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Rumeurs

Aux informations de Central News, les images de la manifestation mettaient en scène trois élèves et un professeur du NEST. Kelya, Skye, Heidi et Kayn. Leur implication est inconnue, mais les images ont beaucoup tourné, difficile de les manquer.
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On parle également, parmi les victimes, d'un turne avec deux rangées de dents pointues. Violent, proche des milieux terroristes, il est annoncé qu'il trempait dans plusieurs réseaux de trafic d'enfants. Des photos ignobles ont été retrouvées sur son nanocom et de l'ADN sur ses dents, prouvant qu'il s'adonnait au cannibalisme.
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Depuis la manifestation, les turnes sont très restreints dans leurs droits civiques. Couvre-feu, certains magasins interdits, plus de présomption d'innocence... Une atmosphère étouffante s'est emparée des rues. Heureusement, au NEST, il n'en paraît rien, pour les pensionnaires.
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Au NEST, on raconte dans les couloirs qu'il se passerait quelque chose entre le prof d'anglais et l'infirmière... Ils sont faits pour s'entendre, aussi calmes et posés l'un que l'autre...
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[Cinéma] Il y a bien longtemps... Ft. Skye Reid

 :: Central Point :: Banlieue :: Centre commercial Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Mar 13 Aoû - 1:38

Bordel... comment on peut mettre autant de gens dans un seul  endroit... Allez, on respire, ça va le faire.

La salle de cinéma était blindée, les discussions de plusieurs centaines de personnes s'entremêlaient pour former un vacarme incompréhensible et oppressant. Le regard de Sören ne savait plus où se poser. Il y avait trop de gens à observer, trop d'endroits d'où un danger pouvait surgir. C'était sa première sortie dans un lieu aussi fréquenté depuis sont arrivée à Central Point... et même depuis toujours. Il tentait tant bien que mal de décompresser, de repenser à ce que la psy lui disait le matin même.

Si il y a beaucoup de personnes, c'est normal. Dans une ville, on n'a pas besoin d'être aussi méfiant que dehors. Il faut que j'apprenne à vivre, survivre ne demande plus d'effort particulier.


Sören arpentait péniblement les allées de la salle de cinéma. Des gens passaient devant lui, lu bousculaient un peu et le jeune homme jetait à chacun d'eux un regard noir. Eux ne le remarquaient même pas. Finalement, il vit une place libre. Mieux que ça, deux places libres, dans le coin à droite au plus loin de l'écran. Pas de problème, il préférait tenter sa chance et éventuellement se retrouver à côté d'un siège vide plutôt que de chercher une bonne place entre deux inconnus. C'était une question de surv... de confort, disons.

Il prit donc place sur le siège le plus éloigné de ses voisins. Après tout, il avait déjà réussi à commander du pop-corn à l'accueil malgré la queue, cette soirée était de toute façon une belle progression. Dans quelques minutes le film allait commencer. Star Wars IV : Un Nouvel Espoir. Sören avait vu ce film des dizaines de fois quand il était gosse et il retournait le voir plutôt que de découvrir un film récent. C'était stupide, mais il ressentait le besoin de se rattacher à au moins un élément connu dans cet océan de nouveautés. Et puis sa sœur avait rayé le DVD de Star Wars IV, donc ça faisait quasiment 15 ans qu'il ne l'avait pas revu, ce film... bon, pour l'excuse, on repassera.

Sören était enfin installé. Il s'efforçait de ne pas dévisager qui que ce soit, afin de ne pas paraître plus étrange que ce qu'il était déjà : un gars louche, en sueur, qui respire nerveusement en engouffrant des poignées entières de pop corn. Et merde, quelqu'un avait repéré la place libre.

Non, non, non... va plus loin. Là bas, juste en bas il y a une autre place libre. Oh non, elle vient vraiment. C'est moi ou ses cheveux sont... bleus ? C'est normal ça ? C'est peut-être dangereux...
Sören Larsson
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Sören Larsson
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Mar 13 Aoû - 9:31
Les mains dans les poches, les écouteurs sur les oreilles et le chewing-gum à la bouche. J'avoue... J'ai tout fait pour ressembler à "la" personne près de qui on n'a pas envie d'être assis à côté au cinéma. Les lumières ténues de la salle déjà plongée dans la pénombre forment des reflets bleutés sur les contours des gens, mais ne permettent pas de reconnaître grand monde. J'aime bien les salles de cinéma. Surtout les toutes petites, avec peu de gens. Un endroit public ou les gens sont assis, silencieux et calmes? A part dans les bibliothèques, un autre de mes points de chute, c'est plutôt rare.

Et puis, Star Wars IV. Centenaire passé de quoi... 20 ans? Le film a posé les bases d'une légende de la pop-culture qui ne mourra probablement pas de sitôt. Je l'avais vu toute petite, et je m'en rappelle chaque seconde. Aujourd'hui, je suis là pour combattre l'ennui d'une part, mais aussi pour le plaisir de réorganiser mes neurones en éclairant ce film à la lumière des autres que j'ai enfin pu voir. Si, par exemple, c'était plutôt facile de faire le lien entre l'empire et les uniformes nazis, moins de gens remarquent la dualité des "kimonos" Jedis et de l'armure samourai-esque de Vader.

Je parcours la salle des yeux. Merde, c'est quand même assez bondé... Mais il reste quelques places. je m'approche d'une fille, et je commence à m'asseoir, mais elle m'arrête en disant qu'elle attends quelqu'un. Putain, ça se fait pas, ça, s'il est pas là, il est pas là, bordel! Bon, c'est pas le moment de faire un scandale... Merde! Du coup, quelqu'un a pris la place là-bas. Pas grave, j'en avais vu une au deuxième rang... Je redescend les allées. Et puis, au second rang, j'aurais pas grand-monde devant... Attends. C'est Amber et ses groupies? Oh, fait chier.

Je remonte au pas de course. Hors de questions que je m'installe où que ce soit à moins de cent mètres de ces filles, je les vois assez à l'Acédémie... Il ne me reste que celle-ci. A côté d'un type qui me regarde arriver comme si j'allais le planter avec un couteau dans une ruelle. Il a pas l'air à l'aise... Et il est en train de siffler ses pop-corns comme si sa vie en dépendait, alors que les pubs viennent seulement de commencer. Bon... Tant qu'il se tient tranquille...

Je le regarde sans un salut, sans un signe de tête, comme deux animaux qui se jaugent l'un-l'autre. Puis, je m'assois à côté de lui, la mine renfrognée. Je retire mes écouteurs. Ils ne passaient rien, de toutes façons. Sur l'écran, une pub d'Athena Industries, la toute dernière voiture électrique de la firme, qui fait partie des "six sommets". D'ailleurs, la pub suivante aussi : c'est NAO Cybernetics qui vante les mérites de sa toute nouvelle AI domotique. Le genre creepy, avec la voix et tout, qui fait tout à ta place chez toi, du moment que tu as les robots ménagers ou les installations qui vont avec. Et d'ailleurs, même le film appartient à un des Six : Disney... L'entreprise est une des seules boîtes de divertissements restantes, et a racheté la plupart des autres. Star Wars, eh bien... C'est eux.

L.es pubs défilent, et je sens le regard de mon voisin sur moi. C'est assez énervant... Je tourne la tête. Il a l'air... Normal. Banal. Bon, plutôt beau gosse, mais on dirait qu'il essaye de se fondre dans la masse. Peut-être que c'est un turne, lui aussi. Beaucoup décident de tenter de passer inaperçus pour éviter les ennuis.

Et puis... Le film débute. Ce plan, putain... Je sais pas pourquoi, mais il me fout des frissons. L'espace. Le fantastique...  J'ai des étoiles dans les yeux, et pour une fois, je réussis à me calmer un peu. John Williams, lui, fait plutôt l'effet inverse, et pas mal de monde se met à crier et siffler dans la salle.
Skye Reid
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Mar 13 Aoû - 12:44

Ok, elle s’est assise à côté de moi. Elle a l’air louche. Tout le monde a l’air louche. Ou personne n’est louche et c’est moi qui déraille ? Peu importe… ah, ça commence ! Ah non, c’est des pubs.

Sören avait déjà vu ce genre de pubs, il y en avait sur les vieux DVD, avant d’arriver sur le menu principal. Il ne connaissait pas une seule des entreprises présentées… sauf Disney. Malgré les événements, cette société arrivait toujours à garder son emprise sur la production cinématographique… y’a pas à dire, ils étaient forts. Puis vinrent les bandes annonces, enfin une occasion de rester les yeux rivés sur l’écran et d’arrêter de dévisager tout le monde, et surtout sa voisine fraichement installée.

À quoi pouvait donc ressembler le cinéma d’aujourd’hui ? Le dernier film que Sören avait vu datait de 2030. En presque 70 ans, ce média pourrait avoir énormément évolué. Ce n’était pas le cas. Etonnement, la technique, les thématiques abordées et les genres semblaient avoir assez peu évolué. Forcément, quand plus de 90% de l’humanité s’éteint, une certaine partie du savoir-faire et de la force de créativité disparaît avec… et on se repose sans doute plus facilement sur ses acquis. Néanmoins, on pouvait remarquer une sorte de retour en arrière des effets spéciaux. Les budgets devaient être nettement plus serrés aujourd’hui qu’en 2020, et les productions à 9 chiffres n’étaient sans doute plus d’actualité. Le cinéma était devenu plus modeste… et c’était peut-être pour le mieux.

Celà faisait quelques minutes que Sören n’avait pas dévisagé sa voisine. Il en dégageait une certaine fierté. Depuis le début des publicités, le vacarme dans la salle s’était bien estompé et les lumières étaient éteintes… il se sentait moins oppressé. Mais il jeta quand même un dernier petit regard à sa droite, histoire d’être sûr que tout se passait bien.

Merde, j’ai croisé son regard. Elle a vu que je la regardais ? Je devrais peut-être lui dire quelque chose pour détendre l’atmosphère. Les gens se disent quelque chose avant qu’un film commence ?

Alors que les questions existentielles fusaient dans l’esprit embrumé de Sören, le fameux “Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine…” était apparu à l’écran. Puis les trompette résonnèrent, marquant le début de ce générique intemporel, et sortant par la même occasion Sören de ses préoccupations.

Autour, pas mal de monde applaudissait. Sören ne comprenait pas pourquoi on applaudissait un écran, mais pourquoi pas. Pendant ce temps, il était préoccupé par l’état de son pot de pop-corn. Il fallait vite le finir, c’était surement très malpoli de machouiller bruyamment pendant le film.

Malgré les années, Sören n’avait pas oublié le moindre plan du film. Tout était simplement plus grandiose que dans sa tête… la taille de l’image et le volume sonore y étant sans doute pour quelque chose. Comme dans ses souvenirs, Dark Vador avait fait son entrée fracassante dans le vaisseau - et dans le classement des meilleurs méchants de l’Histoire - R2D2 avait fait “bip bip bup” et avait trouvé l’élu par le hasard des choses… Il fallait l’admettre, ce film était un cas d’école en ce qui concerne la narration. Tout y était si simple et pourtant si captivant. Même les effets spéciaux d’un autre temps étaient incapables de briser cette magie.

Le film poursuivait son cours. les gens mangeaient bel et bien du pop corn pendant la séance. Les bruits auraient été insupportables si le son n’était pas si fort… Il était facile de faire abstraction de ces sons parasites. Comme dans les souvenirs de Sören, nos héros étaient arrivés dans le bar des musiciens chelous, Han avait tiré en premier, Chewbacca avait perdu aux échecs pendant que R2D2 faisait “Bip bup bip” quand soudain… “Ce n’est pas une lune. C’est une base sidérale”. Sören était captivé, comme il l’avait été lors de son premier visionnage 20 ans auparavant. Tellement sidéré qu’il ne jetait plus de coup d’oeil depuis des dizaines de minutes. Pour la première fois depuis son arrivée à Central Point, il avait relâché sa vigilance.
Sören Larsson
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Sören Larsson
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Mar 13 Aoû - 22:18
Je suis dans le film. J'ai beau le connaître, l'enregistrer, le cataloguer... Je suppose que certaines oeuvres, que ce soit en musique, en peinture, en films, en jeux vidéos, en littérature, sont impossibles à décortiquer au point qu'elles en perdraient leur... Leur... Magie? Ce mot m'écorche les lèvres, tant il n'a aucune rigueur scientifique, mais c'est le plus proche que je puisse trouver.

Je ris à quelques scènes, avec l'ineffable sentiment de honte de rire en même temps que la masse. Je me rends même compte que je m'accroche à l'accoudoir à certaines autres. La mort de Kenobi scelle l'entrée de Vader dans le panthéon du mal. Puis la course contre la montre commence, la base rebelle est localisée, et commence la scène iconique du film, la course dans les couloirs de l'étoile de la mort... Les alliés tombent un à un. Luke se retrouve seul et finit par parvenir à maîtriser la force... Un seul tir. Une seule chance. L'explosion... Et le retour en héros.

La première victoire des rebelles. Pour une saga de neuf épisodes, commencer par tourner le numéro quatre était à la fois un coup du sort et un coup de génie. Le générique commence à défiler, et les gens se lèvent peu à peu. Je suis toujours restée jusqu'à la fin des films. J'ai toujours considéré tous ces noms comme aussi importants que les acteurs, et une marque de respect que de les regarder silencieusement défiler jusqu'au bout, même avant cette mode des scènes post-générique.

-Putain... C'est quand même un pur film.

J'ai parlé tout haut, sans trop faire attention. J'avais presque oublié que j'avais un voisin direct. Il n'y a plus grand monde dans la salle à part nous, d'ailleurs; et nos existences se rappellent l'une à l'autre quand la lumière revient. Mine de rien, à part quelques regards, il est resté silencieux tout le film et, contrairement à ce que j'aurais pu croire, il n'a pas fait de bruits de pop-corn ou autre durant la séance... Peut-être est-il moins... Enfin, moins comme je croyais.

Et puis, il y avait quelque chose dans son regard. Bon, tout le monde l'a déjà vu, ce film a quand même plus d'un siècle, mais, comment dire... C'est comme s'il s'attendait à chaque réplique, chaque scène, comme s'il retrouvait un vieil ami. Il a l'air plus serein que pendant les pubs. Bientôt, il n'y a plus que nous et quelqu'un entre dans la salle pour nettoyer les déchets des habituels gros porcs qui laissent leur bouffe entre les allées. Il doit être 22h, et le couvre-feu ... J'ai pas intérêt à laisser ma mutation prendre le dessus sur le chemin du retour. Putain, j'ai pas envie de penser à ça.

Et lui? Pourquoi il est resté aussi longtemps? Le silence se fait pesant, et j'aime pas trop l'atmosphère qui s'installe. Je me redresse doucement, et je croise son regard. Je pointe l'écran du menton.

-Combien de fois...?
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Mer 14 Aoû - 3:50

Le film venait de se terminer, et Sören restait scotché sur son siège. Il n’avait aucune envie de se mêler à la foule pour sortir de la salle, et préférait simplement attendre quelques minutes que le calme s’installe. Mais ce n’était pas tout. Il était bien ici, confortablement enfoncé dans son fauteuil molletonné. Pour la première fois depuis des mois, Sören avait relâché la pression pendant un peu plus de deux heures. Il avait fait abstraction de ses angoisses malgré une bonne centaine de personnes dans la même pièce que lui. C'était une belle victoire

Il devait ce moment de relâche à… un simple film, sorti dans les salles plus d’un siècle auparavant. Dans son enfance, Sören avait chéri ce film, comme il avait chéri l’entièreté de la saga. Le retrouver après toutes ces années, c’était comme fouiller dans un placard chez ses parents et retrouver un vieux dessin. Cela faisait appel à une profonde nostalgie et des sentiments difficilement explicables.

- Putain... C'est quand même un pur film.

Surpris d’entendre une voix près de lui, Sören tourna la tête. Il n’avait même pas remarqué que sa voisine était encore là. Il ne savait pas vraiment si cette remarque fort pertinente lui était adressée ou si l’inconnue se parlait à elle-même. Dans le doute, il se contenta d’un acquiescement discret avant de tourner à nouveau le regard vers l’écran, comme si ce moment magique allait recommencer encore et encore.

Le générique de fin venait de se terminer alors que la lumière tamisée de la salle semblait encore aveuglante après ces deux heures passées dans le noir. Sören ne pouvait s’empêcher de fredonner le thème de la force dans sa tête. Cette mélodie le hantait depuis toujours, et il ne se passait pas une semaine sans qu’elle ne lui revienne sans aucune raison, l’accompagnant pendant quelques minutes jusqu’à ce que quelque chose d’autre ne vienne occuper son esprit.

- Combien de fois… ?

Cette fois, pas de doute, la voisine s’adressait bien à lui. Pour une fois, Sören conserva son calme. Seul le bruit discret de l’agent d’entretien ramassant les déchets de la salle venait rompre le silence. Il n’y avait plus aucun autre client dans la salle… rien n’était en mesure d’inquiéter le rouquin pour l’instant.

- Une bonne quinzaine de fois je pense. C’est mon épisode préféré. il a quelque chose de spontané que les autres n’ont pas, je trouve. Malheureusement, ça reste l’épisode que j’ai le moins regardé. On utilisait encore ces vieux lecteurs Blu-ray  à la maison quand j’étais gamin… et ma soeur a marché sur le DVD.

Il était évident que Sören avait un affect particulier pour ce film. Le fait qu’il soit bon ou non n’avait pas grand chose à voir là dedans au final. C’était juste un fragment d’enfance particulièrement symbolique, retrouvé 15 ans plus tard.

- Par contre, je ne l’avais jamais vu au cinéma, ça donne tout de suite un côté plus... grandiose. Tu viens souvent ici ?
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Sören Larsson
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Mer 14 Aoû - 9:32
Je ne l'imaginais pas avec une voix si posée. Maintenant que la lumière est allumée, je remarque que ses traits sont plutôt tirés, il a une certaine maigreur - peut-être juste un jeu d'ombres.

- Une bonne quinzaine de fois je pense. C’est mon épisode préféré. il a quelque chose de spontané que les autres n’ont pas, je trouve. Malheureusement, ça reste l’épisode que j’ai le moins regardé. On utilisait encore ces vieux lecteurs Blu-ray  à la maison quand j’étais gamin… et ma soeur a marché sur le DVD.

Le DVD? Woah. Ce mec était beaucoup plus vieux qu'il n'en avait l'air. S'il en avait parlé à quelqu'un d'autre que moi, il n'aurait peut-être pas compris; les blu-ray sont devenus la norme il y a très, très longtemps, et dans cette galaxie-là. Il était évident que Sören avait un affect particulier pour ce film. Le fait qu’il soit bon ou non n’avait pas grand chose à voir là dedans au final. C’était juste un fragment d’enfance particulièrement symbolique, retrouvé 15 ans plus tard. La Pioneer Corp essaye même de démocratiser un nouveau support, le Chronicle Disc, que les plus malins appellent déjà le CD, en hommage à une technologie disparue. Mais peu de films nécessitent plus de 128 Go...

- Par contre, je ne l’avais jamais vu au cinéma, ça donne tout de suite un côté plus... grandiose. Tu viens souvent ici ?

Quinze fois, et jamais au cinéma? Eh ben. Drôle de fan.

-Une ou deux fois par semaine. Une fois pour un classique, une fois pour un inconnu. Et quand il y a de nouvelles sorties, aussi...

Les nouvelles sorties, il n'y en avait pas tant, mais c'était la seule occasion pour certains de voir quelque chose d'inédit. Même si nul être vivant dans ce dôme ne pouvait prétendre avoir vu tous les films produits par l'humanité... Sachant qu'à une époque, il en sortait plus de 4000 dans le monde par année.

-Tu seras là pour l'Empire contre-attaque? C'est la semaine prochaine. Si t'as pas vu le premier au cinéma, j'imagine que celui-là non plus...

Je fais partie des gens qui appellent encore l'épisode IV le "premier". C'est une opinion qui a perdu en popularité avec le temps, les gens finissant par assimiler la numérotation des films plutôt que leur date de sortie. Autant dire que certains font une drôle de tête en voyant le retour en arrière des effets spéciaux après le troisième opus...
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Skye Reid
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Mer 14 Aoû - 13:41

Elle avait l’air plutôt sympa cette fille. C’était agréable de discuter de l’un des seuls sujets sur lesquels Sören ne se sentait pas totalement à la ramasse. Il fallait juste espérer qu’elle ne commence pas à demander son avis sur des films plus récents.

- Une ou deux fois par semaine. Une fois pour un classique, une fois pour un inconnu. Et quand il y a de nouvelles sorties, aussi…

Elle venait donc ici très régulièrement. Pourtant, avec la technologie actuelle, tout devait être facilement accessible sans bouger de chez soi. Déjà au début du siècle, il était devenu possible de regarder quasiment n’importe quoi juste en s’abonnant à des sortes de TV sur internet. Et puis même sans abonnement, il était facile de trouver n’importe quel film en quelques instants.

Le cinéma avait donc toujours cette aura si particulière, et Sören comprenait très bien cet attrait des gens pour ce mystérieux endroit. Il avait beau avoir subi une phase de stress intense, il avait lui-même envie de revenir. Voir un film et voir un film au cinéma, c’étaient deux choses bien différentes. Comme quoi, le contexte joue un rôle crucial dans l’appréciation d’une oeuvre.

- Tu seras là pour l'Empire contre-attaque? C'est la semaine prochaine. Si t'as pas vu le premier au cinéma, j'imagine que celui-là non plus…

- Je serai là. Et sans doute pour tout le reste de la saga aussi.

Pendant que les deux voisins discutaient tranquillement, l’agent d’entretien s’était approché d’eux :

- Désolé de vous interrompre, m’ssieur dame. Je dois fermer la salle. Je vous laisserai rejoindre la sortie, de ce côté.

Sören se contenta d’acquiescer. Il se leva, enfila sa veste et commença à se diriger tranquillement vers la sortie aux côtés de Skye. Une question lui trottait dans la tête depuis plusieurs minutes, mais il n’osait pas la poser de peur que le sujet de conversation ne dérive sur sa culture cinématographique récente. Tant pis, il était prêt à prendre le risque.

- J’ai vu pendant les bandes annonces qu’un film allait sortir en salle après-demain… “Hors du Dôme”. Tu penses que ça vaut le coup d'oeil ? Le sujet a l’air plutôt sympa, même si le trailer laisse penser que ce sera un film d’action grand public assez lambda.

Arrivé à la porte de la salle, Sören prit les devant pour tenir la porte, laissant passer Skye. Sa conseillère de réinsertion lui avait justement refilé ce petit bouquin sur les bonnes manières. D’après le bouquin, être gentleman était un bon point. C’était un mystère des interactions sociales puisque les femmes s’étaient battues sur tout un tas de sujets pour être plus égales avec les hommes, et être gentleman avait un côté paternaliste, quand on y réfléchit bien. Ce sujet semblait bien flou pour Sören, mais il avait au moins retenu ça : pour être gentil, il faut tenir la porte aux femmes, c’est une sorte de tradition.

En ouvrant la porte, il distingua immédiatement le grand hall qui l’avait fasciné en entrant dans le cinéma. Néanmoins, il y avait beaucoup trop de monde pour s’y attarder avant le film. Maintenant que l’endroit était désert, il espérait pouvoir contempler ces gigantesques écrans présentant des affiches animées des films projetés cette semaine. Si seulement il pouvait mettre ça dans son salon.
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Mer 14 Aoû - 18:52
- Je serai là. Et sans doute pour tout le reste de la saga aussi.

Un autre aficionado des salles obscures, apparemment. En même temps, on a beau dire, vous pouvez télécharger tout ce que vous voulez, c'est quand même pas la même claque avec un écran de 300m² et un son en Dolby Surround.

- Désolé de vous interrompre, m’ssieur dame. Je dois fermer la salle. Je vous laisserai rejoindre la sortie, de ce côté.

Merde, j'aime pas qu'on me pousse. Bon, de toutes façons, j'allais pas rester là trois heures. En nous dirigeant vers la sortie, il reste à côté de moi, et je sens bien qu'il essaye de dire quelque chose, mais ça met un temps considérable à sortir, comme s'il pesait le pour et le contre avec la plus grande méticulosité.

- J’ai vu pendant les bandes annonces qu’un film allait sortir en salle après-demain… “Hors du Dôme”. Tu penses que ça vaut le coup d'oeil ? Le sujet a l’air plutôt sympa, même si le trailer laisse penser que ce sera un film d’action grand public assez lambda.

J'ai vu le trailer. En fait, plus qu'un film d'action grand public, j'ai surtout peur que ce soit un film de propagande du gouvernement, à base de terribles monstres ou de turnes fous furieux, et que la ville c'est le bien, et que le dôme c'est la sécurité. Mais vu la tête d'affiche, ça sera quasiment forcément un succès : ils ont l'acteur le plus bankable du moment.

-Hm. J'irais le voir, je pense, par pure curiosité... Je me demande à quel point ils peuvent bourrer d'erreurs, et si c'est par manque de documentation ou juste par volonté de passer un message catastrophiste. C'est ce genre de productions qui finit par ancrer dans la tête des gens que les turnes sont la cause de tous les maux de la société...

Pendant que je suis occupée à réfléchir à ma réponse, il me tient la porte du cinéma. C'est marrant, plus grand monde ne fait ça, pourtant. Pas de quoi s'offusquer non plus, mais... Un peu vieille école. J'ajoute en haussant les épaules.

-Mais, bon, j'aime bien les films catastrophes. Et puis, je suis curieuse de savoir ce qu'il reste, dehors.

"Dehors". Je n'ai jamais perdu de vue que le dôme n'est que ce qu'il est : un couvercle. Une énorme cloche qui retient l'humanité dans ses limites, et qui la laisse grouiller et se grimper dessus, comme dans une boîte de Petri. "Dehors", c'est le monde normal; c'est ici que l'Homme s'accroche à la vie comme une tique sur le dos d'un chien.

Quand on traverse le hall, il n'arrête pas de regarder à gauche et à droite les affiches, avec envie. Que des films récents, et qu'ils soient bons ou mauvais... Bizarre, pour un fan de cinéma?
Skye Reid
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Skye Reid
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Mer 14 Aoû - 21:13

Si la jeunesse de Sören avait été radicalement hors norme, il y a au moins une chose qu’il avait eu et qui rendrait fous de jalousie tous les adolescents cinéphiles : une grande chambre dont la surface murale n’était même pas suffisante pour accrocher toutes les affiches de cinéma à sa disposition.

Cette collection d’affiches avait débuté lorsque sa mère, lors d’une expédition dans la ville proche du bunker, avait fait un crochet par le cinéma du coin et ramené une gigantesque affiche de la version live action d’Atlantide, le Disney préféré de Sören, sorti quelques semaines avant que plus personne n’ait l’idée d’aller au cinéma. Devant l’enthousiasme de son fils, la mère de Sören répéta l’opération à chacun de ses anniversaires, ramenant à chaque fois plusieurs affiches qu'il s’empressait d’aller fixer dans sa chambre.

Voir ces écrans numériques sur les façade faisait remonter un tas de bons souvenirs. Sur chaque écran, une affiche animée défilait. Ce n’étaient que quelques images qui défilent à la façon d’un GIF… mais le rouquin en aurait bien recouvert les murs de son petit studio.

D’après Skye, la situation des turnes n’était pas très enviable à Central Point. Si les grosses boites de production étaient en effet capables de sortir des blockbusters avec une idéologie aussi orientée politiquement vers le racisme, il y avait de quoi s’inquiéter.

Certes, Sören ne savait rien de l’Histoire récente. Mais il avait par contre reçu une solide éducation par sa mère.. et l’Histoire pré-LWW, ça n’avait rien d’étranger pour lui. La propagande d’Etat et le racisme institutionnalisé avaient mené l’humanité à certaines de ses heures les plus sombres. Peut-être que les Hommes n’apprendraient tout simplement jamais de leurs erreurs ?

Si les paroles de Skye n’étaient absolument rassurantes, elle n’étaient pas surprenantes pour autant aux oreilles de Sören. En l’espace de quelques jours seulement, il avait pu observer l'apartheid moderne qui régnait à Central Point. Pour schématiser, les humains vivaient dans les quartiers riches alors que les turnes s’entassaient dans la banlieue plus pauvre. Pire encore, le métro n’avait rien à envier aux transports de Johannesburg au milieu du XXème siècle : une “race” privilégiée qui occupe les places confortables pendant que les autres s’entassent dans le petit espace qui leur était accordé.

La bonne nouvelle, c’était que Skye était plutôt dans le “bon camp”. Il était déjà suffisamment difficile pour Sören de devoir constamment garder sous silence son passé. Au moins, il n’avait pas trop à se préoccuper de cacher sa nature à la première personne avec qui il arrivait finalement à sympathiser. Peut-être même qu’elle était une Turne elle aussi.

Soudain, Sören se rappela de ce qu’il avait appris le matin même en lisant un tas de vieux articles de presse : cette histoire de toxine. D’après ce qu’il avait pu voir, les sources se contredisaient en permanence sur le sujet. Et si les turnes dégageaient vraiment une toxine mortelle ? Les tensions actuelles seraient alors nettement plus complexes qu’il n’y paraissait.

Comment pourrait-on reprocher à des personnes de vouloir vivre à l’écart de personnes qui, par leur seule présence, menacent leur vie. Il fallait qu’il en fasse part à Skye, même si elle allait peut-être le prendre mal étant donné les convictions politiques qu’elle venait d’afficher par sa réponse précédente.

- J’en déduis que tu penses que les humains n’ont rien à reprocher au Turnes ? Pas que je pense le contraire hein… c’est juste que… j’ai du mal à me faire ma propre idée sur la question.

Après avoir posé la question, Sören osait à peine croiser le regard de Skye. Son inconfort était lisible à des kilomètres.
Sören Larsson
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Sören Larsson
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Mer 14 Aoû - 23:41
- J’en déduis que tu penses que les humains n’ont rien à reprocher au Turnes ? Pas que je pense le contraire hein… c’est juste que… j’ai du mal à me faire ma propre idée sur la question.

-Est-ce qu'on reproche à une rose d'avoir des épines?

Merde, je peux pas croire que j'ai vraiment sorti un truc pareil. De quoi j'ai l'air...? C'est sorti tout seul parce que c'est une expression toute faite rangée dans un coin de mon cerveau et tellement adaptée à la situation que je n'ai pas eu besoin d'y réfléchir. Mais la portée... Poétique de la phrase est au moins deux cent fois plus forte que ce que j'aurais voulu. J'essaye de me rattraper, en argumentant avec de grands gestes.

-Je veux dire... Est-ce qu'on reproche au soleil de brûler, à l'azote de geler ou au dihydrogène d'exploser? C'est ce qu'ils sont, et ils remplissent leur rôle chacun à leur échelle. Bah, c'est pareil pour les turnes.

Il est turne. C'est sûr... Aucun citoyen ne dirait "humain" pour parler de lui-même. C'est plutôt le genre à dire "mutant" pour parler de nous. Et encore, même ces termes sont des approximations barbares et des étiquettes bien pratiques. A partir de quel moment l'homo abilis est-il "soudain" devenu l'homo erectus, et quand celui-ci a-t-il donné sa place à l'homo sapiens? Et à quel moment celui-ci disparaîtra pour... La suite?

-Je dirais même que c'est nous, les turnes, qui avons le mauvais rôle. Après tout, dans 50, 60 ans, il n'y aura probablement plus que nous...

Tout, ce sont des spéculations, bien sûr. Mais pour le moment rien n'infirme cette théorie. L'homo... potens? "L'homme qui peut", risque fort de devenir la norme d'ici peu. Enfin, d'un point de vue évolutionniste. Les naissances sont de plus en plus nombreuses, à mon avis; bien sûr, le gouvernement ne transmet pas les chiffres exacts des naissances... Et sans doute pour ne pas affoler la population.

-Bon, après, les citoyens sont pas tout blancs non plus... On s'en prend pas mal dans la gueule à cause de cette histoire de toxine. Enfin, entre autre. C'est la différence en générale qui leur fait peur.

Comme dans la plupart des cas d'ostracisme dans l'histoire de l'humanité. Seulement... En accéléré. C'est un peu comme un film de zombie, avec les zombies pour héros... Mortels pour l'humain, mais méritant tout de même de vivre? Je sais même pas si mon interlocuteur a la moindre notion scientifique, ou s'il est plutôt du genre à considérer les turnes comme une... manifestation divine ou quelque chose.
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Jeu 15 Aoû - 1:31

C’était pas si mal, cette analogie entre les turnes et les roses. Quoique, un peu pompeux. Mais au moins, on visualisait facilement l’argument.

- Je veux dire... Est-ce qu'on reproche au soleil de brûler, à l'azote de geler ou au dihydrogène d'exploser? C'est ce qu'ils sont, et ils remplissent leur rôle chacun à leur échelle. Bah, c'est pareil pour les turnes.

Je dirais même que c'est nous, les turnes, qui avons le mauvais rôle. Après tout, dans 50, 60 ans, il n'y aura probablement plus que nous...


- Ça fait sens. D’un autre côté, il est difficile de reprocher aux humains de vouloir vivre. La cohabitation semble compliquée tant que tout le monde est coincé sous ce dôme.

Elle venait d’utiliser le pronom “nous” pour parler des turnes. Sören avait clairement émis l’hypothèse que Skye était une Turne… c’était maintenant confirmé. Elle avait peut-être même deviné qu’elle s’adressait à un “confrère”... ce “nous” pouvait bien inclure Sören également.

- Bon, après, les citoyens sont pas tout blancs non plus... On s'en prend pas mal dans la gueule à cause de cette histoire de toxine. Enfin, entre autre. C'est la différence en générale qui leur fait peur.

Sören se contenta d’acquiescer. Même s’il ne connaissait finalement pas grand chose au sujet, son ressenti collait bien avec l’opinion de Skye. Il aurait aimé lui poser plus de questions… et même des questions très simples qu’un habitant de Central Point ne se poserait pas. Mais il allait passer pour un con, c’était sûr.

À moins qu’il ne crache le morceau une bonne fois pour toute. Tout le monde à la F.A.T.E lui avait déconseillé de le faire, mais c’était juste intenable. Vivre une vie normale en étant dans l’obligation de ne jamais évoquer son vécu, c’est impossible. Nos expériences personnelles nous construisent et toutes nos interactions sociales reposent sur ce socle. On n’invente pas 27 ans de vie en un claquement de doigt. Pour s’intégrer, il allait devoir se dévoiler tôt ou tard. Et attendre ne lui apporterait finalement pas grand chose. De plus, sa close de confidentialité ne couvrait pas tant d’informations que ça. Sören savait ce qu’il ne devait dire sous aucune condition. Pour le reste, il était libre.

- Écoute, je vais pas y aller par 4 chemins… c’est compliqué pour moi de discuter de… plus ou moins tout, sans évoquer d’autres choses qui vont te paraître étranges. Désolé, c’est pas très clair. Carrément pas clair, même. Mais je veux continuer à discuter de ça avec toi, vraiment.

Sören passait nerveusement sa main dans sa tignasse. Il ne voulait pas tout lui balancer comme ça, de but en blanc, en plein milieu d’un hall de cinéma. D’un côté, il ne voulait pas non plus passer pour le type louche tentant une technique de drague originale.

- Je te propose un truc. On sort d’ici, je te paye un verre dans le bar que tu veux, et on continue de discuter de ça, ok ? Promis, tu seras pas déçue.


“Tu seras pas déçue”... mais quel énorme loser. Sören avait tout fait pour éviter la confusion et que ça ne ressemble pas à une demande de rencard, et il avait fini sa phrase par “Tu seras pas déçue”. Il ne manquait plus que la salopette, un petit morceau de porn groove, un bon accent de l’Est et une bombasse dont l’évier fuit pour avoir la panoplie complète de l’intro de boulard des années 70.

Ne voulant pas finir sur une note si déplorable, Sören ne laissa même pas le temps à son interlocutrice de répondre et lui tendit la main, accompagnée d’un sourire gêné :

- Au fait, je m’appelle Sören.
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Jeu 15 Aoû - 3:12
- Ça fait sens. D’un autre côté, il est difficile de reprocher aux humains de vouloir vivre. La cohabitation semble compliquée tant que tout le monde est coincé sous ce dôme.

Une fois passée la barrière du doute, la fameuse question "est-ce que je m'adresse à quelqu'un du même côté de la barrière génétique que moi", cette question qui rythme toute la vie sociale de Central Point, la conversation allait un peu plus sereinement. Enfin, autant que possible avec un sujet plutôt... Épineux. Sans mauvais jeu de mot avec ma rose de tout à l'heure... Et, il a fait un bon résumé. Si on n'était pas bloqués sous un dôme, les turnes et les autres se seraient sûrement séparés dans deux locations géographiques différentes... Puis se seraient fait la guerre. A l'ancienne. Pas forcément le scénario rêvé non plus.

- Bon, après, les citoyens sont pas tout blancs non plus... On s'en prend pas mal dans la gueule à cause de cette histoire de toxine. Enfin, entre autre. C'est la différence en générale qui leur fait peur.

Il hoche la tête, mais il ne dit rien. Bizarre... Il me lance sur le sujet, et puis, plus rien? Il avait pourtant l'air intéressé. Si ça se trouve, je l'ai juste saoulé avec mon point de vue scientifique... S'il est comme Heidi et son point de vue assez hermétique sur l'Art, y'a complètement moyen qu'on s'entende pas du tout. Mais, d'un coup, il me lâche un truc étrange.

- Écoute, je vais pas y aller par 4 chemins… c’est compliqué pour moi de discuter de… plus ou moins tout, sans évoquer d’autres choses qui vont te paraître étranges. Désolé, c’est pas très clair. Carrément pas clair, même. Mais je veux continuer à discuter de ça avec toi, vraiment.

Okay, c'est un peu gênant. Je sais pas trop comment le prendre. Le premier truc qui me vient, c'est qu'il évite de parler de sa mutation. Peut-être qu'il lit dans les pensées où une connerie du genre... On n'a encore aucune idée de l'étendue que peuvent prendre les "améliorations" de l'homo potens. Et puis, je me dis qu'il a un crush sur moi, à cause de sa dernière phrase. Mais, rapidement, les évènements de la dernière manifestation me reviennent. Si ça se trouve, ce type a déjà tué quelqu'un.

Merde, reprends-toi, Skye. Tu fais ta parano. Il a l'air plus gêné qu'autre chose... Et puis, au pire, il a pas l'air super en forme. Tu te casses, ou tu te défends.

- Je te propose un truc. On sort d’ici, je te paye un verre dans le bar que tu veux, et on continue de discuter de ça, ok ? Promis, tu seras pas déçue.

Okay. Finalement, c'était bien le plan drague. Quelque part, je suis un peu soulagée, c'est moins pire que ma dernière idée. Tellement que j'ai envie de rigoler. La phrase est tellement maladroite, et colle tellement pas au perso... Il me rappelle ce perso du spin-off de Harry Potter, Newt. "Le visage tanné par les intempéries de ses voyages et un corps efflanqué, portant un vieux manteau"... Sans compter la tignasse rousse, la peau blanche et les taches de rousseur. Même son côté nerveux et sur le qui-vive auprès des autres humains colle complètement.

Devant mon sourire naissant, il ne me laisse pas le temps de répondre et me tends la main.

- Au fait, je m’appelle Sören.

-Moi, c'est Skye. On peut discuter dans un bar, mais à cette heure-ci, beaucoup risquent de nous refuser...

Bon, ça pourrit un peu l'ambiance, mais c'est vrai. Le couvre-feu est drastique depuis la manif. Les gérants des bars ne veulent pas s'attirer d'ennuis... Et nous non plus, ce serait dommage de tomber sur un flic un peu trop soupçonneux. Et puis, je me vois aussi mal le ramener à la coloc que d'aller chez lui. Enfin, on trouvera bien quelque chose... Et puis, ça me revient.

-Je connais peut-être un endroit... C'est plus un restau qu'un bar, mais tant qu'il y a de la bière...!
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Jeu 15 Aoû - 13:06

Elle venait de sourire ! Sören n’avait peut-être pas été si embarrassant que ça au final.

- Moi, c'est Skye. On peut discuter dans un bar, mais à cette heure-ci, beaucoup risquent de nous refuser…

Ah oui, le couvre-feu. C’était quand même le summum de la discrimination, ça. Qu’on ait peur des turnes à cause de la toxine, pourquoi pas… mais en quoi les empêcher de vivre après une certaine heure réglait quoi que ce soit au problème ? Soit c’était juste une mesure prise à la va vite pour flatter l’opinion publique, soit le gouvernement avait intérêt à attiser les tensions.

Quoi qu’il en soit, ça n’arrangeait pas nos deux cinéphiles. Mais pas question d’abandonner pour Sören. Il avait enfin trouver quelqu’un avec qui il se sentait suffisamment à l’aise pour évoquer son passé, il n’allait pas laisser un couvre feu ruiner ses plans.

- Je connais peut-être un endroit... C'est plus un restau qu'un bar, mais tant qu'il y a de la bière...!

- Va pour le restaurant. En plus, pour être honnête, j’ai super faim. La vitesse lumière, ça creuse.

L’opportunité d’un bon restaurant avec Skye ravissait Sören. Déjà, il avait faim. Mais plus que ça, c’était avant tout un soulagement d’avoir enfin osé faire un premier pas vers quelqu’un. Encore une fois, ça n’avait rien à voir avec le fait d’inviter une femme au resto. C’était simplement la preuve pour lui qu’il n’était pas complètement inapte aux relations sociales. Se sentir inadapté à la société, c’était en soit bien plus terrifiant qu’un couvre feu. Et puis être vigilant et anticiper le danger, c’est ce que Sören savait faire le mieux.

Sören suivit Sky en dehors du cinéma. Il prit soin d’attraper un flyer avec la programmation des prochains jours qui trônait sur le présentoir à l’entrée, le plia et le fourra dans sa poche. La porte automatique s’ouvrit sur la rue, relativement calme pour Central Point. Il se faisait tard, on était en semaine et les manifestations avaient marqué les esprits des plus craintifs. Tant mieux, Sören n’était pas très branché bain de foule.

- Je te suis !
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Jeu 15 Aoû - 13:55
Il n'avait pas l'air très au fait des mesures gouvernementales. Bizarre, pour un turne. Les ignorer, au sens littéral comme au sens de passer outre, c'est quand même s'exposer à de grosses, grosses emmerdes. En tout cas, ma proposition suffit à le convaincre... Vu là où je compte l'amener, je me demande comment il va s'y prendre, s'il cherche toujours à me draguer.

- Va pour le restaurant. En plus, pour être honnête, j’ai super faim. La vitesse lumière, ça creuse.

Il semblait tellement fier de m'avoir "invitée" au restau! Bon, c'est pas exactement comme ça que ça s'était passé, mais il me faisait penser aux élèves effacés du fond de la classe qui finissent, un jour, sans doute par une poussée incontrôlée de testostérone et d'adrénaline simultanée, par demander à Amber de sortir avec eux. Un cocktail hormonal redoutable, mais qui ne modifie pas la réalité pour autant; ceux qui ne s'étaient pas pris une veste avaient fini par débourser tous leurs bitcoins pour des repas, des cadeaux et des sorties, avant de se faire jeter.

Après qu'il ait attrapé un programme pour le fourrer dans sa poche, on sort du ciné. Il fait assez chaud, le soleil d'été a réchauffé l'intérieur du dôme toute la journée et on en sent encore les effets, malgré la pénombre qui était déjà tombée depuis un moment, les rayons du soleil perdus entre les immeubles. Il n'y avait pas grand monde. Pas très étonnant à cette heure, et compte tenu des circonstances.

- Je te suis !

L'endroit auquel je pensais n'était pas très loin du centre commercial. Quand tout le monde me saoule au NEST, ça m'arrive de me tirer pour aller manger là-bas. On pourra y aller à pied. Je regarde avant de traverser, un modèle récent de bagnole d'Athena ind. passe dans un vrombissement électrique. Il a dû se perdre, lui... Pas grand monde dans le quartier pour rouler là-dedans.

-Bon, je te promet pas du 4 étoiles, mais on devrait pas nous faire chier là-bas.

On passe devant un écran lumineux vantant les mérites d'un shampoing quelconque. On parle un moment des cheveux de Carrie Fisher, qui ont toujours tendance à me donner faim, mais le sujet change avant qu'on atteigne le moment gênant de sa relation houleuse avec le réalisateur. Encore deux rues à remonter, on baigne dans les lumières roses et bleues de néons des boutiques encore ouvertes, avant d'arriver à destination.

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