Comme dans un rêve

Encore une très, très longue journée... Je passe mon temps à slalomer entre les cours, et à lutter pour garder les yeux ouverts pendant ceux-ci. Ces derniers temps, j'ai l'impression de fonctionner à 400% des capacités de mon organisme. Il y a les cours, bien sûr; mais ça, ça va encore. On peut pas dire que ça me demande beaucoup d'efforts de réflexion, vu le niveau.

Par contre, à côté, il y a mon boulot chez Lexy Sanders. Là, c'est d'un tout autre niveau, et niveau nourriture de l'esprit, il y a de quoi faire.

Et puis, j'ai mes entraînements avec Zack, au dojo. Cette fois, c'est mon corps qui douille. Au cas où j'étais pas déjà totalement cramée par l'effort mental... Mais bon, je commence à voir quelques changements. Au niveau des muscles, surtout les bras et les jambes. Il faudrait que je prenne le temps de courir un peu, mais...

Il y a aussi les soirées avec Kelya. Ma coloc est du genre à pas aimer s'arrêter avant d'être satisfaite, et ça, dans tous les domaines... Alors on se couche souvent super tard, entre les bières, les jeux vidéos, les clopes et les fringues en désordre - quand on en porte encore.

Même s'il n'y avait que ça, le soir, je reprends mes recherches plus personnelles pour aider Solveig à compléter sa thèse. Elle me connaît sous mon vrai nom, on s'est rencontrées au centre commercial. Mais quand on discute par mail, pour elle, je suis une autre personne : le scientifique freelance dissident, Sora Akai. Un grand nom dans les revues scientifiques les plus cotées. J'utilise ce pseudo, sans quoi personne ne porterait de crédit à une étudiante du NEST... La plupart de mes articles font sensation dans le milieu. C'est une des autres sources de fatigue cérébrale qui me fait fermer les yeux pendant le cours d'histoire.

Sans compter que je viens de m'engager dans une affaire de cabinet d'enquêtes avec l'ex-inspecteur Nelvas... C'était peut-être la goutte de trop?

En tout cas, je suis là, sur un banc, dans la cour intérieure. Entre l'heure de midi et la reprise... Enfin, je crois. J'ai mes écouteurs sur les oreilles, j'écoute un vieux son du pays, du rock britannique, comme souvent. Il y a un mot gravé sur le dossier, "ИOITULOVEЯ". A côté d'un coeur avec deux initiales... Aucune idée de qui ça peut être. Je me laisse bercer par la musique. Et puis... Je sais pas, j'ai du m'endormir.

Je suis dans une forêt en automne. Une forêt comme on n'en voit plus que dans les applis d'histoire. Des chênes des châtaigners, des érables, des hêtres... Je suis avec des gens... Des gens proches. Mais j'entends une voix sur le côté, je m'arrête, et les autres partent sans moi.

Une fille, brune, nue, me regarde dans la forêt. Sur le côté du chemin. Elle a trois têtes. Trois jolies têtes. Et elle a l'air triste.

Je m'approche, je lui parle, normalement. Elle a l'air touchée par le fait de ne pas être traitée de monstre.

Je dois l'aider. Elle me montre une gamine allongée sur une sorte de tapis, plus loin.

La gamine a des ailes d'os sombres, sans membranes, comme un dragon squelettique.

Des braconniers les retiennent ici. La fille aux trois têtes n'est pas une créature "complète" de la nature et m'avoue être l'enfant d'un humain et d'une créature comme la fillette à côté.

Son père, l'humain... a tué sa mère et le père de la gamine.

On part, plus loin dans la forêt, en laissant là la petite. Un grand bâtiment, qui ressemble un peu à une école. Des grilles autour. On réussit à y entrer, le bâtiment est vide, aucune lumière. Elle me mène jusqu'à une salle avec un deuxième enfant, sans particularités, répondant aux normes humaines. Mais quelque chose se dégageait de lui assez fort pour savoir que c'était aussi une... "créature de la forêt". Elle était allongée sur un grand tapis de jeu. Il fallait la sortir de là, elle aussi, avant le retour des braconniers. Je la prends dans mes bras, pendant que la fille-hydre essaye de crocheter la porte. Quand on est enfin dehors, je jette un œil derrière le bâtiment, trois hommes en tenue vert foncé arrivent.

Je dis à la fille aux trois têtes de se dépêcher, je lui donne l'enfant dans mes bras, et je cours dans la forêt, récupérer la fillette aux ailes déchirées. Je la ramène, et l'hydre la prend également dans ses bras. Les trois hommes nous ont vus. Ils commencent à tirer sur la fille qui court vers la forêt avec les deux enfants, depuis l'enceinte du bâtiment. Je passe derrière eux, l'un d'eux, désarmé, fait signe aux deux autres de me tirer dessus. C'est trop tôt, à cette distance, je mourrais, sans aucun doute. J'accélère. Les autres n'ont pas l'air de percuter. Je saute par-dessus une des barrières. Ça y est, je sens que les balles me visent. Je cours vers la forêt, je jette un œil sur la gauche, pour voir la lisière de la forêt. Est-ce qu'elle s'en est sortie?

Une douleur déchire mon bras. Une balle l'a traversée. Je m'écroule un peu plus loin.

Quand je rouvre les yeux, sur le banc, sous la lumière du soleil de juin tamisée par le dôme, il y a une fille qui est penchée juste devant moi... Putain, j'espère que j'étais pas en train de baver. Je me relève.

- Euh... Salut.

Je me promenais tranquillement dans la cour quand que vois-je !? Une demoiselle en détresse ? Bon, pas vraiment mais disons qu'elle menaçait de s'éclater par terre. Croyez moi, si je la connaissais mieux je dirais qu'elle ne risquait pas d'abimer quoique ce soit, en référence à sa...Son manque de fut-fut mais je ne la connais pas, du coup, j'peux rien dire sur le moment. Je viens doucement me pencher sur elle pour la regarder durant quelques secondes, elle a l'air un peu agité. Je m'éloigne rapidement avant d'aller chercher un bâton de bois d'à peu près cinquante centimètres qui traine dans la cours. Je reviens vite vers elle avant de gentiment lui poker la joue avec.

- Hé, debout, tu vas t'écraser au sol. Aucune réponse, je ne sais pas si je devrais la repousser sur le banc...Merde ! Elle se réveille. Pas d'élément du crime pas de crime. Je balance aussitôt le bâton aussi loin que possible. Avec raison, une des passantes me décoche un regard incrédule. Depuis le temps, je me suis habituée à ce que les gens me considèrent comme un bébé. M'enfin, je me tourne vers la demoiselle avant de m'approcher. La première chose qui me frappe c'est son air relativement enjoué, ça commence bien.

- Bonjour, dis, tu t'arranges pour t'écraser tête première. Du bout du doigt, j'appuie sur son épaule sans détourner les yeux. Quelle super passante je fais.

- Je suis Makhenzie, toi ? Demandais-je en voyant ses écouteurs toujours dans ses oreilles. À vrai dire, je ne les avait pas remarqués lorsqu'elle se la jouait la belle au bois dormants puisque sa crinière de lion les cachait.

- Hé, debout, tu vas t'écraser au sol.

Je m'essuie la joue, et je passe ma main sur ma tête pour replacer mon bonnet... Mais, je le porte pas aujourd'hui. Mes cheveux sont en bordel, mais bon, ça, ça change pas énormément de d'habitude... Il me faut quelques secondes pour que toute ma matière grise se remette en action. Par exemple, j'ai beaucoup de mal à analyser le fait qu'elle vienne de balancer un bâton au travers de la cour.

- Euh... Salut.

Je retire mes écouteurs, toujours en train de passer de la musique en fond.

- Bonjour, dis, tu t'arranges pour t'écraser tête première.

Celle-là, elle est du genre à rentrer dans le lard. C'est ça, être hypersocial...? En vrai, ça change. Jusqu'ici la plupart des élèves que j'ai pu rencontrer étaient plutôt de l'autre côté de la balance. Ou, sans aller jusqu'à être antisociaux, c'étaient pour beaucoup de sacrés connards. Enfin, il y a quelque chose d'étrange... C'est pas de la sociabilisation, plutôt une sorte d'absence de barrières sociales. Un peu comme les enfants qui vont sans problèmes les uns vers les autres... Si, vous savez, avant d'apprendre que son prochain est un connard.

J'avoue, c'est pas une période qui a duré très longtemps pour moi. J'imagine qu'être élevée en laboratoire ne donne pas un brillant exemple de développement psychique. Allez, Skye, ferme ta gueule et réponds sans insultes, pour une fois.

- Je suis Makhenzie, toi ?

- Moi, c'est Skye... J'suis en études sup. En sciences.

Je sais pas pourquoi je rajoute ça. Peut-être que parce que, malgré qu'on fasse à peu près la même taille, elle a l'air d'être plus jeune que moi? je sais pas ce qui me donne cette impression. Peut-être son approche... Insouciante.

- Hmm... J'ai raté beaucoup de cours...? Il est quelle heure...?

J'essaye d'éviter de bâiller, mais impossible. Je crois que j'ai déjà vu... "Makhenzie", dans l'école, mais c'est la première fois qu'on parle. Je l'ai plutôt vue de loin. Comme elle est au niveau lycée, on n'a pas tellement de cours en commun, à part certains spéciaux : le sport, la botanique ou les cours d'éducation civique aux mutations... Ce genre d'options un peu bateau ou les profs fourrent tout ce qu'ils peuvent.

Études supp' donc, classe ! Enfin, moi aussi je suis en études supp' mais ça reste la classe absolue quand même ! Entre autre parce que je fais parti de cette même classe...Bon, ça commence à faire pas mal de répétitions tout ça. M'enfin, je m'installe lourdement à côté d'elle avant de pousser un long soupir.

- 12:34 et....24....25...26...27 enfin, et 12:34 et quelques secondes Dis-je en consultant mon nano, mes prunelles regardant les six se transformer en sept puis en huit. J'aurais pu regarder ça toute la journée ! Bon, c,est pas vrai, j'aurais finit par m'impatienter. M'enfin.

- T'as pas manqué grand chose. Y'a eu ces deux idiots qui se sont pris la tête en plein milieu du couloir donc il gênait le trajet pour tout le monde mais à part ça rien. Ah si ! Cette fille a échappé son coffre à crayon dans les escaliers, ça rendait super bien les crayons de couleur qui roulaient dans les escaliers. Moi, tu sais, si j'étais peintre ce serait le genre de truc que je m'amuserais à peindre. T'imagine ? Je...J'ai rien dit, pardon, je parle trop. Du calme Makhenzie, de graaaaaaaaannnnnnndeeeeeeesssss et loooonggggggueeeesssss inspirations. Comme le doc me l'a conseillé, j'inspire durant de longues secondes en répétant un nom à trois syllabes...Hm...Cette fois-ci ça allait être Ursula....Non attendez, c'est pas beau comme nom. Makhenzie ! C'est un nom de déesse ça.

Je passe une trentaine de secondes perdues dans mes pensées avant de me tourner vers ma nouvelle camarade, regardant ses écouteurs.

- T'es du genre à écouter quoi ? Demandais-je en souriant doucement. À la différence de ceux qui ont constamment un air de boeuf, moi, je souris plus souvent qu'autrement. Ça me fait penser à ces gens qui exor...exhor....Exigent qu'on ne leur parle pas avant leur café. Moi, je demande jamais ça ! Je prends pas de café tout court, maman n'apprécie pas me voir sautiller alors que je planche sur mes devoirs ou me brosse les dents.

- 12:34 et....24....25...26...27 enfin, et 12:34 et quelques secondes.

Drôle de façon de donner l'heure. En tout cas, si je dois avoir l'air plutôt endormie, pour elle ça serait plutôt le contraire, elle a l'air de grave péter la forme.

- T'as pas manqué grand chose. Y'a eu ces deux idiots qui se sont pris la tête en plein milieu du couloir donc il gênait le trajet pour tout le monde mais à part ça rien. Ah si ! Cette fille a échappé son coffre à crayon dans les escaliers, ça rendait super bien les crayons de couleur qui roulaient dans les escaliers. Moi, tu sais, si j'étais peintre ce serait le genre de truc que je m'amuserais à peindre. T'imagine ? Je...J'ai rien dit, pardon, je parle trop.

Je me frotte les yeux. Qu'est-ce qu'elle a comme débit...! J'ai dormi moins longtemps que je pensais, aucun cours de manqué. Je passerais bien voir Lexy pour lui demander une dispense... Maintenant que je bosse pour elle, je sais pas trop comment elle réagirait. Un traitement de faveur? Pas de traitement du tout? Elle est pas facile à appréhender, notre infirmière...

Je relève la tête. Après son long débit de paroles, silence pendant une bonne demi-minute. Qu'est-ce qui lui arrive? J'ouvre la bouche pour lui demander si tout va bien, quand elle se réanime soudain.

- T'es du genre à écouter quoi ?

- Euh, j'écoutais les arctic monkeys... Un vieux groupe de rock du pays. Enfin, vieux, c'est pas les Beatles, mais j'aime bien.

On oublie souvent que l'Angleterre est le "dernier bastion de l'humanité", mais la culture britannique a une place un petit peu plus marquée dans les esprits comparée aux autres. En plus de la culture populaire, on retrouve aussi cette prépondérance dans le domaine démographique. Si Central Point est particulièrement cosmopolite, on trouve tout de même une belle part de citoyens d'origine britannique. Dont moi, d'ailleurs.

- T'écoutes quoi, toi...? Je crois que c'est la première fois qu'on se parle. T'as pas peur de passer pour une pariah à discuter avec la "tête d'ampoule" de l'Académie...?

J'ai vite tendance à me refermer par habitude. Je suis pas particulièrement aimable avec les gens, mais il faut dire qu'ils me le rendent bien. La nature humaine s’accommode mal des gens qu'ils pensent supérieurs à eux. Le fait d'être top 1 des notes du NEST m'attire autant de "célébrité" que d'animosité... Je passe la plupart de mes pauses seules, ou à me friter avec Kelya, parfois. Sahana, je la rencontre quasiment jamais au NEST. Et maintenant... Makhenzie. Maintenant que j'y pense, je la vois pas souvent très entourée, elle non plus.

Je regarde la demoiselle, patientant pour sa réponse. Les artics monkeys donc. Je crois que j'ai déjà entendu une de leur chanson une fois mais je ne les connais que très peu.

- J'écoute n'importe quoi, du moment que ça bouge et que ça fait trembler mes speakers. Dis-je en souriant largement. Je réinstalle doucement ma position sur le banc pour pouvoir mieux regarder la petite cour. Elle va finir par croire que j'ai des vers dans les fesses si je m'agite trop. Je fais de mon mieux pour ne pas bouger, rivant mon derrière sur le banc.

- Sticks and stones won't break my bones so neither will words ! J'avais légèrement du adapter l'expression depuis le temps. N'empêche, moi, je me moquais un peu qu'on me voit avec la tête d'ampoule.

- Ça embête les gens d'habitude ? Tu n'as pas l'air si méchante que ça. Vraiment, bon, elle avait l'air endormie là mais je suis sur qu'en temps normaux, elle devait être super chouette à côtoyer. Du moment qu'on lui laisse du temps pour se réveiller bien sur ! D'ailleurs, parlant de réveil, Ruffus arborait la même expression que ma nouvelle amie, c'est marrant ça tiens.

- J'écoute n'importe quoi, du moment que ça bouge et que ça fait trembler mes speakers.

Je la comprends sur un truc. Je le fais moins quand j'écoute de la musique ailleurs, mais chez moi, j'ai toujours les basses à fond. Le genre à camoufler les aigus et faire trembler les murs... et le ventre. Y'a quelque chose de viscéral dans le fait de "ressentir" la musique. Elle se pose à côté de moi, elle n'arrête pas de remuer. Elle a envie de pisser, ou quoi...? Elle finit par se calmer un peu, avant de me répondre quant au fait de risquer d'être vue avec moi, en utilisant une vieille expression

- Sticks and stones won't break my bones so neither will words ! Ça embête les gens d'habitude ? Tu n'as pas l'air si méchante que ça.

L'expression n'est pas tout à fait la bonne. C'est "les coups de bâtons et les pierres peuvent me briser les os, mais les mots, non", ce qui sous-entend une grande force mentale. Sa version a plutôt l'air de parler d'un tank!

- C'est pas que ça embête les gens... Ce qui les emmerde c'est de me voir survoler le podium sans faire le moindre effort. Par contre, c'est pas ça qui leur fera sortir les doigts du cul...

C'est un fait plutôt connu que je suis la numéro 1 de l'académie, et beaucoup savent que c'est à cause de ma mutation. Mais je ne suis qu'à moitié honnête. Si les gens me détestent, c'est aussi parce que de mon point de vue, 98% d'entre eux sont stupides, inintéressants et profondément abrutis... Ce qui ne me pousse pas forcément vers eux.

- Et puis, bon... J'imagine qu'à force d'être en solo, entre les livres, l'ordi, les jeux... J'ai fini par me coller une étiquette de "pétasse solitaire" bien collante.

Timing parfait, un groupe de meufs qui sortent de l'internat s'arrête un moment en nous voyant, toutes les deux. La "chef" - y'a toujours une "chef" dans les petits groupes de meufs - se retournent et commence à parler aux autres, puis toutes se mettent à glousser. C'est la fille que tout le monde écoute, le genre qui s'est tapé la moitié de sa classe. Ou de l'Institut. Elle a un nouveau mec à chaque pause... Habituée, mais blasée quand même, je leur lâche un doigt d'honneur. En réponse, la blondasse nous prend en photo avec son nanocom.

- Bah alors, l'intello, tu t'es fait une nouvelle amie...? Faut lui montrer le bon exemple...!

- Mature, la photo. T'as arrêté les selfies? C'est con qu'il y ait pas de filtre insta pour le QI. Allez, grouille ton cul si tu veux la prendre. Ta batterie dure aussi longtemps que tes relations.

Les autres filles retiennent leur souffle. Apparemment, j'ai visé juste. Elles ne savent pas trop quoi répondre, et voient leur leader commencer à rougir de colère.

- Fais la maligne, grosse conne... Y'en a qui bossent ici, on est pas toutes nées comme toi avec tout d'offert à la naissance!

- J'avoue, j'ai plus de bol que toi. Le seul certificat de naissance que t'as eu, c'est une lettre d'excuse du fabricant de capotes. Viens, Makh, on bouge.

Voilà, c'est ça, ma vie au NEST. J'imagine qu'elle aussi va se barrer, maintenant, voire rejoindre leurs rangs. Bah.. On verra. J'entends même plus ce qu'elles disent, mais elles sont en train de gueuler. Je vais vers le côté du bâtiment de l'académie... Un des "coins fumeurs" où les profs n'ont pas trop l’œil sur nous. Enfin, ça va; c'est interdit, mais ils sont plutôt relax là-dessus.

J'écoutais dans le silence des plus complet la demoiselle parler en me disant qu'elle avait un langage plutôt fleuri...Elle va mal le prendre si je me couvre les oreilles...? Probablement, subit Makhenzie, subit. Notre calme relatif finit par être interrompu par un groupe de filles que je crois déjà avoir vu auparavant.  Je fais mine de me lever pour leur montrer le bon exemple avant que la langue acerbe de ma camarade ne s'occupe d'elle. J'écoute leurs échanges sans même piper l'ombre d'un mot, de toutes façons, on ne m'en laisse pas le temps.

- Désolée... Marmonnais-je alors que je suivais ma nouvelle amie à la a langue plutôt bien pendue.

On s'arrête dans un coin où je ne m'aventure presque jamais puisque les émanations toxiques sont toujours beaucoup trop intenses pour mes pitis poumons fragiles.

- J'aurais pu utiliser la grande pour frapper sur la petite. Marmonnais-je, sérieuse. D'hab, c,était ce que je faisais, ça marchait toujours ! Je me mure aussitôt dans un épais silence, ne sachant pas exactement quoi dire. C'était un peu gênant sachant qu'elle venait d,insulter tout le monde comme si ça lui faisait absolument rien. Après de longues secondes, je parviens à me répondre.

- Sinon, comment ça se fait que t'es si fatiguée ? Demandais-je pour relancer la conversation.

- Désolée...

Elle répond d'une toute petite voix. Ca a pas l'air le genre à tenir tête aux emmerdeuses... D'ailleurs, elle n'a peut-être pas à le faire, en temps normal. Je devrais peut-être pas l'emmener avec moi... Tout ce que ça va lui apporter, ce sont des ennemis contre lesquels elle n'osera rien faire. En tout cas, c'est ce que je pensais, quand elle me lâche, tranquillement... :

- J'aurais pu utiliser la grande pour frapper sur la petite.

Je la regarde, étonnée, mais elle a l'air le plus sérieux du monde. Alors, après un petit moment, je pouffe de rire. Dire que je la prenais pour une petite chose fragile, elle était prête à les défoncer...! Par contre, niveau tchatche, ça avait pas l'air d'être son plus gros atout. C'était même le genre à sombrer dans le mutisme dès qu'il y avait un problème... Il fallut attendre un moment pour qu'elle continue.

- Sinon, comment ça se fait que t'es si fatiguée ?

-Ah, ça... J'ai deux - non, trois tafs, à côté des cours. C'est surtout ça qui me pompe mon temps de sommeil, alors que de base, j'suis plutôt une grosse dormeuse. Et puis, je suis du genre à avoir besoin de garder mon cerveau occupé H24, sinon j'implose...

Elle n'a pas besoin de connaître les détails de mes nuits avec Kelya, de mes entraînements aux arts martiaux et de mes autres activités; et puis, rien que les explications que j'ai données suffisent à expliquer que n'importe qui tombe de sommeil en pleine pause midi.
Je m'allume une clope, je pense pas qu'elle fume, mais je lui propose quand même au cas où.

-Enfin, c'est toujours mieux que d'avoir un cerveau totalement vierge et inutilisé, comme certaines - même si c'est sûrement la seule partie de leur corps qui soit encore vierge et inutilisée.

Mouais, c'était un peu gratuit, ce coup-ci. Mais bon... J'assume.

Je secoue vivement la tête en refusant les bâtons de cancer qu'elle m'offre. Très peu pour moi, je n'ai pas envie de choper toutes sortes de maladie et de devenir addict à ça. M'enfin, j'observe brièvement autours avant de consulter mon Nano. Oh merde, on allait pas avoir tant de temps que ça pour papoter, tant pis, autant rentabiliser le peu de temps qu'on allait avoir

- C'est beaucoup, tu n'as pas peur que tes notes vacillent ? J'avais entendu des rumeurs sur son super pouvoir of doom de la mort qui tue l'apocalypse mais je n,y avais jamais vraiment trop cru pour être franche.

Si j'avais pu lire ses pensées j'aurais fait la remarque que Kelya semble être encore plus open bar que le bar dans lequel elle bosse.

Argh ! Non ! Je bouche aussitôt mes oreilles quand elle commence à injurier tout le monde. Faut protéger mes oreilles sensibles, innocentes et vierges. Faut croire que moi, en tout cas faut croire que moi mon cerveau n'est pas vierge au moins...Ouais...Non..j'ai quand même entendu ce qu'elle a dit malgré tout...

- Et si on se calmait sur les insultes...Juste un tout petit peu, faut que tu vois le tout du bon côté des choses.... Merde...Y'avait une bon côté des choses ? Elle se faisait clairement intimider...

- Contre trois biscuits au chocolat et un jus de pomme, j'accepte de leuir éclater la figure. Fis-je, très sérieuse.

Elle refuse la clope que je lui propose. Difficile de lui en vouloir, à part les myriades de mystères que le cerveau nous offre, je ne vois pas vraiment de bonne raison de dire oui. Enfin, j'imagine que ça vaut surtout pour ceux qui sont persuadés qu'ils vivront vieux. Ce genre de personnes doit encore exister... De toutes façons, ça sera une clope rapide. La fin de la pause approche, et il va falloir qu'on se bouge.

- C'est beaucoup, tu n'as pas peur que tes notes vacillent ?

Mes notes? Vaciller? Pour être honnête, elles n'étaient pas toujours au top. J'imagine que c'aurait pu être le cas si c'avait été mon but, mais... Il y a mes absences, et les quelques examens, genre philosophie, ou art, dans lesquels tout est trop subjectif pour qu'il y ait un moyen d'obtenir une note parfaite. Mais bon, même là, je m'en sors, et de toutes façons les coefs sont ridicules, dans ma branche. Du coup, je suis bonne première depuis que je suis inscrite. C'est plutôt le fait que Kelya soit capable de se hisser jusqu'au top 5 de temps en temps qui me fout sur le cul, vu son emploi du temps de... Ministinder. Enfin, du moment qu'elle en garde pour moi...

- Nan, ça va. Et puis, j'ai pas vraiment besoin de ces notes, puisque j'ai déjà plus ou moins un job... Et c'est pas comme si je tenais particulièrement à ma première place, de toutes façons.

Joignant le geste à la parole, je lui montre du doigt les différents groupes d'élèves. Les têtes d'ampoules, les pouffes, les gratteux, les geeks... Tous cherchant, par un moyen ou par un autre, à obtenir les meilleures notes possibles, comme si la vie n'avait aucun autre sens.

- Comment il disait, l'autre... "On te dira d’être premier, mais jamais d’être heureux, premier, c’est pour ceux qu’ont besoin d’une note, qu’ont pas confiance en eux". Bah, c'est un peu ça... Je m'en fous d'être première : c'est loin de me rendre heureuse.


C'est aussi pour ça que je passe mon temps à leur répondre. Je pourrais juste m'en foutre, j'imagine. Mais j'ai tellement de colère en moi...

- Et si on se calmait sur les insultes...Juste un tout petit peu, faut que tu vois le tout du bon côté des choses....

- Le bon côté des choses...? C'est sûr,...

C'était clair que je n'avais pas terminé ma phrase. Mais quelque chose m'a retenu de lui sortir un discours de vingt minutes sur la politique, l'avenir des turnes, la vacuité de la vie, les espoirs des étudiants du NEST, l'état de la planète, le temps qu'il nous restait à vivre... Un discours dans lequel elle, ou moi, deux petites terriennes, ne sont pas grand chose de plus qu'un grain de sable qui sera broyé par un engrenage des millions de fois plus gros avant de pouvoir le gripper.

- Contre trois biscuits au chocolat et un jus de pomme, j'accepte de leuir éclater la figure.

Je lève un sourcil. Elle est sérieuse? Je souris, je regarde le groupe de filles. Ça nous apporterait des problèmes... Mais le fait que je ne sois plus "seule" permettrait peut-être qu'elles me foutent la paix pendant un temps?

- Tes tarifs sont pas dégueu... J'pourrais faire appel à toi. Je verrais si mon entraînement porte ses fruits...!

Je n'avais jamais cru être stupide seulement j'étais...Naïve, oui, voilà le terme. Je m'en étais toujours réjouis puisque de simples contacts avec des gens comme Skye me confirmait que j'étais la mieux lotie d'entre nous deux. Ne pas être si au dessus du "pool" de la génétique me choyait puisque je ne passais pas mon temps à juger les idiots de la classe et ma vision du monde n'étais pas aussi terne et maussade. Je n'aurais d'ailleurs pas été surprise que Skye soit une habituée à la mélancolie et la dépression..Bon, on avait tous nos moments de déprime mais la jolie demoiselle semblait en avoir beaucoup plus souvent que moi.

- Avec plaisir, rien ne me résiste moi ! Je tape super fort et puis en général pour quelques cookies et du jus de pommes je fais disparaitre tous tes problèmes.

Makhenzie C. Kaerdan alias la femme fatale s'occupe de touuuuus vos problèmes de vermine à coup de grands poings dans le derrière et de catchlines...And I'm all out of punchline...Bon, pas vraiment mais ça sonnait classe dans mes pensées.

Je pose finalement mon regard sur Skye avant de très longuement la détailler. C'était la première fois que je prenais le temps de m'attarder sur s es traits. Je ne savais pas ce qui me frappait le plus, les cernes qui bordaient joliment ses prunelles ou alors son air de boeuf quasi-constant. Miam, les coincées et les miss colère c'était ma tasse de thé visiblement, pas vrai miss Dream ? Elle me doit toujours ma veste tiens, si ça se trouve Skye accepterait probablement de m'aider à aller la récupérer ! Aucune idée de ce qu'elle pourrait faire pour se rendre utile durant ma mission de kidnapping de veste mais au moins j'aurais de la compagnie et je ne finirais pas avec Kelya sur moi...Enfin, je ne finirais pas avec Kelya sur moi pendant qu'elle me frappe...Enfin, je juge pas les préférences sexuelles donc je dirai juste rien mais disons que je ne me ferais probablement pas tabasser.

- Avec plaisir, rien ne me résiste moi ! Je tape super fort et puis en général pour quelques cookies et du jus de pommes je fais disparaitre tous tes problèmes.

Elle me fait rire, je sais pas pourquoi. Enfin, si, je sais; une assemblée de cellule nerveuses dans le tronc cérébral, reliée à des réseaux complexes de neurones, à savoir la formation réticulée et la substance grise périaqueducale, lesquelles distribuent les influx nerveux vers les cellules motrices de la moelle épinière et les centres végétatifs. C'est marrant de se dire que la fonction du rire est placée, dans le cerveau, au même endroit que la plupart des fonctions vitales. Respiration, battements du cœur, pression artérielle...

En tout cas, ça faisait longtemps que j'avais pas... Ri, de façon aussi naturelle. Bon, il y avait bien Sahana, mais on va dire que j'étais aidée par quelques... Apports chimiques. Bon, par contre, une fois calmée... Nan, y'a pas moyen qu'on casse la gueule à Amber et à sa bande de groupies. J'imagine même pas les emmerdes que ça nous attirerait. A moi, mais surtout à Makh, alors qu'elle a rien demandé...

Je remarque qu'elle est en train de me regarder. C'est... Étrange, mais pas désagréable. J'avais oublié ce que ça pouvait être de fréquenter quelqu'un avec d'aussi bonnes vibes.

C'est un peu comme la musique. Quand t'as écouté de la pop-rock british pendant ton enfance, t'as le cœur plus léger et le sourire plus facile que quand tu t'es embourbée dans les slams mélancoliques, les raps furieux et la folk sentimentale... J'imagine que les relations sont une partie formatrice de la personnalité, elles aussi.

-Je pense qu'on va les laisser s'en tirer pour cette fois, dis-je en plaisantant. Ça serait dommage de s'attirer des ennuis... Tu t'entraînes, toi aussi? T'as l'air plutôt baraque.

L'heure tournait, mais j'avais pas envie de quitter tout de suite ma nouvelle connaissance. C'était un sacré bol d'air dans les évènements de ces dernières semaines...

-Au fait, t'es en quoi, toi...? J'suis en sup' sciences.

Je lui adresse un sourire ô combien radieux avant de tirer le pan de ma manche et lui montrer mon biceps joliment dessiné. Je m'entrainais, oh oui. Je m'entrainais surtout à péter des gueules pour être bien franche. Il n'y avait rien de mieux que de retourner à la maison avec une gueule refaite et les poings dégoulinant de sang...Bon, ça faisait un peu macabre mais j'adorais surtout l'excitation de flanquer une volée bien méritée à quelques connards. Maman avait décidé de jouer les super-héros en s'assurant que la future jeunesse ne soit pas trop débile profonde et moi j'avais décidé de remettre à leur place ceux qui le méritait.

Un léger sourire s'étire sur mes lèvres alors que je la vois brièvement regarder mon bras. Qu'elle lorgne sur ce dernier ou non je m'en moque mais elle regarde, c'est déjà ça. Après...Y'a autre chose à voir sous le capot mais ça ce sera juste pour la nénette qui va se sacrifier pour la cause et qui compte me marier...Enfin...Je vais essayer de mettre en application mes paroles. N'empêche, j'étais peut-être désillusionnée mais moi au moins je n'avais pas perdu espoir comme...Et bien...Skye. Je préférais être heureuse et insouciante que triste et réaliste !

- Yep, mon super pouvoir of doom aide beaucoup à me tenir en forme et me garder en vie. Lui expliquais-je, en en révélant beaucoup sur mes activités externes. J'arme aussitôt mon poing avant de l'asséner avec toute la force brute que je possêde. La brique se fend sous l'impact à mesure que le sang se met à ruisseler sur ma main. Oh, c'était pas bien fut-fut. Je retire rapidement le ruban qui retient mes cheveux avant de l'enrouler autours de mon poing

- Crois le ou non mais j'étudie en droit, j'aime bien l'idée de pouvoir aider les gens. Lui dis-je simplement.

Elle a l'air ravie que je lui fasse un compliment sur sa musculature. En même temps, il y a de quoi. Moi, ça fait pas très longtemps que j'ai commencé à m'entraîner et je commence à peine à en voir les résultats, alors pour elle, ça devait être une habitude déjà bien ancrée... En vrai, je me demande à quoi elle ressemble. Je veux dire... Son corps. C'est marrant, mais un corps musclé a quelque chose d'assez... Artistique. Dans le genre, différent, comme une catégorie à part. Hmm, je devrais peut-être arrêter de la mater, maintenant.

- Yep, mon super pouvoir of doom aide beaucoup à me tenir en forme et me garder en vie.

Une hypertrophie musculaire, une régénération cellulaire accélérée ou une structure osseuse renforcée...? Sûrement un truc du genre. Ses yeux sont perpétuellement noirs, alors j'imagine qu'il s'agit d'une mutation physique. Attends... Quoi?

-Te garder en vie? T'es quoi, un super-héros?

En guise de réponse, elle éclat la gueule à une brique qui n'avait rien demandé à personne. Sa main saigne, sa mutation ne doit pas concerner sa peau; mais la brique a pris bien plus cher. Elle dénoue ses cheveux pour bander sa main à la va-vite.

- Crois le ou non mais j'étudie en droit, j'aime bien l'idée de pouvoir aider les gens.

Je viens littéralement de rencontrer un paladin. Le genre de perso loyal-bon que j'ai toujours eu du mal à incarner dans les jeux, moi qui serais plutôt... Neutre-strict-ballek. A tendance chaotique.

- C'est classe. Même si je t'imaginais plutôt avec des collants et un slip en cuir par dessus.

Une turne avocate? Putain, ça serait une première, je crois bien... Et j'imagine le nombre d'affaires qu'elle aurait à gérer quasi instantanément à sa sortie de l'école! Très peu d'avocats acceptent de défendre les turnes, vu qu'ils savent qu'ils seront de toutes façons très certainement condamnés...

-Je devrais peut-être prendre ton numéro, au cas où je termine au poste... lui dis-je en plaisantant... Enfin... A moitié. En tout cas, pour revenir à... La brique, là; t'en a souvent des occasions de taper sur des gens...?

Qu’est ce que j’étais ? Super woman mademoiselle, voilà ce que j’étais. Bon en vrai j’étais juste Makhenzie C Kaerdan, rien de plus, rien de moins. Je n’étais pas une super héroïne, j’étais pas non plus un monstre, j’étais celle qu’on envoyait pour buter le monstre pensais-je alors que mon ego savourait mes pensées. N’empêche si j’avais su les pensées qu’elle entretenait en ce moment croyez moi que j’aurais été flattée !

- Alors, je ne suis pas une super héroïne, seulement, je ne sens pas la douleur et mes os sont aussi durs qu’un cailloux ! Comme je suis un peu bagarreuse en plus...Crois moi, je profite de mon pouvoir ! Lançais-je tout sourire. Bon...J'étais Toujours tout sourire mais la je voulais le mentionner parce que c’était important. N’empeche la p’tite dame elle imagine bien des choses quant à mes sous vêtements, Roh lala, je sais que je suis à croquer mais m’imaginer en sous vêtements c’est pas bien pegi 18 tout ça.

En règle générale, j’évitais de dire pourquoi je souhaitais devenir avocate. La réponse était simple, je voulais les gens et leur redonner le sourire. Vous me direz que peut être faire sourire les gens ca ne nécessitait pas de devenir avocate mais p’us je bossais pour aller chercher ce sourire plus c’était gratifiant.

- Dans tes rêves, t’aura pas mon numéro si aisément. Lançais-je avant de lui tirer la langue. Oh ! J’étais pas une grande dame facile m’wa

- Oui et non, je finis toujours par avoir quelque chose à taper mais je dois t’avouer qu’en ce moment j’ai aucun adversaire de taille, aucun arch nemesis. Aucun Joker à mon barman, aucun Scorpion à mon subzero aucu...Oui bon, je lis trop de comics.

- Alors, je ne suis pas une super héroïne, seulement, je ne sens pas la douleur et mes os sont aussi durs qu’un cailloux ! Comme je suis un peu bagarreuse en plus...Crois moi, je profite de mon pouvoir !

Ne pas sentir la douleur... Comme de l'analgésie congénitale? Je me retiens de dire quoi que ce soit, son sourire ne laisse pas penser que cette mutation vient avec les mêmes problèmes : la disparition de tout signal d'alarme pour le corps... Sans douleur, comment retirer sa main d'une plaque de cuisson? Comment se rendre compte d'une morsure infectée? Est-elle à la fois un titan et une statue de sel...? Le fait qu'elle soit bagarreuse doit aussi jouer dans l'équation... Enfin, au moins, les coups qui arrivent de face, elle les voit. Autant aller directement au devant des ennuis, plutôt qu'ils ne t'arrivent dans le dos, je suppose!

Elle refuse ma demande de contact sur le même ton d'humour; tant pis. On vient de se rencontrer, de toutes façons, je ne m'attendais pas à grand chose d'autre qu'un rire. Quant à ses occasions de se lancer dans la baston...

- Oui et non, je finis toujours par avoir quelque chose à taper mais je dois t’avouer qu’en ce moment j’ai aucun adversaire de taille, aucun arch nemesis.

Ma première idée aurait été de lui proposer d'essayer de lui servir de "sparring partner", mais je me demande quel effet aurait un de ses coups s'ils portait... Bon, j'ai été capable d'éviter la plupart de ceux de Zack, après tout?

-Je connais un endroit... Bah, c'est là ou je m'entraîne, un dojo un peu louche, paumé à la frontière de la Bordure. Y'a des types plutôt forts, si tu as envie de te frotter à eux...

-Enfin, j'imagine que rien qu'au NEST ou dans la rue, sur le chemin du retour, c'est pas les occasions qui doivent manquer. Ca t'es déjà arrivé de casser la gueule à un citoyen...?

Je me demande quels genre d'ennuis elle a déjà eu. Et si quelqu'un la frappe, il se fait mal, non? Est-ce que ça serait une cause suffisante pour qu'un citoyen porte plainte contre elle...?

Un endroit où s'entrainer ? La vache qu'est-ce que a curiosité était soudainement piquée. J'aurais un petit coin où péter des gueules et mâcher du chewing-gum et j'ai plus de...Oh je l'ai déjà fait, merde. Bon tant pis, on comprends tout t de même mon point. N'empêche, la perspective d'avoir des adversaires de taille m’intéressait vraiment. Après tout, y'a quelqu'un qui disait qu'on mesurait sa valeur à celle de son ennemi ou une connerie du genre.

- C'est noté, je crois qu'on va se croiser. Dis-je avec un sourire respirant l'assurance.

- Yep, des embrouilles, c'est pas ce qui manque. Honnêtement, entre les connards de citoyens qui hait les turnes et les petits clampins qui se croient tout puissant avec leur mutation, je ne m'ennuie pas. Expliquais-je avec un sourire. Je consulte rapidement mon nanopod avant de soupirer, un peu tristement. Zut, j'aurais adoré continuer notre discussion mais le devoir m'appelait visiblement.

- J'ai adoré discuter avec toi mais je vais devoir me tailler, appelle moi si jamais tu t'ennuies, de toutes façons on va probablement se croiser au dojo, plus plus ! lançais-je avant de faire quelques pas vers miss et venir lui faire la bise sur la joue. Aussitôt, je m'élance dans la direction opposée à la course, 'vais être en retard ! Pas grave, ça en valait la peine, vraiment, j'espérais que j'allais pouvoir revoir ma nouvelle pote.

- C'est noté, je crois qu'on va se croiser.

A la taille de son sourire, on dirait bien qu'elle apprécie l'idée. J'aime pas dire que j'ai "cerné" quelqu'un, ce qui revient à minimiser son caractère à quelques traits principaux qui seraient immuables, mais je pense avoir un assez bon aperçu du sien. Bagarreuse, joyeuse, une tête brûlée avec un optimisme débordant... En fait, à part l'optimisme, et malgré les apparences, on n'est pas si différentes. Elle n'est pas vraiment prise de tête, surtout si on la compare à Amber et aux autres. Mais côté bagarre... Pourquoi je me retrouve toujours à m'attacher à des personnes qui kiffent les embrouilles...?

- Yep, des embrouilles, c'est pas ce qui manque. Honnêtement, entre les connards de citoyens qui hait les turnes et les petits clampins qui se croient tout puissant avec leur mutation, je ne m'ennuie pas.

En tant que turne, je me demande si elle a conscience de la gravité des retombées qu'elle risque. Si c'est une baston entre turne, la police n'en aura probablement rien à foutre, mais on imagine facilement un citoyen agresser un turne, que celui-ci réponde aux coups, et que ce soit lui qui termine au poste. Voire, avec un peu d'appui du gouvernement... Banni du dôme.

- J'ai adoré discuter avec toi mais je vais devoir me tailler, appelle moi si jamais tu t'ennuies, de toutes façons on va probablement se croiser au dojo, plus plus !

Déjà... C'est vrai, les cours reprennent. Je commence à lever la main pour la saluer, mais elle est déjà juste à côté pour me faire la bise. Je pense que c'est la première fois que ça m'arrive au NEST... J'imagine qu'on ne peut pas dire que je sois très bien intégrée. Elle s'en va au pas de course, je remet les mains dans mes poches. Elle doit être redoutable comme adversaire... J'aimerais bien essayer...

Je pars tranquillement vers mon prochain cours. De toutes façons, je serai en retard, à quoi bon me presser.