La Signature - Course Poursuite Infernale

Suite au RP  : La première mission de Zack Nelvas, Garde du corps de Lexy Sanders


21h03

Comme ils le pensaient, le premier acte du trajet jusqu'au lieu de la signature se passa sans encombres.
Cet acte, ayant lieu dans la ceinture centrale de Central Point, il aurait été assez loufoque d'y voir la tentative d'enlèvement de l'une des plus puissantes familles.
Mais ça allait plus loin que ça...

En effet, le petit "stratagème" mis en place avec le consentement officieux de la réceptionniste, semblait avoir merveilleusement bien fonctionné.
Rien de suspicieux à l'horizon, ils gagnaient donc de précieuses minutes. Pour sûr qu'elles leur seraient utiles vers la fin de l'acte 3, soit dans la bordure.

Zack n'avait pas eu besoin de mettre en pratique ses talents de "conducteur professionnel". Toute incartade, notamment au code de la route, les aurait handicapés.
C'était donc au son de diverses musiques, Rock, Hard-Rock et Metal, que Zack conduisait tout en chantonnant.

Quant à Lexy, elle ne semblait nullement inquiète de quoique ce soit, tenant d'une poigne forte le colosse.

Mais voilà que parmi les doux rugissements du véhicule, on entendait de lointain éclats de voix... Ils s'approchaient de la Banlieue et de ses longues avenues piétonnes.

Zack prit alors une avenue routière, en parallèle à une des avenues piétonnes. Sait-on jamais, cela pouvait toujours servir en guise de sortie.




...21h09...

Moins d'une minute après s'être engagé sur cette fameuse avenue, le décor changeait.
La circulation était plus dense, chose toute relative vis-à-vis du contexte, à savoir qu'il y avait peu de voitures en général. Cependant, pas de voitures "louches" à l'horizon.
Il y avait également plus de vie. Beaucoup de personnes se promenaient, à la recherche d'un bar, d'un restaurant, d'un cinéma. Bref, d'un truc à faire pour cette soirée banale.

Un coup d'oeil dans le rétroviseur fit froncer les sourcils à Zack, action non visible avec son casque.
Derrière, il pouvait apercevoir une voiture de patrouille. Et un peu plus loin, une voiture noire, comme la précédente, venait de faire son entrée en scène. Pas sûr qu'en ligne droite, Zack et Lexy tiennent sur la vitesse comparé à ce qu'il pensait être un poursuivant.

Puis, la sirène des flics s'alluma et un des types fit signe à Zack de s'arrêter, faisant jurer le colosse à travers son casque.
Il se gara sur le bas-côté, tandis que la voiture s'arrêta juste devant eux et que des flics en sortaient.

L'autre s'était arrêtée derrière, gardant une distance respectable.

"Contrôle du véhicule, coupez-le moteur Monsieur."

Zack retira son casque, sans couper le moteur.

- Et qu'est-ce qu'on a fait, m'sieur l'agent ?

"Coupez votre moteur, monsieur, on veut juste vérifier que tout est en règle."

Hijo de puta, pensa Zack tandis qu'il coupa le moteur en appuyant sur le bouton de contact.

"Maintenant, descendez et vous aussi Madame."

Les deux flics s'étaient mis de telle façon à prendre Zack en tenaille. Le premier semblait décontracté quant au second un peu plus nerveux.
Cela se voyait par les gestes assez vifs et le besoin de bouger, il effectuait rapidement quelques pas, regardant tour à tour, son collègue, Zack, la "Madame" et... La voiture noire.
Quand Zack se leva, surplombant de toute sa taille les deux flics, le premier fût, soudainement, moins... Sur de lui. Quant au second, la nervosité en était presque palpable.
Un p'tit jeunot, certainement, avec ses cheveux blonds et sa tenue impeccable.
Dommage.

- Il n'y a pas besoin que "Madame" se lève, monsieur l'agent... Faites ce que vous avez à faire et laissez-nous repartir.

Il avait dit cela sur un ton assez agressif, tout en croisant les bras.
Il avait remarqué que l'autre était nerveux, et il en jouait, notamment en se tournant en partie vers lui, avec un sourire narquois.

"Monsieur, soyez moins agressif. Madame, dernière sommation : descendez de ce véhicule."

Si le "Senior" se laissait difficilement intimider, l'autre non.
Il était d'ailleurs en train de porter la main à son arme, nerveusement.
Zack décida alors de mettre le feu aux poudres, s'approchant d'un coup vers le senior tout gueulant.

- DE QUOI TU M'PARLES POULET ?! J'VAIS DEFONCER TA GUEULE ET A TON POTE AUSSI !

Et la poudre explosa.

Junior dégaina son arme, tenant en joue Zack, lui ordonnant de "ne pas bouger".
Inutile.

Zack s'était furieusement approché du Senior, l'attrapant à la gorge et le tournant vers Junior, s'en faisant un bouclier.
Dans le même temps, il avait dégainé son arme à feu, le pistolet-mitrailleur, et tira dans le DED qui le ciblait et qui vola haut dans le ciel tandis que Junior poussa un cri de douleur tout en tenant sa main ensanglantée.
Le son fit paniqué la population environnante, tandis qu'on entendait des cris, des citoyens qui se mirent à courir pour trouver un quelconque refuge.
Au loin, les portières de la voiture s'ouvrirent et quatre individus en sortirent, remplis de zèle, certainement, pour aller aider les flics.

Zack se tourna vers eux et décocha une rafale de balles, avant de jeter violemment le Senior sur Junior.
Puis il monta sur son véhicule, où Lexy n'avait théoriquement pas bougé, relança le contact et décocha une nouvelle rafale.

Les poursuivants ne tiraient pas, se limitant à se cacher des projectiles. Tirer, ça aurait été toucher Mme Lexy Sanders, c'était bien trop dangereux.

Tout en démarrant, Zack rangea son arme.
Il accéléra sans demi-mesure et tourna, dès que possible à gauche, s'enfonçant alors dans l'avenue piétonne.

Derrière eux, ils purent entendre la voiture démarrer en trombe : la course-poursuite était lancée.

- J'espère que les flics vont pas s'en mêler, ça sera un vrai carnage.

Les flics ? Ils vont s’en mêler, si la mafia a bien été mise sur le coup comme je le crains, les argousins seront de la partie eux aussi. Plus de la moitié de leurs effectifs sont corrompus après tout, qu’est-ce que des pourris ne feraient pas pour quelques milles bitcoins ? J’aurai pu en engager illégalement moi aussi, les payer plus cher pour les mettre à mon service, mais à quoi bon élargir ma liste d’affaires louches ?

- Remarque, ça sera un effet kiss cool du contrat : parce que ça aussi, ça ferait du bien à la ville, un p'tit nettoyage.

Un sourire amusé orne mes lèvres. Il est vrai qu’un nettoyage s’impose dans cette ville et il n’y a pas que les flics à faire tomber. Il se met à rire, moi, je reste calme en apparence, passant mes bras autour de ses hanches lorsque le moteur se met à gronder en même temps que sa voix. Mon dieu, va-t-il chanter pendant toute la route ? C’est plus fort que moi, la musique entraine le mouvement ma tête en synchronisation parfaite avec le rythme. Je ne peux m’empêcher de chantonner à mon tour les paroles. C’est une très vieille chanson, mais je dois dire qu’elle est très entrainante et indémodable.

La première partie du trajet se passe parfaitement bien, comme l’avait suggéré le colosse, aucune trace de nos assaillants. Ce n’est pas pour me déplaire, c’est toujours du temps de gagner, seulement, le calme avant la tempête, n’est-ce pas ? Malgré le danger qui apparaitra très certainement, un sourire sadique se dessine sur mes lèvres. Je ne sais pas ce qu’il va se passer, mais tout sera si palpitant, j’en ai la certitude. Les musiques, dans le même style que la première, défilent et laissent ma tête danser sur le tempo de chacune. Je ne suis nullement inquiète, ce qui devra arriver, arrivera.

Nous quittons le confort de la ceinture centrale, le nouveau décor qui s’offrait à nous, annonçait la couleur des futurs événements. C’est ici qu’on va essayer un premier coup contre nous, n’est-ce pas ? Il y a beau avoir une foule plus dense que dans le précédent district, c’est sûrement de cette couverture dont vont se servir nos ravisseurs. Mon sourire s’élargit lorsque j’entrevois les lumières d’une sirène de gendarmerie se refléter sur les rétroviseurs de la moto. La première scène d’action allait se dérouler, là, maintenant.

Monsieur Nelvas stoppe l’engin suite au signe des flics qui se mirent devant nous avec le leur. Une simple vérification ? Il a tellement de monde ici et comme par hasard, cela tombe sur nous ? Alors que d’autres motos passent un peu n’importe comment sur la chaussé, autour de nous ?  A d’autres monsieur l’agent. Et un peu plus de considération pour ma personne et pour mon garde du corps, nous envoyer des débutants, que c’est regrettable. Malgré toute la peur qu’inspirait le colosse pour ces deux novices, ils continuent à vouloir me faire descendre du véhicule. J’esquisse un petit rire. Pour qui me prenez-vous ? Vous croyez réellement que je vais m’investir dans la première bataille ? Ne négligez pas monsieur Nelvas, la folie sommeille en lui. Je reste immobile sur la moto, observant l’ancien inspecteur s’avancer dangereusement des deux néophytes.

- DE QUOI TU M'PARLES POULET ?! J'VAIS DEFONCER TA GUEULE ET A TON POTE AUSSI !

Ne réveillez pas tout de suite la bête sauvage, gardons cela pour le prochain acte voyons. Tout s’enchaina très rapidement, les réflexes du colosse sont excellents, même à deux contre un, il les domine complétement. Un tir, une arme qui vole, un cri de douleur, tout ceci suivi d’un mouvement de panique énorme de la foule environnante. Quel spectacle tellement palpitant ! Je rattrape le DED retombé du ciel. Les deux bleus étaient maintenant au sol alors que leurs camarades, de la voiture derrière nous, avaient essayé de leur venir en aide, malheureusement freinés par les tirs répétés du tas de muscles. Vous vous servez de moi comme objet de dissuasion monsieur Nelvas ? Que c’est dégradant… Mon sourire sadique ne veut quitter mes lèvres et lorsque je vois le plus vieux des flics se relever pour nous agripper avant notre départ des lieux, je lui tire un coup de DED en plein visage, jetant l’arme au sol après utilisation. Quel effet aura un coup de cette arme sur le faciès d’une personne ? Très bonne question.

La course avait repris, accrochée bien fermement au colosse pour éviter de tomber, je détourne légèrement la tête pour apercevoir la voiture qui nous suit de près, de très près. Le seul moyen de distancer ce genre de véhicule, c’est de couper dans des ruelles où leur passage ne peut se faire. L’avantage que l’on a avec la moto, c’est la taille, alors autant s’en servir.

-Prenez le passage à gauche, à 300 mètres.

Oui, j’ai mémorisé notre itinéraire, ainsi que ce genre de petits endroits qui pourraient nous servir sur la carte, tout à l’heure. Seulement, c’est à double tranchants, si une autre équipe nous attend à la fin de ce passage, nous serons coincés. Dans le cas contraire, on gagnera encore du temps. N’est-ce pas excitant ?

-Ce choix pourrait bien signer notre fin cependant. Mais à l’allure où ils vont, ils risquent de nous rattraper assez rapidement.

C’est mon garde du corps, quel sera son choix ? C’est à lui de voir quelle est la meilleure solution pour nous en sachant que les deux comportent d’énormes risques. N’ai-je pas dit que je voulais le tester, après tout ?

Si Zack avait fait preuve de "clémence" à l'égard des deux flics, ça n'avait pas été le cas de Mme Sanders.
Un tir de DED à la tête était, dans les manuels, tout simplement interdit. Le choc électrique atteignait directement le cerveau pouvant, au pire, tuer la personne, au mieux lui laisser des séquelles irréversibles.
Qu'elle le sache ou non, c'était qu'un bonus. Non, ce qui était intéressant c'est qu'elle n'avait pas hésité une seule seconde.
Il s'en doutait, mais Lexy Sanders n'avait pas peur de se salir les mains. Bien, ça faciliterait certaines choses.

L'engin filait à travers l'avenue de la banlieue, avec l'autre voiture à ses trousses.
Le bolide était plus puissant que le véhicule de Zack, et le rattrapait inexorablement. Pourtant, le colosse filait à toute vitesse, légèrement penché en avant pour que sa stature ait le moins de prise face au vent.
Mais cela restait insuffisant.

La voiture se rapprochait de plus en plus, on pouvait entendre le bruit du moteur se rapprocher inexorablement.

-Prenez le passage à gauche, à 300 mètres.

Un rapide coup d'oeil dans la direction indiquée lui permit de confirmer le fameux passage.
Rapide appel de la mémoire pour se souvenir que c'était une ruelle entre deux bâtiments. Si quelqu'un les attendait à la sortie, ça serait... Mortel.
C'était pour cela qu'il ne l'avait pas envisagé, il voulait essayer d'atteindre le prochain à 800 mètres environs.

-Ce choix pourrait bien signer notre fin cependant. Mais à l’allure où ils vont, ils risquent de nous rattraper assez rapidement.

Elle avait raison.
Allonger la distance, ça permettrait à leurs poursuivants de les rattraper, même si Zack avait quelques tours dans sa poche, que ça soit en termes d'armement ou de manœuvres.
C'était toujours difficile une course poursuite, pour les deux protagonistes. Le poursuivi devait faire office d'improvisation et de réflexion rapides pour déboussoler son poursuivant, quant au dernier, il devait voir et prévoir ce que l'autre allait faire.
Le passage était donc tout indiqué, à priori, sauf si on les attendait de l'autre côté.
Cependant, c'était elle la Patronne, pas vrai ?

- Chouette, j'me suis toujours demandé comment j'allais crever.

Et il partit dans un énorme éclat de rires.
Tout en riant, il relâcha le guidon, et donc l'accélérateur, laissant ainsi la moto avancer au gré de son énergie emmagasinée.
Il porta sa main à l'intérieur de sa veste pour en tirer nonchalamment une clope qu'il alluma et en tira une bouffée.

- Dernière clope du "con damné".

Condamné... Con damné.
Rien, à l'oreille, ne pouvait laisser comprendre le sens voulu de la réplique, mais les deux interprétations étaient possibles.

La décélération laissait le champ libre à l'approche du bolide, qui en profita plus que de raison.
S'ils voulaient avoir Lexy Sanders vivante et sans trop de dégâts, ils avaient une marge de manœuvre limitée, encore plus limitée en sachant que le véhicule était une moto.
Ils ne pouvaient se permettre de faire un accident, ou d'abattre le conducteur, ce qui provoquerait un autre accident.
Il ne restait donc que deux possibilités : compter sur la raison des poursuivis, qui amènera à l'arrêt du véhicule quand ce sera trop risqué, ou immobiliser d'eux même le véhicule.
Pour la première possibilité, c'était tout simplement hors de question. Zack, et certainement Lexy, en avaient conscience vu qu'ils en jouaient. De plus, les tendances suicidaires de Zack... étaient purement irrationnelles.
Il ne restait donc que la possibilité d'immobiliser le véhicule, par un système EMP... Accroché au véhicule, ce système neutraliserait toute l'électronique présente, coupant ainsi le moteur.

Dans le rétroviseur, Zack voyait la fenêtre côté passager s'ouvrir, tandis qu'un type en sortait à moitié, pointant une arme sur le véhicule.
Sans réfléchir, Zack fit une légère embardée sur la droite, tout en freinant fortement.
Dans le même temps, clope au bec, il dégaina son arme et arrosa le véhicule de ses tirs, qui accéléra de plus belle.
Le type était alors de retour dans la voiture, derrière la vitre pare-balles qui venait de se refermer.

Zack redémarra, toujours l'arme à la main et continua d'arroser la voiture.
Ce changement de statut lui permis d'avancer plus aisément en direction du passage, arrosant continuellement les "chasseurs" qui devenaient chassés.
Mais si Zack pouvait paraître pour un balourd, il comptait méticuleusement les munitions, tirant judicieusement pour s'assurer un couvert suivi de la chose et éviter que les types ne répliquent.

Le passage...
Arrivé proche de la fameuse ruelle, Zack décéléra à nouveau et rangea son arme après avoir lâché les dernières balles sur la voiture.
A peine engagé, il pouvait voir la sortie à une cinquantaine de mètres, il poussa à fond sur les gaz.
Profitant de cette légère accalmie, Zack enclencha la fonctionnalité sur ses lunettes.
Ces fameuses lunettes, qui lui avaient coûté un bras, enfin presque, étaient dotées d'un verre "LED" qui permettait d'afficher certaines choses, comme une carte, par exemple.
Ce qu'il afficha, et mémorisa au mieux, avant de voir, à travers l'autre verre, une voiture noire au niveau de la sortie.
Un regard dans le rétroviseur, et la précédente voiture s'engage à son tour, coupant toute retraite.

- Ah bah putain ! Un peu de défi, enfin.

Sans hésiter une seconde, il éclata de rire tout en accélérant.
Soit il aurait le temps de passer avant que la voiture ne bloque l'accès... Soit... Il allait falloir passer sur la voiture qui bloquait la sortie.

- Chouette, j'me suis toujours demandé comment j'allais crever.

Patience monsieur Nelvas, j’espère ne pas vous perdre maintenant, j’ai encore besoin de vous. Il rigole et moi, je le suis intérieurement, mais mon rire n’est pas semblable au sien, non, il est beaucoup plus cruel.

- Dernière clope du "con damné".

Ne dites pas cela voyons, comment vais-je faire pour signer le contrat si votre vie s’éteint ce soir ? Ayez un peu plus de considération envers votre personne sinon personne n’en aura. Nos ennemis se rapprochent, c’est un fait, si le colosse ne se décide pas rapidement, les conséquences seront irréversibles. Je me retourne pour apercevoir la fenêtre de la voiture arrière s’ouvrir. Ils ne vont tout de même pas oser tirer sur nous, n’est-ce pas ? L’ancien inspecteur ne leur laisse pas le temps d’essayer qu’il dégaine directement son arme afin de les dissuader. Il reste prudent mais peu importe le choix qu’il fera, il y aura des risques. J’ai parlé de deux solutions, prendre le passage ou continuer sur notre lancée en espérant ne pas se faire rattraper. En réalité, une autre option s’offrait à nous, moins risquée, mais qui nous aurait fait perdre quelques précieuses minutes : un passage à droit à 560mètres où une intersection à l’intérieur nous laissait deux possibilités pour avancer. Plus il y a de choix, plus c’est compliqué pour l’adversaire de mettre des moyens en place pour nous barrer la route.

Le brun choisi le premier passage, celui dont je lui ai parlé. Un sourire satisfait se dessine sur mes lèvres. Ce choix n’est pas si mal, il me prouve qu’il a une certaine loyauté envers moi puisqu’il a écouté ma consigne. Le chien galeux est prêt à être dressé ? Je n’en suis pas persuadée mais pour le moment, nous sommes dans le même bateau alors autant éviter les écarts de conduite. Nous allons gagner du temps avec ce passage, c’est ce que je me suis dis au début du trajet dans la ruelle mais arrivés presque à la fin, le pare-chocs avant d’un véhicule apparait dans notre champ de vision. Qu’allez-vous faire monsieur Nelvas ? Il se met une nouvelle fois à rire, cet homme est complétement fou, il accélère sans hésiter, je savais qu’il n’était pas sain d’esprit.

- Ah bah putain ! Un peu de défi, enfin.

La folie signera votre fin, très cher. La première roue de la moto passe sans encombre, mais la voiture noire tape légèrement sur la deuxième. Ils ne pensaient certainement pas que mon garde du corps tenterait une action aussi dangereuse. Raté messieurs, cet employé n’a rien à voir avec les chiens dressés des Sanders, il reste une bête imprévisible. La moto se met à vaciller, nous allons nous écraser sur le sol et à une telle vitesse, je ne donne pas cher de nos corps. Je dois bien avouer que la technique de conduite de cet ancien inspecteur est admirable, alors que je me préparais à toucher le sol, il a réussi à reprendre le contrôle du véhicule et continue son avancé à la même vitesse.

-Je dois dire que vous êtes impressionnant monsieur Nelvas.

Un vrai compliment de ma part envers ce sagouin ? Il faut bien de temps en temps coiffer, dans le sens du poil, ses employés. Mon ton était étrangement calme malgré la situation périlleuse à laquelle nous venons d’échapper. C’est un deuxième échec pour nos opposants mais je crains qu’ils ne mettent les bouchés doubles pour leur prochaine attaque. Ils ont déjà dû démasquer l’équipe de diversion que nous avions mis en place, ils vont donc ramener tout leurs hommes à notre poursuite.

-Ils vont essayer de nous avoir en augmentant leur effectif.

Les petits raccourcis ne marcheront plus, ils vont faire surveiller le moindre chemin secondaire sur notre route. Comment allons-nous réussir à sortir de ce traquenard ? Deux voitures sont déjà à nos trousses, reste à savoir combien nous attendrons.

-Il va falloir accélérer monsieur Nelvas, montrez-moi toutes les capacités de cet engin qui m’a coûté une petite fortune.

Une bagatelle pour moi. Voyons voir la vitesse que peut atteindre cette moto. Nous gagnerons encore un peu de temps mais ils finiront par nous stopper et à ce moment-là, il faudra improviser car de multiples scénarios sont possibles. J’espère que monsieur Nelvas s’est équipé d’un gilet pare-balles, les projectiles risquent de fuser. Je me mets à chantonner un air rock que nous avons écouter précédemment.

Plus vite... Plus vite... Plus vite...
Zack poussait la moto à fond, faisant rugir le moteur, rugissement amplifié par les murs de la ruelle.
C'était, peut-être, ce qui avait fait légèrement ralentir la voiture avant qu'elle ne bloque totalement le passage. L'impression qu'ils faisaient face à une sorte de bête sauvage qui grondait et les prenait en chasse, transformant encore une fois, les chasseurs en proie.
Ou était-ce par rapport aux ordres : ne pas faire de mal à Lexy.
Ils auraient préféré que les ordres soient moins restrictifs, ou que ceux d'en face soient moins déterminés. Leur proie se serait alors arrêtée, se disant que ça ne valait pas le coup de mourir en essayant de passer.

Mais rien n'arrêta Zack, et il fonça toujours.
Arrivé à la sortie de la ruelle, il ne restait qu'un maigre passage tandis que la voiture, hésitante, essayait de combler le trou.
L'avant de la moto passa donc sans encombre, mais l'arrière tapa.
La vitesse et le choc transformèrent l'impact en accident plus que vraisemblable. La moto se mit à tanguer et à pencher dangereusement en direction du bitume.
Zack n'avait plus son casque depuis la première confrontation, et s'il y avait un tel accident, il en mourrait.

Hors de question.
Alors que la moto allait s'écrouer sur le côté, emportant ses deux voyageurs. Zack contrebalança tout son poids de l'autre côté, appuyant un instant sa jambe sur le bitume pour donner l'ultime impression.
La moto se redressa et se stabilisa.

-Je dois dire que vous êtes impressionnant monsieur Nelvas.

Il jeta un regard en arrière, peut-être pour vérifier ce que faisait leurs poursuivants ?
Un bref regard en direction de Lexy pour enfin se retourner.
Le compliment avait quelque chose d'étrange, Lexy avait quelque chose d'étrange, tout ceci avait quelque chose... D'Etrange. Et il mit quelques secondes à comprendre pourquoi.
Zack prenait son pied, tout simplement, se sentant vivant plus que jamais mais surtout... Se sentant complet et entier.
Lexy semblait l'accepter tel qu'il était et bosser pour une telle personne, ça lui laissait la possibilité de "s'exprimer". Il en vint même à regretter le pourquoi de la situation... Betty.


Zack tourne à fond la manette de gaz.




Il se penche en avant, pour laisser la moto prendre de la vitesse.

Betty, retrouvée morte dans la bordure, le corps complètement scarifié au scalpel.

Son regard s'embrase de colère. Il ne voit plus vraiment la route qui, heureusement, va tout droit.




-Ils vont essayer de nous avoir en augmentant leur effectif.

L'intervention fait sortir Zack de ses pensées, décélérant alors légèrement.

- On va être tranquille quelques minutes, le temps qu'ils augmentent leur effectif et qu'ils se réunissent. Comme ils ont vu qu'on reculait devant rien... Ca va s'compliqué.

Il profita de la stabilité du véhicule pour recharger son pistolet-mitrailleur. Il lui restait trois chargeurs, en comptant celui qu'il venait d'insérer.
Trois chargeurs de trente balles, plus les trois chargeurs de son pistolet, il allait devoir économiser ou... Tirer pour tuer.

-Il va falloir accélérer monsieur Nelvas, montrez-moi toutes les capacités de cet engin qui m’a coûté une petite fortune.

Léger sourire aux lèvres, il comprenait l'idée de "petite fortune".
Lui, avec son salaire et ses magouilles, il aurait dû économiser des mois pour s'offrir le véhicule bas de gamme.

- Ok, Patronne.

Et il accélère à nouveau. La route étant, pour le moment, une simple ligne droite, il se permit de dépasser la vitesse autorisée.

130... 150...170...

La rue et les bâtiments défilent à une vitesse vertigineuse tandis que Zack slalome entre les différents véhicules présents sur la route.

200... 220...

Le moteur gronde, rugit, tonne à travers la rue, tandis que le vent frappe de plein fouet le corps de Zack, protégeant intégralement Lexy.

240...

Zack stabilise la vitesse à ce niveau, tandis que l'engin, grâce à son poids, ne dévie pas d'un seul centimètre.

___________________________________________________________
"Putain mais c'était quoi ça ?"

La voiture n°2 avait perdu beaucoup de temps à faire demi-tour puis elle s'était élancée à la poursuite de Zack & Lexy, appuyant à fond sur le champignon.

"Le gars me dit quelque chose..."

Le passager avant, celui qui venait de parler, alluma son nanocom et passa un appel.

"Officier Granger, un type énorme, la boule à zéro, avec des traits argentés sur le visage... Ca vous dit quelque chose ? Vous pouvez voir dans votre fichier ?

- Un type énorme avec des traits argentés sur le visage ? J'en ai bien un en tête mais il n'est pas chauve... Zack Nelvas.

- Celui qui est passé aux infos il n'y a pas longtemps, non ? Pour une affaire qui incluait Mme Sanders... Ca pourrait coller.

- Oui, celui-là même. Vous êtes en train de me dire que c'est lui qui escorte notre paquet... ? Faites gaffe, c'est un vrai taré.

- On a pu voir ça. Mme Sanders n'est pas en reste non plus, apparemment elle a tiré sur un des vôtres avec un DED.

- Oh merde. J'vais voir si j'peux pas trouver quelques renforts. Certains seraient intéressés de régler définitivement le compte de Zack. J'vous tiens au jus

- Compris."

Après avoir raccroché, les deux habitants se regardèrent avant de pousser plus à fond le bolide.
Au loin, ils apercevaient la moto.



L'embranchement entre la banlieue et la bordure n'était plus très loin. Du moins, à cette vitesse.
Quand ils y arriveraient, il suffira de tourner et de s'enfoncer un peu dans la Bordure.
Là-bas, c'était le territoire de Zack. Là-bas, ce sera plus simple.

Mais ils étaient tout de même loin d'y être, et si cette partie du voyage avait été calme, c'est parce que l'ennemi regroupait ses forces et affinait sa stratégie.

Le véritable défi commençait maintenant.

Il se concrétisait d'ailleurs par l'approche de quatre motards qui débouchèrent des rues adjacentes, armées de matraque incapacitante, un peu comme des tasers, et de matos EMP.

- J'crois qu'ils veulent vraiment pas que vous signiez ce contrat...

Il se mit à rire, alors que la situation n'avait rien d'amusant.
Zack allait devoir manœuvrer pour qu'ils ne l'approchent pas avec leur matraque, mais aussi pour ne pas rester dans le viseur, sous peine de se faire bloquer le véhicule.

- Tiens, encore un peu de piment.

En face arrivait une voiture noire qui chercherait certainement à leur bloquer la route.
Dans la bordure, ça aurait été plus simple.

- Ok, Patronne.

Non, vraiment, je ne me lasserai jamais de ce « patronne », c’est extrêmement jouissif comme surnom. La vitesse ne cesse de monter sur le tableau de bord, le paysage que l’on pouvait observer est de l’histoire ancienne. Plus la vitesse d’un vehicule est élevée, plus le cerveau reçoit d’informations et est donc forcé d’éliminer plusieurs données périphériques. A 130 km/h, le champ de vision est égal à 30°, alors à 240… Je continue à chantonner dans mon casque, faisant entièrement confiance au talent de conducteur de ce cher monsieur Nelvas.

Aucun obstacle, rien de rien, que se passe-t-il ? Nous voilà entre la banlieue et la bordure mais nos ennemies n’ont toujours pas montré le bout de leur nez, étrange ? Ils préparent un gros coup, ils veulent en finir avec cette histoire et le plus rapidement si possible. Que vont-t-il mettre en place pour nous contrer cette fois ?

Ils commencent à mettre un plan à exécution, des bruits de moteurs de véhicules sont en approche. Je me retourne légèrement pour apercevoir quatre motards bien équipés à nos trousses. Ce n’est pas très loyal tout cela, un véhicule contre 4 autres, ils ne lâcheront rien apparemment.

- J'crois qu'ils veulent vraiment pas que vous signiez ce contrat...

A qui le dites -vous. Je savais que cette mission était périlleuse, ce contrat est de très haute importance mais j’ignore totalement combien d’opposants vont nous faire face. Ils ont sûrement dû faire des alliances entre eux, de plus, tout ceci risque de se compliquer encore et encore. Un sourire sadique anime mes lèvres, l’excitation monte d’un cran lorsque j’aperçois un véhicule au loin qui semble vouloir nous bloquer la route.

- Tiens, encore un peu de piment.

Nous sommes encore une fois encerclés et je doute que la voiture en face nous laisse passer. Retenter un coup comme tout à l’heure, c’est impensable, la chance ne marche qu’une fois. Si on ne peut pas passer devant, il faut éliminer ceux qui se trouvent derrière nous pour pouvoir faire demi-tour et trouver un autre chemin.

-J’ai un plan monsieur Nelvas.

Et ce plan est encore risqué mais la situation ne nous permet pas de solution sans danger. J’ignore combien il lui reste de balles à ce moment précis, cependant, il va devoir en utiliser encore.

-Je compte sur vos talents de tireur pour faire tomber les caches des moteurs de leurs véhicules.

Un de mes bras relâche son étreinte sur le corps de l’ancien inspecteur. D’un geste souple, je descends la fermeture de ma combinaison, laissant apparaitre le haut de ma poitrine et mon DED personnel. L’arme en main, je termine mes explications calmement.

-Je vais faire court-circuiter leur moteur.

Les véhicules de nos jours marchent tous à l’électricité, il est donc « facile » de faire disjoncteur avec mon DED, l’impulsion électrique de l’arme devrait largement suffire. L’augmentation de l’intensité provoquera l’échauffement des composants ce qui fera griller le circuit du moteur, en théorie. Cependant, il faut s’approcher assez près des véhicules pour que je puisse viser correctement et c’est cette phase du plan qui peut nous être fatale. Si nous sommes trop proches d’eux, nous risquons de se subir un coup de leurs fameuses matraques, et cela ne doit pas être très agréable. Je recommence à chantonner, un petit sourire mesquin sur les lèvres.

Zack regardait de gauche à droite, à la recherche d'une issue.
Il allait, pour le moment, être compliqué de faire quoi que ce soit : le seul moyen de s'échapper serait de décélérer et de prendre une rue adjacente.
Malheureusement, s'il ralentissait, les motos le rattraperait instantanément. Déjà qu'en ligne droite, les bolides étaient plus rapides que le sien...
Et s'il attendait un peu trop, il allait se percuter à la voiture d'en face.

-J’ai un plan monsieur Nelvas. Je compte sur vos talents de tireur pour faire tomber les caches des moteurs de leurs véhicules.

Il la sent relâcher son emprise, avant d'entendre le bruit d'une fermeture éclair...
Allons donc, je sais bien qu'on vous appelle "Miss Dôme", un peu en rapport avec votre poitrine, mais quand même, c'est pas ça qui va nous sauver.

-Je vais faire court-circuiter leur moteur.

Elle avait sorti un DED...
Mouais...

- Me dites pas que votre plan, c'est de m'approcher d'eux, de tirer des balles réelles pour ouvrir le cache masquant leur véhicule pour ensuite que vous puissiez les neutraliser ? Autant que j'tire directement.

Les buter directement, ça serait ptête le moins risqué d'ailleurs : une balle, un mort.
Là, faudrait, s'approcher, tirer, espérer que le cache soit enlevé et qu'elle tire à son tour... Ca augmentait les chances d'échec, en plus de risquer de se faire taper dessus et de se laisser embarquer dans des manœuvres beaucoup trop longues.

- Par contre, on peut l'faire en complément.

L'idée marchait si Zack était occupé à autre chose. Si deux assaillants arrivaient au même instant, il pourrait libérer la voie pour que la patronne s'en occupe pendant qu'il gérait l'autre.
Là, ça lui paraissait être une meilleure idée.

- Allez, on fait ça.

Ils n'avaient plus le temps de tergiverser, il fallait passer à l'action. Mais avant, il sortit une matraque télescopique qu'il plaça en travers de sa mâchoire, la serrant avec ses dents.

- Ch'est parti !

Instantanément, il ralentit brusquement, freinant assez sauvagement.
A gauche, dans une centaine de mètres, il y avait une petite ruelle où les voitures ne pourraient pas passer... Fallait juste se débarrasser des motos.

Les deux motos les plus proches, sur chaque côté, passèrent alors devant lui. Trop proches pour suivre le mouvement.
Zack accéléra à nouveau, dégainant son arme à feu. Sans aucune hésitation, il tira sur le pilote de droite, l'abattant d'une balle dans le dos.
Tandis que le second était en train de tourner, exposant son cache, Zack visa une seconde, tandis que la moto accélerait, et tira. Le cache sauta, laissant une ouverture à Lexy si elle le voulait.

Pendant ce temps, la voiture d'en face arrivait de plus en plus vite.
Les deux dernières motos s'étaient approchées d'un même mouvement, prenant en tenaille Zack et Lexy.
Et toujours dans un même temps, les deux pilotes abattirent leur matraque sur Zack.
Réagissant plus que rapidement, le colosse avait porté ses bras en croix, attrapant sa matraque de la main gauche et l'ouvrant.
Il avait réussi à parer les deux coups, l'un avec sa matraque, l'autre avec son flingue. Flingue qui cracha un jet de flamme et envoya une balle en pleine tête du motard de gauche.

L'autre en profita pour remettre en coup, mais Zack para avec son avant-bras, recouvert de sa veste en cuir... L'arme n'eut aucun effet.

- Ptain mais vous êtes trop con en fait !

Il posa ses mains sur son guidon et décocha un coup de pied dans la moto de l'autre. La force fit déstabiliser le véhicule et le conducteur dû reprendre les commandes en main pour ne pas aller s'exploser contre les vitrines.

Quant au dernier, il était revenu à hauteur de Zack et Lexy.

- Celui-là, il est pour vous, Patronne.

Lui, il s'occupait de négocier le virage à venir.

- Me dites pas que votre plan, c'est de m'approcher d'eux, de tirer des balles réelles pour ouvrir le cache masquant leur véhicule pour ensuite que vous puissiez les neutraliser ? Autant que j'tire directement.

Et que pensez-vous qu’il arrivera si mon nom est associé aux meurtres de plusieurs individus en moto ? Il ne doit pas y avoir de système de surveillance dans cette ruelle mais les enquêteurs ou les flics collants se font de plus en plus nombreux, vous en êtes un parfait exemple monsieur Nelvas. Je pourrai demander à mon père de falsifier les preuves en faisant marcher ses contacts au sein du gouvernement, il est vrai, mais j’ai une préférence pour me débrouiller « seule » dans cette affaire, mon géniteur me l’a confiée après tout.

- Par contre, on peut l'faire en complément. Allez, on fait ça.

Un petit rire m’échappe. Il ne compte pas laisser les agresseurs indemnes, n’est-ce pas ? Ce garde du corps est prêt à tout pour me protéger, que c’est touchant. Soit, je ne pourrai le faire changer d’avis, et puis, c’est de la légitime défense. Si nos opposants sont des turnes, la question ne se posera pas, seulement, s’ils sont humains, une enquête risque d’être ouverte. Une simple justification de ma part suffira-t-elle à clore le dossier ? Un freinage dur, une accélération, un coup de feu et un mort, j’assiste à toute la scène, un sourire mesquin aux lèvres. Comment un homme peut-il abattre quelqu’un aussi froidement et sans une once d’hésitation ? La folie finira par avoir raison de vous monsieur Nelvas. Ma langue dessine le contour de mes lèvres alors qu’un nouveau tir fait sauter le cache d’un de nos opposants. Il est encore trop loin, utiliser mon DED ne servira à rien pour le moment.

Ils ne lâchent rien, malgré un de leur allié à terre, ils continuent la poursuite, la voiture s’enfonçant de plus en plus dans la ruelle. Ils ne veulent vraiment pas de cette signature, quelle tristesse. Se donner autant de mal pour ma personne, c’est plutôt flatteur. Ils n’ont peur de rien, deux motards de chaque côté de nous, ils essayent par tous les moyens de faire stopper la course du brun mais cette bête sauvage ne se laisse pas faire, une parade, une nouvelle balle s’échappant de son arme et un corps inerte tombant au sol. Restez à votre place messieurs, ce chien galeux n’a aucunement peur de tuer.

- Ptain mais vous êtes trop con en fait !

Surveillez votre langage voyons, ces demeurés n’apprennent pas de leurs erreurs, rien ne sert de gaspiller votre salive pour ce genre de crapules. Le véhicule du poursuivant manque de percuter une vitrine de petit magasin, quel dommage, un coup de pied plus puissant l’aurait sûrement fait rencontrer le verre. Etes-vous rouiller très cher inspecteur ? La moto dénudée de son cache revient à la charge.

- Celui-là, il est pour vous, Patronne.

Etes vous certain de ne pas vouloir lui ôter la vie d’une balle bien placée ? Vous avez l’air assez professionnel dans ce domaine ? Qu’est-ce que cela vous fait intérieurement ? Etes vous rongé par la culpabilité ? Ou, peut-être que cela vous excite ? Je me penche légèrement, observant dans un de nos rétroviseur, l’avancée rapide de notre poursuivant. Celui qui a manqué d’embrasser la vitrine se rapproche également. Il sort une arme à feu, oserait-il me blesser ? Non, il semble vouloir viser mon chauffeur, que c’est regrettable. Il ne voudra pas l’abattre, trop dangereux pour ma personne mais il n’hésite pas à tirer une balle qui vient se planter dans l’épaule de mon employé. Gardez le contrôle du véhicule monsieur Nelvas, occupez-vous seulement du virage à prendre.

Mon DED en main, j’attends le bon moment, ils se rapprochent dangereusement, ils pourront bientôt abattre leur matraque. Rapprochez-vous l’un de l’autre, encore un peu… Maintenant ! Je me retourne, relevant la visière de mon casque, mon arme en main et un sourire sadique aux lèvres. J’espère que vous apprécierez le dernier visage que vous verrez, mon vrai visage. La première décharge court-circuite le moteur, la deuxième, lui fait prendre feu.

-Boom.

Une explosion retentie, les deux véhicules qui nous suivaient se perdent dans ce nuage de fumée qui se forme. Morts ? Très probablement. Une seule décharge aurait suffi pour arrêter le véhicule ? Oui mais mieux vaut en avoir 2 pour le prix d’un, n’est-ce pas ? Je suis une scientifique mais une femme d’affaire également, il ne faut pas l’oublier. S’ils sont assez malins, ils vont dissimuler les cadavres pour éviter que cette histoire s’ébruite, autrement, et malheureusement, mon père devra intervenir. Un soupire s’échappe d’entre mes lèvres, je remets ma visière, resserrant l’étreinte sur le corps du colosse. Nos ennemis ne nous poseront plus de problèmes dans la banlieue, nous allons bientôt rejoindre la bordure, que nous réservent-ils là-bas ? J’ai hâte de le découvrir, surtout que c’est le terrain de jeu de ce chien galeux.

-Monsieur Nelvas, évitons de laisser plus de cadavres sur notre passage, j’aimerai pouvoir dormir correctement cette nuit…

Un ton triste, malgré mon sourire dissimulé derrière mon casque. En effet, s’il y a encore des morts, je devrais m’occuper du nettoyage et cela risque de prendre un temps fou. Falsification de preuve, dissimulation des corps, appeler les contacts qui s’occuperont de tout cela… Tellement de tâches pour une petite signature, c’est si palpitant !

-Je suis désolée de vous demander cela, votre épaule doit vous faire souffrir mais attendons d’atteindre la bordure pour que je m’occupe de cette blessure.

Il doit avoir atrocement mal, j’espère qu’il tiendra le coup, cela serait regrettable de devoir trouver un nouveau garde du corps, encore de la paperasse supplémentaire et très peu pour moi. Ne me décevez pas inspecteur, votre heure n’est pas encore venue.

Zack était si concentré sur la route, à jauger des différents paramètres pour prendre ce putain de tournant avant la bagnole d'en face, qu'il s'était plus ou moins arrêté de regarder derrière laissant à Lexy le soin de s'occuper du dernier motard.

Ce fût la morsure de l'acier, dans son épaule gauche, qui le rappela à une extrême vigilance : lui pouvait crever, Lexy non.

Juste avant de clamser par un tir de DED sur la batterie de la moto, le type avait eu le temps de tirer sur Zack.
Le colosse poussa un cri, mélange de surprise et de douleur, avant que la moto ne fasse une légère embardée, promptement rétablie tandis qu'il serrait les dents.

La morsure de l'acier.

Cela provoqua un retour en arrière, de bien des années, sur une enquête où il avait failli perdre la vie.
La bombe qui avait failli lui péter à la gueule.
L'enquête sur le groupuscule turne avec des attentions terroristes. La découverte d'une planque dans les égouts de Central Point, aux abords des murs. On lui avait refusé des renforts, parce qu'on ne le prenait pas aux sérieux. Il n'avait jamais pu compter sur ses collègues, excepté Kayn, mais ce dernier n'était pas de service aujourd'hui.
Il avait dû y entrer seul, arme à la main.
Il n'avait rien trouvé dans cette planque récemment habitée. Il y avait eu quelques indices de vie ressentent mais nulle trace des habitants.
Et puis cette odeur de produit chimique.
Il avait cherché, jusqu'à trouver une bombe, posée dans carton de livraison "CP Express". A qui, il n'en savait rien.
Et le truc c'était activé de lui-même, laissant à peine le temps à Zack de se protéger.
La bombe avait alors pété, projetant tout un tas de ferrailles dans la pièce. Ventre à terre, Zack s'était protégé la tête de ses bras.
L'acier les avait dévastés, comme son dos et ses jambes.
Le souffle l'avait fait se sentir compresser de l'intérieur, sa tête et sa cage thoracique écrabouillés par cette force.
L'onde de choc lui avait fait vriller les tympans, à tel point qu'il n'entendait plus rien, excepté un son étrange.
Quant aux innombrables morsures de l'acier, elles lui faisaient pisser le sang, à tous niveaux.
Le tout était tel qu'il avait sombré dans l'inconscience.
Il s'était réveillé plus tard, seul, pissant le sang. Le moindre mouvement était une véritable torture.
Et il n'y avait eu personne pour aller prendre des nouvelles de ce flic, parti enquêter sur ce groupe dissident turne.
C'était donc seul qu'il s'était redressé, le corps tremblants, parcouru de spasmes, le souffle lourd, du sang s'échappant de ses multiples blessures.
Le moindre mouvement, la moindre respiration lui arrachait un cri de douleur, tandis qu'il voyant le monde bouger constamment, l'obligeant à s'appuyer sur des murs pour ne pas succomber à ses vertiges.
Chercher à sortir, en espérant fortement, priant presque, pour ne pas tomber sur un mec de la bande, un criminel ou un type qui aurait voulu l'achever.
Impossible d'appeler des renforts ou de l'aide, son nanocom avait été détruit.

Au bout de longues minutes, où chaque seconde perpétuait inlassablement ce cycle de douleur sans jamais décroître, il avait réussi à remonter à la surface, à agresser un passant pour lui piquer son nanocom, ce qui n'était pas difficile quand on voyait ce colosse aspergé de sang avec un nombre innommables de bouts métalliques, et à appeler la seule personne de confiance possible.
Quelques minutes plus tard, Kayn Vigothia, son collègue, l'emmenait à l'hôpital.

-Boom.

L'explosion ramène Zack à la réalité, tandis que le souffle le fait se pencher en avant, relançant la douleur quasi naissante dans son épaule.
Le colosse serre les dents de plus belles, tandis qu'une rage s'empare de lui, une rage qui lui dévore les entrailles, se répand dans ces veines qui parcourent l'intégralité de son corps.
Son instinct se réveille, un instinct qui lui ordonne de ne pas crever, pas maintenant, pas tout de suite.
Il a une mission.

Il accélère et se déporte légèrement sur la droite pour mieux gérer le virage.
Les dents toujours serrés, se collant au réservoir de la bécane pour gagner en vitesse et être une cible moins facile, il accélère.
La voiture d'en face se rapproche et se déporte également pour lui faire face.
Zack pousse l'accélérateur, encore et encore et encore.

Soudainement, il se penche violemment sur la gauche, s'engageant dans un virage à presque 90°C.
La moto est complètement penché sur le côté, son genou érafle le sol.
Difficile de ne pas croire qu'il va s'écraser ou se taper une voiture venant dans l'autre sens.

Et pourtant, cela reste maîtrisé et Zack s'engage dans la rue perpendiculaire, tandis que la voiture en face passe le virage avant de s'arrêter pour faire demi-tour.

Mais la partie devient plus serrée : ils sont dans la bordure maintenant, le terrain de Zack.

-Monsieur Nelvas, évitons de laisser plus de cadavres sur notre passage, j’aimerai pouvoir dormir correctement cette nuit…

Pour toute réponse, Zack grogne.
Fâché de cette nouvelle directive, compréhensive certes, cela le fait royalement chier.
Là, au contraire, il aurait plutôt tabassé les mecs à mains nues.
La sensation des phalanges s'écrasant sur le corps des autres, dans un bruit de brisure et de fêlures, il n'y avait que ça de vrai.

-Je suis désolée de vous demander cela, votre épaule doit vous faire souffrir mais attendons d’atteindre la bordure pour que je m’occupe de cette blessure.  

Zack jeta un bref regard en direction de Lexy, ptête pour jauger de la sincérité de son "désolée" ou pas.

- ça ira, on va attendre d'être à votre rendez-vous. T'façon, ils vont nous tomber sur la tronche même ici, faut pas qu'on s'arrête. Va falloir passer par un endroit peu ragoûtant.

Il se serait bien évité de passer par là, mais... Les types avaient pas froid aux yeux et si leur intervention était costaude dans la banlieue, ici ce serait pire.
Restait qu'une solution pour pas trop se faire repérer : les égouts. Plusieurs entrées et plusieurs sorties.
Impossible de savoir où Lexy et Zack sortiraient, Ils ne seraient pas assez nombreux pour tout couvrir, enfin Zack l'espérait. Ou alors il faudrait que les poursuivants les suivent dans les égoûts, ce qui serait une grave erreur...
Voilà un endroit qui pourrait méchamment laisser un paquet de cadavres.

Pour le moment, il n'y avait pas une minute à perdre et Zack accéléra de nouveau, poussant le moteur à fond.

Il fit un détour assez conséquent, zigzagant entre les bâtiments, allant même jusqu'à passer dans certains abandonnés, faisaient hurler de peur et proférer des menaces à la vermine déjà présentes.

Ils finirent par arriver sur une espèce de chantier, qui donnait vu sur un gros tunnel.
Au fur et à mesure qu'ils se rapprochaient du chantier, Zack se dirigeait petit à petit vers l'entrée du dit-tunnel.
Il fit descendre la pente à toute berzingue, esquivant les différents obstacles sur le terrain. Engins, outils, mais aussi personnes endormies.
Il se dirigeait sciemment vers ce tunnel pouvant, à priori, être pénétré par un engin de chantier.
De forme arrondie, la chose était assez grande.

- J'crois que la tenue de rechange était nécessaire

Dit-il en riant, avant d'allumer les phares de la moto, apportant une légère lumière dans ce grand tunnel qui ne semblait être qu'un habitacle des ténèbres les plus profonds.

Passant dans un creux remplie d'une eau croupie qui vint légèrement les arroser, répandant sur eux un parfum dégageant une odeur de putréfaction, de merde et d'autres trucs moins jouasse, Zack rit à nouveau.

- Bienvenue dans la Bordure !

Son rire vint alors se répercuter sur les parois du tunnel, les englobant largement tandis qu’ils s’y engouffrèrent définitivement.