Aux informations de Central News, les images de la manifestation mettaient en scène trois élèves et un professeur du NEST. Kelya, Skye, Heidi et Kayn. Leur implication est inconnue, mais les images ont beaucoup tourné, difficile de les manquer.
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On parle également, parmi les victimes, d'un turne avec deux rangées de dents pointues. Violent, proche des milieux terroristes, il est annoncé qu'il trempait dans plusieurs réseaux de trafic d'enfants. Des photos ignobles ont été retrouvées sur son nanocom et de l'ADN sur ses dents, prouvant qu'il s'adonnait au cannibalisme.
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Depuis la manifestation, les turnes sont très restreints dans leurs droits civiques. Couvre-feu, certains magasins interdits, plus de présomption d'innocence... Une atmosphère étouffante s'est emparée des rues. Heureusement, au NEST, il n'en paraît rien, pour les pensionnaires.
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Au NEST, on raconte dans les couloirs qu'il se passerait quelque chose entre le prof d'anglais et l'infirmière... Ils sont faits pour s'entendre, aussi calmes et posés l'un que l'autre...
Elle resserre mon bras de sa main. Évidemment, elle a fait tout le contraire de ce que je lui ai dit, mais je commence à avoir l’habitude, c’est pas la première fois.
« Tu vas pas te débiner de la sorte, oh non. Tout le monde va y mettre du sien pour ce devoir, hors de question de bosser pour tes beaux yeux et que tu te tapes la même note que nous ! Et puis l'autre trou du cul, c'est pas ma pote, okay ?!»
Elle soutien mon regard. Ce n’est pas non plus la première fois. Je n’ai pas flanché avant, je ne flancherai pas maintenant. Elle a pas compris que je me foutais de la note encore ? C’est pas faute de l’avoir crié dans la salle pourtant. D’un autre côté, j’ai cru apercevoir brièvement une once de tendresse dans ses yeux. Elle compati ? Non, j’ai dû rêver ; énervée j’ai pas toujours les yeux en face des trous.
Et elle m’excusera d’en douter, mais si c’est pas sa pote, je vois pas bien qui ça pourrait être d’autre. Elle rigole avec elle, elle ne se prend pas la tête avec elle.. Je vois pas d’autre explication, ou sinon je suis conne et elles ont raison. Dans tous les cas, j’ai ce pincement au cœur qui refuse de s’en aller et qui me fait un mal de chien.
Rapidement, elle se retrouve à me tirer en direction de l’autre fille et la prend aussi par le bras. Pourquoi j’ai encore l’impression d’être une enfant, je déteste ça. Alors, je me débat un peu pour me dégager de l’étreinte de Kelya. Je suis encore assez grande pour marcher toute seule.
« Plus vite on va bosser, plus vite on aura fini, plus vite on pourra retourner chacune dans notre coin, alors me faites pas chier ! »
Elle marque un point, je lui accorde. Je répond en bougonnant tout bas, sans même savoir si elle m’entendra.
« C’est ça ouais, toi t’es parfaite, c’est toi la victime dans tout ça. »
Et puis, je recommence à haute voix, toujours beaucoup de hargne dans le ton, pour qu’elles m’entendent bien toutes les deux.
« Je prends de 2029 à 2054. »
Dans le même temps, j’avais pris ma vieille paire d’écouteurs de ma poche et l’avait enfilée pour ne plus à avoir à entre les deux autres jacqueter. Je monte le son fort, comme si ça pouvait prendre la place de l’injustice que je ressens, si fort qu’elles peuvent entendre la musique à travers le casque. C’était la même piste qu’au New Earth, mais je suis trop furieuse pour prendre le temps de changer. La tête dans les épaule, je trace tout droit sans demander mon reste.
La bibliothèque n’était pas loin, alors en à peine quelques minutes de marche nous y arrivons. Devant la porte, je ne regarde pas derrière moi. Qu’elles me suivent ou non, qu’elles me rattrapent ou non, je m’en fiche, je vais faire vite fait bien fait ma part et elles pourront aller se faire voir.
« Et puis l'autre trou du cul, c'est pas ma pote, okay ?!»
C'est moi, la trou du cul? Je grogne, et passe en revue dans ma tête tout ce qui pourrait marcher : gorille, salope, pétasse, taînée, seconde... Mais, j'ai même pas le temps de l'ouvrir qu'elle se ramène avec Heidi et me prends le bras.
« Plus vite on va bosser, plus vite on aura fini, plus vite on pourra retourner chacune dans notre coin, alors me faites pas chier ! »
Heidi râle encore un peu, marmonne un truc, et se débat pour avancer toute seule. Moi, l'autre main dans la poche, je me laisse traîner. Elle me secoue tellement que mon bonnet manque de se barrer. C'est bon, on a le temps, je ferais tout au dernier moment, de toutes façons...
« Je prends de 2029 à 2054. »
Heidi nous annonce ça et met ses écouteurs. Ça va être commode, le partage d'infos, la communication, tout ça... En plus, elle va se défoncer les tympans.
- Notre taf aura l'air de que dalle si on se contente de faire trois parties séparées...
Je pense pas qu'Heidi m'entende, alors je m'adresse directement à Kelya, alors qu'on arrive à la bibliothèque. Bon, c'est pas le sanctuaire de la connaissance, mais c'est pas si mal, pour un établissement scolaire. Il y a quelques archives scolaires, les manuels d'histoire, des ordis pour compléter...
Perso, je serais bien partie dans une version un peu moins "officielle" et plus "engagée" de l'histoire de la ville, et de comment la découverte des Turnes nous rappelle les plus belles heures des ségrégations de la race humaine. Pas sûre que les deux autres soient dans le même trip, mais j'suis certaine que ca ferait grave chier l'administration...
En entrant, je fais claquer une bulle de mon chewing gum. Trois personnes se retournent vers moi. Les autres sont trop occupés à regarder Heidi, dont le son du casque dérange quasiment tout le monde. Ouais, si on veut trouver quelque chose ici, on a intérêt à faire vite, parce qu'on va rapidement se faire dégager...
Skye Reid
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Mer 24 Avr - 17:45
- C’est ça ouais, toi t’es parfaite, c’est toi la victime dans tout ça.
Je fronce immédiatement les sourcils. ELLE CROIT QUE J'AI PAS ENTENDU ?! Putain mais elle va pas recommencer !!!! Chut chut chut, calme toi Kelya.
- Je prends de 2029 à 2054.
Puis elle se barre, ENCORE une fois, commençant à foutre la boite de nuit dans ses oreilles.
- Notre taf aura l'air de que dalle si on se contente de faire trois parties séparées...
Un bruit éclate le silence de la bibliothèque lorsqu'on y entre. Je me retourne instinctivement vers ma coloc'. Bah oui, obligée qu'on se fasse remarquer en s'amusant comme une gamine avec son chewing-gum ! Puis la blondinette qui se croit dans un festival de musique, là ! PUTAIN ! Mais qu'est-ce que j'ai fait pour me retrouver avec un groupe comme ça... Je sens un regard pesant derrière moi, je sais que c'est la bibliothécaire et je sais qu'elle m'aime pas, mais promis, cette fois j'ai rien fait ! Elle a horreur qu'on vienne perturber le silence qu'elle a durement instauré en ces lieux et si ça continue comme ça, on va se faire virer ! Je me rapproche de Skye, lui chuchotant le plus bas que je puisse quelques mots.
-Ecoute, je suis d'accord avec toi pour une fois. Mais voilà, j'ai eu « quelques différents » avec Blondie, elle écoutera rien de ce que je lui dis. Par contre, si c'est toi, peut-être que...
Qu'est-ce que j'attends exactement ? Que Skye arrive à modérer Elke ? Tss, ça marchera jamais mais bon, il faut bien essayer parce que là, je ne vois pas d'autres solutions. Ça m'emmerde de demander de l'aide à cette fillette mais bon, pas le choix. Et mais...ça ne serait pas...
-On est coloc mais demande moi avant de te servir dans mes affaires ? Même si ça te va à ravir...
Non non non, reste concentrée sur les recherches et seulement ça !
-Bon allez, je te donne le lead gamine !
Je lui donne une petite tape dans le dos pour donner suite à mes propos et l'inciter à aller parler à Elke.
Kelya Drambolt
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Mer 24 Avr - 18:31
-Ecoute, je suis d'accord avec toi pour une fois. Mais voilà, j'ai eu « quelques différents » avec Blondie, elle écoutera rien de ce que je lui dis. Par contre, si c'est toi, peut-être que...
Blondie, hein. J'imagine que c'est son "gamine" à elle... Je commence à y voir un peu plus clair dans le genre de "différents" qui pourraient mener à ce genre d'engueulade. Quelle espèce de sale... Elle s'en tape combien en plus de moi? J'étais la dernière? Y'en a eu d'autres...? -On est colocs mais demande moi avant de te servir dans mes affaires ? Même si ça te va à ravir... Bon allez, je te donne le lead gamine !
Qu-quoi? C'est quoi ce changement de sujet... Une tape dans le dos, et elle se débarrasse de moi. Attends, tu veux que je fasse quoi, exactement?! T'as cru quoi, je suis pas assistante sociale... Et c'est quoi cette remarque...? C'est quand même pas ma faute, si elle a un plus gros cul que moi! Je m'approche d'Heidi, qui est partie vers une des tables, et je m'installe en face d'elle. Je lui fais un signe de la main. Elle m'a vue, mais pas de réponses...
-Hé!
Toujours rien. Putain, elle va pas faire chier 107 ans, là? Pourquoi c'est à moi de faire ça... Elle est plus vieille que moi, mais à la voir bouder, on dirait vraiment pas. A moins que Kelya l'aie VRAIMENT faite souffrir, mais ça a pas l'air d'un cœur d’artichaut non plus...
-Hé, putain! Heidi!
Je suis obligée de m'allonger sur la table pour lui retirer un de ses écouteurs. La musique gueule, je crois pas une seconde qu'elle puisse se concentrer sur de la recherche d'informations en écoutant ça...
-Je sais pas si t'es au courant, et peut-être que toi tu t'en fous, tu peux toujours aller faire tes études dans une petite fac de la Banlieue, mais Kelya et moi on a pas tellement de choix, ok? Alors j'ai pas envie qu'on se tape un carton parce que vous avez un problème. On aurait toutes préférées se la jouer solo, mais si on avait toujours ce qu'on voulait, je serais à la tête de la FATE.
Je sais pas pourquoi j'ai balancé ça, c'est pas entièrement vrai. Mais au moins, ça parle à tout le monde. Et puis, bon, c'est vrai que si l'occasion se présentait, je dirais pas non... Principalement pour la faire couler, mais bon.
-Maintenant, ca serait cool qu'on bosse à trois, parce que c'est pas trois copies collées ensemble qu'il attends, le prof...
Bon, elle va forcément me gueuler dessus pour avoir retiré ses écouteurs, mais faut bien crever l'abcès, alors autant que ce soit le plus tôt possible. Et de toutes façons, on dirait que le gorille a pas les couilles d'assumer ses conneries, alors c'est pour ma gueule... Enfin, apparemment, elle ne m'aime pas beaucoup plus que ma coloc.
Skye Reid
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Mer 24 Avr - 20:09
Drôles de Dames
Kelya & Skye
J’ai foncé sur une table libre en entrant. On me regarde mal pendant que je traverse le bâtiment. C’est peut-être à cause de la musique, c’est vrai qu’elle est forte. Avant, on me disait que j’allais devenir sourde, mais bon, ça c’était surtout ma sœur, mais ça fait 5 ans qu’on a été séparées.
M’enfin, je m’en fiche, me faire virer de la bibliothèque ça m’arrange. Mais je sens qu’on ne me le permettra pas aussi tôt que je le voudrais. La pote de Kelya s’assoie en face de moi ; apparemment je vaux plus la peine qu’elle me parle alors elle envoie sa meilleure amie faire la messagère. Elle s’agite un peu, mais je l’ignore, ça vaut sûrement mieux pour tout le monde, j’ai pas envie de m’énerver encore, après on va dire que c’est de ma faute et j’en ai ma claque de me faire engueuler. Je me baisse pour attraper de quoi écrire quand un de mes écouteurs saute de mon oreille. C’est elle, et j’ai horreur quand on fait ça. Je lui lance un regard assassin tandis qu’elle commence à me sermoner.
« Je sais pas si t'es au courant, et peut-être que toi tu t'en fous, tu peux toujours aller faire tes études dans une petite fac de la Banlieue, mais Kelya et moi on a pas tellement de choix, ok? Alors j'ai pas envie qu'on se tape un carton parce que vous avez un problème. On aurait toutes préférées se la jouer solo, mais si on avait toujours ce qu'on voulait, je serais à la tête de la FATE. Maintenant, ca serait cool qu'on bosse à trois, parce que c'est pas trois copies collées ensemble qu'il attends, le prof... »
Mon regard transperce le sien pendant que je l’écoute patiemment débiter son petit discours moralisateur. Elle ne me connaît pas, et elle se trompe. Je prends mon temps pour éteindre mon baladeur. Enfin, je lui répond d’une voix très sèche, mais pas violente à proprement parler.
« C’est ce que tu crois ? Toi et ta graaande intelligence vous avez pas encore compris que si je pouvais aller étudier ailleurs ça fait longtemps que je l’aurais fait ? »
L’amertume crevait ma voix. Je recule pour m’appuyer sur le dossier de ma chaise et croiser les bras. Cependant, j’affiche un court moment un rictus satisfait. La FATE, cette agence qui s’amuse à torturer des turnes pour le plaisir de la science ? Cette même agence qui a détruit la vie de Kelya. Comme c’est ironique.
« T’as parlé de tes ambitions à Kelya ? Enfin bref, j’ai pas besoin qu’on me tire vers le haut, ok ? Tu sais quoi ? On va faire un marché. Tu m’écris sur un bout de papier les recherches que tu veux que je fasse, je les fais, et vous me laissez en paix. Ça te paraît être un bon plan, Melle. La directrice de la FATE ? C’est le meilleur que tu auras.»
J’en ai vraiment ma claque, j’ai plus envie de me prendre la tête. Être seule, c’est tout ce que je veux, mais apparemment ça va pas être possible. Je hais ma vie.
Bon, Skye est partie sans trop ronchonner en direction de la blondinette. Je les laisse tranquillement discuter, enfin rien n'est vraiment « tranquille » quand on parle avec Elke j'imagine, mais enfin passons... Je jette un bref coup d’œil en direction de la bibliothécaire qui épie toute la scène en attendant LE moment propice pour nous interdire l'accès des lieux une bonne fois pour toute. Putain, je prie pour que tout se passe sans encombre... Je décide d'attendre quelques minutes, partant à la recherche de livres qui pourront aider à nos recherches, restant à l’affût de moindre signe de leur part qui prouvera que la voie est dégagée. Bwarf, pour le moment rien de concluant vu le regard de blondie.
Une bonne dizaines de livres rassemblés, un bref regard vers la tablée, je me dis que cette fois c'est ok lorsque je vois la position de la blonde sur chaise. Nice, on va enfin se mettre au travail ! Je dépose les encyclopédies sur la surface où s'était réuni tout le petit groupe et je m'assois à côté de la blonde, regardant la brune face à moi.
-J'ai raté quelque chose ?
Ouai, le silence qui planait dans la pièce était trop beau pour être vrai. J'imagine que ça n'annonce rien de bon ? S'il vous plaît, faites en sorte que l'on bosse maintenant, merde !
Kelya Drambolt
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Jeu 25 Avr - 8:58
Si on se faisait virer d'ici, tout ce qu'on gagnerait, c'est de devoir tout recommencer à zéro ailleurs. Je soupire. Heidi n'a vraiment pas l'air de vouloir coopérer, ou même ne serait-ce que mettre de côté sa rage pour le moment. Bon, en vrai, je supporterais pas non plus qu'on me retire mes écouteurs, mais là, elle m'ignorait ostensiblement.
Elle me lance un regard assassin pendant que je parle, et je comprends qu'elle n'écoute qu'à moitié. Évidemment... Pourquoi m'envoyer raisonner quelqu'un qui s'est braqué à sa place? Enfin, au moins, j'ai une réaction. Elle éteint sa musique et me répond.
« C’est ce que tu crois ? Toi et ta graaande intelligence vous avez pas encore compris que si je pouvais aller étudier ailleurs ça fait longtemps que je l’aurais fait ? »
Je passe sur la pique sur mon "intelligence"; j'ai l'habitude des jaloux et des rageux qui se servent de ça pour me mettre de côté et pas un n'a idée des sacrifices que ça provoque. D'ailleurs, même avec ça, ils ont raison, je préfère cent fois garder mes handicaps ET mon cerveau que de perdre les deux. Ceci dit, je ne vois pas à quoi elle fait allusion en disant qu'elle ne peut aller nulle part ailleurs. Je vois mal comment on pourrait avoir été viré de TOUTES les académies de Central Point. Peut-être une question de proximité, d'argent. Mais en temps normal, les seuls qui n'ont pas le choix de venir ici, ce sont... Les Turnes. Mais elle ne l'est pas... Si?
Elle se pose sur son dossier et croise les bras, avec un petit rictus satisfait. Symptomatique de quelqu'un qui vient de trouver un angle d'attaque.
« T’as parlé de tes ambitions à Kelya ? Enfin bref, j’ai pas besoin qu’on me tire vers le haut, ok ? Tu sais quoi ? On va faire un marché. Tu m’écris sur un bout de papier les recherches que tu veux que je fasse, je les fais, et vous me laissez en paix. Ça te paraît être un bon plan, Melle. La directrice de la FATE ? C’est le meilleur que tu auras.»
Qu'est-ce que ça peut lui foutre à Kelya, mes...
-Qu'est-ce que ça peut lui foutre à Kelya, mes ambitions? T'es à côté de la plaque... Et je cherche pas à te tirer vers le haut, juste à ce qu'on se casse pas la gueule toutes les trois, ok? On est dans le même bateau.
Elle me fait ensuite sa proposition. Bosser de son côté en suivant un plan de travail commun. Bah... C'est peut-être ce que j'aurais de mieux, comme elle dit. Qui sait, elle finira peut-être par se calmer et revenir parler. Rah, ça me saoule... J'ai rien à voir avec leurs trucs, pourquoi je paye les pots cassés?
-J'ai raté quelque chose ?
Kelya vient de se poser avec une dizaine de bouquins, comme une fleur, à côté d'Heidi. Je la fusille du regard. Tout ça, c'est ta faute, et en plus, tu viens te coller à elle histoire d'empirer encore les choses! Je vais exploser... J'ai envie de la... prendre sur la table.
-C'est une question rhétorique ou tu parles de ta vie en général?
Ooooh, putain, elle a fait du bien en sortant, celle-là. Il y a un côté exutoire dans mes engueulades avec Kelya. Je sais pas si je pourrais m'en passer un jour. Des engueulades, et d'elle. Je laisse tomber la médiation sociale, maintenant qu'elle est revenue, à elle de se démerder. J'ai aucune raison de me faire détester par "Blondie", alors autant la laisser se calmer.
-Bon, déjà, on doit choisir un angle d'attaque. Soit on se contente de recracher les manuels scolaires, soit on prend un point de vue particulier. Politique, écologique, sociétal, technologique... Alors?
Skye Reid
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Jeu 25 Avr - 10:56
Drôles de Dames
Kelya & Skye
« Qu'est-ce que ça peut lui foutre à Kelya, mes ambitions? T'es à côté de la plaque... Et je cherche pas à te tirer vers le haut, juste à ce qu'on se casse pas la gueule toutes les trois, ok? On est dans le même bateau. »
Bien sûr que non je suis pas à côté de la plaque, tout ça c’est pas juste à propos d’un devoir à la mord moi le nœud. A sa réaction, je me dis que peut-être je sais des choses qu’elle ne sait pas, mais bon est-ce que c’est vraiment important ? Enfin, j’arrive à un peu me calmer et redescendre en pression quand même, bien que sans que je ne puisse vraiment le comprendre j’ai toujours mal. A partir de maintenant je vais la mettre un peu en veilleuse, quand je m’énerve ça fait tout sauf du bien, et je devrais sûrement commencer à me faire une raison.
D’un signe de main je fais comprendre que j’ai compris et que ce n’est pas la peine de plus me sermonner. Je ne suis pas une enfant. Je soupire, plus ou moins prête à prendre ce nouveau départ, quand Kelya déboule. Je manque de m’étrangler de stupeur quand je remarque qu’elle s’assied juste à côté de moi. La place ne manque pas pourtant, c’est donc que c’est son choix ; un choix que je ne comprends pas et qui me déplaît fortement.
« J'ai raté quelque chose ? »
Je sais pas, peut-être le moment où j’ai essayé de te faire comprendre que plus loin tu es de moi, mieux je me porte ? Penchée au dessus de mon sac pour attraper de quoi travailler, je ferme les yeux et serre les poings pour me retenir de ne pas lui aboyer dessus. Sans déconner, qu’est-ce qu’elle cherche à faire ? Jouer à la plus mature ? Tu parles d’un jeu..
« C'est une question rhétorique ou tu parles de ta vie en général? »
Ok, bien envoyé, je suis bien forcée de l’admettre. Si tu continues comme ça tu remonteras peut-être dans mon estime. Mais bon, rien ne presse pour ça. A mon tour, je balance sur la table un stylot mâchouillé et un bloc-notes ayant aussi subit les sévices du temps.
« Bon, déjà, on doit choisir un angle d'attaque. Soit on se contente de recracher les manuels scolaires, soit on prend un point de vue particulier. Politique, écologique, sociétal, technologique... Alors? »
Je jette un court regard à la brune en face de moi lui signifiant bien que je m’en fichais, et retourne à mon bloc. Je feuillette les pages une par une jusqu’à en trouver une assez vierge pour que je la souille de mots qui ne feront que la blesser, à quelques feuilles de la fin. Le reste des pages, c’est de la musique, des relevés de plein d’œuvres diverses et variées, de toutes époques et de tous genres., dépassant assurément le cadre de mes cours. Je ne sais pas en jouer, mais j’ai appris à l’écrire, pour une fois que les cours au NEST me servent à quelque chose.. Je ne suis pas en spécialité musicologie pour rien.
D’un autre côté, en parcourant mon recueil de partitions artisanal, une bribe d’idée me traverse l’esprit.
« Et pourquoi pas l’art ? Personne pense jamais à l’art, alors que c’est la seule chose qui aie vraiment de l’importance. »
Je suis assez fière de cette idée, mais avec les deux cloches qui m’entourent, j’ai dû me limiter à la marmonner comme si je parlais toute seule. Et puis, on est dans une bibliothèque après tout, il faudrait qu’elles arrête de parler aussi fort, même moi je ressens le poids du regard de la vieille bique de l’accueil peser sur elles.
La brunette transperce mon regard. Putain mais c'est pas vrai, j'ai encore fait quelque chose de foireux ?
-C'est une question rhétorique ou tu parles de ta vie en général?
BAM, allez prends toi ça dans la gueule, c'est gratuit ! Mes sourcils se froncent et si tout ça été un film, il y aurait des éclairs entre le regard de Skye et le mien.
-Espèce de sale...
Non non non, je ne dois pas rentrer dans son jeu, on est en territoire ennemi actuellement et puis, les cours, je dois penser à mes études avant tout ! Je ne termine pas ma phrase, j'attrape simplement le capuchon de mon stylo pour lui balancer en plein dans le front. J'espère bien qu'elle va avoir une marque jour en plein milieu cette garce au corps...NON. Je lâche un grand soupire avant de croiser les bras en continuant de fixer la brunette dans les yeux, oui dans les yeux c'est ça.
-Bon, déjà, on doit choisir un angle d'attaque. Soit on se contente de recracher les manuels scolaires, soit on prend un point de vue particulier. Politique, écologique, sociétal, technologique... Alors?
Elle a totalement raison, « l'histoire de Central Point » est un sujet bien trop vaste et ne pas avoir de point central au texte, ça risque de nous éparpiller plus qu'autre chose. Du mouvement se fait à côté de moi, Elke farfouille dans son bloc note qui est rempli de mille et une chose. Comment fait-elle pour se retrouver dans un tel torchon ? Et, c'est quoi ça ? Des partitions écrites à la main ? Intéressant.
- Et pourquoi pas l’art ? Personne pense jamais à l’art, alors que c’est la seule chose qui aie vraiment de l’importance.
Enfin une phrase sensée émanant de ses délicieuses lèvres ! Commencerait-elle à se prendre au jeu ? Ou c'est juste qu'elle s'est résignée à devoir bosser avec nous ? Aucune importance, dans tous les cas, elle propose quelque chose pour faire avancer le boulot. L'Art avec un grand « a », ça réunit pas mal de chose ça aussi mais ça enlève tout le côté « scolaire » et banal du travail. Un défi de taille qui me branche pas mal.
-C'est assez périlleux mais je suis op. T'en penses quoi Reid ?
Je ne sais pas pourquoi mais j'ai l'impression que ça va moins la brancher elle. Ces études en sciences démontrent le petit génie qu'elle est mais l'Art, c'est un tout autre univers. Il n'y a pas de formule exacte pour décrire une œuvre, il y a seulement les yeux, les émotions, la sensibilité de chacun pour l'exprimer. A chaque période est associée des artistes, sculpteurs, dessinateurs, chanteurs, opéras, peintures, constructions, théâtres, etc. La liste est longue mais toutes les œuvres reflètent la société dans laquelle elles ont été créé.
-Tu te sens capable de sortir de ta zone de confort, Dusk ?
Einstein aurait été employé à l'époque, mais il a longtemps été dépassé par toutes les nouvelles têtes des dernières années. Je la provoquais ouvertement, sans monter le ton, continuant à parler à voix basse pour éviter les représailles de la tarée de bibliothécaire. En provoquant la brunette ainsi, le risque qu'elle refuse s'élève à 1,2%. Oh oui, elle déteste autant que moi perdre à n'importe quoi, elle préfère relever les défis et écraser quiconque sur son passage. D'ailleurs, je commence à comprendre pourquoi ce prof nous a laissé toutes les trois ensembles. J'aime l'art, je suis plutôt douée pour le dessin d'ailleurs mais la blondinette à un univers que ni moi, ni Skye, ne connaissons réellement. Et si c'était Elke qui avait des choses à nous apprendre ? Je crois que j'ai beaucoup trop foi en ce monsieur Edgeworth mais il a tellement l'air de savoir ce qu'il fait avec son calme légendaire.
Kelya Drambolt
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Jeu 25 Avr - 20:07
Kelya ne termine même pas sa réponse, et se contente de me balancer son capuchon, avec un regard... On dirait qu'elle va me mordre. Enfin. C'est rare, qu'elle s'écrase au premier round. Mais, ça me va. Après tout, il faut qu'on bosse. A ma proposition, Heidi fait comprendre qu'elle se fiche de l'angle d'attaque en sortant ses affaires, puis propose... L'Art. Voilà un truc auquel j'avais pas pensé. C'est sûr qu'avec un truc aussi original, j'ai limite hâte de voir la tête du prof obligé de nous tirer son chapeau...!
-C'est assez périlleux mais je suis op. T'en penses quoi? Tu te sens capable de sortir de ta zone de confort, Dusk ?
-Ca me botte. Avec un angle pareil, y'a moyen qu'on mette tout le monde par terre...
J'aurais voulu lui répondre quelque chose de cinglant sur les capacités artistiques de Dusk mais rien, dans mes connaissances, ne me permettait de lui clouer le bec. Il y avait bien eu ce coup d'éclat qui consistait à avoir envoyé une voiture dans l'espace, mais c'était surtout un coup de pub, même s'il répondait plutôt bien à une de mes définitions préférées de l'art, qu'il n'est pas ce qu'on voit, mais ce qu'on fait voir aux autres.
Ceci dit, je voyais très bien ou elle voulait en venir. "Un domaine que je ne maîtriserais pas aussi bien que le reste"... Après tout, là ou le but de la science est de rassurer par la logique, celui de l'art est de troubler, de parler aux émotions. Eh bah non, ma grande. Je peux te montrer les similitudes entre les plus grandes œuvres de Bach et les équations les plus complexes. Je m'avancerais même en disant que la musique essaie sans jamais y parvenir de s'approcher de l'exactitude d'une formule mathématique. Et il en va de même avec la peinture et son nombre d'or, la poésie et ses symétries de son...
Oh, beaucoup trouveront indigne ma façon de décortiquer l'art pour l'apprécier, alors qu'eux se contentent de l'observer, de l'accepter tel quel. Mais il y a deux genre de gosses, ceux qui font tourner leur train électrique à l'infini autour de leurs rails, et ceux qui le décortiquent pour voir comment il fonctionne. Et le pire, c'est qu'il n'y a pas par définition de "bonne" façon d'apprécier l'Art.
C'est à ce moment que je me suis rendu compte qu'on avait justement toutes les trois une façon différente de le faire. Je m'étais toujours représentée moi d'un côté, et les autres à l'autre bout de l'échelle de valeur, sans jamais me dire qu'il pouvait y avoir d'autres directions à prendre. En gros... Si jusqu'ici, je voyais ma vie comme une ligne de deux points avec les intelligents d'un côté, et les stupides de l'autre, je me rends compte maintenant que c'est plutôt un plan à deux axes, avec l'intelligence et la sensibilité.
Je doute que le prof nous aie collé ensemble pour cette raison précise... Pas vrai?
-Du coup, il faudrait découper l'histoire de Central Point en plusieurs périodes, et faire correspondre à chacune un "courant artistique"... Bon, c'est vite dit, parce qu'on ne parle pas en siècles, mais disons en "modes". Par exemple, si on fait remonter l'histoire avant la Dernière Guerre Mondiale, en 2027, on peut trouver l'art Urbain, avec l'explosion des œuvres anonymes et éphémères, les tags, mais aussi les sculptures... En musique, ça s'est traduit avec le rap, de plus en plus engagé et moralisateur, non... plutôt, une prise de conscience, un art "Visionnaire"?
Puis en 2029, il y a eu une période d'art "cynique", avec toutes les œuvres noires et désespérées. Les gens se sentaient trahis par le mensonge d'une nouvelle guerre, après celles qu'ils avaient appelée "la der des der", la seconde guerre mondiale devant être la dernière. Des textes sombres, surtout du slam, des peintures abstraites parfois monochromes...
Puis il y a eu une période "sans art" à la fin de la guerre, puisque les gens essayaient de survivre aux retombées de la guerre, et de se rassembler vers Central Point. J'ai entendu parler d’œuvres de cette époque, des trucs très simples; un air sifflé, sans paroles, qui se serait répandu parmi les ouvriers et serait resté plusieurs années, et de simples mots écrits sur les murs écroulés : "bientôt", "enfin", "résultat", "voilà".
A partir de 2037, il y a eu l'achèvement de Central Point. A ce moment, tout le monde a eu un regain de productivité en matière d'art. D'un seul coup, tous les artistes étaient réunis au même endroit! Les oeuvres étaient toutes mélangées, les sonorités des différentes ethnies transparaissaient toutes dans une seule musique, des fresques avec des personnages de manga dans un style égyptien... Le courant "cosmopsychique", un truc comme ça. La ville s'est forgée en même temps que son art : chacun a appris à vivre ensemble.
Ensuite... En 2044 il y a eu les premiers turnes. Là, on était clairement parti sur une atmosphère de doute, de peur pour certains. Et quelque part, ça a regroupé les Humains en face d'un évènement qui les touchait tous; la modification de leur race même. Du coup, on est partis sur quelque chose de bien plus sombre, des oeuvres littéraires à la Lovecraft, des chansons un peu folk sur la fin de l'humanité... Un courant post-humaniste?
L'arrivée de la F.A.T.E. en 2054 a marqué le renouveau de l'expérimental, du "technopratique" avec l'essor de nouvelles technologies. Il y a eu des artistes qui s'enregistraient uniquement sur nanophones, je sais pas si vous avez déjà écouté ces trucs... Niveau illustrations, pareil, il y avait énormément de dessin informatique, des effets de fragmentation...
Je m'arrête un moment. Je me rend compte que mes pupilles sont devenues argentées, sans même que j'y fasse attention. Mon cerveau a commencé à compartimenter toutes ces périodes et à les faire correspondre à toutes les oeuvres disponibles dans mes souvenirs, mes lectures... Et à les réorganiser pour en faire un plan de dissertation en plusieurs mouvements.
C'est plutôt une bonne chose, cet angle d'attaque... Je pensais pas qu'un devoir de ce genre me ferait utiliser mon cerveau à pleine capacités. Je me sens tellement bien... Ma vraie couleur d'yeux.
-Je vous laisse compléter si vous avez des idées pour les 40 dernières années, jusqu'à aujourd'hui, en 2099...
Skye Reid
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Jeu 25 Avr - 21:17
Drôles de Dames
Kelya & Skye
Ah, eh bien apparemment mon idée séduit. M’en voilà fort aise, au moins je pourrai m’exprimer un peu sur ce devoir à la con. Je met de côté leurs chamailleries pour me concentrer sur ce nouveau thème que visiblement nous allons adopter.
L’art. C’est quand même quelque chose, l’art. C’est quelque chose qui est capable de parler à tout le monde et personne en même temps. Chacun peut y voir ce qu’il veut, et chacun verra quelque chose de différent. L’art, ça me fascine, et ça me rassure aussi. Ça m’inquiète et ça me frustre. C’est tellement universel que personne n’a le même. Putain ça me donne le vertige. Une œuvre d’art, c’est comme un shoot : chaque œuvre est une substance différente qui produit des effets différents sur chaque personne qui file direct en intraveineuse. Au final, un artiste, c’est un dealer de sensations.
Mais d’un autre côté, les gens se rassemblent autour de l’art, ça veut dire que leurs sensations se ressemblent tout de même. C’est presque indescriptible, c’est intangible, personne n’a le même, mais pourtant c’est le ciment de l’humanité. C’est effrayant, quand j’y pense.
Alors, madame je-sais-tout commence à réciter tout ce qu’elle a lu à ce sujet. Y’a pas à dire, elle fait une bonne encyclopédie, mais pour le reste.. M’enfin, je ne l’écoute qu’à moitié ; ses yeux ont viré rapidement au gris tandis qu’elle parle comme un ordinateur sans discontinuer. Elle s’arrête à un moment donné, peut-être que son processeur surchauffe ?
Je recule sur ma chaise comme précédemment en croisant les bras. Ma réponse à son long monologue est cependant bien plus courte et va droit à l’essentiel.
« D’accord, mais toutes ces œuvres, elles te font quoi ? C’est bien beau de connaître tout leur contexte par cœur, mais tout ça ne sert à rien si tu ne les ressens pas jusqu’au plus profond de tes putain de tripes. »
J’avais mon attitude des choses sérieuses, le regard immuable et le ton grave, comme si cette conversation était déterminante pour la suite de ma vie alors que ce n’est que pour un devoir. Mais là je ne parle pas d’école ou de travail, là c’est d’existence qu’il est question. Ouais, je déconne pas avec ce genre de choses. De dehors, c’est comme si j’étais une toute nouvelle personne.
« Alors oui, c’est très bien, une œuvre d’art ça se décompose, ça s’analyse, mais faut pas oublier pourquoi elle existe. Si tu fais tout ça sans que ça te fasse le moindre effet, tu perds toute ton humanité. »
Je soupire. Voilà que je me met à prendre ça à cœur alors que c’est qu’un devoir. D’un autre côté, d’après la définition de l’humanité que je viens de développer, il serait monstrueux de prendre ça à la légère. J’ai déjà assez l’impression d’en être un comme ça, alors je me rattache à ça comme si effectivement ma vie en dépendait, parce que c’est le cas au final. Tout ça, c’est mon refuge, c’est là que je me recueille quand j’ai l’impression que je vais devenir folle. Autant dire que ce refuge a l’habitude de me voir, et je le défendrais jusqu’à la mort s’il le faut.
-Ca me botte. Avec un angle pareil, y'a moyen qu'on mette tout le monde par terre...
OUIIIIII ! C'est bon, le mécanisme est en cours, c'est PARFAIT ! On a enfin réussi à se mettre toutes d'accord sur quelque chose, c'est FANTASTIQUE ! Dieu existerait réellement ! Non, faut pas pousser mémé dans les orties non plus, non mais oh !
-Du coup, il faudrait découper l'histoire de Central Point en plusieurs périodes, et faire correspondre à chacune un "courant artistique"... Bon, c'est vite dit, parce qu'on ne parle pas en siècles, mais disons en "modes". Par exemple...
C'est le moment de prendre des notes, vite vite. Stylo en main, je griffonne tout ce qu'elle raconte avec un débit impressionnant. Traduisant direct en anglais ce que je retranscris à l'écrit, je l'écoute avec attention, essayant de ne rien louper de son exposé. Sa mutation est extraordinaire, même si je ne lui dirais jamais.
-Je vous laisse compléter si vous avez des idées pour les 40 dernières années, jusqu'à aujourd'hui, en 2099...
Mes lunettes sur le bout du nez, je réfléchissais déjà à la suite avant d'être interrompu par la blonde.
- D’accord, mais toutes ces œuvres, elles te font quoi ? C’est bien beau de connaître tout leur contexte par cœur, mais tout ça ne sert à rien si tu ne les ressens pas jusqu’au plus profond de tes putain de tripes.
Elle marque un point. C'est comme si Skye avait la théorie à tout cet univers artistique mais que la pratique visait le néant. Devrais-je lui donner des cours, encore ? Rah mais juste TA GUEULE KELYA ! L'attitude de la blondinette était inhabituelle, presque comme si ce sujet l'avait transformé en une autre. Ça lui tient à cœur, ça se voit.
- Alors oui, c’est très bien, une œuvre d’art ça se décompose, ça s’analyse, mais faut pas oublier pourquoi elle existe. Si tu fais tout ça sans que ça te fasse le moindre effet, tu perds toute ton humanité.
Ses derniers mots ont un impact différent des autres, pour moi en tout cas. Fiche moi la paix passé ! Je mordille mon crayon, perdant mon regard sur les notes. Allez, c'est pas le moment de reculer, le travail vient à peine de démarrer. Je reste silencieuse un instant, laissant mon passé s'envoler afin de me remémorer toutes les phrases de mes collègues ainsi que du prof. Un texte en anglais sur l'histoire de Central Point de 2027 à nos jours, regroupant les formes d'Art mais ne laissant pas de côté les ressentis qu'elles peuvent donner aux spectateurs...
-Et si à la place de faire un texte écrit, on le chantait ?
Faisant tournoyer mon stylo autour de mon pouce, je relève les yeux de ma copie, reprenant posée, pointant Skye du doigt.
-Toi, t'es la tête. Tu pourrais écrire le texte en anglais avec toutes tes connaissances que tu viens de nous balancer.
Je me retourne vers Elke.
-Toi, t'es la voix. J'ai vu que tu avais des partitions dans ton calepin. Tu sais donc chanter, j'imagine ?
Même si le texte sera très encyclopédique, la façon de le faire découvrir ne le sera pas si la blondinette le chante. La musique ne ment pas, elle peut transmettre des émotions même si les paroles n'en n'ont pas. En prenant un simple mot « oui », on peut le percevoir différemment selon la manière de le prononcer.
-Moi, je suis les yeux. Je pourrais faire des dessins sur chaque période, chaque transition musicale. Je vois une espèce de diaporama sous fond musical avec les paroles qui vont avec, ou un truc du genre, le tout sur clé USB... Vous en pensez quoi ?
Une combinaison de tous nos talents, c'est peut être trop osé ?
Kelya Drambolt
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Ven 26 Avr - 0:19
Quand je termine ma liste, je vois qu'Heidi me regarde comme si j'étais une sorte de machine. Cette condescendance du "je peux pas être aussi intelligent que toi alors je te traite d'autiste", et même Kelya a un peu de ça en m'écoutant. Je m'en doutais... Peut-être qu'un jour, je pourrais parler avec quelqu'un à qui l'intelligence ne fait pas peur. Je sens que je vais avoir droit au fameux discours du "l'intelligence fait pas tout" dans 3, 2, 1...
- D’accord, mais toutes ces œuvres, elles te font quoi ? C’est bien beau de connaître tout leur contexte par cœur, mais tout ça ne sert à rien si tu ne les ressens pas jusqu’au plus profond de tes putain de tripes.
Et bam, Bingo. Ce regard, je le connais depuis que j'ai 5 ou 6 ans. Ça ne me fait plus grand chose, à vrai dire, l'avantage d'être sociopathe, c'est qu'on ne perd plus son temps à tenter de justifier son point de vue sur les choses. Ce que me font les oeuvres? Elles me touchent, j'imagine, mais à ma façons, pas à la sienne. Je vois pas l'intérêt d'en discuter. C'est comme si deux personne appelaient un objet "bleu", mais voyaient deux couleurs différentes.
En plus, elle a l'air sur le point de claquer une durite alors qu'on allait commencer à bosser, et ça, très peu pour moi.
- Alors oui, c’est très bien, une œuvre d’art ça se décompose, ça s’analyse, mais faut pas oublier pourquoi elle existe. Si tu fais tout ça sans que ça te fasse le moindre effet, tu perds toute ton humanité.
-Et si à la place de faire un texte écrit, on le chantait ?
Pardon?
-Toi, t'es la tête. Tu pourrais écrire le texte en anglais avec toutes tes connaissances que tu viens de nous balancer.
Excuse-moi?
-Toi, t'es la voix. J'ai vu que tu avais des partitions dans ton calepin. Tu sais donc chanter, j'imagine ?
Attendez, mais c'est un putain de sketch, là, elles se foutent de ma gueule? Elles se sont crues en colo? D'où on parle de transmettre des émotions? C'est un putain d'exposé! Et quelle espèce de monstre d'arrogance crasse il faut être pour penser s'improviser chanteur?
-Moi, je suis les yeux. Je pourrais faire des dessins sur chaque période, chaque transition musicale. Je vois une espèce de diaporama sous fond musical avec les paroles qui vont avec, ou un truc du genre, le tout sur clé USB... Vous en pensez quoi ?
-Que c'est une grosse idée de merde, et que tu devrais garder ça pour les soirées karaoké?
Non mais sérieux, à quel moment ça a déconné? Elles n'ont aucune envie d'en apprendre plus sur les courants artistiques qui ont façonné Central Point, elles veulent juste s'amuser...! Je dois ratrapper le truc, n'importe comment, mais je dois remettre ce devoir sur le bon chemin... Attends, je sais!
-D'ailleurs, on a qu'à faire ça, si on termine l'exposé rapidement, on pourra aller se vider la tête dans un karaoké. Quittes à chanter notre taf si ca vous amuse!
Si ca peut sauver le devoir, pourquoi pas. De toutes façons, elles accepteront pas... Avec l'ambiance qu'on se traîne...
Skye Reid
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Ven 26 Avr - 1:08
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Kelya & Skye
« Et si à la place de faire un texte écrit, on le chantait ? »
Ah, oui, Kelya. Je l’avais presque oubliée. Je crois qu’elle a pris des notes pendant que l’autre parlait. Je vois pas bien à quoi ça peut lui servir puisqu’il suffit d’ouvrir un bouquin pour le lire, mais bon, elle peut bien faire ce qu’elle veut. Par contre, je crois que m’entendre m’investir un peu ça lui a fait péter un plomb. Sans déconner, chanter ?
« Toi, t'es la tête. Tu pourrais écrire le texte en anglais avec toutes tes connaissances que tu viens de nous balancer. »
Naturellement, ce n’est pas à moi qu’elle s’adresse. En revanche, la destinataire de cette phrase ne semble pas bien réceptive. Ni à l’idée de Kelya, ni à ce que j’ai pu lui dire. Autant pour ce qui est des idées saugrenues de ma voisine ça se comprend, autant pour ce que je lui ai dit je n’aime pas ça.
Je prends sur moi pour faire passer une opinion de la manière la moins agressive possible pour moi dans ces conditions et elle ne prend même pas la peine de me répondre, et ça, ça fait remonter la pression. Son air si sûr d’elle commence à me sortir par le nez. C’est à moi qu’on vient parler de travail de groupe, mais elle aurait bien besoin de prendre un bon suppositoire d’humilité. Crache moi à la figure, ça ira plus vite.
« Toi, t'es la voix. J'ai vu que tu avais des partitions dans ton calepin. Tu sais donc chanter, j'imagine ? »
Pardon ? Je crois que ma surprise à ses paroles a remplacé toute la rage naissante sur mon visage par de la surprise et de la confusion. Il me faut quelques secondes pour remettre tout à l’endroit. Déjà, je suis en musicologie, si je n’avais de partitions quelque part sur moi ça serait inquiétant, et ensuite, ça ne veut absolument pas dire que je sais chanter, je ne sais pas d’où elle sort ça, mais ça ne me plaît pas non plus. Ne va pas croire que parce que je me suis calmée je ne suis plus en colère. Tu ne me connais pas Kelya, tu ne sais pas qui je suis alors ne commence pas à extrapoler.
« Moi, je suis les yeux. Je pourrais faire des dessins sur chaque période, chaque transition musicale. Je vois une espèce de diaporama sous fond musical avec les paroles qui vont avec, ou un truc du genre, le tout sur clé USB... Vous en pensez quoi ? »
C’est vrai que j’ai vaguement le souvenir de quelques dessins pas trop moches chez elle ; bordel, j’aimerais effacer cette soirée de ma mémoire. Mais en y pensant avec objectivité, je ne trouve pas l’idée si merdique que la grognasse d’en face le dit. C’est original tout en respectant les critères du devoir, en jouant assez sur les mots, mais flirter avec les limites c’est quelque chose qui me plaît.
« D'ailleurs, on a qu'à faire ça, si on termine l'exposé rapidement, on pourra aller se vider la tête dans un karaoké. Quittes à chanter notre taf si ça vous amuse! »
A ces mots, je ne peux m’empêcher de lâcher un petit gloussement méprisant. Et puis quoi encore, je ne sais pas ce qu’elle a en tête, mais moi dans un karaoké, et en plus avec elles-deux, c’est une chose qui ne peut se produire. Toujours les bras croisés et affalée sur ma chaise, je leur répond, sans regarder ni l’une ni l’autre.
« C’est mort, j’ai d’autres plans pour ce soir. »
Comme descendre une bouteille toute seule dans ma chambre en sortant du travail pour oublier.
« Et puis je ne sais pas chanter. Et même si je savais, j’ai pas de quoi enregistrer quoi que ce soit, et la manière dont je le ferais ça vous plairait pas. »
Ouais, bon, je sais chanter, rapidement, mais moi je growl. En tous cas, j’ai pas dit que l’idée de Kelya était mauvaise finalement. J’ai pas dit non plus qu’elle était bien, mais j’ai essayé d’agir en adulte. Elles vont bien trouver le moyen de me dire que c’est encore pas ça, mais je les emmerde profondément, je ne vais pas changer comme ça pour elles.
-Que c'est une grosse idée de merde, et que tu devrais garder ça pour les soirées karaoké? D'ailleurs, on a qu'à faire ça, si on termine l'exposé rapidement, on pourra aller se vider la tête dans un karaoké. Quittes à chanter notre taf si ça vous amuse!
Pourquoi ça ne m'étonne pas de sa part ? Sortir des clous de la scolarité classique c'était bien trop original pour qu'elle accepte. Des fois, je trouve ça barbant de toujours suivre à la lettre tous ce qu'on nous demande de rendre pour les cours. Mon idée était osée, risquée et à double tranchant, soit ça passait, soit ça cassait et on se tapait un hors sujet. Mais à certains moment, il faut avoir les couilles d'oser. Après tout, le danger est ma tasse de thé. Par contre, cette histoire de karaoké...Depuis quand elle veut sortir en groupe la gamine ?
-C’est mort, j’ai d’autres plans pour ce soir.
Bon bah comme ça, c'est clair, net et précis.
-Et puis je ne sais pas chanter. Et même si je savais, j’ai pas de quoi enregistrer quoi que ce soit, et la manière dont je le ferais ça vous plairait pas.
Vu la tête qu'elle m'avait tirée lorsque je lui ai exposé mon point de vue, j'ai cru comprendre qu'elle n'était pas pour chanter. Pourtant, sa voix me plaisait bien... Je stoppe les souvenirs pervers qui commencent à polluer mon cerveau, laissant tomber ma tête sur la table. Ouai, là, j'en ai ma claque d'essayer de mettre tout le monde d'accord, ça marchera jamais de toute façon, on est beaucoup trop pète burnes, TOUTES !!! Travail de merde, prof à la con, école à chier ! Je lâche un énorme soupire, j'en peux plus, c'est une perte de temps ce boulot.
-Go le faire comme tu le sens fillette.
Je me relève, soûlée par tout sans même avoir bu une goutte d'alcool. C'est quand même fort, non ? C'est une grosse idée de merde et karaoké et gnagnagna. Mais va-t-elle la fermer sa grande gueule de génie celle-là ?! J'ai bien des idées de comment la faire taire mais l'heure n'est pas à ça. Je me redresse, ramassant la pile de livres que j'avais empruntée pour aller les ranger. Bah ouai, puisqu'on va parler de l'Art, ces bouquins ne servent plus à rien. Toujours aussi blasée, je balance.
-Je vais faire des recherches sur les vingtaines d'années après 2054. Je te laisse les 20 années avant aujourd'hui Elke. Si vous me cherchez, je suis vers la section art.
Je ne prends même pas la peine de répondre à cette histoire de karaoké, j'en ai rien à foutre. Je veux juste finir le plus vite possible et me barrer d'ici. Et cette bibliothécaire, j'en peux plus de son fucking regard là ! Je vais lui casser la gueule à cette grosse pute mal baisée ! Oh putain, j'ai envie de tout péter ! Reste concentrée Kelya, reste concentrée. Je « range » les livres n'importe où en espérant que cette connasse vienne me faire une réflexion comme ça, elle aura une bonne raison de foutre à la porte quand je lui aurai balancé les 4 vérités ! Je finis par m'adosser sur le mur près de la section Art, feuilletant les livres qui me paraissent être les plus appropriés à notre texte ECRIT.
Kelya Drambolt
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Ven 26 Avr - 22:41
J'ai l'impression que le semblant d'espoir de bosser normalement et efficacement qui s'était réveillé pendant un quart de secondes vient de se manger un taquet à l'arrière de la nuque. Par contre, mon bait à fonctionné... Je savais pas trop pour Kelya, mais je me doutais qu'Heidi refuserait.
-C’est mort, j’ai d’autres plans pour ce soir. Et puis je ne sais pas chanter. Et même si je savais, j’ai pas de quoi enregistrer quoi que ce soit, et la manière dont je le ferais ça vous plairait pas.
-Parfait, on oublie la chansonnette, alors.
C'était déjà ça de gagné. Par contre pour le reste... Kelya baisse les bras, et Heidi se remet à bouder.
-Go le faire comme tu le sens fillette.
Et je la vois qui se relève pour aller ranger les bouquins. Okay... Elle compte faire correspondre les courants artistiques et les époques avec les différents points marquants de l'évolution de la ville de tête? Je sens que ça va rester une espèce de grande causerie stérile sur l'Art, du genre de celles qu'on peut lâcher avec trois grammes et un joint... J'imagine. C'est pourtant bien elles qui m'ont dit que chacun ressentait les choses différemment? Pourquoi est-ce qu'elles pensent qu'on va pouvoir écrire le moindre texte homogène, du coup...? Et puis, pire, d'ailleurs... Pourquoi est-ce que moi, j'aurais pas le droit de ressentir l'Art à ma manière? Ah, pardon, il n'y a que leur façon qui soit bonne...
-Je vais faire des recherches sur les vingtaines d'années après 2054. Je te laisse les 20 années avant aujourd'hui Elke. Si vous me cherchez, je suis vers la section art.
Bon, au moins ca reste un peu constructif. Je me retrouve en face d'Heidi, alors que l'autre est partie bouquiner dans son coin. Je sais même pas si Heidi va suivre le conseil de Kelya, mais bon...
C'est fatiguant, putain. Elle me fait penser à une chatte qu'on aurait malmenée et qui griffe la moindre main qui s'approche. Enfin, si c'est elle qui ne peut pas me blairer, moi, j'ai pas grand-chose contre elle. Pas grand-chose de plus que le reste du monde. Je vais pas m'amuser à faire le premier pas alors qu'elle est exactement comme tous ceux qui me jettent des regards noirs parce que "je n'ai pas la bonne façon de penser".
Paye ta tolérance, dans cette école de turnes.
Je me tais, donc, et je continue à relier les points dans ma tête. Je laisse mes yeux reprendre leur couleur normale, argentés. Le temps s'allonge, mon cerveau se remet à carburer. Les dates, les époques, les courants, les constructions grammaticales, les expressions, les anecdotes. Tout en restant attentive à ce qui se passe autour de moi.
Skye Reid
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Ven 26 Avr - 23:47
Drôles de Dames
Kelya & Skye
« Go le faire comme tu le sens fillette. Je vais faire des recherches sur les vingtaines d'années après 2054. Je te laisse les 20 années avant aujourd'hui Elke. Si vous me cherchez, je suis vers la section art. »
Ça y est, c’est au tour de Kelya d’être énervée. Elle se lève d’un coup, à quelques centimètres de me mettre son cul sur le visage, et ramasse ses bouquins. Elle n’en n’aura plus l’usage au vu de notre nouveau sujet, visiblement encore houleux. De l’autre côté de la table, l’autre brunette semblait ravie que l’on abandonne l’idée du chant si vite. D’un autre côté, le contraire m’aurait étonnée.
Personne ne retient la barmaid à la table quand elle s’exile, alors me voilà face à face avec.. je connais même pas son nom. Je soupire. J’aperçois rapidement que ses yeux sont redevenus ceux d’une turne. Elle réfléchis, visiblement. Au final c’est comme si j’étais toute seule à cette table, dans cet état là, je doute qu’elle aie une quelconque interaction avec qui que ce soit.
Bref, apparemment j’ai une partie attitrée maintenant. Les 20 dernières années. De ma naissance à ma vie actuelle, si on peut appeler ça comme ça. Mouais, ok, de toute façon il me faut bien quelque chose dont parler, alors autant que ce soit quelque chose que je connaisse. Je feuillette à nouveau mon bloc à la recherche de bribes d’œuvres qui collent à ma période. Il y a bien quelques notes par-ci par-là, mais ça ne sera pas suffisant pour un devoir entier. On dirait bien que je vais devoir faire des recherches aussi..
Peut-être une ou deux minutes après Kelya, le temps de penser un peu et surtout trouver de la motivation, je me lève. Direction la section art. Sans grande surprise, elle n’est pas vide, puisqu’à défaut d’être agréable, la bibliothécaire sait trier des livres. Je fais avec et commence à explorer les étagères en quête d’un livre pouvant m’aider à combler mes lacunes historiques. Alors oui, je suis sensée étudier l’histoire de l’art, mais nos cours se limitent à la période pré-Central Point, rien d’utile dans un devoir comme celui-là.
Au fil de ma recherche, la vision de l’art de Central Point me paraît de plus en plus inconfortable. Qui a écrit ces livre ? J’ai l’impression qu’ils sont ici pour décorer, que ce n’est qu’un tas de banalités écrites au hasard sur des œuvres vides. Qu’est-ce qu’il dit celui-là ? ‘Cette sculpture témoigne de la volonté de tous les citoyens d’accepter les turnes comme des êtres normaux’.Ces livres, ils décrivent le noir d’un miroir qui ne réfléchi rien, ce sont de bêtes affiches publicitaires..
Perturbée, je me rapproche de Kelya en mettant de côté mon ressentiment, ce qui est de plus en plus facile j’ai l’impression. Décidément, je m’investis trop dans ce rendu. Mais bref, je lui montre un livre au hasard que j’ai attrapé sur l’étagère qui correspond à ma période assignée et lance tout bas d’un ton presque énervé.
« Sans déconner, c’est n’importe quoi ces bouquins. Y’a qu’à sortir dans la rue pour comprendre que tout ce qu’ils racontent c’est du grand n’importe quoi. »
Un petit moment de réflexion, je baisse la tête. Il y a peut-être une piste à explorer là dedans. Mais sii ça se trouve, je déraille complètement. Qu’un seul moyen de le savoir : je m’en remet au regard de la grande brune à la peau mate. Je n’aime pas ça, mais au moins c’est un moyen efficace de savoir si je suis en train de péter un plomb.
Les 20 années après 2054, hein ? Il y a la création du NEST de 2061 à 2068 et sûrement plein de courants artistiques mais je bloque sur cette putain de date 2054. Tous les livres que je prends pour pour faire les époques qu'il nous manque, commence par cette date. La création de la FATE, cette putain de fondation qui m'a pris mon enfance ! J'arrive plus à me calmer là, au fur et à mesure que je lis tout ce qu'ils racontent dans ces bouquins, j'ai juste envie de faire un énorme bûcher. Le saviez-vous qu'un immense tableau peint par le célèbre Nicolas Strauss était exposé là bas ? Cette grande œuvre d'art reflète toute la générosité et le dévouement de la FATE pour les habitants de Central Point...C'est de la connerie ! Mais qui peut gober des mensonges aussi gros ?! Les cicatrices sur ma gorge commencent à me brûler, je pose instinctivement ma main dessus alors qu'un bouquin recouvre le mien, me sortant de mes pensées obscures.
- Sans déconner, c’est n’importe quoi ces bouquins. Y’a qu’à sortir dans la rue pour comprendre que tout ce qu’ils racontent c’est du grand n’importe quoi.
Je regarde la blonde, un peu surprise de ne pas l'avoir remarquée avant. Un léger rire s'échappe d'entre mes lèvres. Je crois que ça me fait plaisir de l'entendre me parler sur un ton comme celui-ci. C'est comme si pour une fois, elle avait mis nos différents de côté et je dois dire que ça fait un bien fou.
-Merci et...
Je m'arrête soudainement. Sortir pour comprendre que c'est du n'importe quoi....Sortir pour comprendre que c'est du n'importe quoi....Sortir pour comprendre... Mais oui bien sûr ! Je referme d'un geste rapide mon bouquin, le balançant sur l'étagère avant de placer mes mains sur les joues de la blondinette et lui faire un doux baiser sur le front.
-T'es un génie chaton !
Ouai bon le chaton est sorti tout seul, j'espère qu'elle ne va pas m'assassiner pour si peu ! J'attrape Elke par la main, l’entraînant vers notre lieu de travail où la brunette était encore présente. Ma motivation était revenue car le sujet pouvait devenir encore plus intéressant.
-Et si..
Je me calme un peu, baissant d'un ton pour éviter l'expulsion.
-Et si on parlait du vrai ? L'Art veut nous montrer des choses, il veut nous raconter l'histoire de Central Point. Mais si au lieu de ça, il ne nous la dissimulait pas ? Quel est le vrai du faux ?
Tous les livres que j'ai lus en diagonale ne racontaient rien de mal à propos de la FATE ou même du NEST. Il y a des histoires louches qui y sont racontées mais rien de directement lié à toutes ces institutions. Même les pressions que subit le gouvernement ne sont pas explicitement dites à travers l'histoire des œuvres. Après, est-ce une bonne chose de faire un tel texte ? Ça ne risque pas de nous apporter des ennuis ? Et puis donner notre point de vue sur telle ou telle question, le prof l'acceptera-t-il ? Difficile de savoir ce que Law attend vraiment de nous...Son sujet est tellement vaste.
Kelya Drambolt
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Mar 30 Avr - 7:23
Heidi me regarde comme si j'étais absente, alors que je restais attentive à elle au cas où elle m'adresse la parole, mais... Rien. Elle finit par partir rejoindre Kelya dans les rayons, sans un putain de mot. Je soupire, je sens qu'elles vont encore changer d'idée, inutile de continuer à réfléchir. De toutes façons, j'ai déjà été cataloguée, plus qu'à attendre.
Et sans manquer, elles reviennent main dans la main, les yeux de Kelya brillant d'une motivation toute neuve, sans doute la preuve d'un revirement à 90°.
-Et si on parlait du vrai ? L'Art veut nous montrer des choses, il veut nous raconter l'histoire de Central Point. Mais si au lieu de ça, il ne nous la dissimulait pas ? Quel est le vrai du faux ?
Ah. Enfin un sujet un peu moins clivant. Notre angle sera donc politique, finalement... Elle nous explique qu'elle veut mettre la lumière sur les parties "tues" de l'histoire de la ville, voire encensées par certaines œuvres. Ça se voit un peu qu'il y a un ressentiment personnel derrière cette idée, mais, je m'en fous. Si ça donne un coup de pied dans la fourmilière, ça pourra toujours être marrant. En tout cas, je préfères cent fois ça à un sujet ou chaque avis est, par essence, différent. Reste à savoir ce qu'Heidi va vouloir faire...
-Moi, ça me va. Du moment qu'on s'arrête sur un truc...
Skye Reid
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Mar 30 Avr - 11:18
Drôles de Dames
Kelya & Skye
Qu’est-ce qui se passe, pourquoi elle me regarde comme ça ? Elle rigole, elle se fiche de moi ou quoi ? Je savais que j’aurais jamais dû faire ça, c’était une mauvaise idée. A coup sûr je fais de la paranoïa depuis que j’ai foutu les pattes dans ce maudit commissariat de la bordure. Quoi que, le regard qu’elle me porte n’est pas moqueur ni agressif, il est même plutôt doux à vrai dire. J’ai plus vraiment l’habitude ça fait bizarre d’un coup comme ça.
« Merci et... »
Et.. ? Merci et.. ? Tu peux pas commencer une phrase sans la finir comme ça, surtout quand elle commence par merci ! Mais maintenant que j’y pense, j’y crois pas, elle vient de me remercier ? Merci pour quoi ? Qu’est-ce que j’ai dit pour ça ? Ou bien c’est quelque chose que j’ai fait ? Et merde, j’y comprends plus rien. J’arrive pas à savoir si c’est elle ou moi qui suis bizarre. Si ça tombe c’est les deux, on est vraiment mal loties. Mais c’est à n’y rien comprendre, quand je me livre volontairement elle m’envoie chier comme la dernière des merde, et quand je dis un truc qui n’a rien à voir elle s’adoucit. Si j’avais su ça..
Enfin, je prends une inspiration, prête à lui répondre ce qui me passerait par la tête à ce moment là, mais elle en a visiblement décidé autrement. Tout va très vite ; ses mains viennent délicatement trouver mes joues et elle m’embrasse sur le front.
« T'es un génie chaton ! »
Oui je sais, mais attends.. Chaton ? Et ce que tu viens de faire là, qu’est-ce que je dois comprendre ? Je suis complètement perdue à ce niveau là, ces dernières secondes ont de loin été les plus agréables depuis qu’on est à la bibliothèque, mais sans même avoir le temps de réaliser quoi que ce soit, la voilà qui me prends par la main complètement au dépourvu. Eh oh, j’ai peut-être mon mot à.. Oh qu’est-ce qui se passe, elle me tire ? Forcément par réflexe je la suis mais ça ne fait que soulever d’autant plus de questions.
Et… on s’arrête enfin. Devant l’autre brune. Je vais peut-être enfin pouvoir la questionner un peu. Ah bah non, manque de bol.
« Et si on parlait du vrai ? L'Art veut nous montrer des choses, il veut nous raconter l'histoire de Central Point. Mais si au lieu de ça, il ne nous la dissimulait pas ? Quel est le vrai du faux ? »
Donc au final c’est bon, elle est d’accord avec moi ? Elle aurait très bien pu me le dire depuis le début. Enfin maintenant il reste à voir ce que la troisième membre du trio de choc en pense.,Je ne sais même pas comment elle va le prendre, et si ça se trouve elle va l’envoyer chier.
« Moi, ça me va. Du moment qu'on s'arrête sur un truc... »
Ok, très bien, elles ont l’air d’accord, c’est une bonne chose, j’imagine. Oh, elles attendent ma réponse, c’est ça ? Je sais pas moi, c’est pas un sujet facile, et fouiner trop là-dedans ça peut nous apporter des ennuis.. Mais bon, peut-être que dans un sujet comme ça j’aurai un mot à dire. Je détourne le regard avant de balancer dans un ton un peu boudeur ma réponse.
« Ouais, je connais une ou deux galeries indépendantes à un district ou deux, on peut commencer par là. »
En parlant, je réalise que je n’ai toujours pas lâché la main de Kelya. Qu’est-ce que je fais, j’attends que ce soit elle qui le fasse ou je prends l’initiative ? Qu’es-ce que les deux impliquent ? J’aime pas ça.. Allez, je la lâche délicatement, en faisant durer un petit peu la chose ? Ouais, c’est bien, c’est un bon compromis. Mais il faut qu’on parle, j’arrive pas à savoir quoi penser et ça m’angoisse. C’est décidé, je la prend à part en sortant d’ici.
-Moi, ça me va. Du moment qu'on s'arrête sur un truc...
ça y est, on va enfin pouvoir commencer à avancer ? Je me concentre sur Elke, priant que sa réaction sera la même que Skye.
- Ouais, je connais une ou deux galeries indépendantes à un district ou deux, on peut commencer par là.
Yeeees ! Cette fois c'est la bonne ! Un grand sourire s'empare de mes lèvres. Oh oui, là je suis contente, on a enfin réussi à toutes se mettre d'accord, le groupe commence à se former il était grand temps. La chaleur apaisante sur ma main disparaît, mon regard se perd un instant sur l'étreinte qui n'est plus. Non, je ne dois pas me poser trop de question, par sur ce sujet en tout cas. Je finis par ranger mes affaires dans mon sac à dos, me dirigeant vers la sortie lorsque plus rien ne traînait sur la table.
-Allons-y ! On n'a bien trop perdu de temps déjà, à toi l'honneur d'ouvrir la marche Elke.
Je fais mine de faire une révérence à la blondinette avant de me tourner vers la brune.
-Déjà une idée des différents axes ?
Kelya Drambolt
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Mar 30 Avr - 20:38
Je ne remarque qu'elles se tenaient la main que quand Heidi la lâche. J'ai l'impression qu'il me manque une donnée. Je ne sais pas trop comment expliquer ça, je pense que le sentiment qui doit en être le plus proche, c'est le bruit que fait un disque dur quand il boucle en tentant de compiler une information à partir de données illisibles. Et je ne suis pas sûre que beaucoup de monde arrive à comprendre cet état de fait.
Ou en quoi un disque dur puisse être doué de sentiments.
- Ouais, je connais une ou deux galeries indépendantes à un district ou deux, on peut commencer par là.
Elles récupèrent leurs affaires, alors je fais de même. Bon, on va dire que c'est un point de départ. Une galerie indépendante… Probablement tenue par un ou une turne? En ces temps de profond corporatisme aux relents réactionnaires, c'est assez rare que le mot "indépendant" ne serve pas juste à décorer quelque chose qui n'est pas validé par le gouvernement, mais qui sait.
-Allons-y ! On n'a bien trop perdu de temps déjà, à toi l'honneur d'ouvrir la marche Elke.
Elke? Je n'avais jamais remarqué qu'elle l'appelait par un petit nom. Pourquoi j'ai cette sensation que la journée commence à puer méchamment?
-Déjà une idée des différents axes ?
-On pourrait relier différentes oeuvres aux courants anarcho-écologiques, pro-turnes, syndicalistes, et aux différents groupuscules religieux qui n'acceptent toujours pas le CRU (Courant Religieux Universel), la neutralisation théologique de Central Point...
Je m'entends répondre sans grande conviction. Mes yeux sont restés jaunes. Je suis déjà fatiguée aujourd'hui... On va vraiment y aller maintenant...? J'aimerais rentrer à l'appart. Avec Kelya.
Skye Reid
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Mar 30 Avr - 21:37
Drôles de Dames
Kelya & Skye
Kelya a l’air plus heureuse que jamais tandis que j’ai l’impression que notre troisième acolyte nous regarde étrangement. Évidemment, on se tenait la main juste devant elle, y a de quoi se poser des questions. Et elle est pas la seule à s’en poser, merde, j’ai horreur de me poser des questions.
Rapidement, je range mon calepin dans mon sac accompagnée par celle à qui j’ai lâché la main quelques instants au par avant. C’était bizarre, j’avais l’impression qu’elle était déçue que je rompe le contact. Mais arrête d’y penser bon sang.
« Allons-y ! On n'a bien trop perdu de temps déjà, à toi l'honneur d'ouvrir la marche Elke. »
Elle me.. oh non c’est trop mignon cette espèce de révérence. Je tourne la tête et place la main devant ma bouche dès que je me sens sourire et rougir. Je me dirige lentement vers la sortie en continuant à les écouter d’une oreille pendant que j’essaie de reprendre une couleur normale à l’écart. C’est vraiment pas le moment de penser à elle, allez, ressaisi toi ma vieille.
Bon, elles commencent à discuter un peu du devoir en attendant que je montre le chemin. Je jette un bref coup d’œil à ma montre avant de me retourner vers elles.
« Je travaille dans pas longtemps mais y a une galerie sur mon chemin, je peux peut-être la montrer rapidement à l’une d’entre vous ? De toute façon on aura sûrement pas le temps d’y faire grand-chose de plus pour ce soir. »
Je sais très bien à qui je pensais quand j’ai proposé à l’une d’entre elles de me suivre, et le court regard que j’ai lancé à la plus grande des deux brunes était sûrement assez éloquent pour que je n’ai pas besoin d’expliciter tout ça.
Mais d’un autre côté, si c’est le petit génie qui m’accompagne, au moins ce sera beaucoup moins gênant. Mais si elle parle comme elle le fait dans le genre d’endroits où je veux les emmener elle ne se fera très certainement pas voir d’un bon œil. Là-bas, les gens ne sont pas très bavards, et n’aiment pas vraiment qu’on les range dans des cases. Le courant anarcho-écologique, tout ça, pour eux ça ne veut rien dire, ils le perçoivent presque comme une insulte à l’art exposé. Si je l’emmène, il faudrait que je la briefe, et je sens que ça, par contre, ça ne serait pas une partie de plaisir.
Mais peu importe pour l’instant, je me dirige simplement vers la sortie sous le regard méchant de la bibliothécaire. Je ne manque pas de lui rendre en sortant de la pièce. Je vais attendre quelques instants dehors, voir qui me suit, j’aviserai par la suite.
-On pourrait relier différentes oeuvres aux courants anarcho-écologiques, pro-turnes, syndicalistes, et aux différents groupuscules religieux qui n'acceptent toujours pas le CRU (Courant Religieux Universel), la neutralisation théologique de Central Point...
Ses yeux étaient de cette couleur qui m'intrigue autant. Mademoiselle laisserait son gène de côté pour le moment ? Elle semble fatiguée... Le revers de sa mutation ? Hypothèse à ne pas écarter.
-Je travaille dans pas longtemps mais y a une galerie sur mon chemin, je peux peut-être la montrer rapidement à l’une d’entre vous ? De toute façon on aura sûrement pas le temps d’y faire grand-chose de plus pour ce soir.
Elle veut que ce soit moi qui la suive ? Euh, est-ce une très bonne idée ? Je sors mon nano de ma poche arrière. C'est qu'il commence à se faire tard. La blondinette nous parlait « d'autres plans » pour ce soir tout à l'heure, ça concernait donc le travail. C'est pour ça qu'elle précipite la fin de notre boulot alors ? Skye a l'air claquée en plus, pas envie qu'elle nous fasse un malaise dans la galerie si ça durerait plus de temps que le suggère Blondie. Je me retourne vers la brune, balançant calmement.
-Tu devrais rentrer à l'appart, je te sens crevée...Fais attention sur la route gamine, si tu vois quelqu'un de louche, tu m'appelles.
De la gentillesse envers Skye ? Non mais NON ! Bah maintenant que le loyer va être divisé en deux, hors de question de devoir repayer l'appart toute seule ! Bah ouai, ça va faire de sacrées économies ! Alors si quelqu'un la touche, je lui mettrai la misère. Un léger sourire sadique s'empare de mes lèvres avant de se transformer en un plus doux lorsque je passe la porte de la bibliothèque. Oh mon dieu, ça fait du bien de ne plus sentir le regard de la vieille connasse de bibliothécaire !
-Allons-y ?
Mon regard est planté dans les océans de blondie. Pourquoi j'ai un mauvais présentement mais également cette envie de la suivre qui n'arrête pas de battre ? Est-ce que je fais le bon choix ? Je devrais peut-être rentrer avec Skye pour l'aider avec ses cartons et enfin retrouver un appart « propre ». Non, j'ai ce besoin de savoir ce que cette blondinette a derrière la tête.
Kelya Drambolt
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Mar 30 Avr - 22:51
-Je travaille dans pas longtemps mais y a une galerie sur mon chemin, je peux peut-être la montrer rapidement à l’une d’entre vous ? De toute façon on aura sûrement pas le temps d’y faire grand-chose de plus pour ce soir.
-Tu devrais rentrer à l'appart, je te sens crevée...Fais attention sur la route gamine, si tu vois quelqu'un de louche, tu m'appelles.
Je prends une minute. Juste le temps de me demander si oui ou non, elles sont assez attardées pour imaginer une seconde que je me rendrais pas compte qu'elles sont en train de me tej? Je sais même pas à quoi je m'attendais. Au final, j'aurais peut-être pas dû espérer trop. Je finirai le boulot seule, et je le rendrai demain matin à Miles, signé de mon seul nom. Elles réussiront bien à se démerder, après leur petite soirée à thème.
-Allons-y ?
Elles se cassent sans même attendre de réponse, en se regardant dans les yeux, et referment la porte.
Je me rassois devant l'ordinateur. Mes yeux redeviennent noirs. Je suis normale. Je pose les mains sur le clavier, j'ouvre une invite de commande. Je commence à taper. Mon cerveau accélère, le reste ralentit. Je tape de plus en plus vite. Aussi vite que me le permettent les jointures de mes doigts, l'afflux de sang dans mon corps. Les lignes s'enchaînent. Quatre langages différents, deux syntaxes qui se répondent. Les données défilent dans ma tête, se déplacent, dansent un peu avant de se recomposer en la formule que je recherche. C'est bon. Le bruit du clavier à cette vitesse dérange la bibliothécaire, qui se lève de son ordinateur. Trop tard. Un dernier point virgule, je referme le crochet. Dernière variable. Entrée.
Virus envoyé.
L'intégralité des ordinateurs du NEST redémarrent. Seulement, en guise d'écran d'accueil, aucune façon de quitter une simple image animée en deux frames. Un gorille avec des lunettes qui fait un fuck.
Putain, ça fait du bien. Je me lève, alors que la bibliothécaire, arrêtée dans son élan, essaye de tapoter sur son écran. Pauvre abrutie...
Merde... Je suis fatiguée. Je vais peut-être rentrer.
Skye Reid
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