... Ca sentait pas bon. On dirait qu'il était en train d'accumuler une certaine réputation... Il allait devoir prendre des vacances.

Il avait usé de "services" pour récupérer les éléments de l'affaire, aller voir le cadavre de la gamine et prendre des photos.
Pour avoir été charcutée, elle l'était. Son coeur avait fait un bond dans sa poitrine. S'il y a bien une chose que Zack détestait, c'était qu'on s'en prenne aux gosses.
Ca, Zack le pardonnait pas. Et là, c'était pas le flic qui parlait... Il y avait des chances que ça ne soit pas le flic qui termine cette histoire. Et à la fin, ça serait d'autres cadavres qu'on retrouverait dans la bordure.

Cigarette terminée.
Il s'avança vers l'entrée puis la jeta au sol avant d'écraser le mégot, juste devant l'agent de sécurité.
Un sourire narquois, un regard mauvais, les présentations étaient faites.
Zack rentra donc dans l'édifice, armé de son dossier.

Il avait demandé à parler au responsable des recherches sur les turnes, ou du moins à un.
On avait accédé à sa requête, malgré le fait qu'il soit un bordeux. Sa plaque certainement qui avait ouvert la chose.
Ca aurait pu être son envergure, mais les agents de sécurité le tenaient vachement à l'oeil. Surtout un, placé à deux mètres derrière lui.
Marrant autant d'agent pour un labo... Hein ?

- Vous êtes monsieur... ?

- Nelvas... Zack Nelvas.

Puis il se mit à chantonner un air des années 1980, enfin par là. Il savait plus.

Bon, le travail ne va pas se faire tout seul ! Après le quart de mon paquet de cigarette consommé, je me décide enfin à retourner à l'intérieur du bâtiment. Un collègue ne manque pas mon retour, je me fais interpellé à peine un pied de remis dans la fondation. Il me tend un dossier que je regarde sans grand intérêt alors qu'un turne sur un fauteuil roulant se trouve près de lui. Le mutant est d'un pâle anormal et le professionnel à l'air paniqué de l'état de son patient. Les analyses sanguines référencées dans le dossier sont mauvaises, qu'attend mon collègue exactement ? L'incompétence commence à polluer les lieux, c'est lamentable.

-Ecoutez, vous voyez bien qu'il faut lui donner des compléments en fer, magnésium et potassium. On est censé aider les patients ici, pas les faire aller plus mal. Remettez vous au travail, un poste ici, ça se mérite alors ne nous décevez pas.

Mon ton était étrangement calme, alors que l'envie de le faire virer sur le champ était bien là. Qui leur a donné leur diplôme ? Je soupire en voyant le dit médecin repartir vers le secteur de soin publique. Okay, une affaire de réglée assez rapidement. Où est le challenge ici ? Je commence à sortir mon badge qui me donne accès au secteur confidentiel avant d'entendre une voix inconnue en ces lieux.

- Nelvas... Zack Nelvas.

Un homme grand, costaud, avec une chevelure brune tressée comme les hippies. Un drogué peut-être ? Pas de conclusion hâtive voyons. Je me dirige vers les dames de l'accueil, signant un papier pour les futures fournitures que j'ai commandé pour la semaine prochaine, puis je viens me placer entre l'inconnu et un des vigiles. Je lui fais signe que je m'occupe de notre invité surprise qui chantonne de dos, un air qui me rappelle bien des souvenirs.

-James Bond, n'est-ce pas ? Très vieux film mais indémodable selon moi.

Je viens me mettre face à lui, un sourire aussi doux que ma voix, avant de lui tendre la main pour faire les présentations.

-Sanders, Lexy Sanders.

Ma voix avait essayé d'imiter celle de l'interprète du très connu agent secret maintenant disparu de ce monde, comme cette petite turne charcutée la veille. Tristesse.

-En quoi puis-je vous aider ?

Mon nom de famille ne lui devait pas être connu vu la notoriété de ma famille. Enfin bon, je reste calme en attendant le pourquoi de sa visite.

Zack continuait à chantonner en attendant son "messie".
Il ne savait pas pour combien de temps il allait poireauter, ni quoi mettre sur la raison de ce poireautage.
Donc, il attendait, en chantonnant.
Ca portait sur les nerfs des autres, au bout d'un moment, et donc ça faisait chier.

-James Bond, n'est-ce pas ? Très vieux film mais indémodable selon moi.

Zack se retourne et baisse le regard pour voir la femme devant lui. Les agents ont reculé. Intéressant.

-Sanders, Lexy Sanders.

Sanders ? Comme Sanders pour le dôme ? Comme Sanders "je fais partie des fondateurs et si t'es ici et vivant mon p'tit, c'est grâce à nous" ?
Ok mon Zacko... Va falloir la jouer finaude là...

-En quoi puis-je vous aider ?

Les premiers mots d'une civilisation qui se repecte. Bien. A voir la suite.
Zack lui serra la main, sans y mettre de force.
Au vu de la présentation de la femme, il n'avait pas besoin de donner son identité. Par contre...

- Enchanté, madame. Comme je disais à votre standardiste, je voulais parler à un responsable des recherches sur les turnes. Pour une affaire. Y a des gens qui perdent leur affaire, voyez ?

Il désigna d'un mouvement de tête, le dossier sous les bras.
Puis il surjoua la maladresse.

- Que j'suis con, j'ai oublié.

Il sortit sa plaque.

- Zack Nelvas, inspecteur de police, zone C-5. On peut discuter tranquillement quelque part ? J'dirai pas non pour un café également.

Voilà, ça c'est bien. C'est finaud, Zacko.
Le bon ptit bordureux qui débarque dans la tour d'argent.

- Quant à James Bond, parait que c'est indémodable. Parait qu'un mouvement a aussi remis en cause les films, vers 2015. Un truc avec le féminisme.

Et bim. P'tite pique, au cas où. "Tu m'prends pour de la merde ? Gaffe..."

- Enchanté, madame. Comme je disais à votre standardiste, je voulais parler à un responsable des recherches sur les turnes. Pour une affaire. Y a des gens qui perdent leur affaire, voyez ?

Je suis l'objet qu'il me désigne avec sa tête de drogué. Un objet perdu ? Non, je ne crois pas. Je veux bien avouer que certains de mes collègues manquent de compétences professionnelles mais de là à perdre un dossier, c'est totalement absurde.

- Que j'suis con, j'ai oublié. Zack Nelvas, inspecteur de police, zone C-5. On peut discuter tranquillement quelque part ? J'dirai pas non pour un café également.

A part ce vocabulaire de barbare, je trouve cela intéressant. Mon intuition avait vu juste, encore une fois. Je savais bien que cette affaire allait nous retomber dessus. Un enfant de 12 ans aurait fait mieux pour falsifier le corps. Ah mais cette enfant avait cette âge, d'ailleurs. Les bambins perdent leur sang tellement rapidement, leurs petits corps ne tiennent pas la route. Il veut un café ? J'en prendrais bien un aussi, la soirée d'hier m'a épuisée.

- Quant à James Bond, parait que c'est indémodable. Parait qu'un mouvement a aussi remis en cause les films, vers 2015. Un truc avec le féminisme.

Le féministe ? Cet ensemble de mouvements et idées politiques, philosophiques et sociales qui prônent à définir, promouvoir et atteindre l'égalité sur tous les points cruciaux de la société entre les femmes et les hommes. C'est tellement répugnant. Le savoir est le pouvoir, ce genre de mouvement est totalement idéaliste et ridicule. Cela me dégoutterait presque d'être une femme qu'on puisse associer à ce ramassis de connerie. Je fais signe l'agent de me suivre, m'arrêtant dans un premier temps au standard, demandant calmement à la salarié.

-Annulez mes rendez-vous de la journée, j'emmène monsieur Nelvas dans mon bureau. Ne me dérangez qu'en cas d'urgence, bien évidemment, merci.

La secrétaire me sourit, sourire que je lui rends alors que mes pas reprennent pour diriger le brun jusqu'à mon espace privé professionnel. Je lui fais signe de prendre place sur un canapé en cuir noir, face à une table basse en marbre. Je prépare deux cafés dans ma machine à capsule de luxe, prenant place à ses côtés lorsque les deux tasses sont remplies.

-Alors inspecteur, le féminisme mit de côté, j'imagine que James Bond n'est pas là pour prendre seulement le café ?

Mon calme habituel, je bois une gorgée de ce café hors de prix, mes océans restant plongés dans celui du brun. Mon expression était douce malgré le danger que je pressentais. Pourquoi le gouvernement nous a fait venir un flic ? Il est pourtant de notre côté et des turnes morts, ça arrive tous les 2 jours, si ce n'est plus. Un agent indépendant ? Non, il se serait fait marcher dessus depuis bien longtemps.

-Annulez mes rendez-vous de la journée, j'emmène monsieur Nelvas dans mon bureau. Ne me dérangez qu'en cas d'urgence, bien évidemment, merci.

Zack eut du mal à cacher un léger sourire pendant quelques secondes.
Madame Sanders, surnommée "Fille Dôme", prenait donc la journée. Elle allait même jusqu'à annuler tous ses rendez-vous pour discuter avec un flic de la bordure.
Il en avait de la chance. Tomber à ce point sur la perle rare qui lui donnerait tout son temps pour répondre à ses questions.
Vraiment, quelle chance extraordinaire.

Sans dire quoi que ce soit, il la suivit dans son bureau.
Enfin "bureau"... Le truc était plus grand que son appartement de fonction et de son squat. Plus classe aussi mais ça c'était facile.
Un beau canapé en cuir, et pas synthétique, avec une table basse en marbre.
C'était assez étrange de voir ce genre de choses, alors que ça crevait dehors. Dehors sous le dome et dehors à l'extérieur du dôme...
Ici, et maintenant, il était hors de la réalité, hors de la bordure.
C'était un autre monde et pas le sien. Prudence donc.

Il s'assseya lourdement sur le canapé, prenant rapidement ses aises tandis qu'elle lui servait un café.
Vu l'endroit, ça allait pas être le même genre que chez lui, c'est sûr.
"Ok ma belle... On va voir comment t'es."

Elle sert le café, puis s'assied à côté de lui... A côté de lui ?
A côté de lui...
A côté de lui !
Genre...."on est égaux" ?
Genre TOI, petit flic a l'air drogué qui vient m'embêter avec une affaire, je m'assieds à côté de toi, car nous sommes égaux.
Manquerait plus qu'elle lui tapote le genou ou une connerie du genre.

Bon, il n'était pas du tout impossible qu'au vu de son identité et du poids sur ses épaules, elle se montrait... Plus ou moins bienvaillante et sympathique à l'égard de tous.
Mais ce genre de personne... Ca ne sentait pas bon, du tout. Il se rappelait d'ailleurs d'un type qu'il avait arrêté... Un certain Harry, qui s'était mis à vouloir tuer ses voisins de façon accidentelle.
C'était un concept, mais il se rappelerait toujours d'une des dépositions "On comprend pas... Harry, c'était l'ami qui vous veut du bien...".

Rien de pire que les apparences, et ici, dans le bureau de Lexy Sanders, il n'y avait que ça.

- Merci.


-Alors inspecteur, le féminisme mit de côté, j'imagine que James Bond n'est pas là pour prendre seulement le café ?

T'aimerai bien savoir c'est quoi ce dossier, poulette, hein ? A sa décharge, tout le monde serait curieux.
Le dit dossier n'avait pas quitté Zack. Posé sur le canapé, du côté opposé à la femme.
Un flic de la bordure débarque, et tu l'bichonnes.
Logique.

Il bu une gorgée, bruyamment. Avec un long et fort cri de succion.
Typiquement le genre de bruit qui dit "JE NE SAIS PAS ME COMPORTER EN SOCIETE".
Ca l'faisait marrer intérieurement.
Il poussa le vice en buvant la tasse d'un coup. Le café était excellent.
Il en témoigna en se claquant le palet d'un coup de langue.

- Aaaah. C'était bon, j'suis requinqué, merci.

Il se tourna vers elle, reposant la tasse sur la table.

- Z'avez raison. En fait, j'me suis levé ce matin, comme tous les matins. Et là, appel du chef.
Donc, j'suis en plein appel, la tête un peu dans le pâté. Faut vous dire que j'avais passé une folle nuit avec une prostituée. Jamais eu un aussi bon coup. Elle fait aussi les femmes, si ça vous intéresse.
Enfin bref, on avait passé une folle nuit et j'avais son bras sur le torse. Là, mon chef, Jerome, me dit : "Zack, on a un problème, on a retrouvé un cadavre de turne jeté dans la bordure et pas mal charcuté."
Alors bon, j'me dis "merde" et j'demande ce qu'on va faire. Là, mon chef me dit "Ecoute, ça a dû être un règlement de compte, donc vas-y, regarde un peu et voilà... C'est une gamine de douze ans, si on fait pas quelque chose... Ca va péter dans le coin."

Tout en parlant, il avait sorti une cigarette.

- Ca vous embête pas ? Donc, le chef m'envoie. J'ai dû faire sortir la donzelle du lit à grande vitesse, voyez ? Pis j'arrive sur le truc, ild evait être 5h. Donc on me met un dossier à disposition

Il tapote le dit dossier, sans le tendre à la femme.

- Je le lis. Bim, une enfant turne, retrouvée morte, complètement méconnaissable. Enfin presque, ses parents qui l'ont reconnu, j'sais pas comment ils ont fait d'ailleurs. Mais voilà. Ils déposent plainte, forcément, en demandant à retrouver le coupable. C'est mon chef qui a géré ça. C'est un chef pour gérer ça, le chef. Pis il vient me voir.

Il prend un ton de voix différent pour faire le chef.

- Zack, qu'il me dit, c'est vraiment une histoire de merde ce truc. Pis va retrouver le coupable dans ce merdier... On va rien trouver, ça va encore accuser les flics ou les humains. Ptête que ça nourrira les rumeurs sur le FATE. Sans vous offusquer Madame, hein. Mais bon, y a de sales rumeurs sur ici. Bref.
Donc le chef, y m'dit, Zack, faut que tu fasses un truc, je sais pas quoi. Ecoute, mène l'enquête pendant quelques jours, histoire qu'on dise qu'on travaille dessus. Avec ton air, les gens poseront pas trop d'questions. Pis dans quelques jours, on dira qu'on a rien trouvé.

Le colosse parlait en agitant ses mains, et en bougeant un peu dans tous les sens.
Il avait l'air un peu idiot ainsi, voire niais. Mais c'était voulu.

- Alors là, je m'insurge, vous voyez ? J'lui dis, et droit dans les yeux hein ! Mais chef ! C'est pas juste ! Pourquoi c'est encore à moi de m'taper ça ? En plus, j'étais sur un truc vachement important. Et là, il me coupe. Ecoute Zack, ça va péter de l'autre côté, si on fait rien. Une gosse de 12 ans, on reconnait même pas les traits. T'auras une prime d'accord ? Alors j'soupire, mais j'dis que ok, j'suis d'accord.
Donc je prends le dossier, je regarde. Les photos sont dégueulasses et le truc aussi. Mais j'vais faire quand même un tour à la morgue, parce que bon, l'autopsie était toujours en cours. Et qu'c'est la procédure.
J'vais voir notre morgueur, Robert, de son prénom. Pis il commence à m'faire un topo.
La fille, charcutée avec une lame assez fine et peu profonde. Mais elle avait l'air d'être morte avant qu'on la charcute, comme si on voulait pas la reconnaître, voyez ? Il me l'a dit parce que le sang avait déjà coagulé. Je sais pas trop ce que ça veut dire mais c'est une réaction que le corps ne fait plus quand il est mort. Bref.
J'luis dis que c'est chelou, quand même. Avouez, non ? Il me répond que oui, mais que du coup, il a pas grand-chose à en tirer. J'le pousse un peu pour avoir quelque chose quoi. Alors il regarde.
Il regarde... Il regarde... Il regarde... ET LA BAM !

Zack tape de son poing sur la table basse.

- Pardon ! J'disais donc "Bam !" Il trouve un truc encore plus chelou.

Zack porte son doigt à l'intérieur du coude, tout en s'arrêtant de parler et en regardant la femme droit dans les yeux.

- Ici, juste là... Une marque étrange... Un peu comme si on avait piqué la femme pour lui injecter quelque chose pour l'endormir...

Il décroche son regard de la fille dôme, reprenant son histoire.

- Ou alors pour s'droguer, enfin bref. Un truc quoi.
Du coup, Mon bon Robert fait une analyse de sang ! Ouais, il en restait par on ne sait quel miracle. Et là... Rebam ! Il trouve quelques produits bizarres qu'on lui a injecté à la gamine. Il poursuit ses recherches et pouf. Des produits si évolués qu'on les trouve qu'à un endroit.

Il n'avait pas besoin d'en dire plus.

- Alors il, Robert, était là en train de tourner. Jurant de tous les diables... Et j'peux vous dire que quand Robert jure autant, c'est pas bon. Donc bon, je l'attrape par le col pour qu'il se calme. Ca le calme d'ailleurs. Pis je lui dis : "non mais Robert, arrête de paniquer ! le FATE a du s'faire piquer du matos, genre un ptit malin pour arrondir ses fins de mois et ça a atterit dans la bordure. Pis là, un gang kidnappe la gamine, lui fait tout un tas de truc et essaie de se débarrasser des preuves. Tu vois le FATE faire un truc aussi débile que ça toi ? Abandonné un corps d'enfant comme ça ? Non, mon Roro, c'est surement du matos qui a filtré."
Pis en plus, la gamine, elle avait été violée. Alors bon…

Le viol, c'était le seul élément faux. La victime n'avait pas été violée. Lexy pourrait se poser la question, mais il suffisait qu'un pedophile necrophile tombe sur le corps et... Voilà.
Il tendit le dossier à la femme, pour qu'elle puisse voir les éléments.

- Alors, j'me disais qu'il valait mieux venir vous prévenir directement. Y a ptête un ptit rigolo de chez vous qui pique du matos et le revend au black. Vous avez pas un eu des échos de ça ? Enfin, me doute bien que vous vous occupez pas des fournitures, mais bon. Voilà, j'voulais vous prévenir qu'il y a de votre matos qui se balade dans la bordure.

Il s'arrêta là, regardant la femme.
Il arborait toujours ce petit air un peu niais du grand nigaud un peu con, un peu idiot, mais qu'on évitait de faire chier vu sa corpulence.

- Et si... Vous savez pas. J'peux vous proposer de mener l'enquête chez vous. Ca fera d'une pierre deux coups : on déboite celui qui vous la fout à l'envers, et moi ça m'permettra de tomber sur mon coupable.

Et en voyant le colosse, on pouvait aisément s'imaginer que s'il tombait sur quelqu'un, ça allait faire très très très mal. Oh oui.

Le contexte était posé, l'appât était lancé. Restait à savoir si elle allait mordre à l'hameçon.
Il était donc là, à scruter la femme, à chercher chaque détail...
Parce que c'est connu : le Diable est dans les détails.

Il jeta un bref regard à son bracelet Nanocom. L'enregistrement était bien en cours.

A quoi joue-t-il ? Le bruit de la fusion du café et ses lèvres est juste atroce. Comment un être vivant peut-il faire autant de boucan en ingurgitant cette drogue légale ? Les bonnes manières ne peuvent pas être enseignées à tout le monde. L'idée que je me faisais de ce drogué prend désormais l'image d'un sagouin. Malgré l'air doux qu'affiche mon visage, cet homme me répugne.

- Z'avez raison. En fait, j'me suis levé ce matin, comme tous les matins. Et là, appel du chef.
Donc, j'suis en plein appel, la tête un peu dans le pâté. Faut vous dire que j'avais passé une folle nuit avec une prostituée. Jamais eu un aussi bon coup. Elle fait aussi les femmes, si ça vous intéresse.
Enfin bref, on avait passé une folle nuit et j'avais son bras sur le torse. Là, mon chef, Jerome, me dit : "Zack, on a un problème, on a retrouvé un cadavre de turne jeté dans la bordure et pas mal charcuté."
Alors bon, j'me dis "merde" et j'demande ce qu'on va faire. Là, mon chef me dit "Ecoute, ça a dû être un règlement de compte, donc vas-y, regarde un peu et voilà... C'est une gamine de douze ans, si on fait pas quelque chose... Ca va péter dans le coin.
Ca vous embête pas ? Donc, le chef m'envoie. J'ai dû faire sortir la donzelle du lit à grande vitesse, voyez ? Pis j'arrive sur le truc, ild evait être 5h. Donc on me met un dossier à disposition  

« Ça vous embête pas ? » Il me désespère. A quoi bon poser une question si on n'attend pas de réponse ? Stupide. J'ai annulé absolument tous mes rendez-vous de la journée pour écouter un sauvageons me raconter sa vie sans importance. Lorsqu'il s'est présenté à moi comme étant inspecteur, je me doutais bien que c'était à cause de la gamine turne. Je me passerai bien des détails sans intérêt de sa vie, mais il n'a pas l'air de vouloir fermer son clapet. Qu'il en soit ainsi, je ne peux me contenter que de l'écouter baver un trop grand nombre de mots.

Je prends un air grave lorsqu'il parle des blessures -dont je me rappelle très bien- sur le parasite retrouvé mort. Me délectant de mon délicieux café lors de son imitation aussi raté que lui et des gestes aussi lamentable que sa personne. Je sens que la journée va être longue. Je continue de l'écouter silencieusement, adaptant les mimiques de mon visage selon ce qu'il me dit, montrant ainsi ma surprise et mon effroi vis-à-vis de toute cette histoire.

Il accepte un dossier car une prime l'attend au bout ? Ça doit être compliqué d'être pauvre. La coagulation est un processus aboutissant à la formation de caillots sanguins. C'est une partie importante de l'hémostase où la paroi endommagée d'un vaisseau sanguin est couverte d'un caillot de fibrine, ce qui a pour conséquence d'arrêter l'hémorragie. En plus d'être sans argent, il est dénué de toute forme d'intelligence ? Non, pour me citer des faits qui se sont passés en 2015 sur un film tout aussi ancien, il est loin d'être bête. Je me répète mais à quoi joue-t-il ? Je fais mine de sursauter lorsqu'il frappe la table qui a coûté plus cher que tout ce qu'il possède, j'imagine.

Si ce Robert n'était pas allé mettre son nez dans cette affaire, je serais sûrement ailleurs à l'heure qu'il est. Ma mère a injecté un anesthésiant à la victime ? Elle n'est pas si malheureuse que cela la gamine, ma mère peut se montrer assez cruelle de temps à autre. Quoi qu'elle a fini dans une morgue, donc les émotions, elle ne doit plus en avoir beaucoup. Violer une fillette de 12 ans, décédée, il faut être encore plus dégueulasse que le type en face de moi.

- Alors, j'me disais qu'il valait mieux venir vous prévenir directement. Y a ptête un ptit rigolo de chez vous qui pique du matos et le revend au black. Vous avez pas un eu des échos de ça ? Enfin, me doute bien que vous vous occupez pas des fournitures, mais bon. Voilà, j'voulais vous prévenir qu'il y a de votre matos qui se balade dans la bordure.
Et si... Vous savez pas. J'peux vous proposer de mener l'enquête chez vous. Ca fera d'une pierre deux coups : on déboite celui qui vous la fout à l'envers, et moi ça m'permettra de tomber sur mon coupable.

Non, « un ptit rigolo » cela englobe tous les incompétents  qui ont participé à l'expérience. Il n'y a aucun écart dans nos fournitures, tout est contrôlé et les malheureux qui tenteraient d'apporter des effets personnels de la FATE jusqu'à chez eux, le gouvernement leur tomberait dessus à coup sûr. Mener l'enquête chez nous ? Est-ce vraiment le gouvernement qu'il l'a envoyé ici ? J'ai de plus en plus de doutes sur cette histoire. Je saisie le dossier, attrapant par la même occasion la cigarette qu'il a sorti plus tôt, déposant cette dernière sur la table basse.

-N'oubliez pas que l'on est dans un établissement médical. Des normes sanitaires sont à respecter à la lettre, pas de cigarette dans l'enceinte du bâtiment.

Je lui dis tout cela calmement, commençant à feuilleter le dossier. Je tombe sur une des fameuses photos du corps, restant absorbée par toutes les blessures qu'il a subi. Ils ne l'ont vraiment pas loupé, je l'ai vu en vrai mais en photo, ça donne une autre dimension. Une espèce de peinture abstraite ? Oui quelque chose dans le genre. Mon visage abordait un air choqué, remplit de dégoût et d'horreur à la vue de la photo, je fais même mine de vouloir vomir.

-C'est...c'est abominable ! Comment quelqu'un peut-il faire ça à une si jeune enfant ? Comment une personne peut-elle faire une horreur pareille ?

Mon ton n'avait plus rien de doux, ma voix tremblotait, mon visage reflétait la tristesse. Je ferme immédiatement le dossier, montrant que je ne pouvais en voir davantage, même si l'envie était bien présente. Je regarde dans le vide un instant, me levant d'un bon par la suite pour me diriger vers le téléphone de fonction posé sur mon bureau. Je compose le numéro du responsable des inventaires et des stocks, mettant ma discussion sur haut parleur.

-Sanders à l'appareil. Pouvez-vous me dire s'il y a eu des écarts sur un quelconque inventaire durant...

Je réfléchis un instant avant de poursuivre.

-...remontez jusqu'aux 6 derniers mois.

Je coupe le micro, laissant l'homme au bout du fil faire tranquillement ses recherches, m'adressant désormais à l'inspecteur.

-Peu importe la personne qui a fait ça à cette jeune fille, c'est impardonnable. Comptez sur moi pour vous aider sur cette affaire.

Pourquoi c'est à moi de réparer les erreurs de mes collègues déjà ? Je dois régler cette affaire rapidement sans que ce sagouin ne mette trop les pieds dans la fondation. Malgré son air neuneu qu'il aborde depuis le moment où on a pénétré dans le bureau, je ne peux que me méfier de lui. Prudence est mère de sureté. L'homme au téléphone fini par retrouver la voix, je réactive le micro.

-Je n'ai aucun écart madame, ni au niveau des stocks, ni au niveau des inventaires.

-Très bien monsieur, merci pour le renseignement.

Je finis par raccrocher, l'air embêtée par le constat qu'on venait de me faire. Je plonge mes yeux dans ceux du brun au postérieur posé sur mon canapé.

-Pourquoi notre « matos » se balade dans la bordure s'il n'y a pas d'écarts ici ? Je ne comprends toujours pas comment une fillette s'est faite embarquer dans cette histoire...

Je reprends une mine triste. Alors James Bond, que vas-tu me sortir maintenant ?

Elle était douée la bougresse.

« Echec et mat », enfin presque.
Il restait bien à Zack une ou deux cartes, mais si elle les esquivait… Il se retrouverait dos au mur.
Elle avait, volontairement ou non, refusé la porte qu’il lui laissait. A son grand désarroi.
Le FATE se savait intouchable, parce qu’il l’était.
On ne pouvait l’accuser officiellement, soit on y trouvait la mort, soit… Pire… On se retrouvait banni.
Et même si un Turne avait des chances de survivre dehors, c’était pas du tout le cas d’un humain. S’il bénéficiait d’un filtre à air, on pouvait lui donner jusqu’à… Son expiration, pour survivre.
Zack jouait avec le feu… Ouais… Mais bordel, il pouvait pas s’en empêcher.

Pas d’écart de matos, donc, ok.
Ca réduisait la piste à pas grand-chose avant que les masques ne tombent.

- Hummmm. Ok. Et les stocks sont assez sécurisés ? On peut faire un tour pour voir, si ça vous dérange pas ?
Sinon, qui vous fournit ? Ptête que ça a été piqué à la source et pas ici.

Il avait rangé sa clope. Il abusait un peu sur l’hospitalité de la femme, fallait qu’il ralentisse.

- Ou alors quelqu’un qui est parti d’ici, dernièrement ? Qui pourrait savoir comment tout ceci fonctionne ? Bref… Y a aucun moyen de ?

Voilà, il avait lancé ses deux dernières cartes.
Soit la fuite venait de la source, soit un ancien employé foutait la merde.
Après ça… Après ça quoi ? Il tabassait la femme jusqu’à ce qu’elle avoue ? Sans preuves ? Sans rien ? Déjà, même qu’avec preuves, c’était chaud, voire impossible.
Alors pourquoi il se faisait chier autant ? Il aurait dû déjà arrêter en sachant que le FATE était impliqué. Trop gros.
Il avait aucune chance légalement. Quant à illégament… Il pourrait emporter une ou deux têtes, et après ? Mort ou banni. Il n’avait aucune chance.
Alors, pourquoi ?
C’était quand déjà son prochain rendez-vous avez la psy ?

- J’ai l’impression qu’on essaie de vous la foutre à l’envers….

Le rustre semblait réfléchir à la solution de mon problème. Quelle meilleure réponse à m'apporter à par accuser la FATE ? Allait-il oser mêler la fondation à toute cette affaire ? Il l'avait déjà fait après tout en venant ici. Seulement, il n'avait encore poser explicitement les mots.

- Hummmm. Ok. Et les stocks sont assez sécurisés ? On peut faire un tour pour voir, si ça vous dérange pas ?
Sinon, qui vous fournit ? Ptête que ça a été piqué à la source et pas ici.

Vous voyez monsieur l'inspecteur qu'il y a finalement un cerveau entre vos deux oreilles. Il essaye encore de fouiller les lieux, devrais-je le laisser faire ? Que pourrait-il trouver dans les stocks après tout ? Et en ce qui concerne nos fournisseurs, cette information est strictement confidentielle, même si le plus gros de notre artillerie vient directement d'ici.

- Ou alors quelqu’un qui est parti d’ici, dernièrement ? Qui pourrait savoir comment tout ceci fonctionne ? Bref… Y a aucun moyen de ? J’ai l’impression qu’on essaie de vous la foutre à l’envers….

Cette dernière hypothèse pourrait s'avérer être une piste intéressante à exploiter. J'ai annulé tous mes rendez-vous de la journée alors pourquoi ne pas joujou à mener une enquête foireuse avec James Bond ? J'ai toujours aimé regarder le théâtre et j'avoue que l'idée de jouer dans une pièce peut être, intéressant ? J'avais d'autres plans en tête à la base mais bon, il faut savoir improviser de temps à autres pour mettre un peu de fraîcheur dans ses neurones. Ma mine triste disparaît pour laisser place à la réflexion.

-Avant de travailler ici, j'ai commencé à exercer au Central Hospital, le « matos » ressemblait vaguement à celui d'ici...

Oh Lexy, c'est tellement vilain de rejeter la faute sur la boite d'à côté.

-Et si vous aviez raison ? Et si on essayait de nous faire accuser pour une atrocité qu'on n'aurait pas commise ?

Je prends un air grave, comme si on m'avait poignardée dans le dos. Oui, je suis sous le choc de ne pas avoir pensé à cette idée avant. Je connais bien le Central Hospital, les inventaires ne sont pas suivis méticuleusement par rapport à ici. Les écarts de stocks arrivent régulièrement et j'ai déjà le nom d'un ancien collègue que j'aimerai bien voir couler.

-Il n'y a pas une minute à perdre ! Nous allons trouver le coupable, nous devons bien cela à cette pauvre enfant...

La tristesse revient envahir mon visage. Si un jour mon travail à la FATE ne me satisfaisait plus, je pourrait me reconvertir en actrice. Dommage que Hollywood n'existe plus. J'inspecte mes poches pour vérifier que toutes les affaires dont j'ai besoin s'y trouve, aucun oublie, parfait. J'ouvre la porte, tendant mon bras en direction de la sortie pour rappeler au sauvageon où elle se trouvait.

-On ne devrait pas avoir trop de mal à rentrer au Central Hospital, j'ai gardé quelques contacts.

-Avant de travailler ici, j'ai commencé à exercer au Central Hospital, le « matos » ressemblait vaguement à celui d'ici...
Et si vous aviez raison ? Et si on essayait de nous faire accuser pour une atrocité qu'on n'aurait pas commise ?

Qui crois-tu duper, miss dôme ?

Pourtant, il devait s’avouer que la bougresse était douée. Il y croyait presque.
C’était peut-être son pessimisme, ou sa paranoïa, qui le sauvait de la croire et de ne pas tomber dans ses griffes, dans sa toile ou dans il ne savait quoi d’autres encore.
Et son instinct… Et l’instinct de Zack, c’était pas qu’un instinct de flic.
Non, c’était l’instinct d’un type né dans la merde et cotoyant la merde chaque jour depuis sa naissance.
Il savait assez bien reconnaître le mensonge, et savait assez bien mentir lui-même. Il le fallait. C’était ptête la première chose qu’on apprenait dans la bordure : repérer la vérité.
Ou était-ce sa haine des riches qui le guidait… ? Pas impossible. Peut-être qu’il voulait la croire coupable alors qu’elle était réellement innocente…
Trop tôt.

Mon petit Zack… Fais attention… Te laisse pas emporter.

Mais la bougresse était douée.
Si lui avait vécu dans les landes putrides et marécageuses de Central Point, elle avait vécu à la lumière du jour et de tous.
Il n’était pas impensable qu’elle se soit construit une autre facette pour répondre et tenir la réputation, tandis que derrière… Il y avait autre chose.

Bien entendu, ce n’était que spéculation.
Il n’y avait pas de preuves. Et il n’y en aurait certainement jamais, à moins de l’approcher d’assez près et de gagner sa confiance, en quelque sorte.
Et après ? Après… Rien, certainement, hormis la mort ou l’exil.


Il avait gardé les yeux levé vers le ciel, comme s’il essayait de comprendre ce que la femme disait, gardant cet air un peu niais de gros pataud lent à la détente.

-Il n'y a pas une minute à perdre ! Nous allons trouver le coupable, nous devons bien cela à cette pauvre enfant...

Oh oui… Pauvre enfant.

- J’vous suis, m’dame. Et je vous remercie de prendre tout ce temps alors que vous devez être vachement occupée. Ca fait plaisir de voir des gens comme vous, parce que sincèrement… Mon boulot, j’suis à deux doigts de l’quitter. Trop compliqué et à part les trucs de p’tites frappes… Le reste, on a toujours du mal à résoudre.

Il se leva.

- On a pas trop les moyens, pis parfois on croit que la hierarchie, elle veut pas régler les affaires. Enfin, c’est ce que des gars disent. J’entends mais j’écoute pas, ça m’parait idiot de croire ça. ‘Fin, pourquoi on s’mettrait des batons dans les roues comme ça ?

Ouais… Continuer à faire l’idiot.
C’était la seule « protection » de Zack. Un pauvre type qui se retrouve-là parce qu’on lui a demandé et qu’on l’a appâté avec une prime.
C’était pas une cervelle, juste un tas de muscles.

-On ne devrait pas avoir trop de mal à rentrer au Central Hospital, j'ai gardé quelques contacts.

Restait à savoir quel genre de contacts elle avait gardé.
Mais l’évènement prenait une certaine forme de jeu… Et c’était amusant à voir. Il sentait l’excitation de la chasse, le perdant serait celui qui ferait un faux pas…
Et même si la donzelle partait avec un avantage énorme, comparé à lui… Son faux-pas à elle lui serait fatale.
Zack pouvait facilement briser la colonne vertébrale, encore plus face à ce genre de gabarit.

Tu veux jouer ? Jouons.

Je ne prends même pas la peine d'écouter tout son baratin, c'est des répliques de personnage secondaire, rien de très palpitant. Allons monsieur Nelvas, essayez de rentrer un peu plus dans votre rôle, vous êtes une pièce maîtresse sur l’échiquier voyons. Pourquoi se mettre des bâtons dans les roues ? Pour rendre un peu plus excitante notre existence.

Nous sortons de mon bureau, nous redirigeons vers l'accueil de la FATE. Je fais un petit détour vers la secrétaire, pour la prévenir de mon absence en ces lieux, lui demandant d'en informer ma mère en priorité. Elle saura quoi faire, je suis avec un inspecteur, elle aura tout le temps de faire disparaître toutes les preuves concernant le parasite retrouvé mort. Il va falloir cacher les dossiers, faire s'envoler tous les enregistrements des caméras de sécurité où l'aberration génétique se trouve dessus et les remplacer par autre chose. Mon père s'en occupera sûrement, c'est un génie de tout ce qui touche à la technologie et à l'informatique après tout. Bon maintenant, c'est le moment de sortir d'ici. Je fais signe aux vigiles de ne pas me suivre, que je me débrouillais seule sur cette affaire, pas besoin de garde du corps. Mes parents ont toujours été surprotecteurs avec moi, j'en ai vu passé des gardes du corps mais aucun ne m'a plu. Une fois dehors, je sors une cigarette de mon paquet avant de le tendre à James Bond.

-Je vous l'offre, j'ai cru comprendre que vous fumiez.

Et j'ai bien cru lui faire avaler la dose de nicotine lorsqu'il l'a sorti dans mon bureau. Quelle manque de savoir vivre. J'allume ma cigarette, avant de continuer mes pas vers le parking de la FATE, cherchant la voiture de fonction que mon père a choisi avec amour.

-Ah, la voilà.

Une bugatti rouge, le genre de voiture qui ne passe pas inaperçu. Oui, c'est une voiture de fonction, je ne l'utilise que pour venir à la FATE celle là.

-Je vous en prie, entrez. Ne vous inquiétez pas, on peut fumer à l'intérieur cette fois.

Je n'ai jamais été branchée voiture mais bon père si, et ses goûts, il a toujours voulu me les transmettre.


Suite ~