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Rumeurs

Aux informations de Central News, les images de la manifestation mettaient en scène trois élèves et un professeur du NEST. Kelya, Skye, Heidi et Kayn. Leur implication est inconnue, mais les images ont beaucoup tourné, difficile de les manquer.
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On parle également, parmi les victimes, d'un turne avec deux rangées de dents pointues. Violent, proche des milieux terroristes, il est annoncé qu'il trempait dans plusieurs réseaux de trafic d'enfants. Des photos ignobles ont été retrouvées sur son nanocom et de l'ADN sur ses dents, prouvant qu'il s'adonnait au cannibalisme.
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Depuis la manifestation, les turnes sont très restreints dans leurs droits civiques. Couvre-feu, certains magasins interdits, plus de présomption d'innocence... Une atmosphère étouffante s'est emparée des rues. Heureusement, au NEST, il n'en paraît rien, pour les pensionnaires.
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Au NEST, on raconte dans les couloirs qu'il se passerait quelque chose entre le prof d'anglais et l'infirmière... Ils sont faits pour s'entendre, aussi calmes et posés l'un que l'autre...
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Pizza'Narchy : A new hope

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Lun 26 Aoû - 1:07

Le fait que Skye se mette à chouiner contre Sören étonna autant ce dernier que le policier, qui s’arrêta net à environ 3 mètres d’eux.

- Euh…

Ouais, c’est tout ce qui était venu. Puis Sören comprit. Elle avait sans doute besoin d’utiliser son pouvoir… il fallait jouer le jeu. Il passa sa main dans le dos de Skye, l’enlaçant comme pour la consoler.

Le policier observait la scène, déstabilisé. Il posa sa main sur son DED, à sa ceinture, sentant bien que quelque chose ne tournait pas rond. Puis Skye se tourna, laissant deux larges taches humides sur la chemise de Sören. Les yeux rouges, elle entama un monologue qui, Sören l’avait compris, était nettement plus réfléchi qu’il n’y paraissait :

- On est désolés! J'suis désolée, msieur... C'est moi qui l'ai invité chez moi ce soir, vous voyez, parce qu'on est turnes tous les deux, et, je l'ai rencontré au ciné avant le couvre-feu, mais y'avait plus rien à manger chez moi, mais, mais je voulais qu'il reste, alors je me suis dit qu'on pouvait descendre manger au restau, parce que j'habite juste au-dessus alors je pensais pas que ça gênerait pour le couvre-feu, j'suis désolée monsieur, c'est ma faute la musique, parce que quand on est allés euh, dans les toilettes pour, enfin après manger, mon nanocom a un peu bougé et ça a relancé ma chaine de musique à fond, regardez…

Le policier retira immédiatement le DED de sa ceinture. Néanmoins, il ne le pointa pas sur le binôme… il semblait plutôt sur la défensive, prêt à réagir en cas de problème.

- Vous connaissez la peine encourue pour dépassement du couvre-feu ?!

- On sait que c’est grave et qu’on devrait pas être dehors mais… c’est tellement proche de chez-elle, on s’est dit que pour un premier rencard… Enfin… On sait que ça n’excuse rien, mais… c’était une occasion exceptionnelle...

Sören n’avait nullement besoin de forcer son jeu d’acteur pour avoir l’air troublé et en situation de stress : il l’était.

Le flic resta de marbre quelques secondes. Il jeta un regard dans la rue, où aucun passant ne semblait avoir vraiment fait attention à la situation. Après un long soupir, il fit signe aux deux tourtereaux de s’approcher du mur.

S’il voulait les fouiller et que la situation semblait mal engagée, ce serait le moment idéal pour tenter de lui mettre un coup et de courir parmi la foule afin de le semer. Mais c’était tellement risqué…

Mais rien de tout cela n’arriva. Le policier s’approcha d’eux et dit, à voix basse.

- Vous allez pouvoir rentrer chez mademoiselle. Mais vous avez plutôt intérêt à y rester et à ne pas faire de vagues. Vous avez de la chance d’être tombé sur moi, mon brigadier-chef n’aurait pas été aussi indulgent. J’espère que vous aurez retenu la leçon. Un coup de bol pareil, ça n’arrive qu’une fois.

Sören se contenta d’acquiescer. Il passa sa main derrière l’épaule de Skye et l'entraîna vers la porte de de l’immeuble, dont la pizzeria occupait le rez-de-chaussée. Le flic était juste à côté deux, attendant de les voir entrer à l’intérieur pour retourner à ses occupations. Ils n’avaient pas d’autre option que d’entrer dans le bâtiment pour ne pas risquer d’être grillés. Heureusement, ils se trouvaient dans l’un des plus vieux quartiers de la ville. La plupart des habitations y avaient été construites au début des années 30 et n’avaient jamais été rénovées depuis. Ça avait été bâti dans l’urgence de la guerre, et la priorité n’était pas à la sécurité intérieure comme aujourd'hui… ce qui veut dire que la porte d’entrée ne disposait pas de système d’ouverture électronique : une simple serrure, comme au début du siècle. Mais si la porte était fermée à clé… ils étaient cuits.

Sören avait le coeur qui battait à tout rompre lorsqu’il essaya de pousser la porte… qui s’ouvrit sans problème. Il se tourna alors vers le policier et lâcha timidement :

- Merci. Bonne soirée.

Ce dernier se contenta d’acquiescer, alors que Sören et SKye pénétraient dans le bâtiment. Une fois à l’intérieur, le rouquin se pinça les yeux de sa main inoccupée, soufflant lentement comme pour évacuer la pression. La voix encore tremblante, il ajouta d’un ton se voulant léger :

- Va falloir que je te paye un paquet de ciné et de restos pour rembourser toutes les vies que je te dois.

Puis il poursuivit, plus sérieusement :

- On est pas encore sorti d’affaire. Il faut trouver un moyen de sortir d’ici… il y a sûrement un accès au toit.
Sören Larsson
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Sören Larsson
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Mer 28 Aoû - 1:58

Il était prêt à utiliser son arme. Maintenant, au moins, il hésite. Mais sa méfiance est très largement entamée. A vrai dire, on ne doit pas avoir l'air du couple le plus menaçant de Central Point. Enfin, il nous sort quand même sa grosse voix pour nous demander :

- Vous connaissez la peine encourue pour dépassement du couvre-feu ?!

J'ai tout donné. Si je réponds encore, je risque de mal jouer. Mais c'est Sören qui prend l'initiative de lui répondre... Et quel jeu d'acteur! Il a l'air stressé, on dirait vraiment qu'il... Oh.

- On sait que c’est grave et qu’on devrait pas être dehors mais… c’est tellement proche de chez-elle, on s’est dit que pour un premier rencard… Enfin… On sait que ça n’excuse rien, mais… c’était une occasion exceptionnelle...

Bien joué, en tout cas. Après avoir vérifié la rue, le flic nous fait approcher près du mur de l'immeuble de la pizzeria. A voix basse, il nous offrit la rédemption...

- Vous allez pouvoir rentrer chez mademoiselle. Mais vous avez plutôt intérêt à y rester et à ne pas faire de vagues. Vous avez de la chance d’être tombé sur moi, mon brigadier-chef n’aurait pas été aussi indulgent. J’espère que vous aurez retenu la leçon. Un coup de bol pareil, ça n’arrive qu’une fois.

A l'intérieur de mon corps, il y a une telle libération d'endorphines et d'adrénaline que j'ai envie de hurler ma victoire et de soulever une voiture. Mais, je pense que ça ne collerait pas avec la jeune fille paniquée que je suis sensée être en ce moment. Je me contente de continuer à renifler, et Sören passe sa main autour de mon cou pour me ramener "chez moi"... Sous le regard inquisiteur du flic. Ce n'est que quand mon "coup d'un soir" ouvrit la porte, et se retourna pour lui souhaiter une bonne soirée, que l'autre finit par lâcher l'affaire. Un move plutôt téméraire, puisque lui ne connaissait probablement pas par cœur et à l'avance l'état de la serrure de l'immeuble...

On referme la porte. La pression retombe. On est tirés d'affaire... Pour le moment, en tout cas. Et je dois toujours payer les pizzas... Je passerai un autre jour, quand tout ça se sera tassé. Sören se pince les yeux. On dirait qu'il vient de passer un oral de coréen devant un public de 5000 personnes. Quoique... Le coréen n'est pas si compliqué, au final; c'est surtout une question d'accent. D'ailleurs, sa voix tremble un peu quand il arrive à prendre la parole.

- Va falloir que je te paye un paquet de ciné et de restos pour rembourser toutes les vies que je te dois.

-Ca me va. Mais respire, c'est la crise cardiaque qui te guette si tu continues comme ça... Et ça serait con après avoir survécu à ça!

- On est pas encore sorti d’affaire. Il faut trouver un moyen de sortir d’ici… il y a sûrement un accès au toit.

Effectivement, depuis la porte d'entrée, on n'a accès qu'à la cage d'escalier. Au rez-de chaussée, il n'y a qu'un appartement, et de l'autre côté, une porte qui ne s'ouvre que depuis l'intérieur des cuisines de Pizza'Narchy.

-Tant mieux, alors. J'ai justement besoin de nicotine. De beaucoup.

Pour digérer, pour souffler, pour contrebalancer tout ce qui est en train de se passer dans ma tête et dans mon corps. Putain, la fatigue me coupe les jambes d'un coup... Mais je monte quand même les escaliers. L'immeuble n'est pas si haut, comparé à certains plus récents du quartier; sept étages, toit compris. Mais je les sens passer. La porte du haut, rouillée comme une épave, n'offre pas beaucoup de résistance, et s'ouvre sur une lumière éclatante; le néon orange et rose de la publicité en face.

Je sors mon paquet et m'allume une cigarette. Je sens plus mes jambes... Si fatiguée. Je m'assieds contre le mur de l'escalier.

-De toutes façons, il finira bien par partir...

Skye Reid
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Skye Reid
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Mer 28 Aoû - 20:31

- Tant mieux, alors. J'ai justement besoin de nicotine. De beaucoup.

Fumer… ça avait toujours été une activité convoitée par Sören. Les types qui fumaient dans les films avaient toujours l’air cool. C’était peut-être le côté “je me fous des risques”, ou simplement l’esthétique de la fumée qui s’échappe en délicates volutes… bref, c’était cool.

Mais les clopes en dehors de Central Point… ça n’existait plus. Même les paquets encore scellés avaient subi les affres du temps et avaient un goût insipide. En arrivant à Central Point, il pensait enfin pouvoir faire l’expérience de cette activité si intrigante… et son nez le rappela à l’ordre. L’odeur de tabac froid dans les bars le répugnait et même lorsqu’il n’activait pas sa mutation, il ne pouvait s’empêcher de penser à cette odeur qui lui collerait à la bouche et aux fringues pendant des heures… heures durant lesquelles l’utilisation de sa mutation deviendrait un calvaire.

Il avait dû se rendre à l’évidence que fumer, ce n’était pas pour lui… dommage, il aurait aimé être cool aussi.

Sören et Skye grimpaient les nombreuses marches qui les séparaient du toit. La jeune femme avait l’air de souffrir quelque peu de la montée… mais elle continuait sans rechigner. Ils sortirent enfin sur le toit, et Skye alla s’asseoir immédiatement contre la cage d’escaliers.

- De toutes façons, il finira bien par partir...

Sören acquiesça avant de s’approcher du bord du toit pour contempler les environs. C’était la première fois qu’il voyait la ville d’en haut, même si des bâtiments avec plus d’étages cachaient une bonne partie de la vue. Il était environ un heure du matin et pas mal de monde circulait dans les rues. Avec 50 millions d’habitants pour une surface si petite, le calme n’avait sans doute jamais sa place, surtout dans un quartier aussi actif que celui-ci.

Ici, c’était la vieille ville… que des bâtiments anciens, des petits commerces serrés les uns contre les autres et des restaurants surplombés par d’innombrables immeubles de plusieurs dizaines d’étages pour certains.

Et au dessus de tout ça, il y avait le dôme, qui reflétait une partie de la lumière des rues et des néons des échoppes… il ne faisait jamais vraiment nuit… on aurait dit un voyage dans le Los Angeles colorés mais dépravé de Blade Runner… sans les hologrammes et les voitures volantes.

Pour Sören qui venait d’un environnement plus proche de La Route ou Je suis une Légende, ça faisait un choc. Il restait là, planté devant le panorama. Ce n’était pas vraiment beau et certainement pas harmonieux… mais c’était vivant.

Puis le rouquin retourna vers Skye, toujours installée près de la cage d’escaliers. Il se hissa sans problème sur une sorte de gros bloc de béton de 2 mètres de haut, qui devait abriter des tuyaux, des câbles ou un truc du genre. Il s’assied au bord, les jambes ballottant dans le vide, juste en face de Skye.
Il observait la jeune femme tirer sur sa cigarette, laissant échapper à intervalles régulier de longs et denses filets de fumée D’un ton bienveillant, il lui demanda :

- Ça va, toi ? T’as l’air épuisée… J’avais pas cette impression tout à l’heure dans le restaurant.
Sören Larsson
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Sören Larsson
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Sam 31 Aoû - 18:43

Il s'approche du bord et regarde en contrebas... Et il resta planté là un bon moment. Je pensais qu'il guettait le départ des flics, mais... J'ai eu le temps de fumer la moitié de ma cigarette, pendant qu'il regardait à gauche, à droite, en haut. Il resta contempler le dôme un moment avant de regarder au loin. Merde, c'est vrai qu'il n'est pas né ici, lui... Je me demande ce que c'est que de découvrir cette ville pour la première fois. Vu ce qu'il a vécu, il la voit probablement comme une terre sainte, une sorte de petit paradis... Enfin, peut-être pas, s'il la compare aux dystopies qui faisaient fureur au siècle dernier, mais en tout cas, parti de la solitude et des terres désolées, il a pu trouver la vie. L'humanité.

J'ai jamais trouvé cette cité... Belle. Au contraire, je passe parfois des heures à errer sur les toits des taudis près de la Barrière pour regarder au-dessus du mur aquatique qui nous sépare du reste de la planète. A imaginer comment c'est, comment ça avait été, là, dehors... Le ciel bleu, les plantes sauvages, les animaux. Les arbres. L'air non recyclé. L'élevage, les fermes, les maisons, la campagne. Les villes, les étoiles, le soleil, les nuages. La vie.

Avant nous.

J'ai beau pouvoir tout comprendre, tout retenir, ça, je ne parviens pas à l'imaginer. Même si je le reconstitue à partir des données les plus précises auxquelles j'ai accès.

Il se retourne vers moi. Je passe la main sur mes yeux, rapidement; j'ai l'impression qu'ils étaient humides. Mais, apparemment, non. Il se hisse sur la chape de béton qui enveloppe les gaines d'aération de l'immeuble, et s'assoit au bord. Un petit silence se fait, le temps que je tire sur la cigarette... Puis, il me pose une question.

- Ça va, toi ? T’as l’air épuisée… J’avais pas cette impression tout à l’heure dans le restaurant.

-Ouais... Beaucoup d'émotions.

Ma première réaction est de mentir. C'est devenu un réflexe instinctif, de la survie. Laisser les gens connaître les nombreux défauts de cette mutation est une entorse à mon mode de vie. Mais, ça m'ennuie de lui mentir, même si c'est par omission. Trop tard... Je décide de noyer ça sous une tentative d'humour.

-Après tout, je viens de me faire prendre dans les chiottes d'un restau, tu t'attendais à ce que pète la forme?

Super classe, Skye. Bien joué, le social... Enfin, c'est pas comme si ça avait jamais été mon point fort.

-Tu vis où, du coup...? T'es quand même pas dans les locaux de la FATE, ils t'auraient pas laissé sortir...

Une vanne plutôt banale au NEST. Mais je réalise seulement ensuite que pour lui, la FATE, c'est probablement les bienfaiteurs qui lui ont tendu la main qui l'ont sorti des terres désolées. D'autant qu'il n'est pas vraiment familier avec toutes les rumeurs qui courent sur eux depuis des années; officiellement, c'est une fondation pleine de bonne volonté. Surtout que j'ai pu moi-même faire l'expérience de personnes qui ne collent pas avec la rumeur...
Skye Reid
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Skye Reid
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Dim 1 Sep - 20:43

-Ouais... Beaucoup d'émotions.

C’était plutôt étonnant. Skye avait toujours eu l’air en relative maîtrise de la situation pendant ce petit problème de contrôle d’identité… elle avait joué le jeu à la perfection. Mais peut être que ça l’avait affectée plus que Sören ne le pensait.

Avant que Sören n’ait le temps de plus réfléchir à la question, la jeune femme poursuivit :

-Après tout, je viens de me faire prendre dans les chiottes d'un restau, tu t'attendais à ce que je pète la forme ?

Sören esquissa un sourire et suivit Skye dans son envolée lyrique.

- Mea culpa ! J’irai plus doucement la prochaine fois, promis.

Sören avait le panel complet du nordique : la tignasse rouquine… et la peau très claire qui rougit au moindre rayon de soleil, coup de stress, malaise… bref, il ressemblait à une écrevisse la moitié du temps, surtout depuis son arrivée à Central Point qui ne manquait pas d’éléments stressants.

Et parler ouvertement de sexe, c’était bien le genre de truc qui le faisait virer pivoine en une fraction de seconde. Il ne connaissait rien au sujet. Du moins, rien en dehors de ce que Hollywood lui avait montré… un sexe romancé, toujours propre, jamais décevant et après lequel les partenaires retournent à leurs occupations comme si de rien n’était. Eh ouais, James Bond ne galérait pas à trouver le trou, James Bond n’avait pas de problème de tige molle et James Bond était si propre qu’il pouvait sauver le monde puis faire l’amour sans se laver entre temps. Bref, c’était sûrement assez loin de la réalité, et Sören en était bien conscient.

Heureusement, Skye embraya rapidement sur un tout autre sujet.

- Tu vis où, du coup...? T'es quand même pas dans les locaux de la FATE, ils t'auraient pas laissé sortir...

- J’ai un appartement de fonction dans le B-3 depuis quelques semaines. Avant ça eh ben… je “vivais” dans une chambre médicalisée de la FATE, le temps de mettre en règle la paperasse et de vérifier mon état de santé.

Intégrer une personne venant de l'extérieur avait été un véritable parcours du combattant pour l’équipe en charge de Sören. Niveau juridique d’abord, puisqu’il n’existait dans aucune base de donnée. Et ensuite niveau médical. Ce que la FATE redoutait le plus était que Sören trimballe un parasite ou une pathologie inconnue qui aurait pu se répandre par la suite à l’intérieur du dôme. Ses premiers mois en ville furent rythmés par les tests médicaux en tout genre, de la simple prise de sang au scanner complet de chaque recoin de son organisme. Évidemment, Sören avait aussi dû être vacciné et mis en contact avec un paquet de saloperies qui traînaient dans le dôme. Son système immunitaire était complètement inadapté pour survivre parmi autant de germes humains après des décennies de quasi-solitude.

- Et toi, tu vis en internat au NEST c’est ça ? Tu étudies quoi là bas ?
Sören Larsson
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Sören Larsson
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Mar 3 Sep - 1:47

- Mea culpa ! J’irai plus doucement la prochaine fois, promis.

J'ai réussi à le faire sourire. Changement de sujet... Réussi. Je m'en veux un peu, mais j'imagine que c'est pas si grave que ça. Marrant, quand même. Il a l'air plus vieux que moi, mais vachement moins à l'aise à propos du cul... Ceci dit, c'est pas très étonnant avec un nombre de rencontres humaines à un seul chiffre pendant plusieurs dizaines d'années. Le but était pas de le mettre mal à l'aise, alors autant parler d'autre chose. Et puis, je suis même trop fatiguée pour me demander si j'aurais ou non apprécié que tout ça ne soit pas juste un alibi... Dont on ne s'est même pas servis, finalement.

- Tu vis où, du coup...? T'es quand même pas dans les locaux de la FATE, ils t'auraient pas laissé sortir...

- J’ai un appartement de fonction dans le B-3 depuis quelques semaines. Avant ça eh ben… je “vivais” dans une chambre médicalisée de la FATE, le temps de mettre en règle la paperasse et de vérifier mon état de santé.

Et avant ça? Je suis en train de m'imaginer la galère qu'il avait du vivre à être sur la route pendant si longtemps, sans même parler du bunker. Les nuits à ne dormir que d'un oeil, à rester alerte, les réveils par des cris, des animaux, d'autres choses... Les longues attentes, planqué entre deux immeubles, pour pouvoir se tirer vivant d'une rue infestée de créatures aussi exotiques que dangereuses. Et pourtant... Je l'enviais. Sortir du dôme... Je suis consciente du danger, mais je continue à me dire que c'est une étape par laquelle je passerai sûrement dans ma vie. Je veux pas crever sans être jamais sortie de cette cage.

Je bâille. Si ça continue, je vais même pas réussir à rentrer chez moi. Et s'il y avait un autre contrôle sur la route...? Je suis encore plus fatiguée rien qu'à y penser. Merde... Je suis vraiment au bout du rouleau.

- Et toi, tu vis en internat au NEST c’est ça ? Tu étudies quoi là bas ?

-J'suis en études sup... Sciences, mais bon. Le niveau est pas fou. Je touche un peu à tout, informatique, biologie moléculaire, chimie... Et, non, je suis pas à l'internat. J'ai un appart en coloc dans le B4.

Kelya... J'ai envie d'être couchée avec elle en ce moment. Si seulement je pouvais inventer un téléporteur... Enfin, tout scientifique, même le plus néophyte, sait à quel point ça relève de la science-fiction. Au sens commun du terme, en tout cas. Au mieux, une copie informatique des données synaptiques réinscrite dans un cerveau cloné par impulsion électrique pourrait donner une "copie" de soi, mais les problèmes éthiques qui en découleraient ne vaudraient pas la peine de se donner autant de mal.

Mes yeux sont redevenus noirs malgré moi. Je dois arrêter... Je les ferme un moment... Et je pose la tête en arrière, contre le mur. Il est tard...

Je m'endors.
Skye Reid
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Mar 3 Sep - 4:26

- J'suis en études sup... Sciences, mais bon. Le niveau est pas fou. Je touche un peu à tout, informatique, biologie moléculaire, chimie... Et, non, je suis pas à l'internat. J'ai un appart en coloc dans le B4.

Sören acquiesça, pensif. Il aurait aimé faire des études… ou du moins savoir ce que ça faisait de passer ses journées à apprendre des trucs. D’un autre côté, il serait bien incapable de rester concentré autant de temps… même s’il avait été forcé de le faire à plusieurs reprises à la F.A.T.E, notamment pour évoquer son passé. Plus que les cours, c’est cette vie fameuse vie étudiante qu’il fantasmait. Ne plus être enfant, mais ne pas encore être vraiment adulte non plus. Découvrir l’alcool, les filles, la drogue, les cours en amphi après une nuit blanche… le tout entouré de personnes du même âge qui deviendraient pour certains des amis. Pour Sören, ce petit goût d’inachevé revenait régulièrement. Cette impression d’être passé à côté de moments de vie insignifiants et pourtant si importants.

Mais ce n’était qu’une question de point de vue. L’extérieur du dôme intriguait les gens, et beaucoup d’habitants de Central Point doivent partager ce sentiment de manque. Naître, vivre et mourir sans avoir jamais vu le ciel, une cascade, un animal sauvage… sans avoir vu le vrai monde. Quelques mois avaient suffit à Sören pour se fixer un objectif : ressortir d’ici, un jour ou l’autre. Mais pas seul.

Il avait tenté cette traversée complètement folle de l’Angleterre pour fuir la solitude. Un jour, il faudrait trouver un moyen de ressortir d’ici, sans retrouver cette même solitude pour autant. Mais il était beaucoup trop tôt pour y penser sérieusement. Il avait tant de choses à découvrir ici, tant de personnes à rencontrer. Une chose était sûre, Sören finirait par suffoquer enfermé sous ce dôme, séparé du vrai monde par cette prison de verre.

Lorsque le rouquin reprit ses esprit et posa à nouveau le regard sur Skye, elle s’était endormie. Quelque peu inquiet d’abord, il descendit doucement de son promontoir et s’approcha discrètement de la jeune femme. Il s’accroupit devant elle et l’observa pendant quelques secondes. Elle respirait normalement pendant que sa tête, appuyée contre le mur, basculait doucement sur le côté. Elle semblait aller bien, simplement exténuée.

Il fallait peut-être qu’il lui donne sa veste pour qu’elle dorme mieux, à l’abri du froid… mais il faisait tout sauf froid sur ce toit. La chaleur de l’activité humaine de la veille était toujours bien là et aucun courant d’air ne pouvait apporter de sensation de fraîcheur.

Sören se contenta de retourner sur son perchoir, cette fois face au bord de l’immeuble et à la ville en contrebas. Les yeux noirs parcourant délicatement les différents bâtiments, il entrainait comme chaque jour son odorat à absorber, identifier et localiser toutes ces particules odorantes avec lesquelles il n'était pas encore familier. Beaucoup d’entre elles n’étaient pas des plus agréables… mais au fil des minutes, il était capable d’en faire abstraction, de se concentrer sur des odeurs plus fines que les émanations de pourriture et de poussière. Il sentait l’odeur corporelle humaine très précise de Skye derrière lui, et une odeur très similaire venant du bas de l’immeuble… le parfum diffus et mélangé de tous ces habitants dans les rues, qui commençaient à désemplir au fil que la nuit avançait. Le gouvernement et la population avaient beau dresser une barrière entre turnes et citoyen… pour Sören, ça n’avait pas tellement de sens. Si ça sent la même chose, c’est bien souvent que c’est la même chose.

Les minutes passèrent, puis les heures. Les effluves de la ville qui s’endormait firent immédiatement place aux odeurs d’une ville qui se réveille. Le temps passait lentement, mais Sören avait depuis longtemps appris à dompter l'ennui. Faire le vide, se concentrer sur ses sens, prendre conscience de soi... pas mal de trucs tirés de la méditation qu'il avait fini par apprendre de lui-même, accompagné par l'ennui une grande partie de sa vie. Vers 5 heures du matin, de nombreuses nouveautés vinrent chatouiller le nez de Sören. Cette odeur de poussière s’était amplifiée sous le passage d’une balayeuse dans les rues adjacentes. Puis ce furent le tour des éboueurs de répandre le parfum de nourriture fermenté de toutes les bennes à ordure du secteur. Puis vint enfin quelque chose de plus agréable : les cafés de la rue qui ouvraient, l’odeur de pain chaud émanant des boulangeries… c’était sans doute de la farine synthétique qu’ils foutaient dans le pain, les viennoiseries et autres mais… l’odeur n’en était pas moins agréable.

Le couvre feu devait être levé maintenant, et Skye comme Sören allaient pouvoir finalement rentrer chez eux sans problème. La jeune femme était toujours profondément endormie, malgré l’inconfortabilité du lieu.

Attendant patiemment que Skye se réveille, Sören l’observait finir sa nuit. Elle aura été courte, mais la rue recommençait à être bruyante et le Soleil pointerait le bout de son nez dans une petite heure à peine… il y avait peu de chance que tous ces éléments parasites ne l’arrachent pas aux bras de Morphée.

Sa mutation toujours activée, il observait les détails du visage de son coup du soir improvisé. Elle était certainement plus jeune que lui, peut être quasiment de 10 ans. Elle ne s’était peut-être pas rendue compte d’une telle différence… Sören avait beau avoir le visage relativement maigre et anguleux, orné d’un paquet de petites cicatrices, les affres du temps l’avaient pour l’instant plutôt épargné. Il avait toujours les traits d’un jeune adulte et on lui donnait facilement 5 ans de moins.

Cette fille était sympa. Vraiment sympa. Il la connaissait depuis moins de douze heures, mais elle avait un truc qui lui plaisait. En même temps, c’était bien la première fois qu’il se confiait à quelqu’un d’étranger simplement par envie. Et elle avait bien réagi, certainement mieux que Sören ne l’espérait. Et puis elle aimait Star Wars et les pizza. Ça en faisait forcément quelqu’un de bien non ? Et il y avait évidemment eu cette histoire de contrôle, le coup de la capote et des toilettes… tout était allé si vite… Sören ne savait pas grand chose d’elle, et elle était pourtant devenue la personne vivante qu’il connaissait le mieux. C’était ça un début d’amitié ? Ou c’était plus ? Ou rien du tout ? C’était flou, et ça le resterait certainement un moment, tant Sören manquait d’éléments de comparaison.

Sören fut interrompu net dans ses interrogations par une discrète grimace sur le visage de Skye. La grimace typique de la personne qui a passé une nuit de merde et qui, en se réveillant, se rend compte qu’elle a mal au cul, au cou et au dos. Sören resta sur place, assis en tailleur sur son bloc de béton, son regard noir posé sur sa partenaire délinquante d’un jour, attendant tranquillement qu’elle se réveille.
Sören Larsson
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Sören Larsson
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Mar 3 Sep - 10:45

Quand j'ouvre les yeux... La première chose qui me frappe, c'est la lumière, qui m'arrache une grimace. Ce n'est plus celle des néons nocturnes, mais les premiers rayons du soleil qui, en haut de l'immeuble, me touchent plusieurs minutes avant d'atteindre les rues. Un instant de panique, le temps d'activer ma mutation par réflexe et de me repasser le fil des évènements... Et la deuxième chose qui me frappe, c'est le vertige. Ma tête tourne. Hypoglycémie. Ce foutu cerveau a consommé absolument toutes mes ressources en glucoses, non content d'avoir forçé mon corps à passer en sommeil pour régénérer les neurones usés par leur sur-sollicitation.

Je ferme les yeux, j'essaye de me reprendre. Je les rouvre... Et je vois que Sören est toujours là. C'est la première fois que je le vois à la lumière du soleil. Entre la pénombre du cinéma et les néons de la rue et de la pizzeria, je ne m'étais pas rendue compte qu'il était aussi... Marqué? Il a l'air d'avoir dix ans de plus... Non, c'est juste un jeu de lumière. Les reflets roux de ses cheveux deviennent une source de luminosité à eux seuls. En suivant les angles de ses os, de ses muscles, le long de son cou, je finis par tomber sur un détail que je n'avais pas remarqué. Il porte quelque chose autour du cou, de l'argent d'après la couleur et le reflet...

J'ai grave mal au dos. Mais, d'un autre côté, ça règle le problème du couvre-feu... Je me lève; un peu trop vite d'ailleurs, ma tête se remet à tourner. Je déteste ça. Cette impression qu'il manque à mon corps un élément pour fonctionner, sans pour autant avoir faim... Je m'approche du bloc où Sören est assis.

-T'aurais pu me réveiller.

Après réflexion, n'importe quoi aurait été mieux que cette première phrase. "Bonjour", "Comment ca va", "t'as pas dormi"... En plus, ne pas me réveiller était peut-être la meilleure chose à faire. Je me hisse à côté de lui. J'ai besoin de sucre...

-Je suis en train de me dire qu'il y avait plus d'action dans notre soirée que dans la plupart des films sortis ces dix dernières années.

C'est pas complètement vrai, mais on a vite tendance à oublier à quel point ce genre de trucs sort de la norme, quand on voit trop de films. On finit par se dire que l'amour est forcément de l'autre côté du trottoir, que les petits délinquants sont forcément gérés par la pègre et que le monde entier est un complot, où les flics jouent souvent le rôle des méchants. Alors que notre petit film d'évasion était plutôt court, il était intense en terme de stress...

-J'espère que la suite sortira bientôt.

Je regarde mon nanocom. Il est sept heures quinze. Kelya m'en voudra pas trop, de ce que j'ai compris, elle est à un concert ou je sais pas trop quoi... Ça m'étonnerait qu'elle soit rentrée, elle aussi. Sept heures et quart...

-Oh, merde! J'ai cours dans trois quarts d'heure!

Je manque de me vautrer en me relevant. J'ai la tête qui tourne trop, il va me falloir une dose de sucre, peu importe quoi... Mais j'ai pas le temps! Par chance, l'immeuble de la pizzeria est proche du NEST : après tout, on est venus ici parce que c'est un endroit où je mange parfois entre les cours.
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Mar 3 Sep - 17:15

Skye se réveillait, non sans difficulté. La nuit avait été courte et inconfortable, il aurait été surprenant qu’elle pète la forme à ce moment. Pour Sören, la fatigue commençait à sérieusement se faire ressentir. Les premiers rayons du soleil venaient rappeler à ses yeux qu’il venait de louper l’étape sommeil.

Mais c’était tenable, même s’il était impatient d’aller retrouver son lit. Heureusement, il n’avait aucun rendez-vous aujourd’hui… c’était bien tombé.

Skye s’approcha du bloc de béton sur lequel Sören était assis depuis de nombreuses heures maintenant.

- T’aurais pu me réveiller.

- J’aurais pu. Mais il fallait attendre le matin de toute façon et t’avais l’air d’avoir bien besoin de repos.

Les bruits de la ville s’amplifiaient en bas de l’immeuble. Les travailleurs commençaient à sortir de chez eux, les cafés tournaient à plein régime… cette sensation de finir sa journée quand celle des autres commençait seulement avait quelque chose d’étrange, mais de plutôt agréable.

- Je suis en train de me dire qu'il y avait plus d'action dans notre soirée que dans la plupart des films sortis ces dix dernières années.

- Et dire que James Bond vit ça tous les jours… je suis pas sûr que je pourrais tenir le rythme.

Le cinéma revenait toujours dans leurs sujets de discussion. Peut-être que ce n’était qu’un jeu, peut-être qu’elle avait conscience que c’était l’une des seules manières pour que Sören puisse s’inclure facilement dans une conversation… ou peut-être qu’elle était passionnée au point de parler de ciné tout le temps ?

- J'espère que la suite sortira bientôt.

Ça ressemblait à une invitation à se revoir ça, non ? Sören se frotta les paupières, comme si ça allait faire disparaître les poches sous ses yeux ou sa sensation de fatigue. Il était ravi d’entendre ces mots sortir de la bouche de Skye. Il n’aurait jamais osé avouer qu’il aimerait la revoir.

- Quand tu veux ! Enfin quand tu veux après au moins une bonne nuit de sommeil. Après, on peut faire sauter le parlement, infiltrer un réseau de dealers, voler aux riches pour donner aux pauvres… je te laisse le choix de notre future soirée de délinquants.

Skye fixa son nanocom quelques instants, puis une expression d’urgence illumina son visage :

- Oh, merde! J'ai cours dans trois quarts d'heure !

Elle se releva en hâte, manquant de s’étaler au sol.

- Hey, tu es sûre que ça va ? J’espérais un café et un truc à grignoter avant de partir, tu penses que t’aurais le temps ? Vu ton état, ça te ferait sans doute pas de mal.

Sören avait terriblement faim aussi. Le stress, ça creuse et ils n’avaient finalement même pas eu le temps de finir leur repas la veille. Avant même qu’elle ne réponde, Sören sauta de son promontoire, enfila sa veste, prêt à quitter les lieux.
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Mar 3 Sep - 21:25

- Et dire que James Bond vit ça tous les jours… je suis pas sûr que je pourrais tenir le rythme.

L'avantage avec lui, c'est que je suis presque sûre que les références que j'ai, soit des vieux films obscurs pour la plupart de mes connaissances, il les aura aussi. Bien sûr, je pourrais pas parler de micro-informatique ou de cybernétique, mais le cinéma, c'est un truc qui m'a toujours plu. J'aurais juste aimé trouvé avant quelqu'un avec qui partager ça... Pour moi, c'est un moyen de remplir ma tête sans trop d'efforts. Pendant une longue période, après avoir quitté la FATE, et leur avoit fait croire que j'étais stupide; enfin... "Normale", j'ai réalisé que j'étais surverillée. Mes résultats scolaires du NEST, les premières années. Mes activités extra-scolaires. Alors, j'ai arrêté d'étudier. Je faisais de mon mieux pour restituer une dose convenable de connaissances de quelqu'un de mon âge. Le problème, c'était la douleur. Le vide causé par l'ennui. Cette impression de mort cérébrale; comme une lente nécrose qui engourdissait mon cerveau peu à peu. Je devais apprendre. Étudier. Savoir. Connaître.
Remplir.

Mais j'avais les pieds et les poings liés, enfin... Les neurones. J'ai commencé à lire des bouquins, un peu de tout. Mais c'était trop long pour trop peu de résultat. Ce sont les films qui m'ont tiré de là, j'avais trouvé une source quasiment inépuisable d'histoires à faire entrer dans ma tête sans éveiller les soupçons de la FATE. Ce manège a duré quelques années, avant qu'ils ne m'oublient un peu, et finalement, j'ai appris à grandir avec. Mais j'étais la seule... Sören répond facilement à mes références, c'est agréable. La seule autre personne que je connais qui arrive à me faire ça, c'est Kelya sur les jeux vidéos.

- J'espère que la suite sortira bientôt.

Il se frotta les yeux. Je réalise soudain qu'il n'a sans doute pas dormi du tout... Il doit avoir une certaine résistance au sommeil au vu de son passé, et je me prend à me demander si je survivrais à la vie hors du dôme, vu ma propension à la narcolepsie. Enfin, au moins, je ne suis pas la seule à être fatiguée, même si ce n'est peut-être pas au même niveau.

- Quand tu veux ! Enfin quand tu veux après au moins une bonne nuit de sommeil. Après, on peut faire sauter le parlement, infiltrer un réseau de dealers, voler aux riches pour donner aux pauvres… je te laisse le choix de notre future soirée de délinquants.

Pour quelqu'un qui n'a pas vu le moindre humain pendant longtemps, je trouve qu'il parle beaucoup. Enfin, plus exactement, il fait de longues phrases, il sort tout ce qu'il pense. Même certaines de ses expressions sont à rallonge. Ou alors, c'est juste que je le compare à moi, qui n'ouvre la bouche qu'une fois que je suis sûre que ma phrase est la plus optimale et concise possible, pour éviter d'avoir un contact verbal trop prolongé. De toutes façons, au bout d'un moment, ça part sur des insultes... Mais, j'aimerais bien "discuter" comme il le fait.

- Je pense qu'on peut caler tout ça en une soirée! Mais à mon avis, en ce moment, deux turnes comme nous s'approcheront plus facilement d'un réseau de dealers que d'un parlement...

Ce n'est qu'après cette conversation que je réalise l'heure et que je manque de me vautrer en partant. Je pense que je vais passer à l'infirmerie pour dormir dans la journée...

- Hey, tu es sûre que ça va ? J’espérais un café et un truc à grignoter avant de partir, tu penses que t’aurais le temps ? Vu ton état, ça te ferait sans doute pas de mal.

Il était déjà descendu et avait mis sa veste. Vraiment... Même si ça risquait de me mettre un peu en retard, si je continue comme ca, je vais finir en pleine crise d'hypoglycémie avant même d'atteindre l'Institut. Il n'a pas fallu longtemps pour me convaincre.

- Bon... Ca marche, mais je te préviens, une fois que tu m'aura vue au petit dej, tu voudras peut-être plus me revoir!

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Mer 4 Sep - 2:56

- Bon... Ca marche, mais je te préviens, une fois que tu m'aura vue au petit dej, tu voudras peut-être plus me revoir !

- Qui sait, je suis prêt à tenter l’expérience !

Sören s’étira de tout son long, laissant échapper quelques craquements articulaires au passage. Alors qu’il descendait tranquillement les escaliers en compagnie de Skye, il lui demanda. Il la laissa mener la cadence, voyant bien qu’elle semblait plus affaiblie qu’elle ne voulait le laisser entendre.

- J’ai remarqué un truc bizarre avec le café. Même en demandant un double expresso, ils remplissent jamais la tasse… Y’a que moi dans cette ville qui rêve d’une grosse tasse pleine de café noir ?

Y’a pas de question conne, il paraît. Nan mais c’est vrai quoi… une tasse pleine de café, mais pas trop dilué, ça existe pas ? Certes, la question n’avait pas grand intérêt… c’était surtout histoire de dire quelque chose.

Et oui, Sören adorait le café. Il pouvait difficilement se donner un air cool avec les clopes, alors il s’était rabattu sur cette option. Sa consommation quotidienne de caféine était d’ailleurs presque inquiétante mais bon… quand on découvre les propriétés miraculeuses de la caféine à presque 30 piges, comment résister.

Et puis il fallait qu’il rentre chez lui pour finalement avoir droit à sa nuit de sommeil, ou plutôt sa journée de sommeil. Sauf qu’il y avait quelques bornes à parcourir avant d’arriver au B-3… et il ne se sentait toujours pas prêt pour l’expérience métro, la promiscuité du wagon turne et ces mouvements de foules permanents. La marche, il connaissait… et il aimait bien ça à vrai dire, même s’il avait tendance à se perdre dans les rues de Central Point.

Puis ils arrivèrent au rez de chaussée. Sören tira la porte et laissa Skye passer la première. Il se foutait pas mal de la galanterie… comme plus ou moins tout le monde depuis des décennies. Il le faisait plus comme un jeu, jouant lui-même le rôle du gentleman, si éloigné de sa réalité. Pour renforcer un peu plus l’absurdité de la situation, il poussa même la courtoisie un peu plus loin, adoptant une posture bien droite en tenant la porte et montrant la sortie de sa main libre.

- Après-vous, mademoiselle.

Il était d’une humeur inhabituellement joviale ce matin. La journée précédente y était définitivement pour quelque chose : il s’était enfin ouvert à quelqu’un et Skye, bien qu’encore quasiment inconnue, était bien la seule personne qu’il ait rencontré avec qui il ne sentait plus le besoin de se méfier. Il savait très bien que ce sentiment d’angoisse reviendrait si tôt qu’il serait seul de nouveau, face à ce monde qu’il ne connaissait pas. Alors il profitait de ces derniers instants de paix intérieure.

- Tu m’emmènes où ? J'aimerais un endroit sans contrôle d’identité, cette fois, si possible.
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Jeu 5 Sep - 20:27

- Qui sait, je suis prêt à tenter l’expérience !

Je connais pire que moi au réveil. J'ai même un parfait exemple en tête, mais quand même, je suis loin d'être un rayon de soleil matinal. En descendant, je l'entends faire exploser les bulles de gaz du liquide synovial qui lubrifient ses articulations. Un geste qui a longtemps été relié avec les risques d'arthrose, mais il n'en est rien... Aucun lien notable n'a jamais été défini entre les deux. C'est le genre de découvertes en demi-teinte de la science qui ne fait jamais grand bruit : l'opinion publique se charge d'inventer une connerie, et quand la science parvient à la réfuter, on l'écoute à peine. Un travail ingrat.

Je fais craquer mon cou à mon tour.

- J’ai remarqué un truc bizarre avec le café. Même en demandant un double expresso, ils remplissent jamais la tasse… Y’a que moi dans cette ville qui rêve d’une grosse tasse pleine de café noir ?

-Normal. Non diluée, une tasse peut avoir genre 120mg de caféine. Bon, ça dépend de la boisson, mais il y'a pratiquement plus que Nespresso qui en produise sous le dôme. On est sur une moyenne de 115mg par 150ml... Et encore, y'a plus de caféine dans le thé, même si on en utilise moins dans une tasse. Comme c'est un alcaloïde de type distribution rapide, comme beaucoup de méthylxanthines, c'est un stimulant psychotrope relativement efficace, mais aussi un diurétique. Ses effets dans les systèmes nerveux, cardiovasculaires ou respiratoires sont pas très longs, mais des tasses pleines risqueraient d'élever d'un coup la tension artérielle des clients les plus anciens ou en mauvaise santé, ou bien les femmes enceintes, et de provoquer une crise cardiaque.

Oups... Je crois que je l'ai encore fait.

-... Enfin, après, quand t'es habitué et en bonne santé y'a quasiment plus aucun risque, alors  oui, ils devraient avoir le droit de remplir les tasses à la demande...

Je pouvais pas fermer ma gueule? Je bois même pas de café. J'aime pas ça... De toutes façons, les fumeurs éliminent deux fois plus rapidement la caféine de leur organisme. Tant pis, je reste team clopes, lui a l'air team café. Je préfère quand même ça à enquiller les deux, en même temps.

Une fois arrivés en bas, il me tient la porte pour me laisser sortir. Je le vois faire l'andouille en prenant une position de groom, un métier qui n'existe plus que dans les films; du coup une fois sortie, je retiens à mon tour la porte, avec une grande révérence du XVIème siècle. J'ai pas de robe à balcon, mais le t-shirt fait l'affaire.

- Après-vous, mademoiselle.

- Je vous en prie, my lord.

Le retour à la réalité allait être dur après une soirée... et une nuit, aussi, décalées. Les cours, l'ennui, les habituelles jérémiades d'Amber et l'exaspération naturelle d'Heidi, les frasques de Miss Kaerdan et le regard glacial de Mr. Edgeworth... Et puis la fin des cours, le métro "spécial turnes" pour aller chez Miss Sanders, dans un quartier ou tout le monde aimerait me voir pendue... Tout ça pour bosser en catimini sur la seule question que j'aie jamais réussi à résoudre... Et enfin, le retour à l'appart, complètement claquée, et me faire sauter dessus par Kelya.

Bon, finalement, je peux tenir la journée, si elle se termine comme ça.

- Tu m’emmènes où ? J'aimerais un endroit sans contrôle d’identité, cette fois, si possible.

- Ha, ha, ha. Très marrant, monsieur le clandestin! C'est pas moi la plus hors-la-loi, hein! Et puis de toutes façons, le couvre-feu est déjà levé. On va juste trouver un snack sur le chemin du NEST...

J'ai failli dire une boulangerie. Pour rester dans le thème des films, je pensais à ces échoppes où on vendait du pain, des brioches, ce genre de trucs; enfin, pas en sachet, je veux dire. A une époque ou la levure, le blé et la farine n'étaient pas des produits de luxe. Maintenant, on trouve juste des produits de substitution à base de levure chimique, de farine synthétique et autres raccourcis scientifiques. Ils vendent ça dans des espèces de konbini, qui regroupent à présent les cafés, les boulangeries, les épiceries, les traiteurs... Certains ont des salles prévues pour se poser un peu avec son café et son croissant en sachet.

C'est devant l'un d'eux qu'on finit rapidement par passer avec Sören. On entre, et je vais directement choisir une espèce de pain brioché criblé de bouts de chocolats. Du suuuucre.

- Tu prends quoi, toi?
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Ven 6 Sep - 3:07

- Normal. Non diluée, une tasse peut avoir genre 120mg de caféine. Bon, ça dépend de la boisson, mais il y'a pratiquement plus que Nespresso qui en produise sous le dôme. On est sur une moyenne de 115mg par 150ml... Et encore, y'a plus de caféine dans le thé, même si on en utilise moins dans une tasse. Comme c'est un alcaloïde de type distribution rapide, comme beaucoup de méthylxanthines, c'est un stimulant psychotrope relativement efficace, mais aussi un diurétique. Ses effets dans les systèmes nerveux, cardiovasculaires ou respiratoires sont pas très longs, mais des tasses pleines risqueraient d'élever d'un coup la tension artérielle des clients les plus anciens ou en mauvaise santé, ou bien les femmes enceintes, et de provoquer une crise cardiaque.

Sören plissait les yeux, comme s’il essayait de se protéger de la quantité d’informations qui lui arrivait à la tronche. 120mg, Nespresso, alacolcoïde, crise cardiaque. OK. Sören n’avait pas intégré grand chose d’autre que “trop de café, ça tue”.

-... Enfin, après, quand t'es habitué et en bonne santé y'a quasiment plus aucun risque, alors oui, ils devraient avoir le droit de remplir les tasses à la demande…

Ah, voilà qui était plus clair. Le mystère était de savoir comment il était physiquement possible de balancer autant de mots, à priori pas choisis au hasard, en si peu de temps en ayant eu une nuit aussi inconfortable. Si le Guiness Book existait encore, un mec en costume avec un micro serait en train d’interviewer Skye sur son nouveau record pendant qu’elle finissait de descendre les escaliers.

Arrivés dans le hall d'entrée, Sören fut surpris que sa binôme joue le jeu de la courtoisie excessive. Elle l’avait même fait mieux qu’elle… il avait encore de la marge de progression dans le domaine, apparement.

- Ha, ha, ha. Très marrant, monsieur le clandestin! C'est pas moi la plus hors-la-loi, hein! Et puis de toutes façons, le couvre-feu est déjà levé. On va juste trouver un snack sur le chemin du NEST…


- Comment ça hors-la-loi ? C’est vous, madame l’étudiante dévergondée, qui m’avez traîné DE FORCE dans les toilettes d’un restaurant pour faire des saloperies tout en évitant un contrôle d’identité. Et encore, c’est sans parler du tapage nocturne ET du mensonge à un agent de l’ordre public. Bon ok, j’ai aussi mon rôle à jouer pour le coup du mensonge. Mais quand même, t’es clairement plus hors-la-loi que moi !

Sören fixa Skye d’un regard accusateur pendant quelques secondes… mais ne pu retenir son sourire bien plus longtemps. L’acting, c’était définitivement pas son point fort. Mine de rien, ils étaient à présent dans la rue et conter leurs exploits de la veille n’était sans doute pas la meilleure idée qu’ils pouvaient avoir à cet instant.

Le rouquin se contenta de suivre sa guide jusqu’à arriver devant le snack où ils allaient enfin pouvoir se mettre quelque chose dans le ventre. Skye choisit rapidement un encas avant de demander :

- Tu prends quoi, toi ?

- Hmmmm… ça !

Sören n’avait pris que quelques secondes pour balayer l’étalage du regard et choisir un truc… un peu au hasard.

- Sandwich brioché. Saveur jambon - oeuf - crudités. Ça a l’air… comestible.

C’était surtout l’une des options les plus imposantes du rayon, et Sören avait beaucoup trop fin pour se contenter d’un gâteau. Le sandwich n’avait pas vraiment l’air appétissant. Pour les marques de snack low-cost, l’un des principaux moyens d’économiser de l’argent était de réduire les dépenses servant à l’imitation des produits d’origine. Le jambon était une sorte de plaquette rosâtre parfaitement régulière et homogène, les oeufs avaient cette exacte même forme et texture… mais plutôt beige. Et les “crudités” devaient être cette espèce d’amas de petits cubes multicolores censés représenter de la tomate, peut être des oignons. Le plus bizarre restait la salade en cubes verts.

- Et un café, évidemment.

Une énorme machine à café automatique était installée à côté des rayons dédiés à la nourriture. Sören attrapa un gobelet, le posa dessous, appuya frénétiquement sur le bouton “+” paramétrant la quantité, et appuya sur le gros bouton central. Nespresso avait implanté ce genre de machines dans la majorité des points de restauration rapide de la banlieue. Si Sören avait bien galéré la première fois qu’il avait dû en utiliser une, il commençait à prendre le coup de main.

L’endroit était bondé. Vu l’heure, ce n’était pas étonnant. Heureusement, une table à quelques mètres seulement des rayons se libéra dès que Sören et Skye eurent fini de choisir leur pitance du matin.

Ils s’installèrent rapidement avant que d’autre clients ne sautent sur les places. La table était ridiculement petite, et il y avait tout juste la place pour s'asseoir sans que le dossier de la chaise ne tape contre les clients de la table de derrière. Optimisation de l’espace, 10/10 !

Sören déballa son sandwich et le dévisagea comme s’il venait de sortir une vieille conserve ouverte depuis deux semaines de son frigo et se demandait s’il risquait la mort en la finissant.

- T’as cours de quoi, ce matin ?


Puis il croqua une grande bouche dans son sandwich. Ça avait à peu près le goût qu’il imaginait que du jambon, des oeufs et des crudités pouvaient avoir. C’était pas si mal, si on ne prêtait pas trop attention à la texture du truc.
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Ven 6 Sep - 17:37

Okay, j'en ai clairement trop fait. Je crois que je contrôle plus trop. Ma tête tourne. C'est tellement naturel pour moi d'être... Naturelle, de laisser libre cours à mon activité cérébrale. J'en viens à oublier toute l'énergie que ça me pompe... Après ma petite révérence, il me sort une tirade faussement revancharde.

- Comment ça hors-la-loi ? C’est vous, madame l’étudiante dévergondée, qui m’avez traîné DE FORCE dans les toilettes d’un restaurant pour faire des saloperies tout en évitant un contrôle d’identité. Et encore, c’est sans parler du tapage nocturne ET du mensonge à un agent de l’ordre public. Bon ok, j’ai aussi mon rôle à jouer pour le coup du mensonge. Mais quand même, t’es clairement plus hors-la-loi que moi !

Il ne parvient pas à tenir son regard noir très longtemps, et on sourit, tous les deux. Mais je sens quand même que s'il n'avait pas été feint, ce regard aurait été celui de quelqu'un qui a traversé des choses que personne sous le dôme n'a jamais connues. Il est presque effrayant... Ou bien, c'est moi qui me fais des idées? Je secoue la tête. De toutes façons, c'est peut-être pas le moment de s'attarder sur nos exploits de la veille.

En nous installant dans le snack, Sören choisit un truc avant de me rejoindre à une table tout juste délaissée par d'autres clients. Je suis déjà en train de dévorer la moitié de mon pain. Je revis... Je sens ma glycémie se rééquilibrer lentement grâce au couple insuline-glucagon. Je devais avoisiner les 2,3 mmol/L... J'ai l'impression de sentir à nouveau mon sang alimenter toutes les parties de mon corps. Bien sûr, ce n'est qu'une impression, compte tenu du temps qu'il faut aux glucides pour faire effet. Il s'installe en face de moi, et me présente son choix.

- Sandwich brioché. Saveur jambon - oeuf - crudités. Ça a l’air… comestible.

J'ai envie de le dévorer juste à le regarder. Je veux dire, le sandwich... Enfin, je mangerais n'importe quoi, dans mon état.

- Et un café, évidemment.

Sauf ça. Déjà, l'alcool ne lui fait pas du bien, mais le café dérègle complètement mon cerveau... Je pense que je serais épuisée après deux gobelets. Rien que l'odeur forte du sien me fait tourner la tête... Il a dû le charger à balle. J'ai jamais aimé le café, de toutes façons. Et puis je suis trop occupée avec ma brioche au chocolat. Un type juste derrière moi me bouscule en s'installant; tout le monde est trop serré, ici... Il s'apprête à me dire quelque chose, mais il fait une drôle de gueule en me regardant engloutir mon petit dej. Je lui réponds d'un doigt; mon premier fuck de la journée.

- T’as cours de quoi, ce matin ?

-Euh, chais plus... Anglais? Maths? Pas comme si j'allais apprendre quelque chose, de toutes façons. Et puis j'irai sûrement demander une dispense à l'infirmerie... J'ai du boulot personnel à faire, et j'ai pas beaucoup de temps hors des cours.

Je passe pas mal de temps entre les cours, et, soyons honnêtes, pendant les cours, à bosser sur certaines formules que je pourrais tenter de synthétiser avec le matériel fourni par Lexy... Bon, ça contribue pas à améliorer mon temps de sommeil, ou mes relations avec les profs, ni les autres élèves d'ailleurs. Bien que je commence à avoir des connaissances qui ne se basent pas uniquement sur les insultes... Sahana, Makhenzie... Kelya, bien sûr. Et puis certains profs sont plutôt... Cools. Inattendus. Sôren doit penser que j'en fous pas une... Tiens, et lui, d'ailleurs?

-Et toi...? Tu fais quoi de tes journées d'habitant du dôme...? A part aller au cinéma, j'veux dire...!
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Ven 6 Sep - 21:00
- Euh, chais plus... Anglais? Maths? Pas comme si j'allais apprendre quelque chose, de toutes façons. Et puis j'irai sûrement demander une dispense à l'infirmerie... J'ai du boulot personnel à faire, et j'ai pas beaucoup de temps hors des cours.

Sören mâchouillait son sandwich tout en écoutant Skye. Y’a pas à dire, ces cubes de crudités avaient un problème… on aurait dit qu’ils avaient fait en sorte que le truc paraisse le moins naturel possible… tout avait la même texture, c’en était triste.

Skye avait l’air de se soucier assez peu de ses cours. Rien de surprenant vu la quantité d’informations qu’elle semblait pouvoir assimiler. Il était facile d’imaginer qu’écouter un prof expliquer son cours pendant deux heures alors qu’il devait suffir à Skye de quelques minutes pour lire ce même cours et le mémoriser… ça devait être d’un ennui mortel pour elle.

- Et toi...? Tu fais quoi de tes journées d'habitant du dôme...? A part aller au cinéma, j'veux dire...!


- Pour être honnête, c’était mon premier ciné, hier. Être enfermé dans une pièce sombre avec 200 inconnus… il m’a fallu pas mal de temps et de volonté pour franchir le pas.

Sören prit quelques secondes de plus avant d’aborder le sujet de la F.A.T.E. En parler ne lui posait aucun problème mais, encore une fois, il fallait qu’il choisisse minutieusement les informations qu’il pouvait échanger sans se retrouver dans une mauvaise situation.

- Je suis pas mal occupé au final, je dois aller à la F.A.T.E à peu près un jour sur deux pour mes cours, mon suivi, des entretiens médicaux et tout ce genre de trucs. Et plus exceptionnellement, je suis convoqué pour des… euh… trucs scientifiques.

“Trucs scientifiques”, ça résumait bien. Déjà parcequ’il n’avait sans doute pas le droit de détailler les différents examens auxquels il était obligé de prendre part. Et second point important : il n’avait généralement pas la moindre idée de ce en quoi consistaient la plupart de ces examens. La plupart des temps, il poireautait dans des caissons blancs qui faisaient des bruits étranges… parfois il était dans l’eau, parfois il faisait froid, parfois chaud… le terme “trucs” collait donc assez précisément aux connaissance de Sören sur le sujet. Récemment, on le faisait surtout courir. Il se retrouvait torse-nu et couvert d’électrodes sur un tapis de course. On lui envoyait dans une sorte de masque à gaz de l’oxygène… mais sans doute pas seulement. Et il devait courir 10 minutes, enlever le masque, recommencer à courir… Au moins, ça avait le mérite d’entretenir sa condition physique.

- Et sinon, sur mon temps libre eh ben… je visite, principalement. Vu que je prends pas encore le metro et que la ville est immense, j’ai l'impression de passer ma vie à marcher. Et quand je suis à l’appart’, j’écoute pas mal de musique. J’ai retrouvé quelques CD que j’écoutais quand je vivais encore en Écosse… donc ils tournent en boucle quand je suis chez moi.


Ils tournent en boucle, c’était presque réducteur. Depuis toujours, la musique était le compagnon nocturne de Sören. Il dormait peu… parcequ’il avait besoin de peu, et que malgré ça il avait du mal à trouver ces quelques heures de repos dont il avait besoin.

Morphée n’a jamais tenu le rouquin en haute estime. Lorsqu’après plusieurs heures à voir Sören crever d’ennui dans son lit le dieu du sommeil se décidait enfin de l’accueillir, c’était souvent pour le relâcher droit en enfer quelques heures plus tard. Rares étaient les nuits où le turne n’était pas en proie aux paniques nocturnes. C’était comme se réveiller d’un cauchemard, se rendre compte que ce n’était rien de grave, mais être incapable d’en persuader son esprit.

Ses pires angoisse refaisaient surfaces, son cœur s’emballait, sa gorge et son estomac se nouaient et il se retrouvait impuissant face aux abîmes dans lesquelles son inconscient le forçait à plonger.

Déjà tout petit, sa mère lui passait de la musique pour le calmer. Des années plus tard, le mal qui le rongeait frappait plus fréquemment que jamais, mais le remède était toujours le même : insérer un CD dans le lecteur, appuyer sur play et s'asseoir dans le noir, en se focalisant sur la musique. Une quarantaine de minutes, c’était le temps qu’il fallait généralement à son cerveau pour arrêter son tour de rollercoaster… et c’est également la durée de la plupart des albums.

Puis il retournait se coucher, espérant que Morphée ne le lâche pas dans la fosse aux démons une seconde fois. Avec les années, Sören s’était fait à l’idée que la majorité de ses nuits seraient entrecoupées par un petit voyage aux enfers. Ça ne rendait pas les crises plus agréables pour autant, mais il vivait avec.

Alors qu’il était perdu dans ses pensée, Sören avait dévoré la quasi totalité de son sandwich. Puis il repensa à la pizzeria, au coup des toilettes et à leur sortie en toute discrétion du restaurant.

- J’ai aucun impératif aujourd’hui. J’irai payer le repas d’hier dès que la pizzeria sera ouverte. Vu que tu y vas régulièrement, je voudrais pas que notre soirée d’hier te mette dans la merde.
Sören Larsson
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Ven 6 Sep - 21:15

- Pour être honnête, c’était mon premier ciné, hier. Être enfermé dans une pièce sombre avec 200 inconnus… il m’a fallu pas mal de temps et de volonté pour franchir le pas.

- C'est sûr que raconté comme ça, ça évoque pas tellement la même chose...

Quoi, une blague de cul? Oh, ça va, on vient de partager largement assez pour me permettre ça. Je suis en train de finir une bouchée pour enchaîner, mais c'est lui qui continue.

- Je suis pas mal occupé au final, je dois aller à la F.A.T.E à peu près un jour sur deux pour mes cours, mon suivi, des entretiens médicaux et tout ce genre de trucs. Et plus exceptionnellement, je suis convoqué pour des… euh… trucs scientifiques.

En gros, ils vérifient qu'il n'est pas dangereux, contagieux, radioactif ou quelque chose. C'est plutôt une bonne chose pour lui. Par contre, les “Trucs scientifiques”... Je ne peux qu'imaginer le nombre de données qu'il doit avoir à leur offrir! Des trucs complètement uniques que seul un turne pourrait savoir... Des échantillons peut-être? Merde, je tuerai pour un échantillon. De n'importe quoi. Est-ce que la toxine est la même, dehors? Est-ce qu'elle agit différemment sur les animaux? Ça me rappelle la créature dont il a parlé. Et si l'une de ces bestioles avait développé naturellement un anticorps, dont je pourrais me servir pour créer un sérum...?

D'ailleurs, sa blessure devait les inquiéter. Comment savoir si un corps étranger ne se cache pas sous cette cicatrice...? Je lui poserais bien la question, mais c'est peut-être un peu... too much.

Enfin, Lexy l'aurait déjà ouvert en deux, elle, je suis sûre.

- Et sinon, sur mon temps libre eh ben… je visite, principalement. Vu que je prends pas encore le metro et que la ville est immense, j’ai l'impression de passer ma vie à marcher. Et quand je suis à l’appart’,  j’écoute pas mal de musique. J’ai retrouvé quelques CD que j’écoutais quand je vivais encore en Écosse… donc ils tournent en boucle quand je suis chez moi.

Des visites...? Je saurais pas quoi lui conseiller. Je bouge pas énormément moi-même, à part le NEST, le Parc, quelques bars... Tout ce qui m'intéresse, c'est ce qu'il y a au-delà de la barrière hydraulique... Là d'où il vient.

Par contre, côté musique, on peut s'entendre.

- Y'a un paquet de trucs récents que tu dois pas connaître. Si tu veux, je te filerai des liens.

Oui, faut pas déconner. Des CDs? Je saurais même pas où me fournir un discman. Ça relève de l'archéologie... Je me contente d'écouter ma musique sur mon nanocom, avec des écouteurs.

Apparemment, il n'a pas le même rapport à la musique. Je le sens tendu... Il me fait penser à ces images de soldats qui se souviennent d'atrocités et souffrent de PTSDs. Enfin, pas à ce point, mais bon... Il se reprend vite.

- J’ai aucun impératif aujourd’hui. J’irai payer le repas d’hier dès que la pizzeria sera ouverte. Vu que tu y vas régulièrement, je voudrais pas que notre soirée d’hier te mette dans la merde.

- J'avais prévu d'y aller aussi, de toutes façons, mais j'ai les cours, alors...

Alors quoi? Aucune idée. Je voulais juste qu'il sache que j'avais l'intention de le faire. Pourquoi? Ego chatouilleux, j'imagine.

Je me rends compte que depuis la manif, cette soirée et ce matin ont été un des rares moments ou je ne me suis pas sentie énervée... C'est plutôt reposant. Enfin, toute proportion gardée... Je suis toujours bien KO.

Je regarde l'heure... Il va falloir que je bouge, ça va finir par devenir indécent, comme retard.  Je termine ma brioche, encore un bout à la bouche, et je me relève.

- 'Va falloir que j'bouge... Tu m'appelles? Y'a un film que j'aimerais bien voir qui sort la semaine pro... On verra si on a les mêmes gouts!
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Sam 7 Sep - 15:27

- Y'a un paquet de trucs récents que tu dois pas connaître. Si tu veux, je te filerai des liens.

- Je dis pas non ! J’ai essayé de prendre des cours pour découvrir un peu tout ça… genre l’évolution de la musique depuis la création de Central Point. Mais ça a mal tourné donc j’ai un peu abandonné l’idée pour l’instant.


Le sujet l’intéressait énormément, mais Sören n’avait finalement pas vraiment pris le temps d’approfondir le sujet depuis sa petite altercation avec la charmante Heidi. C’était assez contradictoire au final : il avait essayé d’imaginer toute sa vie comment la musique avait pu évoluer dans les dernières poches de civilisation. Maintenant qu’il avait la réponse à portée de main, il n’y prêtait même pas attention, préférant se replonger dans ce qu’il connaissait déjà, dans cette nostalgie rassurante.

Si ça se trouve, des artistes de l’époque étaient toujours en vie ? C’était pas impossible que quelques jeunes prodiges de l’avant-guerre soient encore en vie à Central Point après tout, bien qu’âgés. Sören s’imaginait assister à un concert des Greta Van Fleet, ici, à Central Point… mais bon, ils auraient certainement dépassé le centenaire, c’était tellement improbable.

- J'avais prévu d'y aller aussi, de toutes façons, mais j'ai les cours, alors…

Elle semblait avoir dit ça plus par politesse qu’autre chose, puisqu’elle pouvait difficilement y aller elle-même de toute façon. Et puis… elle n’avait sans doute pas trop envie d’être cataloguée comme “celle qui baise dans les chiottes” dans la pizzeria qu’elle côtoie régulièrement. Lui éviter le moment gênant où elle devrait expliquer pourquoi elle n’avait pas payé la veille, c’était bien la moindre des choses.

- T’inquiète, je m’en occupe.

L’heure tournait, et Skye allait sans doute partir dans quelques minutes. Sören voulait la revoir. Il devait la revoir. Déjà parce qu'elle était sympa, marrante et tout ce qu’on voulait. Et puis ils avaient vécu un truc assez fou la veille… elle avait même réussi à le mettre en confiance et à lui faire oublier ses angoisses.  C’était la seule personne de laquelle il était parvenu à se rapprocher depuis son arrivée et il n’avait pas l’intention de la lâcher de si tôt. Enfin, il espérait ne pas avoir à la lâcher de si tôt.

- 'Va falloir que j'bouge... Tu m'appelles? Y'a un film que j'aimerais bien voir qui sort la semaine pro... On verra si on a les mêmes goûts !

Le visage de Sören s’illumina.

- J’espérais que tu me dises ça !

En un clin d’oeil, le rouquin sortit son nanocom de sa poche et le tendit vers Skye afin qu’elle le scanne. Sa responsable de réinsertion lui avait expliqué un peu le processus : il suffit qu’une des deux personne “scanne” le nano de l’autre, et une demande d’ajout aux contacts est automatiquement envoyée sur les deux appareils. Pour Sören, ça ressemblait à de la magie noire mais… Skye savait sans doute faire ça.

- Va pour le cinéma alors ! Si t’as envie de faire quoi que ce soit d’autre un de ces soirs, hésite pas à demander… je croule presque sous le temps libre.

Sören avait beau avoir une “occupation professionnelle”, cette dernière lui laissait beaucoup de temps. Souvent, ça ne lui prenait qu’une demi-journée, et ce n’était même pas tous les jours de la semaine. Découvrir ce nouveau monde ne laissait que peu de place à l’ennui, et il avait bien l’intention de rapidement investir dans un home cinema afin de commencer à rattraper son retard démentiel sur les productions modernes… mais il ne dirait définitivement pas non à des activités moins solitaires.
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Sam 7 Sep - 18:15

- Je dis pas non ! J’ai essayé de prendre des cours pour découvrir un peu tout ça… genre l’évolution de la musique depuis la création de Central Point. Mais ça a mal tourné donc j’ai un peu abandonné l’idée pour l’instant.

- Des cours? Ouais, euh... C'est une solution, j'imagine. Sinon, t'écoute juste, c'est pas mal aussi!

Bon, c'est facile à dire pour moi. J'ai juste besoin d'écouter quelque chose une fois pour m'en rappeler. Mais, de là à prendre des "cours" de musique... Ou d'art, d'ailleurs, en général, c'est un truc que j'ai du mal à envisager. L'art est pas fait pour être étudié... Enfin, si, pour les artistes, mais les autres? Je préfère de loin l'art comme loisir. Je compte même plus le nombre de textes que j'aimais lire, et qui ont été vidés de leur sens par le fait de les avoir étudiés, décortiqués... Peut-être que c'est de là que vient une légère insensibilité à la poésie. Enfin, dans le métier, on appelle juste ça la "fibre scientifique".

On essaye de mettre au clair qui s'occupera de repasser pour payer le repas de la veille. J'insiste pas trop, alors il finit par statuer qu'il s'en occuperait, juste avant que je ne percute que je doive y aller... En lui demandant quand on allait se revoir, j'ai cru que j'étais en train d'offrir la dernière console de jeux vidéo à un gamin de la Bordure.

- J’espérais que tu me dises ça !

Il dégaine son nanocom comme un colt .44 dans un western, et il me le tend. La vache... Soit c'est la première fois qu'il s'en sert, soit il est vraiment excité de me revoir! Peut-être un peu des deux? Ça me fait sourire. Je scanne la puce NFC de son appareil, ce qui lui envoie une demande. Quand il l'aura acceptée, il apparaîtra dans mes contacts, avec les données qu'il a lui-même entrées. D'ailleurs, en y pensant... Je regarde quel profil je vais lui envoyer. Il est toujours réglé sur "Sora Akai"... Je le modifie. La fiche de contact qu'il recevra, c'est "Skye Reid". Avec la photo de profil ou j'ai du rouge à lèvre. Parfait. Même si ça m'est plus arrivé depuis des années.

- Va pour le cinéma alors ! Si t’as envie de faire quoi que ce soit d’autre un de ces soirs, hésite pas à demander… je croule presque sous le temps libre.

-Pas de souci! Je t'appellerai. Essaye de bosser sur le social en attendant!

Je lui tire la langue, en partant à reculons vers la porte. C'était une putain de drôle de soirée... Mais je dois revenir à la réalité.
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