La première mission de Zack Nelvas, Garde du corps de Lexy Sanders

C’était un nouvel homme qui se présenta au 22 Anton Dusk : Zack Nelvas ne ressemblait plus à ce qu’il était avant.
Il avait échangé son manteau en cuir, son pantalon et ses bottes de rangers contre le fameux costume trois pièces. Bien que n’aimant pas ce genre de tenue, il devait s’avouer que la coupe était parfaite, lui laissant suffisamment de jeu pour effectuer quelques mouvements excentriques, mais que la tenue était agréable à portée.
Il avait également caché son regard derrière une paire de lunettes teintée. Mais ce n’était pas qu’une simple paire de lunettes.
Et dernier changement… Il s’était rasé l’intégralité du crâne et presque sa barbe, ne laissant qu’une fine ligne de poil autour de ses lèvres.

Zack Nelvas a écrit:

Nouvelle tête de Zack :

Ces changements finalisaient sa transformation, mais avant d’en arriver là, il avait fait d’autres choses.

Comme convenu, il avait posé sa démission auprès de son commissaire qui était déjà au courant en arrivant et l’avait laissé partir avec son équipement d’inspecteur, soit sa matraque, son pistolet et sa plaque.

Il était ensuite allé s’équiper, munis du « porte-feuille » mis à disposition par Mme. Sanders.
Par conséquent, il avait pu s’armer d’un Uzi, d’un gilet pare-balles en kevlar et de quelques éléments pour customiser son arme à feu de fonction, comme une visée laser.
Les derniers éléments obtenus, puisant dans le reste du porte-feuille et dans sa réserve personnelle avait été cette fameuse paire de lunettes, un brouilleur à très courte portée, permettant théoriquement de discuter sans être entendu par un quelconque objet, et une paire de gants en cuir dont les jointures étaient renforcées par un métal souple.

Puis il avait verrouillé sa planque, non sans avoir vendu les restes de son stock d’herbes et en gardant une partie pour lui.
Quant à ses journaux vocaux, il avait été les enfouir, quelque part dans la bordure.
La seule trace qu’il avait laissé, avait été laissée depuis sa première rencontre avec Lexy et seul deux personnes, lui compris, connaissait l’emplacement.

Tout était prêt pour que le combat des titans commence.



Zack lâcha sa clope finie sur le sol puis l’écrasa.
Il s’avança dans le bâtiment, non sans jeter un regard au portier et en désignant du doigt sa moto qui était sur le trottoir.
Puis il mima, de ses doigts, un geste de surveillance.

- Si j’retrouve une seule éraflure, je t’en tiens comme responsable, alors gaffe. T’aimerais pas.

Avertissement donné, il donna également un pourboire puis entra.

Il s’approcha de la réception, remarquant que la femme qui y travaillait était la même que la dernière fois.
Après de rapide présentation, elle comprit qui lui faisait face et appela le domicile de Mme Lexy Sanders pour la prévenir de son arrivé. Le tout, sans le quitter d’un regard, le dévorant.
Zack la remercia et se dirigea vers l’ascenseur, avant de faire demi-tour et de proposer à la jeune femme d’aller boire un verre, quelque part, un de ces jours.

Devant les portes de l’ascenseur, il attendit quelques secondes.
Les portes s’ouvrent et les deux gardes du corps étaient déjà là.

« Bienvenue dans le club des plantes vertes », lâcha l’un.
« On espère que tu t’y plairas », enchérit le second.

- Le jour où j’aurai les pieds en terre, ça sera à travers un cercueil les gars.

Ils sourirent, sachant pertinemment que ça pouvait arriver plus vite qu’on ne le croyait.

70ème étage, les portes s’ouvrirent de nouveau.
Encore une fois, Zack faisait face à ce long couloir remplis des gardes du corps.

- J’connais le chemin.

Lâcha-t-il en saluant les deux types.

Il toqua à la porte des appartements de Miss Sanders et attendit que le majordome vienne lui ouvrir.

Le message demandait d’être là à 20h00, il était 19h55.
C’était son premier jour, autant ne pas être en retard.

- Salut l’ami, je viens prendre mon service.

Le majordome venait de lui ouvrir et l’invita à entrer.

Je n’arrête pas de sourire en plongeant mon regard à travers l’immense baie vitrée. Le message venait d’être envoyé et j’attendais patiemment la venue de l’ancien inspecteur Nelvas. Habillée d’une combinaison à épaules nues, noir, je me délecte de mon vin rouge, grand cru de ma cave personnelle.

-Vous avez l’air de bonne humeur mademoiselle.

Je me mets à rire suite au constat de mon majordome.

-Bien entendu, je vais enfin pouvoir tester la marchandise que j’ai acquise.

Monsieur Nelvas, j’espère que vous serez à la hauteur de mes attentes. Un sourire sadique anime l’espace d’un instant mes douces lèvres. Cette soirée risque d’être palpitante, je me demande sur qui je vais tomber cette fois. Un nouveau rire m’échappe. Cette signature tant attendu va finalement se faire ce soir et je dois remercier mon père de m’avoir confié une telle responsabilité. Tout devrait bien se passer, selon ses dires et sa demande d’escorte à tous les gardes du corps présents le couloir. Non, il ne m’en faut qu’un seul, appelons cela un baptême façon Sanders.

-Vous devriez vous méfier de votre père et ce Nelvas, je ne lui fais pas confiance. Je pourrai vous accompagner également ?

-Ai-je réellement besoin de répondre à tout cela ?

Non et il le sait, il connait déjà ma réponse et ce que je pense de cette situation. Je n’ai pas confiance en ce colosse, je n’ai confiance en personne d’ailleurs. Mais je me dois de voir les limites de ce gorille. Peut-être que cette curiosité malsaine causera ma mort, mais je ne serais pas la seule à mourir dans ce cas. Un rire sadique s’échappe d’entre mes lèvres alors que je reprends une gorgée de ce délicieux breuvage. Concernant mon père, je ne me fais pas de réels soucis. Tant que la signature est faite, il n’aura rien à redire. Je prends place sur le canapé, près de mon fidèle Batman. Le chien vient poser sa tête sur mes jambes, se laissant bercer par les douces caresses sur tête. Une sonnerie retentie dans l’appartement, le voilà enfin. Taylor attend patiemment son arrivée avant d’ouvrir la porte pour l’accueillir.

- Salut l’ami, je viens prendre mon service.

L’ami ? J’étouffe un petit rire alors que mon majordome relève un sourcil face à ce mot. Il reprend très vite son professionnalisme, saluant à son tour le nouvel arrivant avant de refermer la porte et le conduire jusqu’à moi. Je dépose mon verre sur la table basse avant de m’allumer une cigarette, fixant dans les yeux le brun qui vient d’entrer dans la pièce.

-Bonsoir monsieur Nelvas, prenez place, je vous en prie.

Mon chien relève instinctivement la tête en entendant les pas de l’homme et sentant cette nouvelle odeur dans la pièce. Puis sans broncher, il la repose sur mes genoux. Ce n’est pas un turne, il restera sage pour le moment. Par contre, il a vraiment fait un effort sur sa tenue, on ne dirait plus le même homme... Je trouve cela amusant, quelle transformation. Je fais signe à Taylor d’aller chercher la carte de la ville, quelques secondes après la voilà dépliée sur la table basse. Je recrache lentement la fumée cancérigène, reprenant toujours calmement.

-Vous désirez boire quelque chose avant les choses sérieuses ?

Il n’est pas autorisé de boire pendant ses heures de travail ? Je suis la patronne, le dernier mot me revient. Je dois dire que c’est assez jouissif de faire comme bon nous semble. Au final, je crois que c’est ce que je fais depuis ma naissance.

En voyant le haussement de sourcil du majordome, Zack ne pu s’empecher de sourire. Le type repris rapidement son « masque » avant de le faire pénétrer, et de le guider, jusqu’au salon où l’attendait Miss Dôme et… Un gros miaou ?

-Bonsoir monsieur Nelvas, prenez place, je vous en prie.

Ce fût au tour de Zack de hausser un sourcil en voyant la bestiole. Celle-ci ne lui exprima un vague intérêt, le regardant rapidement avant de reposer sa tête sur la cuisse de sa maîtresse.
Bah alors mon beau ? Même pas un p’tit bonjour ou un p’tit grognement ? Même l’autre chien est plus froid et plus méfiant à mon égard ? Vous vous complétez, c’est ça ? Reste à savoir ce que toi… Tu gères.

Zack s’assied lourdement sur le canapé, tandis que le majordome va, apparemment, chercher une carte.

- Bonjour Patronne. Brave bête que vous avez-là, c’est quoi du coup ?

Il avait sorti son paquet de clopes et s’en était allumé une.

- Le costard m’a surpris, il est plus agréable à porter que ce que je pensais. J’ai bien reçu la moto, elle est top. Et j’ai eu une licence de détective pour ce dont nous avions parlé. Concernant l’armement, j’ai pu m’équiper suffisamment avec votre porte-feuille.

Il passa sa main à l’intérieur de sa veste et en ressortit une facture papier qu’il déposa sur la table.

- Vous voulez que je vous la laisse ?

Le majordome revint alors avec la carte, qu’il déposa sur la table.

-Vous désirez boire quelque chose avant les choses sérieuses ?

Zack prit une nouvelle bouffée, tout en regardant Lexy dans les yeux.

- Après le boulot… J’vous écoute.

Mon corps s’enfonce un peu plus dans le canapé lorsque ce gorille dépose son fessier. Cet individu est d’une délicatesse effroyable…

- Bonjour Patronne. Brave bête que vous avez-là, c’est quoi du coup ?

-Un simple chien.

Je lui réponds avec un joli sourire. C’est vrai que le corps de Batman a subi de multiples mutations anatomiques, cependant, il reste dans l’espèce des canis lupus. Cet animal reste la seule aberration génétique que je peux tolérer, pour le moment du moins. Je relâche lentement la fumée de ma cigarette alors qu’il me raconte sa vie en finissant par déposer une facture sur la table. Est-ce que j’en ai quelque chose à faire ? Je la décale sur un coin de la table alors que la carte vient recouvrir en grande partie la table basse.

-Je suis contente que votre tenue de travail vous plaise.

Une voix douce, comme toujours, mais très honnêtement, même si son costume ne lui plaisait pas, il aurait dû s’y faire. Je suis déjà bien trop aimable avec cet homme, n’est-ce pas ? Après qu’il décline le verre gentiment proposé, je demande à mon majordome de remplir le mien à nouveau. Je me délecte de ce délicieux vin, me penchant légèrement pour attraper un crayon sur la table et entourer un premier immeuble sur la carte.

-Nous sommes ici. Et nous devons aller…

Mon verre retrouve la table et ma cigarette, mes lèvres.

-Là.

Un nouveau tracé venait d’apparaitre sur la carte. Une résidence au plein milieu du district B-7. NAO Cybernetics ne souhaitait pas que cette affaire de contrat s’ébruite entre eux et nous, ils ont donc préféré que la signature se fasse dans la banlieue au lieu du département scientifique ou bien de la ceinture centrale. La banlieue étant évitée par les grandes entreprises, ils voulaient s’assurer que personne ne sache que le client de Sanders Company pour ce contrat, soit eux. Moins les gens savent, moins il y a de problèmes, n’est-ce pas ? Seulement, mon père a énormément parlé de ce contrat pour dégoter la perle rare qui le signera. NAO Cybernetics a réussi à faire profil bas, cependant, les gens savent que l’on va signer aujourd’hui, nous, les Sanders. La fumée remplie mes poumons à nouveau. Beaucoup vont chercher à nous barrer la route pour éviter cette signature, il y en sûrement déjà juste en bas de l’hôtel, à attendre ma sortie. Tout cela est si palpitant. Je dépose mon crayon.

-J’aimerai pouvoir tracer notre itinéraire convenablement mais…c’est impossible.

J’expulse lentement la fumée cancérigène, plongeant mes océans dans les yeux du brun.

-Ils vont tout faire pour empêcher le contrat de se faire. Et quand je dis « ils », je ne sais même pas qui ou combien ils vont être.

J’ai ma petite idée sur la question mais ce n’est que pure supposition, rien de fondé. La seule chose qui est sûre, c’est que cette première mission ne sera pas de tout repos pour ce cher monsieur Nelvas. Je reste calme, malgré un scénario incertain qui risquait d’arriver.

-J’espère que vous êtes en forme, nous sommes loin d’être couchés ce soir. Je compte sur votre protection monsieur Nelvas.

Mon dos parfaitement caler sur le dossier du canapé, les jambes croisées, je termine lentement mon verre. Je ne vais pas gâcher une seule goutte de ce grand cru, tout de même.

-Un simple chien.

Répondu du tac au tac, affichant un léger sourire.
Je crois que Zack pouvait la nominer pour l'oscar du "meilleur foutage de gueule"... Mais passons.

- Ah ok. Belle bête en tout cas.

La carte posée sur la table, il la regardait griffonner ses trucs tout en buvant et en fumant. Cela lui donna l'envie d'allumer une cigarette, ce qu'il fît sans attendre.

-Nous sommes ici.

Oui, je sais merci.

- Et nous devons aller… Là.

L'air sombre, Zack regardait la destination... B-7... De l'autre côté.

-J’aimerai pouvoir tracer notre itinéraire convenablement mais…c’est impossible. Ils vont tout faire pour empêcher le contrat de se faire. Et quand je dis « ils », je ne sais même pas qui ou combien ils vont être. J’espère que vous êtes en forme, nous sommes loin d’être couchés ce soir. Je compte sur votre protection monsieur Nelvas.

Le colosse tira une latte sur sa cigarette, qui paraissait toute petite entre ses doigts.

- Pour passer de l'autre côté, ça ira. Dans la ceinture centrale, ils devraient rien tenter.

Ou ça serait très inquiétant.
S'attaquer au Sanders, en plein jour, c'était à la limite du suicidaire.

- La banlieue, ça reste risqué mais j'pense pas qu'ils attaquent comme ça. Ils vont ptête essayer de nous rabattre dans la bordure. Là, ça sera plus calme pour faire leurs trucs.

La destination n'était d'ailleurs pas si éloignée, mais ce n'était pas vraiment un problème pour Zack qui connaissait bien ces zones.

- Le plus simple, c'est de passer par le sud de la ceinture. On va dire ça à votre chauffeur.

Un léger sourire en coin apparaissait sur le faciès du colosse tandis qu'un plan se formait dans son esprit.
Ça n'éviterait pas tous les dangers mais ça pouvait temporiser l'attaque. Avec un peu de chance, ça fera assez effet pour qu'ils se rendent à destination sans encombre...

- On va les appâter avec votre voiture habituelle.

Il prit le crayon entre ses mains et commença à dessiner un trajet qui passait par la ceinture centrale, pour ensuite se diriger en C-6, vers le centre commercial.
Puis, il entama un nouveau tracé, partant vers le nord.

- nous on fera le trajet en passant par la partie nord de la ceinture, puis on passe par la zone C-8, on s'approche suffisamment pour longer la D-8 jusqu'à s'enfoncer légèrement dans la D-7. Pour remonter ensuite en C-7.

Tout en parlant, il avait effectué le tracé. Ceci fait, il posa le crayon tout en fixant la patronne du regard.


- On prendra la moto. On donne le top départ à votre chauffeur et on part... Après. Ca s'rait encore mieux avec une silhouette qui vous ressemble... La réceptionniste ?

Il avait lâché ça de but en blanc. Les deux femmes faisaient à peu près la même taille. Pour le reste, elle ne se ressemblait pas vraiment mais il suffisait d'un chapeau et de quelques gardes du corps qui bloqueraient la vue.

Le colosse avait bien conscience que cet appât pouvait mener les deux membres du personnel à la mort. Si les types arrivaient à leur mettre la main dessus et à comprendre la supercherie, ils pouvaient très bien décider de les tuer.
Est-ce que Zack culpabilisait ? Non.
Les enjeux étaient plus grands et plus importants.

Zack aurait très bien pu faire en sorte de faire capoter l'enlèvement et de tuer Miss Sanders durant le trajet, et lui par la même occasion.
Pourtant, ça ne lui passait même pas à travers l'esprit... Déjà parce qu'il était pas totalement sûr qu'elle soit le monstre qu'il pensait qu'elle était. Mais la raison principale était... Le jeu.
Si tout ce qu'il pensait était véridique, tout ce qu'il se passait entre eux deux était un putain de jeu. Un duel, à la David et Goliath, et pour une fois ce n'était pas Zack le goliath.
Et ça, ça excitait à fond Zack qu'il ne se rendait même pas compte que tout pouvait être plus simple.

- Pour passer de l'autre côté, ça ira. Dans la ceinture centrale, ils devraient rien tenter.

En effet, ils ne feront rien. Le gouvernement s’y trouve et toute personne à minimum sensée ne peut se permettre de s’exposer là-bas. Le gouvernement reste le maitre de cette ville malgré les grands noms qui la peuplent. D’où sa position au point central de la ville. Il n’y a jamais de débordement au centre puisque tout le monde craint les représailles du gouvernement.

- La banlieue, ça reste risqué mais j'pense pas qu'ils attaquent comme ça. Ils vont ptête essayer de nous rabattre dans la bordure. Là, ça sera plus calme pour faire leurs trucs.

-C’est possible, effectivement.

Je dois bien avouer que le raisonnement de ce chien galeux est intéressant. Il sait ce qu’il fait et j’apprécie son investissement dans cette affaire. Est-ce le costume qui a changé cet homme qui me rebutait tant ?

- Le plus simple, c'est de passer par le sud de la ceinture. On va dire ça à votre chauffeur. On va les appâter avec votre voiture habituelle.

Un appât ? Classique comme démarche mais cela pourrait nous éviter pas mal de problème, ou du moins, ralentir leur échéance. Je regarde attentivement les tracés qu’ils dessinent sur la carte ainsi que les explications qui les accompagnent. Très intéressant tout cela, vraiment. Son regard vient rencontrer le mien à nouveau, alors que mon verre vide retrouve la table basse.

- On prendra la moto. On donne le top départ à votre chauffeur et on part... Après. Ca s'rait encore mieux avec une silhouette qui vous ressemble... La réceptionniste ?

Il veut mêler les employés de l’immeuble à tout ceci ? N’est-ce pas un peu dangereux ? Je rigole intérieurement. Bien sûr que ça l’est, mais il semble en avoir conscience. Où est passé l’inspecteur qui se soucis des innocents ? En l’espace d’un instant, tout est devenu de plus en plus palpitant. Une nouvelle pièce théâtrale en perspective ? Non, à ce niveau-là, c’est devenu un film qui mérite un oscar !

-Je…je n’aime pas l’idée de mettre des personnes en danger…

Ma voix était légèrement triste. En ai-je réellement quelque chose à faire de la réceptionniste ? Elle exécute son travail avec professionnalisme et ne m’a jamais manquée de respect. C’est embêtant à remplacer ce genre de personne mais pas infaisable. Conclusion, cette pièce n’est qu’un simple pion sans envergure. Je serre le poing, comme si toute cette histoire me touchait mais que je me résignais.

-Mais malheureusement, c’est la meilleure option qui s’offre à nous. Je vais m’assurer qu’elle soit en sécurité avec les gardes postés dans le couloir.

Je tire longuement sur ma cigarette, avant de reprendre calmement, laissant la tristesse de côté et retrouvant mon professionnalisme habituel.

-Quatre hommes devraient suffire pour l’escorter en dehors de l’hôtel et cacher chaque angle de sa personne afin d’éviter que la mascarade soit directement repérée. Lorsqu’elle entrera dans la voiture, elle sera entourée d’un garde à sa droite puis un à sa gauche. Le siège passager restera vide, les agresseurs pourront alors apercevoir seulement mon chauffeur et devront alors arrêter le véhicule s’ils désirent s’entretenir avec « Lexy Sanders ». Cela nous permettra alors de gagner encore du temps supplémentaire.

C’est une vraie stratégie qui se met en place en ce moment. Je ne sais pas si tout va se passer comme prévu mais c’est cette incertitude qui rend la chose si palpitante. Si on se fait coincer, la probabilité que je perde la vie ne dépasse pas les 2,3%, par contre, pour monsieur Nelvas… S’ils m’attrapent, je leur servirai de monnaie d’échange, je n’en sortirai sûrement pas indemne mais je ne mourrai pas non plus. De toute façon, nous allons réussir, ce film sera un chef d’œuvre.

-Taylor, prévenez mon chauffeur, la bugatti rouge, en bas devant l’entrée dans 15 minutes. Et faites part de ce plan à mademoiselle Meyer ainsi qu’à quatre gardes du couloir choisis pour vos soins. Prenez la robe noire dans mon dressing pour elle, ainsi qu’un grand chapeau pour cacher ses cheveux.

Mon majordome acquiesce de la tête puis s’en va à la tâche sans un mot. Très bien, le chronomètre est en marche, 15 minutes pour tout mettre en place. Est-ce suffisant ? Mes employés comprennent assez rapidement et il n’y a rien de très compliqué. J’ai prévu assez de temps pour nous rendre au lieu de rendez-vous, nous arriverons, j’espère, même en avance. Nos devrions partir avant 21h et la signature est programmée pour 22h15. Mes yeux reviennent fixer ceux du brun.

-Nous avons un peu plus d’une heure. Dépasser ce délai, je doute que mon client accepte le contrat, la patience n’est pas son fort…

Je me relève lentement, laissant mon chien se redresser également pour retrouver le sol après un large bâillement, exposant sa dentition acérée. La bête suit mes pas jusqu’à la baie vitrée derrière le brun, il s’assoit à mes pieds alors que mon regard se perd dans la vue que m’offre cette immense plaque de verre.

-Ce contrat a pour but d’aider cette ville, l’échec n’est pas une option.

Ma cigarette se consume à nouveau.

La proposition de faire un leurre à partir de la réceptionniste, afin de couvrir le trajet de Miss Dôme ne semblait pas être plaisante.

-Je…je n’aime pas l’idée de mettre des personnes en danger…

Oui, "ne semblait pas". Enfin, ce n'est pas qu'elle ne semblait pas. Zack se rendait bien compte qu'elle jouait merveilleusement bien la comédie.
Ce qui la mettait en défaut, ce n'était pas son jeu d'"actrice", mais la cohérence quant à son discours.
Zack en avait une preuve, plantée proche de son coeur, prête à le tuer s'il échouait dans sa mission et qu'elle mourrait.
Mais voilà que maintenant, elle n'aimait pas mettre des personnes en danger.
Ce manque de cohérence te perdra... Et personne ne s'est rendu compte de ce que t'es ? Vraiment ? Où sont-ils tous mort... ?

-Mais malheureusement, c’est la meilleure option qui s’offre à nous. Je vais m’assurer qu’elle soit en sécurité avec les gardes postés dans le couloir.

Ajouter des gardes du corps, en voilà une bonne idée.
A voir s'ils survivraient à la confrontation, ça donnerait à Zack une idée de ce qu'ils valaient.
Ouais, le colosse doutait peu de lui...
Ptête que les types étaient des professionnels ayant reçu un entrainement particulier et tout le tintouin, tandis que Zack était qu'un bête flic.
Mais la bordure... Ca l'avait forgé à donf, même si son ancienne psy lui avait plutôt dit que ça l'avait rendu fou, mais ça... Question de point de vue, pas vrai ?
Il n'empêche que Zack était ptête pas aussi bon tireur ou qu'il avait ptête pleins de trucs moins bien qu'eux. C'était clairement pas déconnant de le penser.
Mais Zack, c'était une pute, à tous niveaux. Fort, fourbe et rusé.
Il ne serait pas capable de bien viser à longue portée, par contre à moyenne portée, il touchait sa bille... Quant à la courte portée, voire le corps-à-corps, il fallait mieux éviter de le chercher.

Pendant que Lexy prenait les choses en main, Zack s'alluma une nouvelle clope, enchainant sur celle qu'il venait de finir.
Il ouvrit alors sa veste et en sortit le matériel acheté, vérifiant que le pistolet et le pistolet-mitrailleur soient bien chargés, jouant avec la sécurité, vérifiant que rien ne bloquait le chien, et que les divers chargeurs, planqués sous sa veste, coulissait bien dans leur emplacement afin d'optimiser au maximum le rechargement.

-Nous avons un peu plus d’une heure. Dépasser ce délai, je doute que mon client accepte le contrat, la patience n’est pas son fort…

Il fallait au moins ça, vu le détour qu'ils allaient se taper.
Ca serait assez short, encore plus s'il y avait une attaque.

- Dès qu'ils sont partis, on attend quelques minutes et on s'met en route. J'espère que vous avez pas peur de la vitesse.

Sur la route, c'était un vrai taré.
Heidi avait pu le constater, mais là, ça serait pire. S'il accrochait pas des flics pendant son trajet, ça serait un miracle.
Zack fixait allègrement Lexy, de haut en bas. On pourrait presque croire qu'il la mattait.

- Z'avez prévu une tenue de rechange au cas où ? Histoire que vous arriviez tout bien là-bas ?

Et ouais... Ca serait regrettable qu'elle arrive là-bas avec des tâches sur ses beaux habits et tout. C'était pas n'importe qui, c'était Lexy Sanders. Fallait bien conserver son image.
Alors ? Il est pas top ce garde du corps ?

Ceci fait, il attendrait le départ de l'appât, regardant discrètement à travers la fenêtre pour voir si l'appât accrochait.
La bucatti partie, une voiture noire se mit à la suivre.

- Bingo.

Le prédateur était ferré... Fallait passer entre les mailles, maintenant.

- En route, Patronne.


Il se dirigea alors vers la sortie.

En passant devant la réception, vide, Zack souhaita ouvertement un "Bon courage."
Cynique ? Oui.

- Dès qu'ils sont partis, on attend quelques minutes et on s'met en route. J'espère que vous avez pas peur de la vitesse.

Peur de la vitesse ? Quelle drôle d’idée.

-Quand j’étais plus jeune, mon père m’emmenait généralement avec lui en moto. La vitesse ne m’effraie pas.

Il n’y a pas grand-chose dans ce monde qui m’effraie à vrai dire. Mon père m’a appris à affronter la vitesse, il a toujours aimé repousser mes limites pour me faire devenir la femme que je suis aujourd’hui. Cette idée de monter en moto avec lui n’enchantait pas vraiment ma mère, mais bon, nous avons fait avec. J’éteins ma cigarette dans le cendrier présent sur la table basse, après une dernière bouffée.

- Z'avez prévu une tenue de rechange au cas où ? Histoire que vous arriviez tout bien là-bas ?

Il doit conduire comme un véritable taré pour me demander une chose pareille. Soit, je dois me vêtir en conséquence. Je me dirige vers ma chambre, mon chien restant planté devant la baie vitrée. J’enlève mon tissu de marque, enfilant une combinaison en cuire faite pour la moto. Dans un sac, je range ma tenue précédente ainsi que mes talons hauts. M’équipant d’un casque à la visière teintée, je rejoins le salon, une fois apprêtée pour la route. Ma voiture luxueuse venait de quitter l’immeuble, quelques secondes plus tard, une autre voiture la suit. Ce véhicule noir… Un sourire sadique m’anime intérieurement. Faire intervenir les mafieux pour empêcher ce contrat, ils ont mis de gros moyens en place, n’est-ce pas ? Pauvre petite réceptionniste, vous allez être pas mal secouée ce soir. J’espère que les gardes du corps de mon père sauront gérer cette situation. Au pire des cas, je devrais me résigner à trouver un nouveau chauffeur ainsi qu’une nouvelle dame pour assurer l’accueil de l’immeuble. Quelle tristesse. L’ancien inspecteur avait vu juste, l’appât marche à merveille.

- En route, Patronne.

-Oui, ne perdons pas de temps.

Je rabats la visière, habillée ainsi, ça devrait nous faire gagner encore un peu de temps avant que les ennemis ne nous repèrent. Je suis le colosse sans plus tarder, le sourire sadique apparent sur mon visage lors de sa réplique à la réception maintenant vide. Mon casque permet de dissimuler ma vraie personnalité, je dois bien avouer que tout ceci est amusant.

Zack s'assura du bon état de sa moto en y arrivant.
Constatant que tout était ok, il leva le pouce en direction du concierge avant de commencer à s'équiper de son manteau, de son casque et de ses gants, effectuant ces gestes rapidement et sans anicroches.

La voiture noire, cela faisait penser à la Mafia.
S'ils avaient effectivement été engagés pour cette mission, ça allait se compliquer, notamment par l'entrée d'un nouveau camp dans la partie : les flics.
Certains étaient des ripoux, comme lui, d'autres étaient des corrompus... Et c'était peut-être les pires.
Plus de raison de s'accrocher à leur "nonos", ainsi que plus de "moyens" en quelque sorte. En sachant que s'attaquer à l'un, c'était s'attaquer à tout un réseau.
On avait proposé à Zack, de rejoindre le dit-réseau, mais il avait refusé. Néanmoins, il lui était arrivé, parfois, de leur rendre service.
Pas trop le choix quand on était de la bordure.
Restait quand même à savoir s'ils mettraient des flics sur l'affaire ou non, en sachant que s'ils étaient découvert... Y aurait de sacrées retombées.

- J'espère que les flics vont pas s'en mêler, ça sera un vrai carnage.

Il finit d'accrocher son casque avant d'inviter Lexy à prendre place derrière lui et à l'entourer au niveau des hanches.

- Remarque, ça sera un effet kiss cool du contrat : parce que ça aussi, ça ferait du bien à la ville, un p'tit nettoyage.

Il partit dans un grand éclat de rires et démarra l'engin.

Par pur plaisir, il lança une musique qu'il chantonna, de sa voix grave.



Suite du RP