Un voyage mouvementé ?

Avant ~

Après quelques minutes de marche, nous voilà enfin vers le métro. Le prochain pour le district du NEST arrive dans 2 minutes. Parfait, juste le temps pour mettre les choses au point. Retrouvant les émeraudes de Solveig, je lui dis blasée.

-Retire ta blouse si tu veux éviter les problèmes. Certains ne sont pas du tout friand de ce genre d’accessoire…

Moi la première d’ailleurs. J’ai pas du puce omni donc c’est un des dernier wagon qu’on va devoir prendre et là, c’est loin d’être des enfants de cœur là-dedans. J’ai une sainte horreur de prendre le métro, certaines fois, l’atmosphère du dernier wagon est juste étouffante. J’espère qu’on va tomber sur un pas trop rempli. Je sors mon nano, me dirigeant vers l’avant dernier wagon, m’assurant que cette Solveig a bien enlevé sa blouse.

-Je te préviens, ça risque d’être mouvementé.

Je passe mon appareil pour que les portes s’ouvrent, avouant indirectement à l’étudiante de la FATE que je suis une turne.

Solveig avait suivi Kelya, lui faisant confiance sur le trajet à prendre.
Elle, Solveig, sortait très peu de sa "zone de confort", restant principalement au F.A.T.E. et chez elle. Elle sortait peu et prenait donc, pas souvent, les transports.

Sur le quai, elle attendait le métro, regardant avec curiosité ce qu'il en était.
Mais ça, c'était avant que Kelya ne la regarde, blasée.

-Retire ta blouse si tu veux éviter les problèmes. Certains ne sont pas du tout friand de ce genre d’accessoire…

- Ah heu... D'accord.

Elle ne comprenait pas en quoi une blouse pouvait amener des problèmes, mais soit. Elle l'enleva, libérant entièrement son pull bleu à col roulé, et la mit dans son sac.
Et puis, c'était tout.

Le wagon était en train d'arriver, Kelya se permit une dernière réflexion.

-Je te préviens, ça risque d’être mouvementé.

La remarque fût l'origine d'une certaine incompréhension pour Solveig. Le voyage serait forcément mouvementé, sinon il n'y avait aucune raison de prendre le métro.
Il devait bien y avoir mouvement pour aller d'un point A à un point B.

- En sachant que la vitesse maximale d'un wagon est d'environs 100km/heure et que notre trajet ne formera pas une simple ligne droite, j'en ai bien conscience.  

Explication donnée, elle ne pu s'empêcher que les gens avaient, parfois, de drôles de réflexions.

Le métro arriva alors, et Solveig pu voir que la bienveillance ne semblait pas être l'apanage des voyageurs. Il y avait tout un tas de type, plus glauque les uns que les autres.
N'étant que deux à vouloir monter, ils ne purent s'empêcher de les regarder... Ce que Solveig n'appréciait pas trop. Elle n'aimait pas qu'on la regarde, encore moins avec insistance.

Kelya passa devant elle, en passant son appareil et les portes s'ouvrent.

- Oh mais vous êtes une turne ! Enfin, tu es turne !

S'exclama Solveig joyeusement, avant de passer à son tour sans ne rien faire.

- Pour ma part, je ne suis qu'une pré-évoluée. Quelle est vot... Ta mutation ? Enfin, si ce n'est pas indiscret.

Changer de sujet, voilà une bonne idée pour ne pas se préoccuper de tous ses regards.
A voir comment allait réagir Kelya.

- En sachant que la vitesse maximale d'un wagon est d'environs 100km/heure et que notre trajet ne formera pas une simple ligne droite, j'en ai bien conscience.  

Mais qu’est-ce qu’elle raconte encore ? Qu’est-ce que j’en ai à faire de la vitesse max d’un wagon ? Elle est vraiment chelou cette nana, j’ai vraiment du mal à la cerner. Les portes une fois ouvertes, nous découvrons la population du wagon et comme je le pensais, ils n’ont pas l’air d’être des p’tits rigolos à l’intérieur. Aie aie aie, je crains le pire…

- Oh mais vous êtes une turne ! Enfin, tu es turne !

-Ouaip.

Bon, pour la discrétion, on repassera. Je note tout de même l’effort de la blondinette pour le tutoiement mais maintenant, on a absolument tous les regards sur nous. Vu le ton de sa phrase, elle n’a pas l’air d’être anti-turnes mais balancer une telle réplique alors qu’on est entourées de mutants, ça risque d’en irriter plus d’un…

- Pour ma part, je ne suis qu'une pré-évoluée. Quelle est vot... Ta mutation ? Enfin, si ce n'est pas indiscret.

J’aime pas du tout les regards qu’on nous lance, ça va mal finir cette histoire. Elle n’aurait pas pu attendre qu’on sorte d’ici pour me sortir des trucs pareils ?! Je lâche un énorme soupire. Pourquoi elle veut savoir mon gène ? Pour pouvoir m’utiliser à la FATE ? Ce n’est qu’une étudiante là-bas alors ça ne me mettrait pas en danger de lui révéler, si ? Elle n’a pas l’air dangereuse mais si la vie m’a bien appris quelque chose c’est qu’il faut se méfier des apparences. A quoi bon lui cacher, maintenant qu’elle sait que je suis une turne, ça serait débile.

-Je suis capable…

Je n’ai pas le temps de finir ma phrase qu’un gros balourd m’interrompt sans plus tarder.

-Qu’est-ce que tu fiches à pactiser avec l’ennemi ?!

Et voilà, le début des emmerdes qui commencent, génial… Je le fixe droit dans les yeux alors qu’il se rapproche dangereusement de nous, en pointant Solveig du doigt, je relève un sourcil.

-C’est à cause d’eux si on se retrouve dans la merde alors qu’est-ce que tu fous avec une putain d’humaine dans notre wagon, à nous, les turnes ?

Un sourire provocateur se dessine sur mes lèvres. Ouai, ce type est complétement débile.

-Parce que tu crois que c’est la seule humaine présente dans ce wagon ?

Je suis bien d’accord que la majorité des voyageurs de ce wagon sont turnes mais malgré cette discrimination pour les mutants, il y en a quand même qui sympathisent avec les humains, et heureusement. Bon, la différence entre les autres humains du wagon et Solveig, c'est qu'eux, ils ne le crient pas haut et fort qu'ils sont humains. Le mec se sent con, des chuchotements se font dans tous le métro et moi, ça me fait marrer quelques secondes avant de retrouver mon air blasé.

-C’est à cause des gens comme toi que notre situation n’évolue pas.

Puis je retrouve le regard de la blondinette pour répondre à sa question, en snobant l’autre abruti.

-Amplification de la voix.

Je lui fais un joli sourire, juste pour emmerder le monde, en ajoutant calmement.

-Une autre question pour mettre l’ambiance ?

Il nous reste encore au moins 20 bonnes minutes de trajets, alors autant tuer l'ennui.

Solveig attendait la réponse de Kelya, si cette dernière voulait, bien entendu, lui répondre.
Cela lui permettait de se concentrer sur autre chose que tous ces regards lourds... Très lourds... A tel point qu'elle sentait le stress grimper en flèche en elle.
Le regard des autres, synonyme de jugement, elle n'aimait pas ça. Vraiment pas.

Elle se concentrait sur Kelya, donc.
Cette dernière pouvait d'ailleurs remarquer la détresse dans le regard de Solveig. Elle fît d'ailleurs passer son doigt dans son col, comme si elle avait chaud.... Beaucoup trop chaud.

-Je suis capable…

-Qu’est-ce que tu fiches à pactiser avec l’ennemi ?!

Le cri fit tressaillir et sursauter Solveig, qui se cacha derrière Kelya, posant sa main sur l'épaule de la brunette, tandis qu'elle laissait seulement ses yeux en dépasser.
S'il y avait bien autre chose qui lui faisait peur, c'était les mecs très imposant, musculairement ou grassement  parlant.
L'interpellation a l'air de faire son "effet", car tout le monde dans le wagon regardait les deux jeunes femmes.

"C’est à cause d’eux si on se retrouve dans la merde alors qu’est-ce que tu fous avec une putain d’humaine dans notre wagon, à nous, les turnes ?"

"Putain" ? Mais Solveig était nullement une péripatéticienne.
Elle aurait dû garder sa blouse, elle le savait ! On n'aurait pas pu la prendre pour une personne officiant un tel métier.
Quoiqu'il n'y avait pas de honte à l'exercer, mais ce n'était pas du goût de l'étudiante.

-Parce que tu crois que c’est la seule humaine présente dans ce wagon ? C’est à cause des gens comme toi que notre situation n’évolue pas.

Il y avait un nombre incroyable de variables et d'inconnues qui faisaient en sorte que la situation n'évoluait pas, comme le fait de ne pas arriver à identifier l'origine du gêne turne, et par origine, son apparition. On avait quand même une vague idée d'où il était, vu que Solveig travaillait dessus, mais tout son fonctionnement restait un mystère.
C'était aussi la conception de la toxine, propre au turne, qui était un mystère, et bien que ce monsieur soit Turne, Solveig doutait sincèrement que si la situation n'évoluait pas, ce soit à cause de ce monsieur qui... On ne pouvait pas dire qu'il était charmant, mais qui semblait au moins prendre les intérêts des turnes à coeur.
Mais ce n'était pas le sujet, ici et maintenant.

-Amplification de la voix.

Amplification de la voix ? 1001 questions passaient à travers l'esprit de Solveig.
Comment ? La voix juste plus forte ? Ou elle atteignait des décibels non reçus par les humains ? Comme des ultrasons.
Elle s'entendait elle-même dans ce cas ?
Est-ce qu'elle pouvait changer l'intonation de sa voix ? En avoir une plus grave ou bien plus aigue ?
C'était très intéressant en tout cas ! Les turnes étaient réellements fascinants.
Mais le plus important, c'est qu'elle avait sourit à Solveig ! Et ça, c'était une bonne chose ! Une nouvelle amie ?


-Une autre question pour mettre l’ambiance ?


- Non... Simplement un erratum... Parce que... Si on n'évolue pas, c'est la complexité du gêne turne qui est en cause. Il est un véritable mystère pour nous, malgré le travail de nombreuses équipes. Et la toxine, bien entendu, car sa structure moléculaire est quelque chose que nous n'avons jamais vu. Je ne crois pas que ce soit ce monsieur en lui-même qui... Qui fait que la situation n'évolue pas.

Puis en regardant tour à tour Kelya, et les autres passagers dans le wagon, elle ajouta...

- Je... Ne voulais pas que vous vous sentiez responsable, monsieur.

Elle se refit toute petite, apercevant légèrement de la colère dans les yeux de certains.

- Non... Simplement un erratum... Parce que... Si on n'évolue pas, c'est la complexité du gêne turne qui est en cause. Il est un véritable mystère pour nous, malgré le travail de nombreuses équipes. Et la toxine, bien entendu, car sa structure moléculaire est quelque chose que nous n'avons jamais vu. Je ne crois pas que ce soit ce monsieur en lui-même qui... Qui fait que la situation n'évolue pas.

What ? Mais qu’est-ce qu’elle raconte encore ? Pour avoir un tel langage, c’est bien une personne qui travaille à la FATE, omg ! Alors là, pour mettre l’ambiance, c’est clair qu’elle va la mettre ! J’explose de rire malgré tous les regards assassins qui sont dirigés vers nous. Mais elle est pas croyable cette nana, on dirait qu’elle sort d’un autre monde pour sortir un truc pareil à ce moment-là ! Elle va finir par se faire écrabouiller avec un tel discours !

- Je... Ne voulais pas que vous vous sentiez responsable, monsieur.

Olala mais elle en rajoute encore en plus ! Elle sait dans quelle situation on est maintenant ? DANS LA MERDE ! Mais je ne peux m’empêcher de rire en la voyant se faire toute petite, derrière moi. Bon là, c’est clair qu’on va prendre cher. Le balourd serre les poings, il va frapper, il en a envie. Il va oser taper sur une femme ? J’en ai pas le moindre doute. J’observe le moindre de ses mouvements, un sourire amusé aux lèvres. Le premier coup ne tarde à partir, j’emmène dans mon esquive la jeune la femme derrière moi, puis je riposte direct avec une énorme droite dans le nez de l’individu. Ouai, cassage de nez, c’est mon truc.

-Calmos pépère, faut pas s’énerver pour si peu.

Bien entendu, l’expression que j’affichais lui demandait clairement de continuer. On pouvait lire dans ses yeux que la colère montait encore d’un cran, alors qu’il tentait de stopper l’hémorragie de son nez. Une telle scène va faire paniquer la Solveig, non ? Les regards se faisaient de plus en plus oppressants dans le wagon et d’autres personnes viennent se mêler à la bagarre. Certains de notre côté, d’autres dans celui du gros, et les insultes commencent à fuser de toute part et les coups suivent la danse. Un attroupement de coups commencent à se faire et j’extirpe la jeune femme de tout ce bordel, l’emmenant dans un coin « calme », elle ne doit absolument rien comprendre de ce qu’il se passe. Enfin bon, j’ai l’impression qu’elle comprend pas grand-chose depuis notre rencontre.

-Va falloir que t’apprenne notre jargon de tous les jours parce que le vocabulaire que tu cases, c’est l’embrouille assurer ici.

Bon, j’avoue que j’ai participé à cette embrouille, mais bon, ça faisait longtemps qu’il n’y avait pas eu de baston. Je sens une pression sur mon bras, putain, c’est encore ce gros tas ! Je me retourne instinctivement et mon pied vient s’écraser en plein dans ses couilles.

-Fous moi la paix abruti !

Juste pour ne pas pouvoir me tordre de douleur comme lui à cause de ces parties génitales, je suis bien contente d’être une femme. Le mec s’écroule au sol en essayant d’articuler des vulgarités en tout genre, je ne fais plus attention à lui, mes sombres iris plongeant dans les yeux de la blondinette.

-Bienvenue dans un des wagons des opprimés !

Ces mots sont sortis avec un ton moqueur avec en arrière-plan, le brouhaha des gens qui se tapent encore dessus. Voilà pourquoi j'évite les transports en commun.

Le premier coup porté par Kelya à l'homme à la morphologie conséquente fît sursauter Solveig.
Ce premier coup fût, apparemment, le top départ pour une bagarre générale dans le wagon.

Incapable de la moindre violence, tout comme elle était incapable de supporter cette dite violence.
Pour dépasser cela, elle se renferma sur elle-même.

Solveig devint alors une pure spectatrice du chaos ambiant et dégénéré. Elle aurait aimé sortir, mais le métro était en marche et des gens entravaient le chemin.
Heureusement pour elle, Kelya s'assurait, consciemment ou non, d'une sorte d'espace vitale pour elles, en donnant quelques coups.

Puis le décor changea.
Plus ou moins proche de la porte, Solveig se retrouva dans un coin de la rame où la violence était moins excessive.
Complètement recroquevillé dans ses pensées, elle ne su dire comment elle s'était retrouvée ici.
Mais Kelya était toujours devant elle, à barrer la route.

Pour se protéger, ou échapper à l'ambiance, Solveig s'était accroupie la tête entre ses mains, les yeux fermées.
Elle appuyait fortement sur ses oreilles, pour qu'aucun son n'y pénètre. Essayant de se concentrer sur autre chose.

Elle aurait voulu leur dire d'arrêter.
Elle aurait voulu le dire, voir hurler.
Ce qu'il se passait était complètement improbable, illogique et irrationnel.
En quoi mettre des coups à son voisin allait faire évoluer la situation ?
Pourquoi est-ce que les turnes se comportaient ainsi ?

- Phénomène de groupe... Dynamique de groupe. Une force en entrainait une autre et encore une autre... Plus de raison, plus d'unique, uniquement l'unité.

-Va falloir que t’apprenne notre jargon de tous les jours parce que le vocabulaire que tu cases, c’est l’embrouille assurer ici.

C'est de sa faute à elle ? C'est ça ?
Mais elle avait juste voulu rassurer le monsieur...

- Mais tu ne peux pas agir impulsivement comme ça, comme une idiote et déchaîner les passions. Tu sais... Tu sais... Du calme.

Solveig se parlait à elle-même, mais Kelya pouvait très bien interpréter la chose pour elle-même.

-Bienvenue dans un des wagons des opprimés !

Ce fût, peut-être, la goutte de trop.
La colère, voire la haine, couplée à la violence.
Solveig enfermée là-dedans.
La peur de prendre un coup ou de se faire frapper.
Il n'y avait rien d'amusant là-dedans, la scène était pittoresque et ça déchirait Solveig de voir ça.
Voir ça, lui faisait mal. Et elle avait mal. Une sorte de douleur prenante, à la poitrine.
Des larmes commençaient d'ailleurs à couler sur ses joues, tandis que ses mains se perdaient dans sa chevelure. Elle tentait de s'y accrocher, de toute ses forces, comme pour ne pas finir la tête à l'envers et ne pas sombrer.
Elle aurait voulu arrêter cela, se lever et ordonner à tout le monde d'arrêter.
Elle aurait voulu que cela ne commence pas.

Mais dans cet état, Solveig était incapable d'aligner deux fois.
Croire qu'elle pourrait donc se lever et faire preuve d'autorité en demandant à tout le monde de se calmer...

Alors, elle fit une chose, qu'elle aurait voulu ne pas faire.
Elle n'avait plus vraiment le contrôle sur son corps, et la pression augmentait encore et encore.
Elle avait besoin que cela sorte.

Sans crier gare, Solveig hurla à travers tout le wagon.

- AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH

Ce fût le top départ.
Ses doigts tirèrent plus fortement sur sa chevelure, arrachant quelques mèches, tandis que ses pieds tapaient le sol, encore et encore.
Son cri était strident, on pouvait presque croire au cri d'une banshee.
Ce n'était pas le cas, Solveig n'était pas une turne, mais les aiguës étaient si haut que ça pouvait faire mal aux tympans.

Sous la surprise, certains voyageurs cessèrent de frapper, portant alors leur regard dans le coin de la rame, là où Solveig continuait de hurler et de frapper du pied.

Olala, elle est complétement tétanisée la Solveig, ça se voit qu’elle n’est pas habituée à ce genre wagon ou a trainé dans les bars ou les rues de la bordure le soir. Elle et moi, on vient de planètes complétement différentes. Recroquevillée sur elle-même, la blondinette se met à parler toute seule, je ne suis même pas sûre qu’elle m’entende avec ses mains plaquées sur ses oreilles. D’ailleurs elle me traite d’idiote, insulte gratuite. Je soupire, voilà comment on est remerciée quand on essaye de lui sauver la peau ? A quoi s’attendait-elle réellement en montant ici et dégueuler sa science ?

Toujours dans ses pensées, je fixe la jeune femme qui semble énervée mais également éprise par la peur. Je ne compte pas la laisser se prendre un coup, c’est la sœur de Elke après tout. Je surveille si d’autres personnes n’essayeraient pas de venir nous chercher la merde. Non, ils sont bien trop occupés à se fritter entre eux. Je reporte mon attention sur la jeune femme qui commence à verser des larmes. Oh non, faut pas pleurer pour si peu, ils se frappent dessus mais ça sera vite oublié ! Pas le temps d’essayer de la rassurer que je la vois taper du pied et se mettre à crier, une voix stridente qui résonne dans tout le wagon. Je grimace, surprise de cette réaction imprévue et je ne suis pas la seule, plusieurs passagers se stoppent net, laissant leurs poings inactifs pour fixer la blondinette qui n’a pas l’air de vouloir se taire. Bon, il va vraiment falloir revoir la discrétion là… Je soupire à nouveau alors qu’elle continue de briser les tympans de tous les voyageurs la dévisageant. J’aime pas ce genre de regard, c’est pas une bête de foire bordel ! Bon au moins, elle qui était stressée par les combats, il n’y a plus personne qui se bat désormais. Je m’accroupie vers elle, déposant ma main sur sa tête pour la tapoter gentiment. Ouai je sais, je suis très mauvaise pour réconforter les gens.

-Hey, calme-toi, regarde, plus personne se bat, c’est bon, ça va aller.

Ma voix était vraiment douce, rien ne sert de crier pour envenimer encore un peu plus la situation. Je continue mes douces caresses sur sa tête, espérant que ça va la détendre un peu, puis une phrase qui se dit derrière moi me fait lever un sourcil : « Il y a les flics qui nous attendent au prochain arrêt ! ». Et merde, il manquait plus que ça… Comme par hasard, c’est le prochain arrêt où on doit descendre et même si on ne descendait pas, les flics vont venir nous emmerder. Réfléchis Kelya, réfléchis… J’ai pas envie de passer au commissariat, très peu pour moi et je pense pas que « Solveigounette » veuille passer un séjour là-bas également. Elle nous a lâché un de ces cris pour une « petite » baston alors pour des vacances au commissariat, qu’est-ce qu’elle va nous faire ? Bon, je sais pas si elle est calmée mais faut pas perdre trop de temps, on est bientôt au prochain arrêt !

-Va falloir te ressaisir Solveig, parce que j’ai besoin de toi, okay ? Et pense à ta sœur !

Bon, je sais pas si elle a entendu l’histoire des flics mais j’ai pas envie de la stresser davantage alors ne précisons pas les détails.

-Va falloir que tu remettes ta blouse, mais que tu enlèves ton badge avec le « étudiante » dessus.

Je prends une petite pause pour être sûre qu’elle assimile bien tout ce que je lui dis.

-C’est au prochain arrêt que l’on sort alors écoute moi bien, tu vas te relever, tu vas mettre ta blouse et tu vas garder une main sur mon épaule en abordant un air super calme et sérieux. T’es capable de faire ça ?

Putain faites en sorte qu’elle marche sinon on est foutues, et surtout moi !

Solveig avait crié d’une traite, jusqu’à ne plus avoir d’air dans ses poumons.
Elle respira, s’apprêtant à crier de nouveau, mais l’atmosphère de la rame changeait doucement.
Elle sentit une main sur sa tête et se crispa légèrement.

-Hey, calme-toi, regarde, plus personne se bat, c’est bon, ça va aller.

- Ca va aller… C’est bon... Plus personne se bat ? Regarde !  Calme-toi !  Hey !

Répétant la phrase de Kelya en des tons différents pour chaque morceau, cela fit comme un choc sur Solveig. Assez pour la calmer et la faire revenir à elle.

- Dé… Solée.

Elle enfouie sa tête entre ses genoux, visiblement honteuse. Et peut-être fatiguée…
Les caresses sur la tête furent étranges pour Solveig, peu habituée à ce genre « d’affection ».
Ce n’était pas désagréable.

Et l’atmosphère change à nouveau, du tout au tout.
Une certaine panique, de la peur peut-être, semble s’emparer des voyageurs. Solveig perçoit des chuchotements, des pas.
On dirait que certains aident d’autre à se relever, à se nettoyer, à vérifier ou à cacher ce qu’il venait de se passer.
Ce qui ne servait pas à grand-chose, qu’importe ce qui effrayait les autres : les caméras avaient filmés toute la scène.

-Va falloir te ressaisir Solveig, parce que j’ai besoin de toi, okay ? Et pense à ta sœur !

Penser à sa sœur ? Besoin d’elle ? Pourquoi ?
Solveig sortit sa tête de sa planque, entre ses genoux, et regarda Kelya avec une lueur d’incompréhension plus que visible.

- Hein ?

-Va falloir que tu remettes ta blouse, mais que tu enlèves ton badge avec le « étudiante » dessus.

Incompréhensible.
Il y a dix minutes, elle demande de lui enlever, et maintenant de la remettre. Cette fille manquait de cohérence, par moment.
Mais cela ne l’empêche pas de continuer ses explications.
Sur quoi ? Solveig ne savait pas et ne comprenait toujours pas.

-C’est au prochain arrêt que l’on sort alors écoute moi bien, tu vas te relever, tu vas mettre ta blouse et tu vas garder une main sur mon épaule en abordant un air super calme et sérieux. T’es capable de faire ça ?

Un léger moment d’absence, tandis que Solveig active ses méninges.
Wagon… Bagarre… Caméra… Peur… Remue-ménage…
Remettre sa blouse… Blouse du Fate.
Garder une main sur son épaule.
Air… Calme… Sérieux.
Ses yeux s’agrandissent, tandis qu’elle comprend la situation.
- La police arrive ? Oh non ! Je vais être renvoyée !

La panique refit surface, tandis qu’elle se mit à inspirer et respirer très fortement.

- Ca…. Va marcher, vous croyez ? Je… Suis pas sûr d’y arriver…

Et puis « tilt ».
Elle attrapa Kelya par les épaules, la secouant de sa faible force.

- Dites… Moi… Un truc… Idiot sur les turnes ou les humains. Un truc génétique, vite. VITE !

Elle n'avait trouvé que ça pour se donner de l'assurance.
La future non pertinence des propos de Kelya lui permettrait de s'accrocher à ses connaissances, y puisant de quoi alimenter son esprit sur un sujet qu'elle connaissait.
Cela pourrait, peut-être, dissipée son manque d'assurance.

Elle relâcha son emprise sur la brune, avant de plonger sa main dans son sac et d’en sortir sa blouse.
Il y avait une autre énergie qui lui servait de moteur : sa sœur.

- Pour… Heidi.

Lâcha-t-elle en se redressant, les jambes tremblantes.

- Vite ! L’idiotie !

Elle est complétement perdue, comme je m’y attendais, mais elle ne doit pas réfléchir trop longtemps, on va pas tarder à arriver ! Je la fixe du regard, espérant qu’elle s’exécute rapidement malgré l’incompréhension qui doit l’animer. Allez, s’il te plait Solveig, dépêche-toi de remettre ta blouse, bordel ! Je sais pas ce qui se trame dans sa tête, mais la gueule qu’elle tire montre qu’elle a enfin compris dans quel merdier on se trouve.

- La police arrive ? Oh non ! Je vais être renvoyée !

Quoi ? C’est à ça qu’elle pense en premier ? Quand elle parle de « renvoyer », c’est de son école, de la FATE ? Dans tous les cas, elle ne risque rien, sur les vidéos surveillances, elle n’a rien à se reprocher. Et puis contrairement à la majorité du wagon, c’est une humaine, les flics vont s’attaquer à nous, les turnes… Putain, c’est pas le moment de paniquer Solveigounette, faut agir là !

- Ca…. Va marcher, vous croyez ? Je… Suis pas sûr d’y arriver…

-Mais si, mais si, tout va bien se passer !

En vrai, j’en sais rien mais faut mieux lui balancer ça pour éviter qu’elle reparte en crise de panique. Je ne dirais rien sur le fait qu’elle est repartie pour me vouvoyer, faut mieux éviter… Qu’est-ce que… Ses mains se posent soudainement sur mes épaules et elle me secoue comme un vulgaire sac à patates. Mais faut vraiment qu’elle apprenne à rester zen, elle va finir par me stresser aussi !

- Dites… Moi… Un truc… Idiot sur les turnes ou les humains. Un truc génétique, vite. VITE !

Euh…J’ai vraiment du mal à la suivre, elle part complétement en vrille cette nana. Ou peut-être que c’est moi qui suis trop calme face à la situation ? Je soupire alors qu’elle relâche son étreinte sur mes épaules pour enfin sortir cette fucking blouse.

- Pour… Heidi. Vite ! L’idiotie !!

Elle n’est clairement pas rassurée…Je frotte l’arrière de la tête. Bon allez, vite, une idiotie ! Dépêche-toi Kelya avant qu’elle angoisse à nouveau.

-Les turnes activent leur mutation en serrant les poings. Les humains naissent avec les yeux turnes. Le gène turne se manifeste pendant que les yeux sont « normaux ».

Je sais pas si c’est un truc pareil qu’elle veut entendre mais je sais vraiment pas quoi lui balancer. C’est totalement débile ce que je raconte, qu’est-ce qu’elle cherche à me faire dire des trucs pareils ? Prochain arrêt dans 2 minutes, j’espère sincèrement que le plan va fonctionner !

-A partir de maintenant, je suis ton cobaye, ok ?  Plus de respect envers ma personne, c’est toi la patronne !

Pourquoi je le sens mal ? J’ai vraiment pas envie d’aller au commissariat, je compte sur toi Solveig, faut absolument que tu joues le jeu ! Le métro finit par se stopper, les portes du wagon s’ouvrent pour nous laisser découvrir le nouveau décor face à nous. Les forces de l’ordre sont là, il y a une dizaine de flics et malheureusement, Zacky n’est pas là… Bah oui, ça aurait été bien trop simple ! Un des agents s’avancent vers nous, il me regarde de haut et commence à m’interroger sur un ton condescendant.

-C’est vous qui êtes à l’origine de tout cela, n’est-ce pas ? On vous voit mettre le premier coup sur les caméras.

Et ouai, je m’y attendais, les images sont clairement contre moi alors qu’au final, je me suis juste défendue. Je lui réponds d’une voix robotique, comme si on m’avait bien dressée.

-On a manqué de respect à mademoiselle Langley, je n’ai pas pu laisser passer.

Il se met à dévisager Solveig qui j’espère ne va pas se mettre à paniquer. En tout cas, l’homme semble sceptique, ça s’annonce plutôt mal. Mais il se met à sourire en apercevant le logo de la FATE sur la blouse de la blondinette.

-Alors c'est votre chien de garde ?

Putain, je vais lui défoncer sa sale gueule à ce gros connard de merde ! Non Kelya, reste calme.

-Les turnes activent leur mutation en serrant les poings. Les humains naissent avec les yeux turnes. Le gène turne se manifeste pendant que les yeux sont « normaux ».

Bon.
C'était certain, la génétique et Kelya, ça ne faisait certainement pas 1. Ni 2... Ni... 3. Tant pis.
Et outre l'envie de... La corriger, ça ne "réveilla" pas Solveig.

- Non mais un truc plus... Enfin...

Comment expliquer ? C'était difficile et puis, il n'y avait plus le temps.

-A partir de maintenant, je suis ton cobaye, ok ?  Plus de respect envers ma personne, c’est toi la patronne !

Cobaye ? De quoi elle parle ?
Solveig n'a pas vraiment le temps d'approfondir la question que la rame s'arrête et les portes s'ouvrent sur une dizaine de flics.
Solveig et Kelya s'avancent, mais juste après la sortie, Solveig se rappelle qu'elle doit mettre la main sur l'épaule de Kelya, ce qu'elle fait, juste avant que l'un des agents ne s'avance vers elles.
Pas le temps de stresser ou de paniquer... Elle se concentre sur sa main tenant l'épaule de Kelya... Y enfonçant, un peu trop fort certainement, ses doigts.

-C’est vous qui êtes à l’origine de tout cela, n’est-ce pas ? On vous voit mettre le premier coup sur les caméras.

-On a manqué de respect à mademoiselle Langley, je n’ai pas pu laisser passer.

-Alors c'est votre chien de garde ?

Un chien de... Ah, l'expression.
Il n'y avait rien de plus insultant, mais Kelya avait eu raison, la blouse semblait avoir fait son petit effet sur l'homme.
Elle comprenait, maintenant, où elle voulait en venir.

"Ok... Inspire, expire. Regarde-le...  Comme il fait à Kelya, bizarrement. Montre-lui... Qui c'est la patronne ! T'es du FATE, on est plus ou moins au-dessus des policiers si l'on suit la hiérarchie habituelle."

Et puis... Le déclic, encore.
Elle n'avait qu'à s'inspirer des répliques de toutes les séries policières, ça, elle en était capable !
Elle relâcha l'épaule de Kelya, s'avançant vers l'agent d'un air... Déterminée.
Ca pouvait être curieux, pour Kelya. Quoiqu'elle l'avait peut-être déjà aperçue ainsi lors de la fête foraine quand elle avait étayé ses arguments sur le fait qu'elle ne savait pas.

- Vous auriez une clope, monsieur l'agent ? Ce qui s'est passé à l'intérieur m'a pas mal retourné.

Réplique de Viky, dans l'épisode n°72 de "Don't Break The Unbreakabel", où le personnage, après avoir constaté une scène de crimes, véritable boucherie, ne se sentait pas bien.
Elle avait simplement changé le ton. Dans l'original, Viky draguait plus ou moins l'agent et le ton était plus doux.
Là, Solveig faisait preuve d'autorité.

- Heu... Oui, mademoiselle.

Intérieurement, elle s'étonna que ça fonctionne, mais elle garda son sérieux le temps que l'agent lui passe une cigarette et lui allume, tel un gentleman.

- Madame. Merci.

Elle fit semblant d'avaler une bouffée, après avoir porté la cigarette à ses lèvres. Là, elle singeait Marilyn Monroe, grande actrice des années 1950, à la façon de fumée.
Elle toussota légèrement mais se rattrapa en remarquant que le briquet utilisé était un zippo.

- Zippo ? Vous aimez les choses fiables à ce que je vois. Comme moi.

Elle pointa, dans un même temps, Kelya du doigt.
Toujours le même épisode, la suite de la réplique. Sauf que Viky, à ce moment-là, pointait un glock portée à la ceinture, le tout d'une façon plutôt indécente, ce que Solveig ne fera pas.

- Mais ce n'est pas ma chienne de garde. Si nous sommes ici, c'était pour effectuer une expérimentation. La mutation de ce turne est d'une qualité exceptionnelle mais il fallait le voir dans certaines conditions. C'est chose faite. Vous n'avez pas reçu... La note de service ?

- La note de service ? ...N

- Oui, la note de service, m... Smith. Envoyé il y a deux jours à vos services pour prévenir qu'en ce jour, nous effectuerions un test dans la rame R-182, soit celle-ci, et qu'il risquait d'y avoir quelques blessures. Je m'attendais donc à voir un service hospitalier et non pas des agents de police. Vous savez ce qu'est une note de service, n'est-ce pas ?

Se calquant toujours sur Viky, Solveig avait fait un pas, regardant droit dans les yeux l'agent. Sa main droite tenait la cigarette, tandis qu'elle s'enfonçait les ongles dans la paume de son autre main, planquée dans sa poche.

- Heu oui, mais...

- Mais quoi, M. Smith ? Tout avait été calculé et planifié pour, qu'en cas de grabuge, les secours soient présents. Imagineriez-vous ce qu'implique une blessure grave sur ma personne ou sur elle ? Non, bien entendu.

Elle tendit la cigarette, encore allumée, à Kelya.

- Tiens, C-Omega, tu l'as bien mérité.

Le nom fit grandir de surprise l'agent... Omega ? La dernière lettre de l'alphabet ? Se pourrait-il que...
Oui, Solveig avait bien choisi le mot.

- Madame, je suis désolé, mais je n'ai pas eu vent de cette note de...

- Vous n'avez pas eu vent ou vous n'avez pas voulu avoir eu vent, M. Smith ? Dois-je vous rappeler le contexte actuel et l'animosité qui parcourt certains rangs ? Vous n'allez pas me faire croire que cette note a disparu, si ? Note que j'ai, bien entendu, envoyé moi-même vu que je suis en charge de ce projet. Vous ne remettriez pas ma parole en doute, si ?

La non existence de la note n'était pas un problème. Elle viendrait à apparaître... Après, si besoin était.
Elle avait relevé le nom de l'agent, son n° de matricule, le retrouver serait simple.
Il n'y avait pas une once de peur ou d'hésitation en Solveig, à fond dans son personnage. A dire vrai, elle s'amusait beaucoup.

- Heu... Non, Madame. Il y a dû y avoir une erreur quelque part, je vais vérifier.

- C'est cela, vérifiez, je notifierai tout cela dans mon rapport et le remonterai aux hautes instances de la FATE. "L'expérimentation a été mise à mal par l'agent M. Smith, matricule B-298201. Raison : a perdu une note de service. Observation : Je préconise un entretien psychiatrique pour vérifier que l'animosité de M. Smith, à l'égard des turnes, n'est pas l'objet d'un quelconque obstacle."

Le type se mit alors à blêmir légèrement, baissant légèrement les yeux. Cet état signifierait certainement une longue mise à pied.

- On peut peut-être s'arranger ?

Solveig le regarda... Haussant un sourcil.

- J'écoute.

- On...

Le type s'arrêta, que pouvait-il proposer ?
Solveig attendit quelques instants que le pauvre agent Smith, l'air dépité, sorte quelque chose mais ce ne fût pas le cas.
Elle en profita pour jeter un regard condescendant aux autres membres.
Merci qui ? Merci Viky.

- Je vais vous dire ce qu'on va faire... Tous les turnes ici présents, ainsi que C-Omega et moi-même allons sortir d'ici, sans histoire et sans arrestation. Après tout, ils faisaient partie de l'expérimentation. Quant à moi, j'inscrirai dans mon rapport à quel point vous et vos hommes avez été efficace à notre point de chute. Et... Au cas où, je vous renverrai la note. C'est à prendre ou à laisser, mais vous serez seul responsable des conséquences, tandis qu'à l'inverse, il n'est pas impossible qu'une petite prime tombe pour vous et vos hommes.

Il fallu très peu de temps à M. Smith pour se décider.
Il ordonna à ses hommes de laisser les turnes sortir et Solveig resta, le temps que les dits-turnes sortent de la rame sans casse.

- Merci M.Smith, je ne vous oublierai pas.

Puis, attrapant Kelya par le bras, elle prit la direction de la sortie.

"Allez, encore quelques mètres... Voilà... Ils ne peuvent plus te voir."

Solveig s'effondra alors, les jambes terriblement flageolantes, respirant difficilement.
Pourtant, après quelques secondes, elle avait un grand sourire aux lèvres.

- Alors ? Alors ? J'étais comment ?

L’étreinte de Solveig sur mon épaule, disparait. La vache, elle a une sacrée poigne quand même, je ne la croyais pas capable d’une telle force. Son regard a changé, elle s’avance vers le flic avec une assurance que je n’avais jamais vu dans ses yeux. Qu’est-ce qu’elle fait ?

- Vous auriez une clope, monsieur l'agent ? Ce qui s'est passé à l'intérieur m'a pas mal retourné.

Elle fume ? Putain mais je donnerai tout pour une clope moi aussi ! Cette jeune femme devant moi n’a rien de la Solveig que j’ai rencontré à la foire… Il y a des histoires qui disent que des extraterrestres enlèvent des gens pour les remplacer par des sosies mais qui sont des personnes totalement différentes mentalement. C’est ce qui se serait passer ? Ouai, faut vraiment que j’arrête de rester devant la télé. Le flic lui donne sans tarder une dose de nicotine et va jusqu’à lui allumer. J’en demande une aussi ? Non, là, je dois juste la fermer et rester dans mon rôle de cobaye. Le toussotement de Solveig m’indique très clairement que c’est pas une fumeuse.

- Zippo ? Vous aimez les choses fiables à ce que je vois. Comme moi.

Waw, elle est complétement transformée là, chapeau pour le jeu d’acteur ! Elle continue dans son personnage, embrouillant totalement le flic face à nous. Par contre, qu'est-ce que c'est désagréable d'être traitée comme un vulgaire objet, ça me fout les nerfs. La Solveig paniquée a disparu pour laisser place à une brillante scientifique. L’agent ne sait pas vraiment où se mettre, il est juste perturbé d’avoir affaire avec une professionnelle de la FATE. Bah oui mon gars, faut rester à ta place ! La blondinette finit par me tendre la clope que je saisie avec joie. Oh oui, ça fait bien trop longtemps que je n’ai pas fumer, ça va me faire le plus grand bien !

- Tiens, C-Omega, tu l'as bien mérité.

Je rigole intérieurement à ce surnom. La dernière lettre de l’alphabet grec derrière le « C » ? A la FATE, ils ont plutôt l’habitude de mettre de mettre des chiffres mais pourquoi pas, ça donne un peu plus d’importance à l’expérience. Elle mène complétement la danse, le mec ne sait pas du tout où se mettre, Solveig emploie même la menace ce qui le fait totalement flipper. Quelle grosse merde ! Je tire longuement sur ma cigarette, amusée par la situation parfaitement sous contrôle de l’étudiante à la FATE. J’ai rien à dire, elle gère la sœur de Elke, vraiment, je suis impressionnée par sa prestation. Elle a même réussi à sauver tous les autres turnes du wagon, que demander de mieux ?

- Merci M.Smith, je ne vous oublierai pas.

Bah avec ce que tu viens de lui mettre dans la gueule, tu m’étonnes ! Elle attrape mon bras pour nous emmener à l’abri des regards des forces de l’ordre puis une fois en sécurité, ses genoux retrouvent le sol laissant s’envoler toute son assurance.

- Alors ? Alors ? J'étais comment ?

Son sourire me fait esquisser un petit rire, elle est vraiment pas croyable cette nana !

-T’es aussi imprévisible que ta sœur, hein ?

Je lui tends la main pour l’aider à se relever, un sourire sincère aux lèvres. Je l’ai peut être jugée un peu trop vite, elle n’est pas si chiante que ça.

-Bravo, je dois dire que tu m’as bluffée, c’était vraiment pas mal ta petite mise en scène ! Et merci pour la clope.

Je lui donne une petite tape dans le dos une fois debout. Je tire une nouvelle fois sur ma dose de tabac avant de commencer à avancer direction le NEST. De l’arrêt de métro jusqu’à l’établissement, on en a pour à peine 5 minutes de marche, ça va aller vite.

-Allez, j’espère que t’es prête à revoir ta sœur !

Suite ~