Retour à l'appart

Je suis crevée. Je suis sortie au début de la nuit, j'ai marché des heures au pif, je suis tombée sur un espèce de maître de karaté errant et je me suis battue toute la nuit avec lui avant de rentrer à l'appartement. Au moins, j'ai pu extériorisé le plus gros de ma colère en sortant. Même si le retour pieds nus au petit matin n'était pas le meilleur moyen de reposer ce qui me reste de voûte plantaire... En plus, tout le monde me regardait bizarrement. Quoi, c'est pas si grave de marcher pieds nus? Bande de connards. j'ai fini le joint en route, ça m'a permis de pas trop ressentir la fatigue. Ou la douleur. Je suis cassée de partout...

Quand je pense que tout ça, c'est la faute de Mr. Edgeworth et de ce putain de boulot en groupe. Rien que d'y repenser, j'ai à nouveau des envies de cogner quelque chose. Je tourne la clé dans la porte. Tout est comme je l'ai laissé... Il est encore tôt. Et je ne m'attendais pas vraiment à ce qu'elle rentre rapidement, elle a du coucher dehors. Enfin... Façon de parler.

Je défonce un truc qui traînait sur un meuble à l'entrée. La petite figurine tombe au sol, la tête séparée du corps. Un truc de jeu vidéos. Je regarde la console... Et la soirée me revient en tête. Et si je défonçais la console? Bah. Ca me ferait autant de mal qu'à elle. Voire plus, apparemment, elle a des priorités qui passent au-dessus de ça.

Je suis dégueulasse, et je pue. Je décide d'aller prendre une douche, je laisse toutes mes fringues dans l'entrée. Tiens... Fais chier, il y a du sang sur le T-shirt. C'était pour ça, ces regards étranges dans la rue... Une fois nue, je remarque aussi que j'ai pas mal de bleus, partout sur le corps. J'appuie dessus, machinalement. Ça fait pas aussi mal que ce que j'aurais pensé. En faisant couler l'eau, j'ai l'impression de renaître... Je reste deux bonnes minutes sans bouger, à laisser ruisseler l'eau sur ma peau et réchauffer mes bleus et mes contusions. Ce mec... Zack, il n'y est pas allé de main morte. Ça pourrait être une bonne façon de passer un ou deux soirs de la semaine, m'entraîner...

Je passe énormément de temps dans la salle de bains. Il y a pas mal de produits, à nous deux. On n'utilise pas les mêmes. Enfin, pas tous; je lui ai déjà pris son après-shampoing et je suis sûre qu'elle fait pareil avec certaines de mes affaires. Après tout, on a déjà échangé des fringues. L'eau me fait vraiment du bien. Ça vide la tête... Je pense plus du tout à mes problèmes, pour le moment. Bon, du coup, je sais toujours pas ce que je ferai quand elle rentrera. Mais... Mon cœur balance entre déception, indifférence et pardon.

Mes cheveux étaient dégueulasses. J'aime bien leurs reflets bleutés, pourtant... Et puis, c'est raccord avec les hématomes, pour le coup. Je sens que je vais douiller pendant quelques jours... En plus, on a cours aujourd'hui. Enfin propre, je finis par sortir de la douche. Mes cheveux sont encore trempés. Je passe la main en dessous, sur mon tatouage, sur ma nuque. Maintenant que je sens bon, je me rends compte que c'est l'appart qui pue, tout est resté en vrac... Pizzas, bières, clopes... Je reste un moment, à poil devant la table du salon, et puis... Merde. J'ai pas la foi de ranger tout ça maintenant... Je vais chercher de quoi m'habiller dans la chambre.

L'avant avec Heidi

Je baille en marchant, je marche en baillant, ça n’arrête pas. Mes pas sont lents mais connaissent parfaitement le chemin pour aller à l’appart. J’aurai pu prendre le bus ou le métro, ça aurait été plus vite. M’ouais, prendre l’air c’est cool aussi.

Après pas mal de minutes de marche matinale, me voilà enfin devant la porte de mon domicile. Est-elle là ? Comment va-t-elle réagir en me voyant ? Ai-je encore des vêtements ou les a-t-elle tous brûlés ? Je soupire. Ça serait mérité après tout, non ? Bon je suis conne ou quoi, on s’en fout putain, ça se trouve qu’elle n’est pas là ! Par contre si elle est pas là, ça serait con parce que j’ai pas mes clés ! Je soupire une nouvelle fois. Penser avant d’agir, ça t’arrive des fois Kelya ?!

J’enclenche la poignée, la porte n’était pas fermée à clé. Un oubli de ma coloc ? Ou ça veut dire qu’elle est là ?! Je redécouvre le décor de l’appartement, ça pu clairement la soirée entre les vapeurs d’alcool et l’odeur de clope mélangée à la pizza… Qu’est-ce que… ? Les habits présents à l’entrée m’indiquent très clairement que Skye est rentrée. Est-elle encore ici ? J’entends du bruit dans la chambre, elle est bien là. Bon, évitons de chercher la merde, hein. Mon paquet de clope présent sur la table basse me fait clairement de l’œil, il m’attire à lui tel un aimant. Allez go, petite clope, ça me fera du bien. J’allume une dose de nicotine sans tarder, remerciant le bon dieu d’en avoir encore dans mon paquet. C’est plutôt rare d’ailleurs, d’habitude sa fuse en soirée. Bref, j’en peux plus de voir cette table remplie de merde, un peu de ménage et basta ! En vrai, c’est juste parce que mon sac de cours est dans la chambre et je préfère éviter le regard de la brunette pour le moment.

-Quel bordel…

Je rassemble les cadavres de bières, les entassant dans leur cartons vides, rangeant les bouteilles détenant encore du liquide dans leur placard ou le frigo selon ce qu’elles contiennent. Je vide les cendriers dans la benne, puis je m’attaque aux cartons des pizzas, jetant les restes à la poubelle avant d’ouvrir les fenêtres pour aérer la pièce. Je saisie l’éponge près du lavabo pour commencer le décrassage de la table maintenant vide.

-Putain, c’est vraiment dégueu…

Je grimace lorsque l’éponge colle sur les tâches présentes du meuble. C’est de ma faute aussi à faire tomber de la bière partout là ! Je tire longuement sur ma clope, prenant garde de ne pas foutre de la cendre partout. Il manquerait plus que ça.

Un T-shirt et une culotte propres, enfin. Je reste assise sur le lit un moment. Je regarde mon sac de cours, à côté du sien. Ça fait pas longtemps que je suis là, mais... Je m'y plaisais, dans cet appart. Mon quotidien avec elle. Peut-être que je me suis emballée... Peut-être qu'après tout, ça voulait dire que dalle pour elle.

Mon quotidien avant, c'était les cours et les piges dans un magazine. Mon quotidien maintenant, c'est les piges, les cours, les soirées, les compétitions aux jeux vidéos... Mais bon, ça fait sans doute pas le poids face à son quotidien à elle. Je tourne la tête vers le miroir. Mes cheveux tombent sur mes épaules en ondulant. En séchant, ils ont retrouvé leur brillant. Et ma peau me tire un peu, ça fait mal sur les bleus... Pourquoi j'ai ce regard? La meuf dans le miroir, je l'ai jamais vue avant. Bordel. Je suis jalouse. Je déteste ça... Non, je suis pas jalouse.

Je me lève, et j'enfile un jean troué. Si j'avais un nouveau boulot, je pourrais peut-être...

La porte d'entrée s'ouvre. Je comprends immédiatement ce que ça veut dire; elle est rentrée. Je retiens mon souffle, j'essaye de savoir ce qu'elle fait, et de réfléchir à ce que je lui répondrai. Qu'est-ce qu'elle va dire...? J'attends qu'elle entre. J'entends ses pas... Puis le briquet. Elle s'est allumé une clope. Elle jure devant le bordel du salon... Et puis, le bruit des bières. Elle est en train de faire... Le ménage? Je l'entends. la cuisine, les fenêtres, les poubelles...

Putain, elle est en train de faire le ménage au lieu de venir me parler?

Je sens une décharge d'adrénaline pulser dans mon cerveau et faire réagir mes muscles. Mon bras se contracte en même temps qu'arrive l'envie de détruire quelque chose. Ça ne dure qu'une fraction de seconde... Et juste après, j'ai juste le coeur qui se serre. Je ramasse mon sac et le jette sur mon épaule. J'enfile mes pompes... Et je sors de la chambre.

Elle est à quatre pattes, en train de passer l'éponge sur la table. Elle a pas l'air hyper fraîche J'arrive du couloir, dans l'embrasure de la porte, et je la regarde, mon sac sur l'épaule. Je ne sais pas ce qu'elle voit dans mes yeux, si c'est de la déception, de la colère, de l'attente... Il y a aussi un peu d'envie de l'embrasser, mais je pense pas qu'elle le voie, ça. Ou qu'elle l'aie jamais vu. Ou qu'elle aie jamais eu envie? Attends, Skye, réécris pas le passé comme ça t'arrange. Ça serait sûrement plus simple s'il n'y avait rien entre elle et moi, mais... C'est pas le cas.

Si elle ne dit rien... Je sortirai, tout simplement. Je serai un peu en avance pour les cours, mais... Tant pis. Je vais pas rester dans notre... Dans son appart, si elle n'a rien à me dire. Dis quelque chose, Kelya. Retiens-moi. Me laisse pas redevenir seule...

Je m’acharne sur une putain de tâche qui ne veut quitter la table. Putain mais elle va partir cette salope ?! Je commence à m’énerver et le pire, c’est même pas à cause de cette fucking tâche, c’est moi qui me soule actuellement. Pourquoi je ne vais pas parler avec Skye au lieu de faire le ménage ? Je ne sais pas comment elle va réagir et je ne sais pas non plus comment m’y prendre, mais je vais devoir y aller tôt ou tard. J’entends ses pas sortir de la chambre et s’arrêter dans le couloir, pile devant le salon. J’attends un son de sa part, mais rien, je redresse alors la tête, fixant son regard aux mille expressions. Aïe, elle n’a pas l’air très enchantée de me voir… Je lâche un long soupire avant de prendre la parole.

-Sur une échelle de 1 à 10, tu m’en veux à combien ?

C’est pas terrible pour commencer la discussion mais je sais pas bien gérer ce genre de situation. Mais en même temps, j’avais prévenu hier que je devais me casser, fallait pas qu’elle accepte la soirée aussi ! Non Kelya, c’est toi qui a merdé… Mon cul se pose au sol et mes yeux viennent se poser sur les quelques tâches présentent sur ses bras.

-C’est nouveau la déco sur tes bras ?

Elle s’est battue ? Qu’est-ce qu’il s’est passé quand je n’étais pas là ? L’appart n’a pas l’air d’avoir bougé depuis mon départ d’hier soir alors quoi, elle s’est barrée puis elle a cherché la baston ? Je m’inquiète pour ma coloc ? Non mais n’importe quoi ! Je tire longuement sur ma clope, appuyant ma tête sur le canapé derrière moi. Tsss, je m’en veux et j’aime pas du tout le regard qu’elle a.

-Tu accepterais une clope du pardon ?

Je sais la gueule que j’ai en ce moment, celle d’une gamine qui a fait une connerie et qui est prête à tout pour se faire pardonner. Quelle situation embarrassante. Le pire c’est qu’elle va sûrement me renvoyer chier ou me faire un gros fuck en guise de réponse. Qu’est-ce que j’attends exactement ? J’en sais rien.

-Sur une échelle de 1 à 10, tu m’en veux à combien ?

Après un long soupir, elle s'assoit par terre. Elle a l'air de s'en vouloir, je le vois bien. Je la connais assez pour savoir que... Bah. Qu'elle est comme ça. Dans le genre comportement autodestructeur, j'ai vu pire mais... Pas souvent. Sur une échelle de 1 à 10...? Je pense que pour résoudre cette équation, ça demanderait des notions plutôt avancées en physique quantique. Je lui en veux... à 1 et à 10 à la fois. Je sais pas quoi lui répondre.

-Je sais pas encore. En tout cas, on est loin du zéro.

Ma voix est sèche, je sais qu'elle s'en veut et je ne veux pas jouer dessus. J'aimerais juste qu'elle... J'en sais rien, putain. Qu'est-ce que j'attends? Qu'elle réalise. Qu'elle se fasse pardonner. Qu'elle fasse un effort? Est-ce que je veux savoir ce qui s'est passé cette nuit...? Non... Aucune chance. Et puis, je m'en fous en fait. Le problème, c'est pas l'autre, c'est elle... Elle m'en parlera si elle veut.

-C’est nouveau la déco sur tes bras ?

Merde, mes bleus. Je pose la main dessus par réflexe, mais je la retire aussitôt. J'ai rien à cacher. D'un autre côté, j'ai pas non plus envie qu'elle sache à quel point son départ m'a touchée. Un peu aidé par l'alcool, c'est vrai, mais... Quand même.

-Ouais, j'ai fait ma contre-soirée en cape et collants à tabasser les criminels. Mais je t'ai pas trouvée.

Une petite pique gratuite. Mais, on s'est déjà battues, et on se vaut l'une et l'autre. Elle sait que je suis capable de ce genre de trucs. Tiens...? Il y a un truc dans son regard que je ne reconnais pas de d'habitude... Pas la tristesse, pas la culpabilité, mais autre chose... Elle s'inquiète?

-Enfin... T'inquiète, ça va, ça fait pas mal.

L'atmosphère est tellement pesante... Ça ressemble, sans en être une, à une dispute de couple qui serait déjà terminée sans qu'aucun des deux ne veuille ou n'ose faire un premier pas. Elle aussi est en train de chercher ses mots. J'aime pas quand on est comme ça, je préfère la Kelya insouciante, rieuse, combative. Bourrée, aussi. Ma Kelya, celle que je connais. Elle pose la tête en arrière, sur le canapé, toujours assise par terre.

-Tu accepterais une clope du pardon ?

-Il va te falloir tout une cartouche... Mais, c'est un début.

Je suis bien placée pour savoir combien s'excuser est difficile, pour elle, comme pour moi. Alors, je vais pas faire la fine bouche sur un premier pas aussi sincère. Mais je suis loin d'en avoir fini avec cette histoire, et une clope suffira certainement pas à noyer le poisson. Déjà... Je m'en fous pas tant que ça, de ce qui s'est passé cette nuit. Oh, j'essaye pas de lui foutre des menottes, ou de lui interdire quoi que ce soit, mais si on continue à être ensemble, je préfère savoir à quoi m'en tenir... Autant je pourrais la partager avec quelqu'un, autant je me vois mal me faire dégager de l'appart pour qu'elle y reçoive quelqu'un de plus exclusif que moi.

Eh beh, Skye... T'as vachement mûri, en une soirée passée à taper sur un type random. Comment il s'appelait, déjà... Je vais pas sortir mon nano pour vérifier... Jack. J'allume la clope qu'elle me donne et je m’assois à côté d'elle. Il y a un silence avant que je lui demande finalement, avec un ton un peu acerbe:

-Alors, ta soirée...?

Bon elle n’a pas l’air d’humeur à faire la fête et j’en suis responsable. Elle m’en veut clairement et pourtant, elle ne s’énerve pas contre moi, elle reste juste froide. Bon, c’est déjà un début ? Lorsque je parle de ses bleus, elle me balance une blague. On avance encore un peu, c’est bien. Puis là, elle me sort une connerie. Je m’inquiète pas pour elle putain, c’est du grand n’importe quoi ! Enfin je crois…

-Il va te falloir tout une cartouche... Mais, c'est un début.

Allez, encore un pas en avant pour une réconciliation. Finalement je ne suis pas si pourrie pour les excuses. Un sourire anime l’espace d’un instant mes lèvres. Pourquoi je suis contente ? C’est pas censé être ma rivale cette meuf ? Raaah, ça y est, je recommence à me prendre la tête ! Elle finit par prendre place près de moi, allumant la clope du pardon.

-Alors, ta soirée...?

Son ton a une pointe de sarcasme. Dois-je lui parler de ma soirée ou rester très brève ? Ma main vient frotter la blessure présente sur mon front. Il était sacrément dur ce poteau en y repensant…puis mon cerveau est envahi par toutes les images dénudées de la blondinette. Ma main quitte mon front pour laisser mes doigts effleurer mes lèvres. Bon, stop les conneries ! Je me fous une claque mentale pour reprendre mes esprits, tirant une nouvelle fois sur ma clope.

-J’ai couché avec Elke.

Bon okay, il faudra revoir le tact Kelya. Mais à quoi bon lui cacher, elle finira bien par le savoir à un moment. Je recrache lentement la fumée de ma cigarette avant de pencher la tête pour plonger mes sombres iris dans ceux de ma coloc.

-Sur une échelle de 1 à 10, tu me méprises à quel niveau ?

Je laisse échapper un petit rire avant regarder le plafond. J’ai toujours été cash avec cette fille et elle l’a toujours été avec moi, je crois que c’est ça qui m’a attirée chez elle. Quoi, mais qu’est-ce que je raconte ?! Aïe, je manque très clairement de sommeil.

-Je crois que j’arrive plus à te détester.

Je lâche un soupire alors qu’un sourire amusé orne mes lèvres. Ouai, je me fous de ma propre gueule. Depuis quand je suis devenue si docile ? Tsss, quelle plaie.

Elle a l'air rassurée que je ne sois pas partie en vrille. Soulagée, même. C'est probablement ce à quoi elle s'attendait... A vrai dire, moi aussi je m'attendais à partir en vrille. Si elle était arrivée, quoi, dix minutes plus tôt, c'est peut-être ce qui serait arrivé. Mais elle a tenté un premier pas, bien que maladroit, et j'ai accepté de faire le second, plutôt que de lui tourner le dos, en lui répondant. C'est la première fois qu'on est confrontées à cette situation toutes les deux, depuis qu'on est... Depuis qu'on habite ensemble.

Quand je lui demande comment a été sa soirée, elle commence par se toucher le front. Elle a effectivement une belle marque... Mais ensuite, quand sa main descend sur ses lèvres, je pense qu'elle aurait pu arrêter là. J'avais déjà compris. Dans les grandes lignes, en tout cas. Enfin, j'avais compris depuis un moment, mais c'est une confirmation.

-J’ai couché avec Elke.

-Sans dec...

Je tire sur ma clope. Elke...? C'est comme ça qu'elle a appelé Heidi en cours... J'ai répondu du tac au tac, pour qu'elle sache que je m'en doutais déjà, mais aussi pour ne pas avoir l'air d'être touchée en restant silencieuse. Est-ce que ça me touche? Oui, c'est sûr. Pourquoi, ça, j'en suis pas trop certaine, encore. Je veux dire... Kelya m'appartient pas, et elle fait ce qu'elle veut, c'est sûr. D'ailleurs, je ressens un peu de soulagement, rien qu'au terme qu'elle a utilisé. Mais j'ai pas envie de n'avoir été qu'un jouet de transition. Je veux être importante. Au moins autant, si ce n'est plus... Et de toutes façons, différemment. L'appart, les soirées, ce canapé ou on se colle toutes les deux après avoir regardé la moitié d'un film, et sécher les cours le lendemain... Ça, c'est mon domaine. C'est moi. C'est nous.

Elle me regarde droit dans les yeux.

-Sur une échelle de 1 à 10, tu me méprises à quel niveau ?

Elle rit, ce rire qu'elle a souvent quand elle sait qu'elle fait quelque chose de travers. Un rire un peu triste, mais pour moi, c'est une des rares portes qu'elle laisse ouverte devant moi sur son vrai "elle".

-Si j'te mettais 10, ça voudrait dire que t'as un meilleur score que moi sur un truc, et ça, c'est mort.

Je me doute qu'elle s'attendait à un 10, un 11, voire un 100. Je profite de ce moment de surprise pour me pencher sur elle et l'embrasser. Si elle cherchait à garder intact ses souvenirs de la veille... Eh bah, c'est mort! En terme de compétition, faut pas me chercher. En même temps, d'habitude ça arrive sans qu'on y réfléchisse trop... Ça change un peu. J'aime bien. Et elle...? Putain, ça pique. Je me rends compte en l'embrassant que ma lèvre est légèrement coupée. Je me recule en posant le doigt sur la coupure. Aïe.

-Je crois que j’arrive plus à te détester.

-Attends que j'te mette la misère sur Ultra Combo All-Stars Battle alors... On reste à l'appart aujourd'hui?

J'ai envie de passer du temps avec elle, faire disparaître ma frustration de la veille. Mais je suis aussi en train de l'écarter moi-même du sujet. Sa phrase m'a fait vraiment plaisir et je savais que je trouverai rien à répondre. Qu'est-ce que je pourrais dire? Et en même temps... J'ai l'impression de la protéger en faisant ça... Je pense pas qu'elle ait envie d'en parler, et du moment que sa nuit avec "Elke" ne change pas... "Nous", peu m'importe, après tout. Je vais pas être jalouse de quelqu'un qui m'a rien pris? J'espère qu'elle ne m'a rien pris...

Elle n’a pas l’air étonné de ma relation avec Elke. Après tout, j’ai une sacrée réputation alors bon. J’ai pour habitude de ne coucher qu’une fois avec les gens pour éviter les complications qui s’en suivent. Eh bien Kelya, tu t’es bien mise dans la merde ces derniers temps. Skye puis Elke, même avec Zack…les complications que je voulais éloigner sont bien présentes maintenant. Je me pose des questions que jamais je me serais posée avant. Quelle galère. Si je pouvais remonter le temps, est-ce que je le ferais ? Je n’aurai peut-être jamais dû sortir de la FATE après tout. Ce qui est fait, est fait.

Malgré sa blague sur ma note du mépris, je sais qu’elle est élevée. Ouai, je mérite la note parfaite, c’est le bordel dans ma tête. Les lèvres de la brunette se posent sur les miennes, ce contact est plaisant et…que…WHAT ?! Fais pas ça Skye, ça risque de déraper ! Non, non, casse-toi esprit pervers ! La minute d’avant elle me méprise et là, elle m’embrasse ?! C’est du délire cette histoire ! Tout ça n’arrange pas le bordel dans ma tête, bien au contraire…

-Attends que j'te mette la misère sur Ultra Combo All-Stars Battle alors... On reste à l'appart aujourd'hui?

Je me mets à rire. Elle ne perd pas le nord celle-là ! Elle croit pouvoir me battre sur ce jeu ? Non, je ne crois pas ! Je baille, signe de ma nuit beaucoup trop courte. Bien fait pour ma gueule tiens ! Bon, elle risque de me défoncer à ce jeu vu mon état actuel. Misère. Je me redresse, éteignant ma clope dans le cendar avant de fixer la brunette. Mon doigt vient effleurer la blessure présente sur sa lèvre. Elle a fait la guerre ou quoi ?

-Je sais pas c’que t’as branlé hier soir, mais t’as pris tarot.

Un petit sourire moqueur aux lèvres, je laisse mon corps glisser sur le sol, posant ma tête sur les jambes de la brunette, mes yeux scrutant les siens.

- Tu devrais aller voir l’infirmière de l’académie, il parait qu’elle est compétente et les gens l’aime bien.

Je m'inquiète encore pour elle ? Non, non, c'est juste un conseil qui m'est revenu en repensant aux derniers mots de la blondinette avant qu'elle ne quitte l'hôtel. Je comprends pas bien pourquoi tout le monde l’apprécie, faudrait peut-être que je la rencontre un de ces jours ? Non, je suis pas fan des blouses.

-On reste la matinée ici mais cet aprem on y va, j’ai déjà deux blâmes alors ça pu la merde gamine.

Je commence à reprendre mon assurance habituelle malgré la fatigue. Tiens mais ça ne serait pas…

-Tu devrais mettre un soutif, ça évite de voir quand tu pointes…

Je me remets à rire. Oh putain mais je suis tellement irrécupérable ! Bon au moins ça montre que je vais bien et que je suis toujours moi.

Je crois que ma réponse l'a quelque peu déstabilisée... Je découvre une nouvelle partie du panel de ses réactions. Elle rit quand je lui propose une partie. Je pense que j'ai, un peu au moins, réussi à lui faire oublier ses démons. A moins que je n'aie simplement envie d'être son seul démon personnel... Et puis, juste après, elle bâille à s'en décrocher la mâchoire. Ouais, rajoutes-en. Je sais que t'as pas beaucoup dormir, espèce de... J'ai une furieuse envie de la mordre. Cette meuf est au tact ce que l'antéchrist est à Jésus - si tant est que quelqu'un se souvienne encore de ce concept, maintenant que toutes les religions ont été fusionnées dans une seule grande secte conceptuelle. Elle éteint sa clope dans le cendar et elle se retourne vers moi, en amenant son doigt sur ma lèvre, près de l'endroit ou j'ai été coupée par un coup de poing qui m'a frôlée.

-Je sais pas c’que t’as branlé hier soir, mais t’as pris tarot.

-J'suis sortie après toi. Je voulais te rattraper pour te buter, mais au final, j'ai croisé un ermite ninja qui m'a appris à me battre.

A ce niveau, c'était même plus un résumé, c'était un puzzle avec des bouts de vérité. Je pourrais lui raconter, mais j'ai pas vraiment envie qu'elle sache à quel point j'étais pitoyable hier soir, quand j'ai réalisé qu'elle me laissait en plan. J'ai une moue amère en y repensant. Des bribes me reviennent, à travers le mur d'alcool qui opacifie mes souvenirs. Par contre, je pourrais lui raconter la façon dont j'ai combattu avec ce "Jack". Peut-être une autre fois, ou si elle me demande des détails sur ce fameux ermite ninja.

Elle glisse contre moi et s'allonge sur mes jambes. Elle fait souvent ça, et tout aussi machinalement mes mains viennent se poser sur son ventre et sa poitrine. Je baisse les yeux vers elle, elle me regarde. C'est comme si, renaissant des débris de la précédente, une nouvelle bulle d'intimité se créait autour de nous.

- Tu devrais aller voir l’infirmière de l’académie, il parait qu’elle est compétente et les gens l’aime bien.

Un conseil pour ma santé? Qui que tu sois, sors de ce corps et ramène Kelya, celle qui a tenté de me mettre un KO dans la cour intérieure du NEST, celle qui m'a fait boire et fumer pour la première fois, celle pour qui ma santé n'est pas vraiment un sujet de préoccupation - en tout cas, moins que les bruits que je fais quand elle me... Woh. Doucement, Skye. A quoi tu penses?

-La fameuse Lexy...? Je l'ai pas encore croisée. Je comptais y aller dans la journée pour me faire faire une dispense pour les deux dernières heures... Il paraît qu'elle est là aujourd'hui.

Ma main s'ouvre et se referme machinalement sur son sein. Je suis pas tout à fait sûre d'avoir envie d'y aller, au NEST. Elle relève les yeux vers moi... Elle a retrouvé cet air plein d'assurance, souvent mal placée d'ailleurs...

-On reste la matinée ici mais cet aprem on y va, j’ai déjà deux blâmes alors ça pu la merde gamine. Tu devrais mettre un soutif, ça évite de voir quand tu pointes…

Elle se met à rire, je penche la tête vers mon T-shirt. Merde, elle a raison. Je me suis peut-être laissée emporter à la toucher comme ça... Bon, vu la chaleur dans l'appart, je pense pas réussir à qui faire croire que c'est le froid qui fait ça.

-Ta gueule, le gorille!

Pas un très bel exemple de répartie, mais j'avais rien d'autre sous le coude. On n'a que la matinée, alors...? J'ai pas vraiment envie de jouer ce matin, et de toutes façons, ni elle ni moi ne sommes vraiment en état de faire ça. J'avais surtout lâché ça à la fois pour la blague et pour le changement de sujet.

-Tu veux pas plutôt regarder un truc...? On a encore une série en cours...

On pourra rester vautrées comme deux merdes, tranquillement, sur le canapé, l'une contre l'autre. Maintenant que je suis propre, et prête, et... Qu'on est toutes les deux crevées d'une nuit peu conventionnelles, ça pourrait être un bon moyen de passer le temps jusqu'à l'heure des cours. A moins qu'on s'endorme comme deux larves...

Je crois que ma perversité est contagieuse et que la première touchée, c’est Skye. Cette dernière caresse mes seins sans prévenir. Bah vas-y, fais comme chez toi ! Elle prend beaucoup trop ses aises avec moi et je crois que ça ne me dérange pas. La sensation que me donne ses mains est agréable et… TA GUEULE KELYA ! En tout cas, elle a l’air de kiffer aussi, ma langue aimerait réchauffer ses tétons qui feignent d’avoir froid.

-Ta gueule, le gorille!

-Assez merdique ta répartie, gamine !

Je me remets à rire. Ouai, ça me fait marrer ce surnom qu’elle me colle à la peau, ça me rappelle notre baston au NEST. Les souvenirs de la soirée qui en a découlée me fait adopter un sourire carnassier. Et si je glissais mes doigts sous son haut et que…NOP, tu arrêtes tout de suite Kelya !

-Tu veux pas plutôt regarder un truc...? On a encore une série en cours...

Oui, c’est bien mieux comme proposition ! Je me redresse lentement, regardant de droite à gauche pour trouver la télécommande de la télé. Okay, trouvée ! Je pose mon cul sur le canapé à la place « attitrée » de ma coloc, pile en face de l’écran.

-Preums, c’est toi qui balances la série !

Mon sourire provocateur aux lèvres, je fixe la petite brune dans les yeux, lui tendant la télécommande avant de balancer d’un ton parfaitement accordé à mon sourire.

-Je sais que c’est ta place mais si t’es sage, je peux te laisser une place entre mes cuisses…

Toujours plus de finesse dans le choix de mes mots ! Elle l’interprétera bien comme elle le voudra. J’écarte les jambes pour lui laisser la place de s’assoir si elle le désire. C’est clairement toujours aussi plaisant de la provoquer cette nana. J’ai repris toute mon assurance, ça ne fait aucun doute.

-Assez merdique ta répartie, gamine !

Elle rigole. Je sens bien qu'elle est à l'aise, et je pense qu'elle aime bien quand je me comporte comme ça avec elle, avec son corps en tout cas... Mais, elle me dit rien, et je sais jamais trop si je risque d'aller trop loin ou non. C'est un peu ce truc de rester... Sur le fil du miroir, que j'aime bien, entre nous. On n'est jamais tout à fait d'un côté ou de l'autre, comme un flirt qui garderait à l'infini l'attrait démesuré de ses débuts. Et là... Elle ne réagit pas, ou en tout cas, elle ne réponds pas aux perches que je lui tends.

-Tu veux pas plutôt regarder un truc...? On a encore une série en cours...

Elle chope la télécommande, et se relève de mes jambes, et de ma main, pour poser son cul sur le canapé, à la place que je prends d'habitude.

-Preums, c’est toi qui balances la série ! Je sais que c’est ta place mais si t’es sage, je peux te laisser une place entre mes cuisses…

Elle me tend la télécommande en souriant. C'était bien la peine de la choper... Et finalement, je pense que je vais considérer ça comme une réponse à mes avances.

-Je te signale que c'est encore toi qui a des trucs à te faire pardonner... Alors la place, j'la prends si je veux!

Surtout une excuse pour pouvoir me vautrer sur elle. J'aime beaucoup faire ça; peut-être que ça vient de plusieurs années de solitude sociale, mais je pense plutôt qu'il y a quelque chose entre elle et moi qui dépasse les simples histoires de cul qu'on entend à chaque tournant de couloir du NEST. Et puis, si je suis d'assez bonne humeur avec les fesses entre ses cuisses pour ne pas jouer sur la corde du "tu m'as laissée tomber, rattrape-toi", j'ai toujours dans un coin de la tête cette crainte d'être... Deuxième.
Ou quoi que ce soit d'autre que première, en fait.

Je lance une série qu'on a commencée il y a un moment, et qu'on a toujours du mal à trouver un moment pour continuer. "A song of Wind and Earth", une histoire de guerre de succession entre plusieurs familles dans un monde médiéval où certaines magies existent encore. On n'a plus aucune idée d'où on en était, alors on tâtonne un peu pour trouver le bon épisode, mais on finit par le lancer.

-Tu crois qu'on devrait y aller quand...? Si on voit Law il va nous demander si on a bien avancé...

Je me vautre un peu plus sur elle. Ses seins sont un coussin particulièrement agréable, et mes mains, glissées dans mon dos, sont calées contre ses cuisses. J'essaye de suivre la série mais j'ai toujours des tas de trucs qui tournent dans ma tête, je dois en sortir quelques-uns ou je sens que je vais exploser.

-Je te signale que c'est encore toi qui a des trucs à te faire pardonner... Alors la place, j'la prends si je veux!

Allez, ça c’est fait, mange toi ça dans la gueule Kelya ! Omg mais c’est une véritable furie cette nana ! Elle m’en veut encore, alors ?

-Si tu veux hein ? Et mon avis à moi tu t’en branles ?!

Je fronce les sourcils l’espace d’un instant. M’ouais, c’est pas crédible du tout, j’ai encore envie de me marrer. Surtout que c’est moi qui lui propose de poser son cul entre mes cuisses alors bon… Elle s’installe confortablement, appuyant sa tête contre ma poitrine, calant ses mains sur mes cuisses. Donc elle veut prendre la place, c’est ça ? En tout cas, elle prend ses aises, c’est clair et net. Je souris avant de poser ma tête sur la sienne, entourant son corps de mes bras. Bah ouai, je m’installe aussi, je suis bien comme ça. Elle prépare la série, cherchant la suite du dernier épisode qu’on a regardé.

-Attends, celui-là je me suis endormie à la fin, je m’en rappelle plus !

Oui, ça m’arrive de m’assoupir devant les séries mais l’alcool à une certaine heure, quand c’est trop calme, ça a l’effet d’un somnifère sur moi. D’ailleurs, ça m’arrive de plus en plus souvent. L’atmosphère de cet appart’ en est pour quelque chose, je me sens vraiment bien ici. Ou peut-être que c’est elle… ?
N’importe quoi !

-Tu crois qu'on devrait y aller quand...? Si on voit Law il va nous demander si on a bien avancé...

Oh non, j’ai encore zappé cette histoire de travail à trois, quelle conne ! Très honnêtement, j’aimerai que ce boulot ne soit qu’un cauchemar, mais malheureusement, c’est bien réel. Enfin remarque, si cet évènement n’avait pas eu lieu, je ne me serais sûrement pas réconciliée avec Elke… Il n’y a pas que du négatif à en tirer.

-On y va après son cours, mais il va vraiment falloir avancer dans ce projet par contre, mais là, la flemme.

Je lâche un énorme soupire. Ouai, ça me botte plus des masses ce travail, je me demande pourquoi… BAH PARCE QUE T’ES TOUJOURS DANS LA MERDE KELYA ! Bon, j’ai pas envie de penser à ce taf, j’ai juste envie de suivre cette série tellement palpitante. Les scènes s’enchainent, les trahisons sont bien présentes dans cette série, les persos badass sont au rendez-vous. Je lâche des « oh le bâtard ! » « la salooope ! » « mais fais pas ça trouduc, tu vas crever ! » « Bah voilà, je t’avais prévenu », que du vocabulaire très élaboré. Lorsque je suis à fond dans un film ou une série, je ne peux m’empêcher de faire des commentaires, je vis le bordel, c’est sérieux !

Les minutes, les heures, les épisodes passent bien trop rapidement à mon goût. Pourquoi le temps passe si vite ? C’est une bonne question. La chaleur de Skye empêche mon corps de ressentir la fraicheur émanant de la fenêtre ouverte. Je suis tellement bien installée, j’ai vraiment pas envie de bouger. Puis revient la fatigue et la sensation de ce confort n’aide pas mes yeux à rester ouverts. Je sens ma tête pencher légèrement mais je n’arrive pas à la retenir. Je crois que je m’endors, la lumière du jour s’éteint petit à petit avant de disparaitre totalement.

-Si tu veux hein ? Et mon avis à moi tu t’en branles ?!

Même pas en rêve, Kelya! Je sais bien faire la différence entre quand tu fais la méchante et quand tu fais semblant... Surtout que tu es vraiment très mauvaise pour ça! Toi comme moi, tu as beau te moquer de moi pour ça assez souvent, on est pas super douée pour faire semblant. C'est juste que toi, tu as un peu plus d'expérience...

Je suis installée contre elle, et sa tête se pose sur la mienne, puis ses bras viennent m'entourer. C'est ces moments qui devraient durer une éternité, ces moments ou le reste n'existe plus... Ou au moins, qu'il ne compte plus. Ces moments ou peu importe ce qu'on a prévu, "on pourra toujours plus tard". On bosse le lendemain? On pourra toujours y aller plus tard. On a un rendez-vous quelque part? On pourra... Hum.

Ça marchait toujours, jusqu'à cette nuit. C'est peut-être ça qui m'a tellement contrariée. Qu'elle me montre que finalement, rien n'est aussi immuable que je le pensais, et que je vais peut-être devoir me battre pour garder ce que j'ai...?

-Attends, celui-là je me suis endormie à la fin, je m’en rappelle plus !

Je souris. A chaque fois qu'elle s'endort comme un vieux sac, je dois lui retirer ses lunettes, et je l'embrasse avant de me coucher contre elle. Bon, je pense que ma fierté en prendrait un coup si elle le savait, mais vu son état... Changeons de sujet. Quand je lui demande l'heure à laquelle aller en cours, elle semble revenir à la réalité. Désolée...!

-On y va après son cours, mais il va vraiment falloir avancer dans ce projet par contre, mais là, la flemme.

Clairement, la flemme. Pour moi, ce travail n'a pas la moindre espèce d'intérêt et je n'en retirerai absolument rien. J'ai de très loin le niveau nécessaire pour le faire seule, d'ailleurs, je travaille mieux, seule. Alors soit je vais me coltiner deux boulets et tout faire moi-même au final, soit je vais me taper une note moyenne, c'est-à-dire pourrie, en les laissant faire leur part de leur côté. De toutes façons, on n'est pas parties pour avoir la moindre coopération d'équipe. Et socialement... Il faudra que je pense à diffuser des rumeurs comme quoi Law couche avec certaines de ses élèves en échange de bonnes notes; je pense que c'est à peu près l'équivalent du fiasco vers lequel sa petite expérience sociale sur nous trois nous a menées. Heidi... "Elke" me déteste, avant même que je ne comprenne pourquoi. Maintenant, c'est un peu plus clair. J'imagine qu'elle me voyait autant comme un obstacle que je la vois dorénavant comme une gêne.

Kelya soupire. Apparemment, elle non plus n'en a pas retiré plus de bien que de mauvais. Le boulot...? Pas envie d'y penser. A la place, on se concentre sur la série. Elle me fait marrer avec ses commentaires. On enchaîne les épisodes et au fur et à mesure, on finit avachies l'une sur l'autre, allongées sur le canapé. Fin de l'épisode...

-Eh bah putain, je l'ai pas vue venir, celle-là...

Aucune réponse.

-Kelya...?

Je me retourne vers elle. Ses yeux sont fermés, et comme d'habitude, elle dort sur ses lunettes. J'ai envie de me marrer, mais je risque de la réveiller... Et au réveil, elle est... Disons qu'elle a plusieurs phases, dont l'une est particulièrement... rayonnante. Je coupe la télé, je me met à quatre pattes au-dessus d'elle, et je retire ses lunettes pour les poser sur la table. Puis, je me penche pour l'embrasser... Et je me couche contre elle.


Il est 14h quand j'ouvre les yeux. Pourquoi je me suis réveillée...? J'ai chaud. La fenêtre est toujours ouverte mais à cette heure, la température a bien monté. Mes mains sont sous son haut et ses fesses contre mes cuisses. Je souris, 14h ou pas, hors de question de bouger maintenant. Je me demande si elle dort toujours...? Je l'embrasse dans le cou, et j'avance un peu les mains.

La guerre éclate autour de moi, 3 énormes dragons crachent leur feu pour abattre tous chevaliers qui tentent de monter sur le trône. Les étendards de toutes les grandes familles sont présents sur le champ de bataille. Et moi, je fais partie de laquelle ? J’en sais rien, je fonce tête baissée sur les ennemis qui tente de me faire tomber au sol, esquivant les lames et les flammes qui ravagent tout sur leur passage. La salle où réside cet immense siège décoré de mille et une lames se trouve juste derrière cette porte. Il me suffit de l’ouvrir pour… Tout devient noir et j’ai chaud. Le feu des dragons a eu raison de moi ? Mes yeux s’ouvrent lentement et difficilement pour cause de la lumière qui envahit la pièce. Je redécouvre cette dernière, apercevant mes lunettes sur la table basse. J’me suis encore endormie comme une grosse merde ? Probablement. Je fixe mon nano sur la table, 14h03 ?  Le cours de Law termine à 15h, je peux encore pioncer un peu. Je referme les yeux, restant calée confortablement au corps de ma coloc. Les mouvements de mains de la brunette me font rouvrir les yeux et ses lèvres sur mon cou provoquent un sourire un amusé sur les miennes.

-J’ai raté beaucoup du dernier épisode ?

Je me retourne pour lui faire face, collant mon front au sien, je lâche d’un ton en accord avec mon sourire.

-C’est pas très classe de me faire ce genre de choses quand je « dors ». Qu’est-ce que tu dirais si c’est moi qui le faisais ?

Une de mes mains se glisse entre son pantalon et sa culotte, caressant légèrement son entrejambe. Je perds mes sombres iris dans les siens à la couleur si particulière. Cette pète-couilles est tellement mignonne et je crois réellement que je n’arrive plus à la détester. Qu’est-ce que ça peut être rageant… Mes lèvres rejoignent les siennes pour un baiser langoureux alors que ma main continue ses mouvements souples. Il commence à faire encore plus chaud, non ? Je romps finalement le baiser, déposant mon pouce sur les lèvres de la brunette et arrêtant les gestes de mon autre main se trouvant encore sur sa culotte.

-C’est comme si on s’était pris un « Dracarys » dans la gueule, non ?

Je crois que je suis accro à cette série… Toute la chaleur est rentrée dans l’appart à cause de ces fucking fenêtre et sûrement pas que ça d’ailleurs mais bref ! Les souvenirs de la soirée jeu vidéo me reviennent en tête. C’est après ce moment-là qu’elle m’a fait la tête, je devrais peut-être me calmer ? Je lui fais un doux baiser sur le front avant de me redresser, restant assise sur le canapé pour m’étirer longuement.

-C’est pas très équitable, c’est toujours moi qui m’endors avant toi…

Ma voix était légèrement boudeuse mais un petit rire fini par casser ce sentiment. Oh putain, j’ai encore tordu mes lunettes, non ? Bwarf, elles me servent essentiellement pour les écrans et les cours et quand j’ai la flemme de les enlever, donc ça devrait le faire quand même. J’attrape mon paquet de cclope pour m’en allumer une, tendant mon paquet en direction de Skye.

-T’en veux une ? En guise de remerciement pour mes lunettes ?

-J’ai raté beaucoup du dernier épisode ?

Oups... Je crois que je l'ai réveillée. Elle se retourne, souriante, et colle son front au mien. Je suis pas super réveillée non plus encore, j'arrive pas à réprimer un sourire un peu stupide.

-C’est pas très classe de me faire ce genre de choses quand je « dors ». Qu’est-ce que tu dirais si c’est moi qui le faisais ?

Ce que je dirais...? Je crois que je dirais que... En fait, j'ai même pas le temps de trouver une réplique que sa main entre dans mon pantalon. J'ai un spasme qui me fait replier les jambes, et je me retrouve avec la sienne entre mes cuisses, sa main posée sur ma culotte. Je réussis à ne pas produire le moindre son... De justesse. Par contre, ça doit se voir que je me retiens de ouf... Et ça ne va pas durer longtemps si elle continue d'appuyer sa main ici, en caressant à travers le tissu. Attends, je devais trouver une réponse bien cinglante et... Pourquoi elle me regarde aussi intensément?

-J'pense que j'dirais... "Qu'est-ce que t'attends"?

Elle m'embrasse, réveillant le picotement de ma lèvre, qui disparaît très vite face au mouvement d'aller et retour de sa main. Pourquoi j'ai encore ma culotte...? C'est tout ce qui me traverse la tête, jusqu'au moment ou elle arrête pour poser son pouce sur mes lèvres. Son autre main s'arrête, mais j'ai pas envie du tout... C'est moi qui me met à bouger contre sa main pour prolonger cette sensation délicieuse.

-C’est comme si on s’était pris un « Dracarys » dans la gueule, non ?

-Valar morghulis, pétasse.

Je ris doucement quand elle m'embrasse sur le front. Fin des caresses, alors... Merde. Elle se redresse pour s'étirer.

-C’est pas très équitable, c’est toujours moi qui m’endors avant toi…

-On peut pas tous être en haut du podium en termes de résistance à l'alcool, qu'est-ce que tu veux...

Je m'étire à mon tour, dépassant du canapé, les deux bras tombant et les jambes bien tendues. Je sens l'air chaud sur mon ventre. C'est agréable... Je vois la main de Kelya passer devant moi, elle me tend une clope.

-T’en veux une ? En guise de remerciement pour mes lunettes ?

Je pense qu'au point ou on en est, autant faire un pot commun en matière de cigarettes... Je la remercie et je la prends en me redressant. Ses cheveux sont tellement en vrac... Je me moquerais bien mais je pense que ça doit être la même pour moi. Je l'allume, après elle, et je reste un moment le regard dans le vague, à balayer la pièce. C'est rare, qu'on s'endorme alors que tout est rangé... La réflexion me fait sourire.

-J'ai l'impression que toute la soirée d'hier était un mauvais rêve...

J'ai parlé sans trop m'en rendre compte, mais je pensais autant au début de la soirée qu'à la fin de la nuit et son combat endiablé dans un vieux dojo traditionnel avec un ermite qui...
Mais attends... Putain, si ça se trouve, je me suis écroulée en pleine rue, j'ai perdu conscience et j'ai déliré pendant des heures avant de rentrer...? Je secoue la tête. N'importe quoi, Skye. Et les bleus, tu les a inventés?

-Tu sais, je déconnais pas quand je t'ai parlé d'un ermite ninja...

La grognasse me remercie pour la clope. Ouai, elle a plutôt intérêt, j’en ai presque plus ! Va falloir que je passe au tabac avant d’aller au taf d’ailleurs. Je tire longuement sur ma dose de nicotine, fixant ma main libre un moment. Même lorsque j’ai arrêté de bouger, elle, elle continuait… Un sourire pervers anime mes lèvres. Quelle petite dévergondée ! Et cette expression sur son visage lors de mes caresses… Mon sourire s’élargit un peu plus.

-J'ai l'impression que toute la soirée d'hier était un mauvais rêve...

La soirée d’hier, hein ? Est-ce que je regrette ? Non, et elle doit s’en douter, même si avoir lâché Skye m’a fait culpabiliser un moment. Par contre, elle m’en veut encore pour sortir une phrase pareille, non ? Passer l’éponge n’est pas aussi simple que je pensais. Qu’est-ce que ça peut me faire chier.

-Tu sais, je déconnais pas quand je t'ai parlé d'un ermite ninja...

Encore cette histoire d’ermite ? Pourtant la table est vide, on n’a rien consommé qui aurait une influence sur nos neurones…Je lui ai peut-être donné un coup de coude pendant qu’on dormait ? Non, elle me parlait de ce « ninja » avant même que je m’endorme comme une grosse merde. Je me mets à rire. Mais qu’est-ce qu’elle a vraiment foutu hier ?

-Faut arrêter la drogue, ça ne te réussit pas vraiment…

Je passe ma main dans ses cheveux pour les ébouriffer encore plus qu’ils ne le sont déjà.

-En tout cas cet « ermite » t’as bien lavé la gueule !

Je rigole à nouveau. Un sourire orne mes lèvres. Ouai, malgré le fait qu’elle ait la lèvre coupée ou même des bleus sur le bras et sûrement autre part, elle n’a pas l’air mécontente de cette rencontre avec le ninja. Tu crois réellement ce qu’elle raconte Kelya ? Bah ouai, pourquoi elle mentirait ? On n’est pas du genre à se cacher les choses avec Skye. C’est la seule personne au courant de ma mutation après tout. Elle me pose des questions, je lui réponds sincèrement et je pense qu’elle en fait de même, non ?

-T’as le droit de voir qui tu veux, fais attention de ne pas te prendre un ninjutsu dans la gueule par contre, ça risque de piquer !

Je crois que je suis contente qu’elle voit du monde enfaite, même si cette personne a l’air étrange. La prochaine fois, elle va rencontrer un samouraï ? Non, vraiment, c’est cool. Elle m’avait dit que les relations sociales c’était pas son truc et bien on dirait qu’elle s’est fait un pote aux shuriken. Mais qu’est-ce que je raconte ?! Efface tout de suite ce sourire de ton visage Kelya ! Je mime la pause ninja, joignant mes mains entre elle, laissant index et majeurs tendus.

-Ninpo, permutation !

Ouai, je me fous un peu de sa gueule, j’avoue !

A son expression, je devine bien qu'elle aimerait que tout soit oublié. Mais si je laisse couler, combien je vais m'en prendre dans la gueule encore...? Si elle aime passer du temps avec moi, comme j'aime passer du temps avec elle, ça sera pas systématiquement en tant que roue de secours, parce qu'elle n'a personne d'autre à voir. J'ai pas envie qu'à chaque fois, elle puisse disparaître d'un claquement de doigts parce que quelqu'un d'autre lui propose de la voir. Tu vas devoir choisir un jour, Kelya... C'est pas moi qui t'y forcerai, mais si tu le fais pas toi-même, ça va te retomber sur la gueule.

Quand je lui permet de changer de sujet avec mon histoire d'hier, elle commence à se foutre de ma gueule, en me décoiffant d'une main. Je viens de les laver, moi, merde!

-Faut arrêter la drogue, ça ne te réussit pas vraiment… En tout cas cet « ermite » t’as bien lavé la gueule !

-Mais j'te jure, putain... Il faisait deux fois ma taille, en hauteur et en largeur, et comme j'étais vénère j'ai commencé à l'insulter... Je crois... Et là, comme un espèce de vieux sage, il m'a emmené dans un vieux dojo pourri pour "extérioriser ma colère"!

Putain, plus j'en parle et plus j'ai l'air dingue, j'imagine. Mais, je pourrais pas inventer un truc pareil... Je vais passer sous silence la partie ou il me roule un joint, parce que je sens que ça n'aiderait pas à la convaincre. Mais à part ça, j'ai pas vraiment de preuves de ma rencontre... Même le numéro du gars, ça veut pas dire grand chose. Je sais même pas si je le reverrai. Quoi qu'il m'avait parlé de ce tournoi... Bref. Il me reste bien une méthode pour le prouver, mais on va pas se...

-T’as le droit de voir qui tu veux, fais attention de ne pas te prendre un ninjutsu dans la gueule par contre, ça risque de piquer ! Ninpo, permutation !

... Mais elle se fout complètement de ma gueule, en fait? Ah ouais... Eh ben, il me reste bel et bien un moyen de lui prouver, alors. Et je sais exactement comment faire pour la faire rentrer dans mon jeu... Oh la, je passe en mode démon. Je déteste quand elle se moque de moi, il faut à tout pris que je reprenne le dessus. Je m'approche d'elle, les bras sur ses épaules, comme pour l'enlacer, et j'approche juste mes lèvres de son oreille.

-Tu peux te moquer, le gorille... Mais ça veut dire que la prochaine fois qu'on se frite, je vais t'étaler comme une merde...

Impossible pour moi-même d'y résister; je ponctue ma phrase d'un baiser sur ses lèvres. Ma petite provoc' devrait la faire réagir. Je l'imagine déjà exploser à l'intérieur. Perdre contre moi, contre "la gamine"? Elle plongerait plutôt dans une piscine de verre brisé avec des lames de rasoir dans la bouche! Je ne pense pas qu'elle doutait réellement de ce que j'ai dit, on a un peu passé ce cap avec elle. Y'a plus de mensonges entre nous. Peut-être... Un ou deux omissions, de temps en temps. Et bien sûr, on ne se dit pas ce qu'on ne sait pas nous-même, par exemple, où elle pense en être avec moi, ou ce que je pense d'elle. Des broutilles! Mais... Bah. C'est comme ça qu'on marche. Pour le moment, en tout cas. Je préfère prendre mon temps que le perdre.

Mais c’est quoi cette histoire franchement ? J’ai du mal à la suivre, on dirait vraiment qu’elle a pris un truc pas net hier soir… J’me marre, elle me fait rire et elle commence à s’énerver de me voir me foutre de sa gueule. En même temps, il y a de quoi avec un récit pareil ! Le pire c’est que je la crois mais je ne peux pas m’arrêter de rire. Ses bras se posent sur mes épaules et son souffle chaud vient effleurer mon oreille.

-Tu peux te moquer, le gorille... Mais ça veut dire que la prochaine fois qu'on se frite, je vais t'étaler comme une merde...

Je m’arrête immédiatement de rire, déposant ma clope dans le cendar. Elle a dit quoi ? Croit-elle réellement pouvoir me battre ? La dernière baston ne lui a pas suffi ? J’allais répliquer mais ses lèvres me contraint à la fermer. Quelle garce ! Je romps le baiser, posant ma main sur sa bouche pour empêcher ses délicieuses lèvres de revenir à la charge.

-Tu crois que j’ai peur de toi ?

Un sourire provocateur s’empare de mes lèvres alors que je la plaque dos sur le canapé, mes jambes de chaque côté des siennes, j’empêche ses bras de se mouvoir avec l’étreinte de ma main droite sur ses poignets. Je remonte lentement son haut de mon autre main, plongeant mon regard prédateur dans ses yeux bruns.

-Qu’est-ce qu’un petit corps tout chétif comme le tien pourrait bien faire, gamine ?

Je laisse glisser mes doigts sur sa douce peau avant de remonter jusqu’à ses seins.

-Rien du tout.

Je lui fous une petite pichenette sur un de ces tétons avant de rapprocher mes lèvres des siennes, changeant de direction à la dernière seconde pour venir lui chuchoter à l’oreille, d’un ton tout aussi provocateur que mon sourire.

-Il te faudra des années d’entrainement avec Hulk pour me battre.

Je lui lèche sensuellement l’oreille avant de me redresser, lâchant toute étreinte sur elle et retrouver ma position précédente, cul sur le canapé et clope au bec. Sa mutation permet de visualiser mes moindres mouvements, je l’ai bien vu lors de notre baston la dernière fois. C’était très impressionnant, même si je ne lui dirais jamais. Seulement, ça ne suffira pas pour me mettre KO et elle le sait. Est-ce que l’entrainement avec ce fameux « ermite » changerait quelque chose ? Qui sait. De toute façon, elle ne me fait pas peur.

-Gare à ton cul chérie, tu risques de te prendre une bonne raclée !

Et je me remets à rire, m’asphyxiant les poumons de nicotine. En parlant de cul, c'est vrai que le sien n'est pas désagréable à regarder. TA GUEULE !

-Tu crois que j’ai peur de toi ?

Ouah, je savais que ma provocation allait marcher, mais pas à ce point-là! Elle repousse mes lèvres de sa main et me plaque contre le canapé, en m'enserrant de ses jambes. J'avoue, j'aurais sans doute eu du mal à l'empêcher de bloquer mes bras dans sa poigne... Si j'avais essayé.

-Qu’est-ce qu’un petit corps tout chétif comme le tien pourrait bien faire, gamine ? Rien du tout.

J'ai pas mal d'idée de ce que pourrait faire mon corps, au contraire... Mais, pour le moment, je la laisse soulever mon haut, jusqu'à dévoiler mes seins. Je me mordille les lèvres en m'attendant à ce que sa main se referme dessus, mais... Je reçois une pointe de douleur quand elle me met une pichenette. Impossible de réprimer un petit cri. Elle approche la tête, je la recule par réflexe, le corps encore en alerte par la douleur, et elle me chuchote à l'oreille avant de la lécher...

-Il te faudra des années d’entrainement avec Hulk pour me battre.

-Ça risque d'être difficile de m'entraîner avec Hulk, je vis déjà avec...

Puis... Elle arrête tout et reprend sa place, assise sur le canapé. J'hallucine... Elle me fait vriller cette meuf! Et elle rit en plus...

-Gare à ton cul chérie, tu risques de te prendre une bonne raclée !

Putain, c'est décidé. Je contacte Zack et je lui demande de m'entraîner. Et en attendant... Je vais me la faire, peu importe dans quel sens on prend cette phrase. C'est chelou, j'ai l'impression que mes coups de nerfs sont intimement liés à mon envie d'elle. Mon t-shirt encore relevé, je lui saute dessus et l'allonge sur le canapé. Avec sa clope dans la main, elle pourra pas se défendre... Une main sur sa poitrine, je la regarde d'en haut.

-C'était une proposition...?

Je me penche sur elle pour l'embrasser. J'ai une furieuse envie de lui taper dessus... De la pincer, de la mordre. Ma main passe sous son haut à elle pour m'agripper à sa poitrine, pendant que nos lèvres s'emmêlent. Pourquoi c'est toujours comme ça, avec elle? J'ai l'impression que c'est plus fort quand on essaye de se convaincre qu'on n'en a pas envie... Ou quand on ne tient vraiment plus. Mon genou remonte entre ses jambes pour se frotter à elle. Tout se bouscule dans ma tête. J'ai envie d'elle, autant qu'elle m'énerve, j'ai envie de rester ici, d'être plus forte, d'être à son niveau. C'est un des derniers trucs où je suis en retrait... Je veux plus être en retrait. Pas avec elle. Je veux la dépasser pour qu'elle continue à essayer de me dépasser... Qu'on se fasse avancer l'une et l'autre.

Bon alors, le programme : on décale dans 45 minutes de l’appart, je file aux clopes après les cours et je vais au taf. Une journée bien remplie mais bon, faut gagner des sous. Je recrache lentement la fumée cancérigène puis à peine le temps de l’évacuer de mes poumons que je me retrouve allongée sur le canap’ avec l’aspirante ninja au-dessus de moi et sa main inséparable à ma poitrine. Ne jamais tourner le dos à son adversaire, je le sais en plus ! Peut-être que c’est ce que j’attendais ?

-C'était une proposition...?

-Tu aimes la fessée ?

Ses lèvres s’emparent des miennes pour un baiser ne manquant aucunement d’ardeur. Je laisse ma langue venir danser avec la sienne dans un rythme endiablé alors que je sens sa main glisser sous mon haut. Je sens l’extrémité de mes seins se durcir sous le tissu de mon soutif. La garce, j’ai clairement envie d’elle ! Mon corps se crispe lorsque son genou émet une légère pression entre mes jambes. A coup sûr, j’aurai émis un de ces sons qui me fait rougir à chaque fois, mais mes lèvres sont bien trop occupées avec les siennes. Putain, cette gamine va me rendre folle ! Je tends le bras pour déposer ma clope dans le cendar, puis j’attrape son haut pour le retirer complétement, coupant l’espace d’un instant la danse de nos lèvres.

-Tu sais qu’on doit aller en cours dans moins d’une heure, n’est-ce pas ?

Un sourire prédateur au visage, je viens retrouver ses lèvres, balançant son haut sur le sol de l’appart. Pourquoi elle me faisait la tête déjà ? Un frisson d’excitation parcourt entièrement mon corps, ses mouvements y sont pour quelques choses. Mes doigts viennent glisser lentement le long de son dos, mes lèvres décident enfin à se séparer des siennes pour venir embrasser sensuellement son cou, le mordillant par envie.

-Tu veux mes doigts ou tu préfères ma langue ?

Je lui chuchote ces mots d’une voix suave, continuant mes caresses sur son dos et ponctuant ma phrase par une légère morsure sur l’oreille suivi d’un doux passage de ma langue. J'aime beaucoup trop la provoquer ! C’est sûrement la personne qui me tape le plus sur les nerfs et pourtant, j’ai l’impression de ne pas pouvoir m’en passer.

-Tu aimes la fessée ?

Je crois que je vais pas relever celle-là. D'abord parce que, bah, une fois de temps en temps, pourquoi pas, j'en sais rien, et puis c'est pas le sujet, et ensuite parce que ça lui ferait trop plaisir...

En attendant, c'est moi qui lui fait plaisir. Elle répond à mon baiser avec envie, et je peux sentir sous mes doigts qu'elle est loin, très loin d'être indifférente à mes caresses. Je suis si proche d'elle, je peux sentir son corps et ses moindres réactions contre le mien. Comme le fait qu'elle se raidisse légèrement quand ma jambe appuie entre les siennes, et son petit cri étouffé par mon baiser... J'aime tellement la rendre dingue! Elle finit par poser sa clope et m'arrache quasiment mon haut, qui était déjà remonté.

-Tu sais qu’on doit aller en cours dans moins d’une heure, n’est-ce pas ?

Une phrase et un visage qui en disent long sur ses intentions... Sans me laisser répondre, elle m'embrasse à nouveau en jetant mon T-shirt par terre. Moins d'une heure? C'est faisable... Mais est-ce qu'on s'arrêtera? Est-ce que j'ai envie qu'on s'arrête? Pour le moment, je savoure le fait que notre lien n'aie pas été atténué par les récents... Évènements. Je pense que j'en avais besoin. Alors, pour le moment... Je me laisse rassurer et je profite de l'instant.

Je sens ses mains passer dans mon dos et glisser sur ma peau nue, et je me cambre un peu sous cette sensation inattendue; elle en profite pour venir mordiller mon cou. Elle réagit comme moi... Cette envie de posséder l'autre, si fort qu'elle se traduit souvent par des morsures.

-Tu veux mes doigts ou tu préfères ma langue ?

Les deux... La première réponse qui me passe par la tête n'est pas la plus réaliste mais je n'ai pas envie de choisir, je sais déjà que les deux seraient un pur moment d'extase. Seulement, la dernière fois, on n'avait pas pu aller très loin... Je crois que j'ai envie que ce soit elle qui s'occupe de moi.

-Je crois que je préfère la deuxième option...

J'ai jamais eu sa... Prestance et son assurance quand il s'agissait de parler de ça. Je finis toujours par utiliser des synonymes, des périphrases, des petites astuces qui m'évitent d'avoir à prononcer des mots qui m'ont été étrangers pendant trop longtemps. Je n'ai pas son expérience, et sans doute pas la même approche, mais j'aime bien quand elle fait ça. Je me demande si je serais capable de le faire un jour.

Alors que je me perdais dans ses pensées, elle m'arrache un gémissement et je me recroqueville sur elle. Elle vient de me mordiller l'oreille... Elle sait très bien que ça me fait vriller direct. C'est un peu trop facile, ça, espèce de sale gorille... Continue, s'il te plait...

-T'as pas intérêt à recommencer ça, sinon...

Comment on peut être autant en dissonance en paroles et en pensées? Je peux pas m'empêcher de me dire qu'elle comprendra le contraire de mes mots, en étant sur la même longueur d'ondes. Mais je lui montre quand même à quoi ressemblerait la vengeance qui suivrait ce "sinon" : pas de pichenettes pour moi, mes doigts atrappent un de ses tétons pour le tirer doucement vers moi.

Mon sourire s’élargit lorsqu’elle répond à ma question. C’est vrai que la dernière fois on avait été coupées juste à ce moment-là… Son corps se colle contre le mien lorsque je viens mordre son oreille. Et oui gamine, je suis au courant de ton point faible et tes réactions sont si plaisantes lorsque je titille cette zone érogène.

-T'as pas intérêt à recommencer ça, sinon...

Sinon quoi ? Elle attrape un de mes tétons à travers mon soutif. Elle compte me pincer si je recommence, c’est ça ? Un petit rire m’échappe avant que je vienne lui murmurer à l’oreille.

-Eh bien vas-y, qu’est-ce que t’attend ? Ça me fera peut-être gémir…

Je viens remordiller le lobe de son oreille. Elle n’attend que ça, n’est-ce pas ? Elle est tellement mignonne quand je fais ça, son corps réagit instinctivement à mes gestes. Profitant de fait qu’elle soit collée à moi, je n’ai aucun mal à inverser nos positions, d’un mouvement souple.

-Tu sais que t’es trop chou quand tu gémis comme ça, gamine.

Mon souffle chaud toujours sur son oreille, je continue de la lécher puis la mordiller comme bon me semble, descendant ma main lentement le long de son corps, passant en dessous des tissus qui protègent encore son intimité. Après m’être attardée quelques secondes sur son cou pour lui laisser un magnifique suçon, je viens retrouver son regard posant mon autre main sur sa joue. Un sourire provocateur anime mes lèvres. Elle est trempée.

-Tu es déjà toute excitée, n’est-ce pas mignon ?

Mes sombres iris restent un moment plonger dans ses yeux, mais je descends bien vite mon regard. Ses lèvres m’attirent tel un aimant et je savoure ce baiser passionné en laissant mes doigts caresser son entrejambe, pour le moment. J’ai envie de faire durer le plaisir mais le temps finira par avoir raison de nous. Pourquoi tout passe tellement vite lorsque je suis avec elle ? Skye, quel est cet effet que tu as sur moi ?

-Eh bien vas-y, qu’est-ce que t’attend ? Ça me fera peut-être gémir…

Cette fois, elle l'a cherché... Quand je sens à nouveau ses dents presser sur mon oreille, j'ai besoin d'un gros effort de concentration pour ne pas gémir trop fort. J'ai juste envie de la laisser faire et de m'abandonner à ses lèvres mais... Non non non, d'abord la vengeance! Je la pince aussi fort qu'elle me mordille. Je la sens assez dure en dessous de son haut, et le contact de son téton sous mes doigts... J'adore ça. Je continue à jouer avec pendant qu'elle me retourne littéralement, je lâche un petit cri de surprise. Décidément, un peu d'entraînement me fera du bien. Elle me soulève comme si j'étais un putain d'oreiller.

Je sais pas ce que je préfère entre être sur elle et l'avoir sur moi. La plupart du temps, c'est vrai, c'est elle qui vient s'écrouler sur moi quand on est toutes les deux pétées, et je sais que ça lui fait plaisir... Mais l'avoir coincée sous moi offre une vue vachement agréable!

-Tu sais que t’es trop chou quand tu gémis comme ça, gamine.

-C'est juste pour t'exciter... J'fais semblant.

Elle est toute sur moi maintenant. Je sens son souffle, je sens ses lèvres sur ma peau. Des frissons électriques parcourent mon corps en même temps que ses doigts. J'ai un peu honte quand sa main vient se glisser en dessous de ma culotte, j'ai déjà tellement envie... Ses doigts glissent tout seuls en moi, je ferme les yeux pour oublier la gêne du bruit humide qui se fait entendre.

Sa tête est plongée dans mon cou. Je sens un picotement agréable qui me lance, elle... Elle est en train de me marquer?! Elle a dû me faire un suçon, elle recule et me regarde avec son air triomphant habituel...

-Tu es déjà toute excitée, n’est-ce pas mignon ?

J'ai envie de répondre quelque chose de cinglant mais rien ne vient. Ça recommence... J'ai toujours de la répartie à revendre, surtout avec elle, mais quand elle me regarde... Je sens juste ma respiration de plus en plus forte alors que ses yeux sont plongés dans les miens, et ses doigts...

Les miens toujours sur ses tétons, je la tire doucement vers moi en la pinçant. A mon tour, j'enfouis la tête dans son cou, en écartant les cuisses pour elle. Vas-y Kelya, fais ce que tu veux... Mais je serai certainement pas la seule à être marquée! Je profite de ce moment pour lui laisser à mon tour un suçon dans le cou, juste au-dessus de sa cicatrice. Je bouge doucement les hanches pour aider ses doigts à s'enfoncer plus loin... Je veux plus. Je veux que ça aille plus vite, plus loin, je veux sa langue. Je veux la lécher moi aussi...

Bordel, la température a carrément montée et dans sa culotte…Mon corps réagit de lui-même lorsqu’elle exerce une pression sur l’extrémité de mes seins, il se crispe et moi, j’étouffe comme je peux les sons qui veulent s’échapper d’entre mes lèvres. Les siennes, viennent se poser sur mon cou pour imiter mon geste précédent. La garce, je bosse ce soir bordel, va falloir que je cache ça ! Mes doigts continuent leurs vas-et-viens, elle m’offre son intimité mais c’est ma langue qu’elle désire, n’est-ce pas ? Lorsqu’elle termine cette marque rouge sur mon cou, j’attrape son menton, embrassant ses lèvres un court instant avant de lui dire, toujours avec cette voix provocatrice.

-Et si on passait aux choses sérieuses maintenant ?

Mon souffle est anormal et reflète très clairement toute cette excitation qui m’anime. J’ai envie d’elle, et cette envie est bien trop forte pour que je puisse la réprimer. Skye, tu es tellement énervante mais incroyablement excitante. Je déboutonne son pantalon, faisant danser une nouvelle fois nos langues sur un rythme endiablé, retirant lentement les tissus qui recouvrent la dernière partie de son corps avant de lui murmurer sensuellement à l’oreille.

-Cette fois, personne ne viendra à ton secours, Skye…


14h57, putain, on va clairement arriver à la bourre ! Je dépose un doux baiser sur les lèvres de ma coloc encore nue, me déshabillant dans le salon, laissant mes vêtements décorés le sol de la pièce. Je cours comme une furie dans la chambre pour prendre des vêtements propres et mon sac de cours. Une fois toute mes affaires prises, je reviens vers le salon, fixant la petite brune qui s’y trouvait encore.

- Bon, t’as fini de rêvasser ? On peut y aller ? Ou je te laisse derrière et je pars devant ? Comme ça tu pourras mater mon cul de gorille ? Je sais que t’aimes bien !

Je lui dis tout cela d’un ton amusé malgré ce sourire provocateur qui ne veut disparaitre. Moi qui étais claquée plus tôt, je pète la forme maintenant ! C’est sûrement les gémissements de ma coloc qui ont un pouvoir revigorant ou alors sa… Un petit rire m’échappe alors que ma langue retrace le contour de mes lèvres. Comment puis-je me lasser d'elle ? C'est impossible. Raaah qu'est-ce qu'elle peut me taper sur les nerfs !

-Et si on passait aux choses sérieuses maintenant ?

- Tu crois que tu vas tenir le coup...?

Enfin, c'est pas trop tôt... J'attends que ça,je suis prête. J'ai envie d'elle. J'ai envie qu'on se défoule l'une sur l'autre... Ou, sous l'autre, selon le point de vue. Son souffle accélère quand elle retire mon pantalon. C'est tellement bon de se savoir désirée avec autant de... Hmm. Force? Elle termine de me déshabiller. C'est la première fois qu'on le fait en plein jour. Je suis pas vraiment gênée... Comment dire. Ensemble, une fois qu'on est parties... On est parties. Même si ça met parfois un peu de temps.

-Cette fois, personne ne viendra à ton secours, Skye…

- Même si quelqu'un arrivait à la porte, hors de question que tu t'arrêtes.


Je pousse un long soupir de soulagement. Je peux plus bouger le moindre muscle. Il doit presque être 3h... Je suis en sueur, c'était bien la peine de prendre une douche. Je rigole toute seule. C'était... Wouah! Kelya m'embrasse avant de retirer ce qui lui rester de vêtements. Elle va se changer en vitesse, alors que j'arrive difficilement à me relever... Toutes nos fringues sont disséminées dans la pièce un peu partout. Heureusement qu'on reçoit pas trop de monde. Quand elle revient, avec son sac et entièrement habillée, j'ai à peine remis mon T-shirt. Il tombe juste en dessous de mes hanches. Mes vêtements sont encore propres... Après tout, je les ai pas portés très longtemps, après la douche. Je souris en regardant la marque dans son cou et je passe la main sur le mien.

- Bon, t’as fini de rêvasser ? On peut y aller ? Ou je te laisse derrière et je pars devant ? Comme ça tu pourras mater mon cul de gorille ? Je sais que t’aimes bien !

- C'est bon, attends deux secondes! T'as balancé mes fringues partout...

J'ai envie de lui... Euh, non. Je dois m'habiller, moi aussi. J'essaye de me dépêcher un peu mais... J'ai tellement sommeil! Et j'ai du mal à tenir sur mes jambes. Sérieux, on dirait que je sors d'anesthésie générale. Je tangue un peu en remettant ma culotte, puis mon pantalon. Mes affaires de cours... Bah, je vais juste emporter un stylo.

Elle a tellement l'air en forme comparé à moi... C'est comme si elle m'avait aspiré mon énergie vitale. Saleté de sorcière.

- J'suis prête, on peut y aller!

Fin de la matinée. Enfin, c'est même plutôt le début de l'après-midi. Mais ça va mieux. Et puis, on va encore devoir se taper tout le trajet toutes les deux jusqu'au NEST... Y compris le métro. Je laisse glisser ma main sur ses fesses. C'est vrai que je les aime bien. Plus qu'elle ne le pense à mon avis. Pourquoi c'est aussi... Compliqué de rester simples? Enfin... J'imagine que j'avais besoin d'être rassurée... Entre autres. La prochaine fois, ça sera à mon tour de te faire gémir. T'es pas aussi silencieuse que tu as l'air de le penser... Et j'ai terriblement envie de te le faire admettre. Avec la langue... Et les doigts.