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Rumeurs

Aux informations de Central News, les images de la manifestation mettaient en scène trois élèves et un professeur du NEST. Kelya, Skye, Heidi et Kayn. Leur implication est inconnue, mais les images ont beaucoup tourné, difficile de les manquer.
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On parle également, parmi les victimes, d'un turne avec deux rangées de dents pointues. Violent, proche des milieux terroristes, il est annoncé qu'il trempait dans plusieurs réseaux de trafic d'enfants. Des photos ignobles ont été retrouvées sur son nanocom et de l'ADN sur ses dents, prouvant qu'il s'adonnait au cannibalisme.
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Depuis la manifestation, les turnes sont très restreints dans leurs droits civiques. Couvre-feu, certains magasins interdits, plus de présomption d'innocence... Une atmosphère étouffante s'est emparée des rues. Heureusement, au NEST, il n'en paraît rien, pour les pensionnaires.
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Au NEST, on raconte dans les couloirs qu'il se passerait quelque chose entre le prof d'anglais et l'infirmière... Ils sont faits pour s'entendre, aussi calmes et posés l'un que l'autre...
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Bière Runner 2149 - ft Skye Reid

 :: Central Point :: Banlieue :: Studios :: Appartement de Sören Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Mar 10 Sep - 17:03

Un mois. Ça faisait exactement un mois que Sören vivait dans cet appartement, et qu’il pouvait commencer à goûter à la vie d’habitant du dôme. Il avait fait tellement de progrès depuis son installation : il arrivait maintenant à parler aux caissiers dans les magasins sans frôler l’infarctus pour cause de stress, il savait faire quelques trucs avec son nano… et il arrivait même à activer sa mutation sans être répugné par les odeurs de la ville.

D’un autre côté, il avait encore de sacrés progrès à faire sur certains points. Il était toujours terrorisé par le métro. Il n’avait d'ailleurs jamais foutu les pieds dedans. Côté social, ça s'arrangeait petit à petit même s'il n’avait réellement sympathisé qu’avec une personne : son invitée du soir.

Bière Runner 2149 - ft Skye Reid Conv10


En fait, cette histoire de crémaillère à retardement n'était pas la raison première pour avoir proposé une petite soirée à Skye. La principale, c’était la sortie en exclusivité sur Disney+ de Blade Runner 2149… la séquelle, bien qu’éloignée chronologiquement, des deux précédents opus sortis en 1982 et en 2017. Ce film intriguait Sören au plus haut point. Déjà, il était la suite de deux films qu’il considérait comme des chefs-d’oeuvres. Mais aussi par les parallèles évidents entre les thématiques abordées par la saga et la situation de Central Point. Une société divisée où une partie de la population gêne. Une population d’humains qui ne le sont pas vraiment.

Sören aurait pu regarder ce film tout seul dans son coin, mais il était certain que la suite d’une saga aussi emblématique et traitant d’un tel sujet intéresserait beaucoup Skye. Elle était nettement plus renseignée sur le sujet des turnes et de leur intégration que lui. La curiosité du rouquin l’avait donc poussé à inviter sa cinéphile en chef pour avoir un avis plus approfondi que le sien sur le sujet. Tout le monde parlait de ce film, qui allait évidemment faire couler de l’encre quelque soit son parti pris. Chose étonnante, il ne sortait pas en salle. Disney l’avait entièrement produit et s’était donc octroyé l’exclusivité des droits de diffusion pour booster les abonnements à sa plateforme de streaming.

Pour couronner le tout, Sören avait enfin investi dans un home cinéma… et il n’avait pas fait les choses à moitié : rétroprojecteur haut de gamme, écran blanc, système sonore… et canapé top confort.

Bref, il s’était trouvé tout un tas de prétextes pour inviter Skye, alors qu’il avait juste envie de la revoir au final. Mais inviter chez soi une femme qu’on connaît à peine, ça pouvait sembler louche, alors il avait pris la peine de trouver toutes ces justifications.

Il était 21h. Skye allait sans doute bientôt arriver… et le livreur de pizza aussi.  Sören avait pris soin de mettre un peu d’ordre dans le bordel infâme qui lui servait d’appartement. C’était à peu près propre et il n’y avait ni fringues sales ni boîtes de pizza au sol. Il n’avait jamais vraiment pris la peine d’ajouter sa touche personnelle à l’endroit. À part les meubles, déjà présents lorsqu’il avait emménagé, l’appartement faisait assez vide et manquait cruellement de décoration.

Néanmoins, il était plutôt spacieux pour un studio, sans doute remis à neuf quelques années auparavant et bien équipé. Les murs gris anthracite  faisaient bien ressortir plusieurs éléments rouge vifs, comme le bar, ou le canapé mais aussi le parquet en imitation de bois clair. Le logement était constitué d’une grande pièce de vie, quoique dorénavant bien remplie par le home cinéma. Un long bar avec deux chaises hautes séparait le côté salon/salle à manger de la cuisine. Derrière le canapé, on trouvait la table à manger que Sören n’avait encore jamais utilisé. À l’opposé, un couloir menait sur la salle de bain et les toilette à gauche, et la chambre à droite.

Bière Runner 2149 - ft Skye Reid Appart11


On était loin des appartements ultra luxueux de la ceinture centrale, mais il avait un certain cachet, était bien placé et largement assez grand pour deux. L'immeuble était d'ailleurs habité principalement par de jeunes couples avec une bonne situation financière à en juger par leurs tenues. Seul là dedans, Sören avait bien plus d’espace qu’il n’en avait besoin, en témoignaient les nombreux rangements vides dans l’entrée et la chambre.

Les bières étaient au frais, la surprise aussi, les pizzas en route… tout allait bien. Sören avait passé son après-midi à installer et configurer le home cinema afin d’être sûr que tout serait au point pour en prendre plein la tronche à cette petite soirée d'inauguration.

Quelqu’un toqua à la porte. Ça pouvait être Skye ou les pizzas… une bonne nouvelle dans tous les cas. En allant ouvrir, le rouquin se rendit compte qu’il ne s’était pas changé. Il était pieds nus, vêtu d’un jogging noir sobre et d’un simple Tshirt blanc… Bah, ce n’était pas grave, Skye n’avait pas l’air d’être du genre à s’attacher à ce genre de détails.

Sören ouvrit la porte... Bingo, c'était bien Skye ! Alors que dans le salon, les Red Hot Chili Peppers répendaient leur groove via les enceintes du home cinéma, Sören accueillit chaleureusement son invitée :

- hey ! Comment tu vas ? Entre, fais comme chez toi !
Sören Larsson
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Sören Larsson
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Mer 11 Sep - 12:40
Un HTP-976 5.1 6x150watts... Il a complètement craqué! Le matos Pioneer est pas le moins cher, en plus. Blade Runner 2149... Je comptais le voir, mais sans plus que ça. Malgré que ce soit un style d'univers que j'aime bien, et qu'ils soient objectivement bons, j'ai jamais pu accrocher, ni au premier, ni au deuxième. Je comprends pas pourquoi. Peut-être parce que la réalité a un peu trop rattrapé la fiction... Ça me met un peu mal à l'aise. Sören n'a pas vécu dans le dôme, il ne ressent peut-être pas aussi violemment que moi les similitudes. J'ai quand même une certaine sympathie pour ces films et je comptais donner une chance au dernier.

Dans le métro, je re-regarde le message sur mon nano. Ça me fait marrer. Disons... Qu'on voit qu'il n'a vu personne pendant des années. Inviter une personne croisée un soir au ciné chez soi, c'est... Osé? Maladroit? Difficile à dire, dans son cas. Mais ça relève d'autre chose que du simple amour du cinéma. Enfin... Je pense?

J'ai mis un t-shirt court, blanc, à épaules dénudées. Je le porte quasiment jamais, mais il a un vieux logo ultra-délavé Star Wars, j'ai trouvé ça marrant de le porter ce soir. Du coup, avec un jean gris. C'est beaucoup plus clair que ce que je porte d'habitude, mais j'ai mon sweat noir à capuche, au cas où. Je sais pas à quelle heure je vais rentrer...

17 Finchest Road, au 7ème, porte 2. J'y suis... J'entends les Red Hot Chili Peppers de l'autre côté. Ça doit être là. Je toque à la porte, et c'est un Sören complètement différent de la dernière fois qui m'ouvre : joggo noir et t-shirt blanc! Bon, il ressemblait moins à Eddie Redmayne, mais ça lui donnait aussi l'air moins coincé.

- Hey ! Comment tu vas ? Entre, fais comme chez toi !

Je me mets sur la pointe des pieds pour lui faire la bise. C'est qu'il est grand, ce con! Son appart aussi, d'ailleurs. Je fais quelque pas, c'est plutôt grand, surtout s'il vit tout seul. Le studio est rangé, et je me rends vite compte que c'est un T2, d'ailleurs. Mais, on sent l'appartement solitaire. Il n'y a pas vraiment de déco, non plus, à part le home cinema. L'ambiance grise et rouge est plutôt cosy, on dirait un peu un restau, ou un endroit du genre... Le manque de trucs accrochés aux murs joue aussi. Au final, cet appart a l'air de lui coller parfaitement - de ce que je sais, ou je m'imagine de lui, en tout cas.

-C'est super grand...! C'est la classe, comme appart... J'pense que j'ai à peine plus alors que j'ai une coloc! Et c'est pas aussi bien placé.

Je retire mes chaussures, comme je le fais à l'appart, et je balance mon sweat sur le canapé, avant de suivre sa trajectoire. Confortable... Je m'étale de tout mon long, en remuant les hanches sur l'air des Red Hot, et j'en touche même pas les bouts.

-Le canap... Avec ton écran, tu vas tout le temps dormir ici, maintenant!
Skye Reid
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Skye Reid
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Mer 11 Sep - 17:52

Sören réceptionna la bise avec surprise… et fit immédiatement mine qu’il s’y attendait. C’était le genre de conventions sociales qu’il avait encore beaucoup de mal à appréhender. À qui serrer la main ? À qui faire la bise ? À qui ne rien faire du tout ? C’était compliqué, et il n’avait pas la moindre idée de comment les gens pouvaient savoir.

- C'est super grand...! C'est la classe, comme appart... J'pense que j'ai à peine plus alors que j'ai une coloc! Et c'est pas aussi bien placé.

- Ouaip’, j’ai clairement pas à me plaindre.

Il avait répondu ça par principe, juste histoire de confirmer les dires de Skye. En réalité, il n’avait aucune idée de la chance qu’il avait. S’il pouvait distinguer les pauvres des riches dans la rue, et surtout selon les quartiers, il ne visualisait pas vraiment quel genre de logement correspondait à quelle classe sociale. Il se doutait bien qu’il était plutôt bien logé mais… il était loin d’imaginer qu’un pourcentage assez faible de la population pouvait se payer un appartement comme ça, surtout dans un quartier aussi proche de la ceinture centrale.

Skye retira ses chaussures et se jeta quelques secondes plus tard sur le canapé. Elle semblait avoir rapidement pris ses marques et c’était tant mieux. Il n’aurait pas à se coltiner les “où est-ce que je peux poser ma veste ?”, “je peux utiliser tes toilettes ?” et autres “ça te gêne si j’augmente un peu le volume ?”. Ça des mois qu’on apprenait les bonnes manières, et il avait rapidement compris que c’était chiant et inutile.

- Le canap... Avec ton écran, tu vas tout le temps dormir ici, maintenant!


Sören était derrière la bar, en train d’attraper deux verres dans un placard. Il jeta un regard amusé à Skye qui semblait approuver le canapé.

- C’est pas impossible. Bon, la surprise, j’ai pas le courage d’attendre !

il ouvrit le frigo. Il écarta les quelques bières qui obstruaient le passage vers ce qu’il cherchait : une bouteille en verre à l’étiquette très classe, ornée de dorures… du champagne quoi.

Cette bouteille était là pour l’accueillir lorsqu’il arriva à l’appartement. Sa cadre de réinsertion l’avait laissée sur le bar avec un petit mot : “Bon emménagement ! Ann”.

C’était exactement la même bouteille qu’il avait vu en de très nombreux exemplaires la semaine précédente lorsqu’il était invité à cette fête de bourgeois sur le toit d’un gratte-ciel. Si ils buvaient ça là bas, ça voulait forcément dire que c’était hors de prix. En tout cas, il avait eu l’occasion de s’en enfiler plus que de raison lors de cette fameuse soirée… et c’était super bon.

Il ramena la bouteille et les deux verres sur la table basse devant le canapé.

- J’ai que ça comme verre, mais je suppose que ça change pas le goût.

En effet, les verres qu’il présenta feraient criser n’importe quel amateur de champagne. Ils étaient bas, très larges avec une épaisse base en verre… des verres à whisky quoi. Mais Sören les trouvait jolis, alors il avait opté pour ça au moment d’acheter sa vaisselle.

Il fit sauter le bouchon, non sans galérer un peu, et servit deux grands verres, avant d’en pousser un vers sa convive.

- Mademoiselle Reid, votre champagne Lanson… Black Label… depuis 1760… millésime truc… 50% pinot noir, 35% chardonnay, bla bla bla. Du raisin quoi.

Il reposa la bouteille à moitié vide sur la table, saisit son verre et le tendit vers Skye, prêt à trinquer.

- À… Ridley Scott ?

À peine Sören avait-il eu le temps de poser une fesse sur l’un des accoudoirs du canapé que quelqu’un toqua à la porte. Il posa son verre et partit dans l’entrée. Quelques secondes plus tard, il revenait avec deux cartons de pizza alors qu’une odeur irrésistible s’emparait déjà de la pièce.

- Je te préviens, j’ai choisi au pif !
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Mer 11 Sep - 18:32
- Ouaip’, j’ai clairement pas à me plaindre.

- Tu m'étonnes, John.

Ouah, pourquoi j'ai sorti ça, moi? C'était un délire avec Kelya... Bonjour la ringardise. Je regardais encore autour de moi, même si on a vite fait le tour de la déco... Un couloir mène à la chambre et la salle de bains.

- Le canap... Avec ton écran, tu vas tout le temps dormir ici, maintenant!

Il a disparu de mon champ de vision le temps que je m'installe. Il est dans la cuisine, derrière le bar; je le vois se relever avec deux verres... Qu'est-ce qui l'excite autant? Il a l'air de pas tenir en place.

- C’est pas impossible. Bon, la surprise, j’ai pas le courage d’attendre !

Alors c'était pour ça... Une surprise? Je me redresse sur le canapé, en tailleurs. Il ouvre son frigo, et j'entends des bruits de bouteilles... Finalement, au lieu de bières, il sort une grande bouteille de champagne. Et puis, le temps de réagir, il vient la poser sur la table, avec les deux verres à whisky.

- J’ai que ça comme verre, mais je suppose que ça change pas le goût.

Je sens un fou rire qui vient. Je comprends pas tout de suite pourquoi, mais je le regarde faire; il débouche la bouteille dans un "pop" sonore, sur "Take it on" des Red Hot. Puis, il nous verse de bons verres, bien remplis vu la forme des verres assez éloignée de la flûte...

- Mademoiselle Reid, votre champagne Lanson… Black Label… depuis 1760… millésime truc… 50% pinot noir, 35% chardonnay, bla bla bla. Du raisin quoi.

Je tiens plus, et je part sur un fou rire.

- Ahahahah! L'invitation, le champagne, t'as même passé l'aspi... Attends, attends! T'as planqué un bouquet de fleur? J'dois m'attendre à trouver une alliance dans mon verre, ou dans une boîte de bluray?

Ce shoot de bonne humeur que ça m'a mis! C'est tellement marrant de le voir lutter avec les conventions et d'essayer de décrypter ce qu'il y a derrière. On dirait un personnage de film, justement... Ce genre de films où quelqu'un débarque dans un tout nouvel univers. Sa vie est un film. Tu m'étonnes qu'il soit cinéphile! Je me tiens les côtes encore un moment sur le canapé, pliée en deux, avant de me relever avec quelques larmes aux coins des yeux.

- Oooh, la vache... Ca fait du bien! Désolée... Allez, on trinque!

- À… Ridley Scott ?

- À Ridley Scott !

Le bruit des verres m'apaise. C'est peut-être un peu triste, mais comme je bois qu'avec des gens que j'apprécie, bah... J'ai fini par associer le son à un moment de détente. Il s’assoit à côté de moi, sur l'accoudoir, mais quelqu'un frappe à la porte.

- T'as invité d'autres nanas?

Je parle fort exprès au moment où il ouvre la porte; je me doute que ça doit être un voisin ou quelque chose... Mieux : effectivement, il revient juste après avec deux pizzas! Il est bien, ce mec.

- Je te préviens, j’ai choisi au pif !

- Bah, t'es le mieux placé, niveau pif, nan?

Je lui tire la langue, avant de la replonger dans mon verre. C'est vrai qu'il est bon, ce champagne. C'est pas comme si j'en buvais souvent non plus, je profite... Tout en buvant, je tourne la bouteille sur la table. Il y a une étiquette dessus. Pendant qu'il pose les pizzas sur la table, je me tourne vers lui, mon verre toujours à la main.

- C'est qui, Ann?

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Skye Reid
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Jeu 12 Sep - 0:00

La lecture de la composition du champagne avait apparemment beaucoup plu à Skye.

- Ahahahah! L'invitation, le champagne, t'as même passé l'aspi... Attends, attends! T'as planqué un bouquet de fleur? J'dois m'attendre à trouver une alliance dans mon verre, ou dans une boîte de bluray ?

Le rire de la jeune femme était des plus communicatifs, et Sören ne se fit pas prier pour l’accompagner. C’est vrai qu’il avait plutôt fait les choses bien, mais même si elle avait tourné ça sous forme de blague, il avait au moins appris qu’il en avait sans doute fait un peu trop. Il était on ne peut plus content d’avoir fait la bourde avec quelqu’un qui savait d’où il venait et qui n’en tiendrait pas rigueur qu’avec une totale inconnue qui aurait sans doute trouvé ça déplacé.

- Oooh, la vache... Ca fait du bien! Désolée... Allez, on trinque!

- À… Ridley Scott ?

- À Ridley Scott !

Lorsque la porte s’ouvrit, c’est la main sur les abdos et la larme à l’oeil que Sören s’approcha de la porte. Il ouvrit et le livreur fut plutôt surpris de voir devant lui un rouquin rouge comme une tomate et l’oeil larmoyant en face de lui. Il devait se demander où il avait atterri… et ‘interrogation à haute voix de Skye acheva le pauvre homme :

- T'as invité d'autres nanas ?

Des tas de scénarios devaient fuser dans le cerveau du livreur… mais pas celui d’une soirée film. Enfin… pas ce genre de films, en tout cas. Il tendit les 2 pizzas, lâcha un discret “bonne soirée” auquel Sören répondit avec le même sentiment de gêne. Puis ce dernier referma la porte avant de répondre à la question tout à fait pertinente de son invitée.

- Plein ! Je voulais pas te faire ma demande en mariage sans public. Et puis comme ça, même si tu me fous un râteau je finirais pas la soirée tout seul.

Ce n’est que lorsqu’il passa le coin du couloir et que Skye remarqua les pizzas qu’il ajouta :

- Je te préviens, j’ai choisi au pif !

- Bah, t'es le mieux placé, niveau pif, nan?


- Exact !

Jamais lassé de ses petits tours de chien truffier, il activa sa mutation en s’approchant de la table. Un petits oscillement de narine plus tard, il commença la liste des ingrédients alors qu’il posait les deux cartons devant Skye :

- Celle-là, il y a… artichaut, poivron, olives et… champignons. Et du fromage genre… le truc italien là. Parmetruc. Et l’autre c’est… poulet ananas. Mais celle là je triche un peu, je me souviens l’avoir commandée.

Après avoir laissé les pizzas sur la table basse, il retourna en cuisine cherche un couteau. Il n’avait pas pris la peine d’en racheter puisque les locataires d’avant avaient laissé pas mal de vaisselle en plan. Le plus incroyable, c’est que les couteaux étaient presque tous différents… et en trouver un qui coupait encore convenablement lui prit un bon petit moment.

Sa recherche fut interrompue par une question plutôt inattendue :

- C'est qui, Ann?

Il se demanda quelques secondes comment elle pouvait connaître ce nom… puis il se rappela de l’étiquette sur la bouteille en voyant Skye fixer cette dernière.

- “Chargée d’insertion sociale” à la F.A.T.E. C’est… un peu un mélange entre une psy, une assistante sociale et une prof, je dirais. C’est ma tante May à moi depuis que je suis ici, mais en plus mignonne. Elle est cool, tu l’aimerais bien.

Sören avait trouvé le couteau idéal ! Ou du moins le seul qui était suffisamment aiguisé pour ne pas emporter toute la garniture sur son passage en coupant la pizza. Il retourna vers le canapé et en profita pour ramasser son nano qui trainait par terre et qui était sans doute tombé pendant leur fou rire quelques minutes auparavant. Il avait téléchargé l’application permettant de contrôler tous les périphériques de son home cinema. Il le déverouilla en posant son pouce sur la surface tactile puis le jeta doucement sur les genoux de Skye.

- Puisque je dois m’acquitter de la lourde tâche qui consiste à essayer de ne pas me trancher un doigt, je te promeus officiellement projectionniste de cette soirée.

Sa mutation toujours activée, Sören endossa ses lourdes responsabilités de coupeur de pizza. En huit, ça irait très bien. Pour la symétrie, ça commençait pas trop mal. Le challenge était de rester concentré sur la géométrie du truc tout en recevant cette quantité hallucinante de molécules odorantes. Chaque moment était propice à l'entraînement après tout.

Puis la musique s’arrêta une seconde, et Sören par la même occasion. Il savait très bien que l’intro du titre suivant, Around the World, méritait qu’on arrête tout pour l’écouter, même si on l’avait déjà entendue des centaines de fois.


Une fois l’intro passée, il recommença la découpe des pizza, avant d’ajouter d’un ton étonnement sérieux :

- Il y a 100 ans, Flea est arrivé à poil et complètement défoncé sur la scène de Woodstock III et a balancé cette intro devant plus de 100 000 personnes. On est vraiment né un siècle trop tard.

Sören y pensait souvent. S’il était né quelques générations auparavant, il aurait pu assister à ce qu’il aimait considérer comme l’apogée de l’humanité : le début du Le début du siècle, et même les quelques décennies qui le précédaient. Central Point avait un petit quelque chose de cette époque : une société, de la culture… mais ce n’était que l’ombre de ce que devait être le monde à l’époque. Ou du moins, de la vision sans doute utopiste qu’il en avait.
Sören Larsson
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Ven 13 Sep - 1:05
J'ai pas pu m'empêcher de me marrer, mais apparemment, il l'a pas trop mal pris... Je sais pas, je trouve marrant de suivre son évolution dans le monde des humains. On dirait que quelqu'un a dégelé un type cryogénisé, ou bien qu'il a été extrait d'un fossile... Au moins, je sais pourquoi il est comme ça. J'imagine que ça doit pas être simple à expliquer, quand tu le rencontre pour la première fois.

Il va ouvrir en se marrant, à tel point qu'il fait tomber son nano par terre... Et le livreur de pizzas va avoir une anecdote sympa à raconter pour sa soirée.

- T'as invité d'autres nanas ?

- Plein ! Je voulais pas te faire ma demande en mariage sans public. Et puis comme ça, même si tu me fous un râteau je finirais pas la soirée tout seul.

- Finement joué! Mais si elles se dépêchent pas d'arriver, je serais déjà trop bourrée pour dire oui...

Je fais tourner mon champagne dans son verre avant de boire le verre cul sec. Je peux encore me le permettre, c'est le début de la soirée.

- ...ou pour dire non.

C'est marrant de le taquiner comme ça. Il est vraiment pas prise de tête. On installe les pizzas, et avant même de les ouvrir, il utilise une fois de plus sa capacité pour citer les ingrédients de chaque pizza. Je vais finir par croire que sa mutation ne s'active qu'en présence de pizzas...

- Celle-là, il y a… artichaut, poivron, olives et… champignons. Et du fromage genre… le truc italien là. Parmetruc. Et l’autre c’est… poulet ananas. Mais celle là je triche un peu, je me souviens l’avoir commandée.

Ouah. Il va falloir qu'on aie une sérieuse discussion sur les pizzas à l'ananas, après cette soirée. Mais, je lui accorde le bénéfice du doute : il a dit les avoir commandées au hasard... Quand il part chercher un couteau en cuisine, je fais pivoter les cartons des pizzas pour garder devant moi celle à l'artichaut. Définitivement... Au hasard. Enfin, de deux maux, il faut choisir le moindre. Je me ressers un verre.

C'est à ce moment là que j'ai vu l'étiquette sur le champagne.

- C'est qui, Ann?

Il met quelques secondes à me répondre.

- “Chargée d’insertion sociale” à la F.A.T.E. C’est… un peu un mélange entre une psy, une assistante sociale et une prof, je dirais. C’est ma tante May à moi depuis que je suis ici, mais en plus mignonne. Elle est cool, tu l’aimerais bien.

J'ai failli répondre du tac au tac qu'il y avait peu de chances, mais... Récemment, j'ai appris qu'on pouvait pas mettre tous les gens qui bossent à la FATE, ou pour la FATE, dans le même panier. Solveig est certes toujours étudiante, mais elle n'a rien à voir avec les types qui nous... "baby-sittaient", dans les bâtiments prévus pour l'étude des turnes.

En revenant, il ramasse son nano et me le jette sur les genoux. Je remarque qu'il a conservé sa mutation active... Et mon cerveau répond à cette découverte par trois réflexions simultanées. D'une, je me demande s'il est du genre à cacher qu'il est turne, comme certains. De deux, j'espère que je pue pas trop, et que j'ai pas trop forcé sur le parfum. De trois, je vais avoir tout intérêt à maîtriser mes odeurs corporelles pendant toute la soirée...! Ma curiosité naturelle tend à me faire fouiller un peu partout dans les fichiers de son nano mais je résiste, surtout qu'il me donne le rôle important de projectionniste. Enfin, important... Plus important que coupeur de pizzas, je suppose.

Pour le moment, je laisse la musique, en le regardant galérer à remplir son rôle à lui. Il s'arrête pendant l'intro de la musique suivante. Je l'écoute avec lui; notre pause soudaine a des allures d'écoute religieuse... C'est vrai que j'oublie que contrairement à moi qui ait eu le choix, et qui ait fini par avoir des préférences sur les groupes, les musiques et les œuvres du siècle dernier, lui n'a connu que celles-là. Il y a aussi beaucoup de nostalgie dans l'adoration qu'il leur voue.

- Il y a 100 ans, Flea est arrivé à poil et complètement défoncé sur la scène de Woodstock III et a balancé cette intro devant plus de 100 000 personnes. On est vraiment né un siècle trop tard.

-Si j'étais née un siècle plus tôt, je serais tellement différente... Que ça serait pas moi. Je préfère pas y penser.

Je comprends ceux qui préféraient l'avant-guerre. Vraiment. Je veux dire... La pluralité des cultures, le monde entièrement vivable, une humanité si nombreuse que ses œuvres, ses inventions, ses découvertes étaient incalculables... Mais, c'était avant. Le monde avait changé, et les règles aussi. Si j'étais née il y a 100 ans, je ne serais pas turne, je n'aurais aucune accélération cérébrale, j'aurais passé beaucoup plus de temps à faire des études, je n'aurais pas eu besoin de faux nom pour écrire dans des journaux, je n'aurais pas su me battre parce que je n'aurais pas les mêmes réflexes...

Je n'aurais pas rencontré Kelya.

J'attends la fin de la chanson pour lancer l'appli de Sören et choisir Disney+ sur la télé. Apparemment, il l'a déjà configurée, et effectivement, dans les ajouts récents, Blade Runner apparaît.

- Tout est prêt! Tu veux manger avant, pendant, après?

Je me décale pour lui laisser de la place sur le canapé après avoir réalisé qu'il n'y avait pas d'autre endroit pour s'asseoir autour de la table, face à la télé, et que je prenais toute la place en m'étant assise au milieu. Sympa.
Skye Reid
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Lun 16 Sep - 23:16
Musique

- Si j'étais née un siècle plus tôt, je serais tellement différente... Que ça serait pas moi. Je préfère pas y penser.


Elle faisait sans doute référence à ses capacités cérébrales ? En y réfléchissant un peu, c’est vrai que Skye devait avoir un rapport tout particulier avec sa mutation… très différent de celui qu'entretient Sören avec la sienne. Avant sa venue à Central Point, il voyait ça simplement comme… un bonus. Un petit truc en plus qui le différenciait de sa mère et sa sœur et qui pouvait lui être utile. Maintenant revenu à la civilisation, son rapport à sa mutation avait un peu changé… cet odorat si pratique dans certaines situations était devenue une arme à double tranchant. Son utilité était toujours la même, mais le regard de la société à son égard en était le contrecoup.

Mais Skye… c’était différent pour elle. Sa mutation devait avoir un impact énorme sur sa vie. Le fait qu’elle se questionne sur qui elle serait sans ce don incroyable dont elle disposait n’avait rien d’anormal. Sören cultivait cette nostalgie d’un passé inconnu, qu’il observait à travers ses œuvres et ses récits historiques… sans doute d’un œil biaisé et utopiste. Les gens de l’époque y trouvaient sans doute leur dose d’injustice et de malheur. Sören, lui, y voyait l’abondance et la créativité. Quant à Skye, elle semblait avant tout y voir une époque où elle ne serait pas elle-même, et où les gens comme elle et Sören n’existaient pas.

Le rouquin n’avait jamais imaginé les choses sous cet angle. Ça lui faisait froid dans le dos à vrai dire. Ne sachant pas trop comment rebondir sur la phrase de la jeune femme, il se contenta de finir de couper la seconde pizza en silence avant de passer la lame entre ses lèvres pour en enlever le coulis de tomate.

Around the World en arrivait à se dernière partie, plus brutale et plus rythmée que le reste de la chanson, avant de s’arrêter net pour faire place à un long silence.

Skye brisa finalement le silence :

- Tout est prêt! Tu veux manger avant, pendant, après ?

La jeune femme se décala sur la partie gauche du canapé, et Sören ne se fit pas prier pour s’affaler mollement du côté droit. Il s’assit en tailleur et passa quelques secondes la main devant Skye pour accéder à l’écran du téléphone. il fit glisser de haut en bas le menu supérieur du téléphone et, en quelques coups d’index, éteignit toutes les lumières de l’appartement, sauf les spots lumineux du salon dont il baissa l’intensité quasiment au minimum. Une luminosité idéale pour apprécier un bon film tout en discernant suffisamment l’environnement pour permettre de trouver une part de pizza.

- Pendant ! Je suis incapable de dire si je suis plus pressé de bouffer ou de regarder le film alors ça m’éviterait un choix cornélien.

Sören attrapa une part de pizza dans le carton devant lui. Évidemment, c’était la poulet-ananas puisque Skye avait pris soin d’intervertir les cartons. Alors que cette dernière appuyait sur le bouton play, Sören ajouta :

- Bon app’ ! S’il-te-plait film, sois digne de tes prédécesseurs.

Le premier logo apparu : celui de Disney… toujours avec le même château et l’étoile que dans les dessins animés d’antan, bien que légèrement revisité. Puis vinrent 2 autres logos… que Sören n’avait jamais vu. Sürement le studio de FX et… une autre entreprise ayant participé à la production qu’elle qu'ait été son rôle. De toute façon, Sören avait cru comprendre que la quasi totalité des sociétés impliquées de près ou de loin dans la production cinématographiques étaient possédées par Disney. Il faisait peu de doute que ce gargantua cinématographique était seul aux commandes de ce film.

Comme attendu, le film débuta par un simple texte blanc sur fond noir, dont certains mots clés étaient mis en évidence, en couleur rouge. Il avait pour rôle de poser le contexte dans lequel l’action allait se dérouler :

En 2149, l’atmosphère terrestre était devenue irrespirable. Le berceau de l’Homme avait été déserté de ses derniers occupants, et nous allions suivre l’aventure de la dernière colonie en date de l’humanité : Origen, installée sur la planète du même nom. Durant le siècle précédent, les tensions entre humains et réplicants n’avaient cessé de croître sur Terre. Ces derniers avaient complètement échappé au contrôle de leurs créateurs pour une raison simple : quelques modèles défaillant avaient acquis la possibilité de se reproduire. Des décennies plus tard, les réplicants n’étaient une minorité facilement contrôlable mais constituaient près de 30% de la population terrestre.

Le projet de colonisation Origen avait un but : revenir aux sources, à une planète peuplée uniquement d’humains qui échapperait à ce climat de tensions sociales qui parasitait l’humanité sur Terre comme sur ces colonnies depuis trop longtemps. Mais quelques réplicants étaient passés entre les mailles du filets, et le gouvernement d’Origen était prêt à tout pour éradiquer ces indésirables jugés dangereux.

Le film suivait le personnage d’Aoi Fujii, une jeune femme exerçant la profession difficile de Blade Runner. Son rôle : traquer et mettre hors service les réplicants passés sous le radar.

Il ne faisait aucun doute que cet opus de Blade Runner allait marcher dans les pas de ses prédécesseurs, notamment dans sa thématique principale : qu’est-ce qui fait un humain ?

Et le film débuta réellement. La première scène montrait l’héroïne, Aoi, rendre visite à un pêcheur vivant isolé, complètement à l’écart de la capitale Origen City. Après avoir remarqué la réflection étrange de la lumière sur la pupille de ce dernier, la Blade Runner tenta de ramener le réplicant au poste de police. Sur la route, sa voiture du futur fut frappée par une roquette et mise hors fonction.

Coupée de toutes possibilités de communication Aoi se retrouva parachutée au beau milieu d’une communauté autonome de réplicants, qui la gardèrent en vie pour servir de monnaie d’échange contre la libération de prisonniers réplicants.

Obligée de coopérer avec ses “ennemis” pour sauver sa peau, Aoi fur confrontée à la dure vie de ces réplicants condamnés à vivre comme des exilés, et se rendit compte d’elle-même que ses préjugés n’avaient rien de fondé. Elle finit même par se rendre compte que leurs différences avec les humains était insignifiante.

À ce stade du film, Sören avait déjà englouti sa pizza à l’ananas. À la base, il avait dans l’idée de piocher un peu dans les deux pizzas mais Skye ne semblait pas enchantée par ce mariage sucré-salé douteux, mais pas si mauvais que ça.

Pour l’instant, le film tenait toutes ses promesses. Visuellement magnifique, on reconnaissait la patte des deux films précédents tout en présentant des environnements radicalement différents. En ce qui concerne les turnes/réplicants, cette moitié de film en donnait plutôt une bonne image pour l’instant… des personnes qui se battent pour survivre et qui vivent au quotidien les conséquences d’une politique génocidaire aberrante.

Sören poussa le carton de pizza vide de la table basse afin de faire un peu de place pour y poser les pieds. Il jeta un coup d’oeil au visage de Skye illuminé par l’écran. Elle semblait happée par le film. Puis un élément déclencheur vint secouer le rythme du long métrage qui, depuis une bonne dizaine de minutes, s’était considérablement ralenti pour mettre en avant la remise en question des valeurs de l’héroïne.
Sören Larsson
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Mar 17 Sep - 21:36
Apparemment, j'ai jeté un froid... Il coupe la pizza en silence après qu'on aie parlé de l'époque d'avant-guerre, pendant que je règle le home cinema et que je prépare le film. C'est pas exactement ce que j'avais prévu comme soirée, et je suis vraiment pas douée avec ce genre de malaise. Ce qui doit être son cas aussi, vu son... Inexpérience sociale, mais pour le coup, c'est bien de ma faute... Avant que ça ne devienne trop gênant, je coupe le silence en changeant de sujet : le film est prêt à démarrer.

Je me suis glissée sur la gauche du canapé, en yoko suwari, les pieds vers lui. Il s'installe de l'autre côté du canapé, en tailleur, et se penche vers moi pour accéder au nanocom. Il éteint les lumières de l'appart et baisse l'intensité de celles du salon. J'arrive pas à savoir s'il fait ça naturellement, où s'il y a une certaine fierté à me montrer son installation; mais je pencherai plus pour la seconde solution, vu qu'il vient littéralement d'un monde vieux d'un siècle...

- Pendant ! Je suis incapable de dire si je suis plus pressé de bouffer ou de regarder le film alors ça m’éviterait un choix cornélien.

Je souris et j'appuie sur "Play" pendant qu'il attrape une part de ce que certains appellent une pizza, mais qui n'est qu'une sorte de quiche à l'ananas.

- Bon app’ ! S’il-te-plait film, sois digne de tes prédécesseurs.

Je chope une part moi aussi, et je me réinstalle en changeant de sens, au milieu du canapé, bien devant l'écran. Vient le moment des logos, celui de Disney ouvrant évidemment la marche et étant rapidement suivi par deux sous-boîtes de la même entreprise. C'est eux qui possèdent 95% de l'industrie du divertissement, de toutes façons.

Cent ans après le dernier film. Habile. Les vertus divinatrices des deux premiers films avaient quelque peu laissé à désirer, alors ils avaient tapé dans un futur plus lointain. Atmosphère polluée, check. Par contre, l'action se passe sur une nouvelle planète, Origen, où les réplicants et les humains se mènent la vie dure, ceux-ci étant capables de se reproduire, alors que l'émigration avait pour but de ramener l'humanité... Aux humains.

La Blade Runner Aoi Fujii a donc pour but d'exterminer les réplicants cachés parmi les humains. Après en avoir identifié un à l'écart de la ville, elle finit attaquée alors qu'elle essayait de le ramener, et se retrouve prise en otage par une communauté de réplicants qui veulent libérer les leurs. Au fil du film, on se rend compte qu'il n'y a pas grande différence entre les deux "espèces".

C'est un bon film. Objectivement. Il est beau, la direction graphique défonce pas mal. L'actrice principale est géniale, un pari risqué pour une fille qui n'avait eu qu'un rôle dans une série d'il y a deux ans, mais qui a marqué les esprits. Même la musique est au rendez-vous, grandiose, immersive. D'ailleurs, Sören est tellement dedans qu'il a déjà défoncé sa pizza. Moi, j'ai encore mangé qu'une moitié...

Quelque chose me gêne. Ce scénario... Il est trop... Trop évidemment relié à notre société actuelle. C'est presque impossible de ne pas faire le lien entre les réplicants et les turnes. Et, voilà ce qui me gêne... Comment un film présentant les turnes sous un bon jour, ou au moins, pas comme des monstres, pouvait le faire aussi impudemment? C'est presque cracher sur les problèmes actuels. Je sais pas trop comment l'expliquer mais le traitement des réplicants me gêne. C'est presque comme s'ils ressemblaient exprès à des turnes pour faire passer un message, mais... Le message passé, jusqu'à maintenant en tout cas, ne me paraît pas logique pour une des grosses sociétés à la tête de Central Point. Bon... Laissons le film se dérouler.

Je me rends compte que Sören me regardait, du coin de l'oeil. J'étais tellement dans mes pensées que je ne l'avais pas remarqué. La surprise d'avoir été vue aussi concentrée sur le film me fait rougir, et je me replace pour le camoufler. Il a étendu ses pieds sur la table, je ne m'en étais même pas rendue compte. J'allonge les miens sur le canapé, de l'autre côté que mon hôte.

Dans le film, on arrive au moment de l'échange. Aoi contre les réplicants retenus en ville. C'est Chris, un modèle militaire, qui mène les siens au travers des égouts pour arriver au lieu de rendez-vous. Un des réplicants est détruit par un système de broyeurs souterrain. Quand ils arrivent enfin, c'est en sous-nombre et à bout de force. En face, le commissaire, un vieil homme proche de la retraite qu'on sent fatigué par son travail, tente de récupérer Aoi sans éclaboussures. L'échange se passe normalement, jusqu'à ce qu'une balle abatte le policier. Personne ne sait d'où on a tiré, mais les réplicants retenus en profitent pour s'échapper et Aoi est retenue avec eux.

C'est le pêcheur du départ qui s'occupe d'elle, et qui lui apprends que l'ambiance a changé depuis le retour des détenus : une opération se met sur pied, visant à capturer une scientifique capable de rallonger la durée de vie des réplicants. Aoi, pièces maîtresse de ce plan, doit faire un choix : les aider ou les arrêter. Le choix est difficile, parce qu'elle a du mal à mettre le doigt sur ce qui différencie cette génération de réplicants des humains, au point de remettre en question son métier de Blade Runner.

Elle est envoyée convaincre la scientifique, Vickey Wallace, et lui explique la situation. Vickey, "V.-K." fait référence au test Voight-Kampff sensé dévoiler les réplicants. Mais celle-ci lui explique qu'à cause de leur capacité à se reproduire et donc, à grandir et engranger des souvenirs propres, le test n'est plus viable. Effectivement, ils font le test sur un réplicant encore détenu et celui-ci le réussit. Aoi remet alors en doute toutes ses actions passées : en effet, elle-même a raté le test.

Les réplicants ne sont plus des humains de compagnie, des aides militaires ou domestiques : puisqu'ils sont illégaux sur Origen, ils n'ont pas de rôle prédéfini et s'en trouvent un en fonction de leur société, tout comme les humains. Une partie du film suit le questionnement d'Aoi sur sa propre humanité, ébranlée par son échec au test, elle se lie avec Chris et aide la communauté à effectuer d'autres sauvetages de réplicants, échappant au terme d'une longue course-poursuite, indispensable scène pour un film de la série, à d'autres Blade Runners.

La communauté est de plus en plus grande et Chris décide de faire un coup d'état, visant à rétablir les droits des réplicants à vivre normalement sur Origen.

Je finissais ma quatrième bière quand le twist se déroula. Chris était non seulement un humain, mais un Blade Runner, lui aussi, et trahit la communauté pendant le coup d'état, ensevelissant presque tous les réplicants dans les broyeurs des égouts. C'est également lui qui a tiré sur le policier. Le combat s'engage entre Chris et Aoi, qui constate qu'un humain peut présenter bien moins d'émotions qu'un réplicant. Après un long combat bourré de moneyshots, elle gagne, mais elle est blessée à mort; et le film se termine sur une cérémonie grandiose dans un silence religieux, dans laquelle les réplicants portent le deuil d'Aoi en cortège.

Quand le générique se lance, je me rends compte que je suis penchée vers l'écran. Je me remet dans le canapé, détendant mes muscles. Je me tourne vers Sören en ouvrant une nouvelle bière.

-Eh bah... J'avoue, j'avais pas vu venir cet enfoiré.

Sans même y avoir réfléchi, je me rends compte que le film m'a fait oublié mon malaise du départ et s'est assez éloigné de la ressemblance turnes-réplicants. Mais, il reste des similitudes plutôt troublantes. Je me demande si il les a vues aussi?

-Tu sais que Tyrell, c'est le nom de notre gouverneure actuelle? Ils avaient pas eu tout faux dans leurs prédictions...

Eldon Tyrell, dans le film d'origine, est le créateur des réplicants. Et aujourd'hui, c'est Rico Tyrell, une jeune politicienne, qui vient d'arriver au poste au début de l'année. Après réflexion, je n'ai pas souvent entendu grand chose sur ce parallèle. Parce que le film est trop vieux, peut-être...
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Mer 18 Sep - 2:32

Ce twist était fou ! Sören s’attendait à ce que quelque chose d’inattendu survienne, évidemment. Les deux premiers opus présentaient déjà leur lot de surprise et il aurait été décevant que Blade Runner 2149 ne tente pas de surprendre son audience. Mais le coup du traître, pourtant loin d’être un retournement inédit au cinéma, Sören ne l’avait pas vu venir.

- Eh bah... J'avoue, j'avais pas vu venir cet enfoiré.

Et Skye non plus, apparement.

- Et dire que Chris et Aoi se sont bécotés dans les égouts 5 minutes avant qu’il fasse son coup de pute. Il a bien caché son jeu.

Sören ne pouvait pas s’empêcher d’être surpris de la réaction de SKye face au film. Lui-même avait remarqué beaucoup de passerelles permettant de relier la situation des réplicants à celle des turnes à Central Point. Le simple fait que le test Voight-Kampff ne fonctionne plus et que cette lueur étrange dans les yeux soit le moyen le plus simple et fiable de repérer un réplicant… ça avait été trop mis en avant pour ne pas être une référence aux turnes et à leurs yeux. Et dire que cette histoire de lueur provenait du premier Blade Runner… ce film avait définitivement quelque chose de prophétique.

Pour en revenir à Skye, elle devait sans doute avoir repéré beaucoup plus de ces passerelles entre réplicants et turnes que Sören. Il s’imaginait qu’il en deviendrait difficile de se laisser emporter par le film avec ces références incessantes… mais Disney semblait maîtriser suffisamment son sujet pour que même une aficionado du cinéma avec des convictions politiques se laisse transporter.

- Tu sais que Tyrell, c'est le nom de notre gouverneure actuelle? Ils avaient pas eu tout faux dans leurs prédictions…

- Merde, j’avais jamais fait le rapprochement…


C’était une sacrée coïncidence. Il ne manquait plus qu’un Wallace au gouvernement et on aurait une bonne base pour alimenter toutes les théories du complot les plus folles. Sören se pencha vers la table et se décapsula une bière. On commençait à approcher de la dizaine de bouteilles vides sur la table… dont une de champagne.

- Franchement, je m’attendais pas à une technique aussi poussée. Moi qui m’imaginais que les budgets cinéma avaient été massacrés depuis la guerre… le nombre de money shots à la fin du film a rien à envier à Avengers. Et puis… ça a quand même pas tout été tourné sur fond vert, si ?

En effet, les environnements étaient à couper le souffle. Dès le début du film, on voyait un plan d’ensemble de la voiture d’Aoi roulant à toute vitesse sur une sorte de banc de sable entouré par un lac immense, avec au loin la cabane sur pilotis du pêcheur. Puis il y avait eu cette espèce de forêt primaire dans laquelle les réplicants se cachent, puis les égouts futuristes d’Origen City… Certains de ses décors semblaient trop grands et trop complexes pour être reproduits en studio… mais il était difficile de croire qu’il s’agissait d’images de synthèse pour autant. La technologie devait forcément avoir pas mal évolué depuis les blockbusters pré-guerre mais… ça n’en était pas moins impressionnant.

- Ça m’a motivé à fond du coup ! J’vais me faire un film récent par jour jusqu’à ce que j’ai vu tous les grands classiques des années 40 à aujourd’hui. Je devrais commencer par lequel ?

Tout en posant sa question, Sören s’étendit de nouveau vers la table, attrapant du bout des doigt son nano. Il augmenta légèrement l’intensité lumineuse du salon, histoire de constater qu’il avait foutu des miettes partout sur le sol en poussant son carton de pizza pendant le film. Les yeux du rouquin étaient revenus au marron. À vrai dire, ça s’était fait inconsciemment. Sans même qu’il n’y fasse attention, il avait tendance à désactiver sa mutation lorsqu’il n’en avait pas l’utilité. Même avec l’habitude, les odeurs fortes étaient distrayantes et, avec des pizza et de la bière sous le nez, il s’était senti plus à l’aise pour regarder le film sans son odorat de chien policier.
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Jeu 19 Sep - 17:43
- Et dire que Chris et Aoi se sont bécotés dans les égouts 5 minutes avant qu’il fasse son coup de pute. Il a bien caché son jeu.

- Et puis les égouts, quoi... Encore pire que les chiottes d'un restaurant.

La petite référence à la dernière soirée. Ou la première, d'ailleurs; c'était la même. Après mon petit point "théorie du complot" sur le nom de famille de notre gouverneure, Sören se penche pour attraper une nouvelle bière alors que les miennes ont déjà commencé à me monter à la tête. C'est pas la première fois que je regarde un film dans cet état... En fait, depuis que je suis en colocation avec Kelya et que j'ai découvert les effets de l'alcool sur mon cerveau, je m'en sers souvent comme... Inhibiteur pour mes capacités. Ça me permet, parfois, de profiter de quelque chose sans l'analyser et le décortiquer au maximum. Par exemple, un film. Une chanson. Ou une partie de jambes en l'air.

- Franchement, je m’attendais pas à une technique aussi poussée. Moi qui m’imaginais que les budgets cinéma avaient été massacrés depuis la guerre… le nombre de money shots à la fin du film a rien à envier à Avengers. Et puis… ça a quand même pas tout été tourné sur fond vert, si ?

Je me tourne vers lui, avec un peu de difficulté à coordonner mes mouvements. Disney possède un des seuls studios de cinéma de Central Point, ce qui leur permet de tourner en fond vert, mais il faut pas se leurrer... C'est principalement leur partenariat avec Pioneer, Google et Nao qui permet d'avoir des scènes quasi intégralement en CGI très difficiles à différencier des réelles. Par exemple, tous les ralentis de la fin, c'étaient des scènes en 3D. Il y a bien sûr quelques films qui tiennent à tourner les scènes intégralement "à l'ancienne" pour la beauté du geste, mais c'est de plus en plus rare.

- En même temps, ils ont pas trop le choix. Le lac? La forêt? Tu veux qu'ils tournent ça ou...? Y'a que les égouts qui, je pense, étaient en prises de vues réelles. Bon, bien sûr, y'a pas de pièges comme ça... Enfin, je crois. Mais ils doivent à peu près ressembler à ça, puisqu'ils ont été installés en même temps que la construction du dôme.

J'ai envie de rigoler. Je sais très bien pourquoi; l'alcool, en grande partie. Le déclencheur...? Il  a suffi que j'imagine Sören en Blade Runner, parcourir les égouts, et fuir un des broyeurs qu'on a vus dans le film. C'est impossible qu'il y ait ce genre de trucs... Hein? 'Tain, j'arrive pas à réfléchir...

- Ça m’a motivé à fond du coup ! J’vais me faire un film récent par jour jusqu’à ce que j’ai vu tous les grands classiques des années 40 à aujourd’hui. Je devrais commencer par lequel ?

- Bah ça fait 40... 50 ans, alors t'en a un paquet à rattraper... Peut-être certains principaux...

Je suis même plus foutue de calculer combien d'années ça fait, depuis les années 40. Mais, ça me rappelle le devoir que j'ai dû faire toute seule après qu'Edgeworth nous aie mis en groupe avec Kelya et Heidi. Les différentes périodes artistiques qu'il y a eues sous le dôme... Non, impossible d'utiliser ma mémoire. Je sors mon nanocom pour relire le devoir, en rigolant bêtement. J'arrive même plus à me rappeler de ça.

2040, la colère. Les gens à peine entassés sous le dôme, tout juste terminé. Très peu de films à cette période, surtout que les grandes sociétés ne s'étaient pas encore tout à fait ré-établies. Mais il y a eu des films indépendants, notamment "To the End", une sorte de drame qui se passe dans un passé où on suit un groupe de personnes faire les pires choix possibles qui mèneront à un futur apocalyptique.

2044, le choc des mutations. Des films mettaient en avant des bébés génies, des enfants héros. La prochaine génération était adulée pour son mystère. C'est DC qui avait sauté sur l'occasion avec une nouvelle adaptation de "Superboy", par les studios Disney. C'était le retour du roi pour le studio, leur premier film intra-dôme.

Avant que, quelques années plus tard, la dépression commence, quand les non-turnes ont commencé à comprendre qu'ils étaient menacés, que leur espèce même évolue. Sans eux. Des films très noirs sont nés à cette période, comme "Ultimatum" qui avait fait un carton.

Avec l'arrivée de la FATE en 2054, il y a eu pas mal de films à thématique scientifique, ou plutôt des films dont les héros utilisent la science; alors qu'elle est assez souvent in instrument du mal dans les studios du septième art. Le plus parlant, je pense que c'était "Pandemic 14".

Et deux ans plus tard, avec la culture de l'hybride, la science et la technologie sortaient du scénario pour se trouver une place directement à la réalisation. Nouvelles techniques, prouesses graphiques... Notamment le premier film entièrement en VR, même si c'est un peu plus fréquent maintenant : "Black Hole", une aventure spatiale dont le spectateur est le rôle principal.

Quand le NEST a été ouvert en 2059, de nouveaux courants de pensée ont émergé un peu partout. C'est à ce moment que les barrières ont été franchies dans beaucoup d’œuvres : les ethnies, les cultures, les musiques, tout se mélangeait dans ce courant "cosmopsychique". Des oeuvres assez étranges sont nées dans ces années là, mais la plus marquante, c'était "The Mirror Shard". Je me souviens que la musique est ultra-planante, sur une sorte de thriller façon anime japonais aux inspirations proches des hiéroglyphes égyptiens.

Et en 68, il y a enfin eu le CRU. Le Courant Religieux Universel qui mélange toutes les religions en une seule. Plus de raisons de guerre, d'homophobie, de sexisme ou de racisme. Le premier film à célébrer cette nouvelle façon de penser s'appelle "Temple". La Grande Terreur primitive, un évènement d'il y a 50 ans, a vu se mêler la réalité de tous les jours et la psychosphère, matérialisation de l'inconscient collectif de l'espèce humaine dans un continuum orthogonal au nôtre. L'une des conséquences de la Terreur est un assagissement généralisé de l'humanité : la guerre a disparu et la violence se fait rare. Parallèlement, les gens se sont organisés en tribus dont le ciment est le plus souvent un centre d'intérêt culturel (Lecteurs, Rockers, Balmusettes, Ternaires (fans de jazz), Scientistes…) mais pas seulement (Imbéciles heureux, Acidulés, Anonymes, Monte-En-L'Air…). Les sectes abondent, également, toutes plus insensées les unes que les autres ; cela va des adorateurs de Michael Jackson qui cherchent à ressembler le plus possible à leur idole aux fils du Réseau qui essayent de penser en binaire.

Celui-ci est un de mes préférés, genre... Top 3. Et c'est à peu près tout, si on se limite aux oeuvres-clés...

- To the End, Superboy, Ultimatum, Pandemic 14, Black Hole, The Mirror Shard et Temple. Avec ça, tu devrais avoir une bonne idée de la gamme de créations du dôme...

La lumière était revenue. Je me souvenais pas m'être assise aussi proche de lui... Je bois une nouvelle gorgée en regardant ce qu'il y a d'autre sur Disney+.

- Ca fait des années que j'ai pas vu un film d'horreur qui fonctionne...
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Lun 23 Sep - 1:49

- Bah ça fait 40... 50 ans, alors t'en a un paquet à rattraper... Peut-être certains principaux…

Sören attrapa son nano et prépara l’enregistreur audio. Il avait une dextérité de palourde avec ces trucs dans les mains et n’aurait clairement pas le temps d’écrire si elle se mettait à balancer des noms de films à la chaîne… il était donc plus judicieux de simplement enregistrer tout ça.

Alors qu’il observait Skye chercher des titres sur son nano, Sören ne pouvait s’empêcher de se demander pourquoi elle n’utilisait pas sa mutation. Elle lui avait montré à la pizzeria que sa mémoire était hors norme… retrouver le nom de quelques films culte devait être quelque chose d'anodin pour elle. Mais elle était posée là, à fixer son nano avec ses yeux tout ce qu’il y a de plus marrons. Elle savait pourtant très bien qu’elle pouvait utiliser sa mutation ici sans craindre quoi que ce soit… Si ça se trouve, sous l’effet de l’alcool, elle n’avait même pas pensé à cette solution de facilité ? C’était tout de même peu probable…

- To the End, Superboy, Ultimatum, Pandemic 14, Black Hole, The Mirror Shard et Temple. Avec ça, tu devrais avoir une bonne idée de la gamme de créations du dôme…

D’un geste, Sören arrêta l’enregistrement audio.

- C’est dans la boîte, merci !

- Ca fait des années que j'ai pas vu un film d'horreur qui fonctionne…


Ah, les films d’horreur. Ces derniers avaient une place toute particulière pour Sören. Pas la meilleure des places, mais une place quand même. Sa mère ne l’avait jamais laissé regarder un film d’horreur. Elle devait sans doute s’imaginer que ce genre d’oeuvres n’avaient pas leur place dans l’imaginaire d’un ado vivant dans un monde dont les atrocités n’avaient pas grand chose à envier à ces films. Peut-être même qu’elle avait raison.

Comme tout gamin, il avait fini par désobéir et regarder quelques films d’horreur en cachette, lorsque sa mère quittait le bunker. Et il avait adoré ça. L’Exorciste, It Follows, Alien… certains grands films d’horreur l’avaient fasciné et avaient forgé son imaginaire, jusqu’alors très peu confronté à ce que l’imaginaire humain avait pu inventer de plus terrifiant.

Puis il y eut la première confrontation frontale de Sören avec une horreur. Une bien réelle et tangible. Et la mort de la mère et de la soeur de Sören. À partir de ce jour, il n’y avait plus personne au bunker pour empêcher à Sören de regarder quoi que ce soit.

Et depuis ce jour, les films d’horreur avaient perdu cette saveur d’interdit, cette adrénaline lié à la peur. La disparition de ce sentiment d’interdiction lui rappelait constamment la douleur de ceux qu’il avait perdu. Et quant à la peur… il avait suffisamment peur au quotidien pour s’épargner cette sensation lorsqu’il refermait la porte du bunker.

Au fil des années, et pour satisfaire sa curiosité de cinéphile, il avait continué à regarder des films d’horreur de temps à autre. Sören pouvait en admirer la technique, le scénario, la tension ou le design des créatures… mais les screamers et le gore n’avaient plus rien d’excitant.

- J’suis pas trop branché films d’horreurs donc… je vais pas m’en plaindre ! Le truc que je préfère, c’est le post-apo. Voire les générations précédentes anticiper des scénarios post-catastrophiques je trouve ça magique. Des fois, j’ai l’impression de vivre dans un de ces films.

Sören se leva, ramassa son carton de pizza et autant de bouteilles vides qu’il pouvaient en porter et se dirigea vers la cuisine, tout en poursuivant.

- J’ai l’impression d’avoir passé toute ma vie dans La Route, et d’avoir fait le grand saut dans Blade Runner en entrant à Central Point. Mais si je devais vivre dans un film post-apo… je crois que je choisirais Mad Max. Des bagnoles gigantesques, des étendues arides… enfin à condition d’être le héros hein, j’ai pas envie de me faire buter pour un bidon d’essence.

Sören prit quelques trucs dans le frigo et, les mains pleines, referma la porte d’un mouvement maladroit du pied. Il avait peut-être déjà bu un peu plus que ce qu’il n’avait remarqué.

Il revint vers le canapé où il posa quelques bouteilles de bière fraîche, ainsi qu'une bouteille de whisky - juste au cas où - sur la table. Puis il tendit quelque chose à Skye :

- Une glace ?


C’était un Magnum... “recette traditionnelle depuis 1989”. C’était vraiment le truc marketing absolu : coller l’année de création de la marque sur le paquet pour faire gage de qualité… En même temps, peu de marques pouvaient encore se le permettre, puisque la majorité d'entre elles avaient disparues avec leurs dirigeants et employés.

- Et toi, dans quel film tu voudrais vivre ?
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Lun 23 Sep - 14:59
Il enregistre ma liste avec son nano. Bon, ça fait un peu "jeune conne", mais ça fait longtemps que j'avais pas vu quelqu'un se servir du dictaphone de son nano... Les deux ou trois dernières générations sont quasiment littéralement nées avec un clavier sous les doigts.

- C’est dans la boîte, merci !

Je me demande quelle sera la prochaine étape. Peut-être qu'on aura 26 doigts avec une lettre greffée sur chacun? La vache, je suis bourrée. Je ricane toute seule, et la discussion fait son chemin vers les films d'horreur.

- Ca fait des années que j'ai pas vu un film d'horreur qui fonctionne…

- J’suis pas trop branché films d’horreurs donc… je vais pas m’en plaindre ! Le truc que je préfère, c’est le post-apo. Voire les générations précédentes anticiper des scénarios post-catastrophiques je trouve ça magique. Des fois, j’ai l’impression de vivre dans un de ces films.

-C'est vrai, c'est aussi pour ça qu'ils fonctionnent pas bien... Je veux dire, quand la réalité est pire que la fiction, autant juste regarder par la fenêtre.

Sans trop m'en rendre compte, ma phrase terminée, j'étais debout, derrière le canapé, les mains sur le mur, en train de regarder par la fenêtre, pendant que Sören débarrassait la table, dans la cuisine. C'est toujours étrange de découvrir depuis un nouveau point de vue. En plus, je connais pas très bien le B-3...

Putain, cette ville est immense. Je veux dire... Je sais bien qu'il n'y a pas tellement le choix puisque toute l'humanité est coincée sous ce dôme. Mais quand même. Plus de 6000 habitants par km²... Et je parle pas du déséquilibre entre les secteurs extérieurs et intérieurs. Il y a plus de deux millions d'habitants dans chaque secteur de la Bordure... Ce qui fait de chacun de ces secteurs l'équivalent d'une ville, d'une capitale même, selon les standards de l'ancien monde.

- J’ai l’impression d’avoir passé toute ma vie dans La Route, et d’avoir fait le grand saut dans Blade Runner en entrant à Central Point. Mais si je devais vivre dans un film post-apo… je crois que je choisirais Mad Max. Des bagnoles gigantesques, des étendues arides… enfin à condition d’être le héros hein, j’ai pas envie de me faire buter pour un bidon d’essence.

C'est sûr, Mad Max, c'est une plutôt bonne alternative à être coincé sous un dôme - tant que celui-ci n'a rien à voir avec le tonnerre. Mais, je pense pas que ce soit très réaliste. Loin d'être un désert sec et aride, la surface de la planète semblerait plutôt... Humide? Moisi? En fait, depuis que l'homme n'a plus sa place dessus, la nature reprend peu à peu ses droits et semble se reconstruire... En plus, tous les véhicules sont électriques maintenant. La guerre pour le pétrole serait un peu... Obsolète. La recherche a permis de faire de grandes avancées dans les... Merde. Comment ça s'appelle? Les cellules photo-électriques, là.

- Perso, j'ai plus l'impression que ça ressemblerait à un film de zombies qu'à un film post-apo. Enfin, même si les zombies sont un peu une... Sous-section du post-apo...

Je me retourne et je le vois fermer la porte du frigo, les bras remplis de bières. Yes! Encore à boire! Je retourne me jeter sur le canapé.

- Ca va, t'as de l'expérience niveau carrière de héros, avec ton voyage initiatique, là... Il te manque plus qu'un élément perdurba... pertubateur, ça, je peux le faire, et puis un mentor, et puis une révélation familiale. Ah, et un love interest!

Il pose les bières sur la table pendant que je remonte mon tshirt sur ma bouche pour faire une pitoyable représentation de Vader annonçant à Luke qu'il a manqué ses 20 derniers anniversaires. J'avais oublié qu'il était un peu court, mais ça valait le coup, je pense en tout cas...

- Une glace ?

- Allez! Merci.

Un magnum. Je l'ouvre, et je me prend à penser que très peu de films d'horreur mettent en scène... Des glaces. Ou alors, pour le cliché de la scène post-rupture, avec glace en pot devant la télé. Bon, il y avait quand même la trilogie Cornetto... Ça compte? Je croque dans la mienne, et le froid me met un petit coup de fouet qui me réveille un peu. Je le garde dans la bouche un moment, comme si je venais d'entrer dans une douche froide.

- Et toi, dans quel film tu voudrais vivre ?

- Dans quel film... Hmm...

Les premiers trucs qui me viennent, ce sont des films d'animation. J'adorerais vivre entourée d'esprits, dans un monde qui semble régi par la morale, comme les anciens films des studios ghibli. Sinon, des films de fantasy m'attirent pas mal... Mais probablement parce qu'ils sont diamétralement opposés à la réalité. Si je devais en choisir un qui soit un tant soit peu réaliste...

- Bot.

Le silence qui suit ma réponse me fait réaliser, après un moment assez long, merci à la bière, que c'est un film plutôt récent et qu'il ne l'a sans doute jamais vu. En plus, ça pourrait lui plaire, vu qu'on a tous les deux kiffé le dernier blade runner.

- C'est un film où la science est parvenue à créer des robots totalement similaires aux humains, grâce au machine learning. Mais au lieu d'être un film de conquête de l'humanité par les robots, même si c'est le fond de l'histoire, on suit l'histoire d'amour entre une "Bot" et un étudiant. Ça se finit plutôt bien.

Je regarde les bières sur la table. Je me rend compte qu'en temps normal, j'aurais pas forcément révélé que je regardais ce genre de trucs. Ca n'avait pas été un gros succès commercial, mais moi, j'avais bien aimé... Je pense que je vais reprendre une bouteille. Mais j'ai encore ma glace... Je croque une autre partie de la coque de chocolat synthétique.

Je me demande quel goût a le cacao. Le vrai, je veux dire. Mais même pour les plus riches, on ne peut pas faire revenir des plantes disparues...
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Lun 23 Sep - 19:26

- Perso, j'ai plus l'impression que ça ressemblerait à un film de zombies qu'à un film post-apo. Enfin, même si les zombies sont un peu une... Sous-section du post-apo…

Si seulement ils étaient dans un film de zombies… se faire dévorer le cerveau avait beau ne rien avoir de très aguichant, Sören aurait largement préféré être confronté à ça qu’aux trucs qui rôdaient vraiment dehors. Au fil des années, il avait appris une chose : il ne savait rien sur les dangers qui rôdaient. Il n’y avait pas une menace, il y en avait des milliers, toutes différentes. Le concept de race ou d’espèce n’avait plus aucun sens. Tout avait muté, tout était différent. Tout ce qui était vivant pouvait être menaçant, que ce soit animal, végétal, bactérien…

Sören avait retenu la leçon à ses dépends : le plus important à savoir, c’est que tu ne sais rien. Il fallait se méfier de tout, observer et espérer. On peut courir plus vite qu’un zombie, on peut tuer un zombie, on peut éviter de croiser un zombie. Là dehors, rien n’était aussi simple.

- Ca va, t'as de l'expérience niveau carrière de héros, avec ton voyage initiatique, là... Il te manque plus qu'un élément perturba... perturbateur, ça, je peux le faire, et puis un mentor, et puis une révélation familiale. Ah, et un love interest !

Le terme “héros” manqua de faire s’étouffer Sören avec sa gorgée de bière. Mais au final, peut-être que Skye avait raison ? Qu’est-ce qu’un héros sinon celui qui s’en sort vivant ? Des gens là dehors avaient sans doute plus le profil du héros que Sören. Et beaucoup d’entre eux étaient sûrement morts d’une énième tentative d’exploit. Mais ces héros là restaient anonymes, puisque personne n’était là pour raconter leurs histoires.

- Pour l’instant, je pense que tu te retrouves à porter la plupart des casquettes. Élément perturbateur, c’est déjà fait vu que tu m’as transformé en délinquant. Mentor… j’ai fini par insulter la seule autre personne qui a essayé de m’apprendre un truc, donc t’es la plus qualifiée au rôle pour l’instant. Et pour le love interest… t’es la seule fille devant laquelle j’suis capable d’enchaîner 3 mots sans me décomposer. Donc si c’est pas toi, on va partir sur un héros célibataire.

La révélation familiale, ça semble plus compromis. Quoique, je crois que mon père a vécu à Central point à un moment. Même si c'est improbable... il est peut-être revenu ici ? Ou alors... j'ai des frères et des sœurs cachés ici !


C’est à ce moment que Sören, tourna le regard vers Skye en pleine imitation de Vader, le Tshirt collé sur la bouche. Il manqua de s’étouffer une seconde fois. Déjà parceque c’était drôle. Et puis… wah… le Tshirt était déjà court, et le remonter dans la sorte laissait assez peu de place à l’interprétation en ce qui concerne la poitrine de la jeune femme.

Avec un peu de chance, la luminosité relativement faible avait suffit à cacher le virement de couleur instantané du visage de Sören. Disons que c’était la blague, couplée au Tshirt Star Wars qui avait eu tant d’effet sur son teint. Le fait qu’elle soit attirante n’avait sûrement rien à voir là dedans. Un p’tit peu, à la limite. Ouais, sans doute un p’tit peu quand même.

Il fallait penser à autre chose, vite… la glace !

- Une glace ?

- Allez! Merci.

Situation rattrapée. Ground Control to Major Tom, tout est sous contrôle.

- Et toi, dans quel film tu voudrais vivre ?

- Dans quel film... Hmm…


Alors qu’elle réfléchissait, Sören écarta un peu le bordel sur la table pour s’y asseoir, juste en face de Skye. Il choppa la bouteille de Whisky pour en regarder l’étiquette, alors qu’il croquait à pleines dents dans sa glace. Encore une fois, les mecs du marketing s’étaient lâchés : “méthode ancestrale”, “puissant et rond”, “arômes irrésistibles de noisette et de lavande”... tout ça pour une bouteille milieu de gamme que 80% des gens devaient s’enfiler sans réfléchir au goût, juste pour se torcher.

- Bot.

Sören fixa Skye quelques secondes, interloqué, avant de répondre :

- Bot ?

- C'est un film où la science est parvenue à créer des robots totalement similaires aux humains, grâce au machine learning. Mais au lieu d'être un film de conquête de l'humanité par les robots, même si c'est le fond de l'histoire, on suit l'histoire d'amour entre une "Bot" et un étudiant. Ça se finit plutôt bien.

- Une sorte de Warm Bodies du futur ?


Skye jeta un regard furtif du côté des bières. C’était sans doute la première fois depuis le début de la soirée qu’elle passait plus de 3 minutes sans un truc alcoolisé entre les mains. Sören décapsula une bouteille avant de la tendre à sa convive.

Ce n'était clairement pas raisonnable de lui en proposer une vu son état mais… Sören n’avait pas les idées suffisamment claires non plus pour se faire cette réflexion. Et puis de toute façon, elle allait forcément dormir ici vu l’heure et son taux d’alcoolémie. Et il fallait que Sören teste la confortabilité du canapé, quoi qu’il arrive. Il laisserait sans problème la chambre à son invitée. Cerise sur le gâteau, il n’avait rien de prévu le lendemain. Et Skye, elle, n’avait pas cours. Enfin.. peut-être ? On était quel jour déjà ?
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Lun 23 Sep - 20:06
- Pour l’instant, je pense que tu te retrouves à porter la plupart des casquettes. Élément perturbateur, c’est déjà fait vu que tu m’as transformé en délinquant. Mentor… j’ai fini par insulter la seule autre personne qui a essayé de m’apprendre un truc, donc t’es la plus qualifiée au rôle pour l’instant. Et pour le love interest… t’es la seule fille devant laquelle j’suis capable d’enchaîner 3 mots sans me décomposer. Donc si c’est pas toi, on va partir sur un héros célibataire.

- Transformé en délinquant?! Hey, je voulais juste un pizza, moi. C'est pas ma faute, si des abrutis de turnes se sont rués dans la rue pour sauter à pied joint dans l'évènement le plus inutile de l'année.

Je l'ai encore assez mauvaise de voir à quel point les gens ont marché pour cette histoire de manifestation. Dès le départ, c'était couru que ça ne servirait à rien... Le simple fait que le rassemblement ait été autorisé, c'était louche. J'aurais jamais dû me retrouver embinguée là-dedans, je voulais juste aller bosser, moi. Bosser sur de vraies solutions. Des solutions scientifiques... D'ailleurs, depuis quand quelqu'un serait capable de mettre "solution" et "politique" dans une seule phrase? Ça me rappelle ce que m'a soufflé mon prof de philo. Bon, je vais pas prendre une décision maintenant... Même si je le voulais, l'alcool n'est pas vraiment un très bon conseiller.

- Et... Ann? C'est ça? Elle t'apprend rien? Un conseiller, c'est un peu comme un mentor, non?

Moi, son love interest? Un large sourire se dessine sur mon visage, sans que je ne comprenne trop pourquoi. Merde, Kelya m'aurait à ce point pervertie que je prenne du plaisir à imaginer que quelqu'un puisse avoir envie de moi...? Ou alors, c'est autre chose...? En tout cas, il n'a pas non plus pensé à Ann pour son love interest.

- Un héros célibataire, ça craint... Les films ou le héros finit sans avoir jamais rien ressenti pour quelqu'un, ça court pas les rues. Il est nul, ton scénario!

Son père a vécu ici...? J'essaye de faire le calcul des générations dans ma tête. Mais, je laisse vite tomber, trop compliqué. Il serait venu... Puis reparti, pour mourir là-bas? C'est qu'on sort pas facilement de Central Point... Enfin... Pas de son plein gré, en tout cas. Mais, ça améliore un peu le scénario du film qu'on est en train de se faire. Un bon twist familial, y'a que ça de vrai! Et Star Wars reste la référence du genre, en plus d'un siècle.

Mon imitation le fait marrer, en tout cas. Il rigole tellement qu'il en devient rouge, manquant de s'étouffer avec sa bière. Je remarque après que mon tshirt Star Wars était parfait pour la vanne. Et qu'il montrait le bas de mes seins. Et si c'était ça qui...

- Une glace ?

- Allez! Merci.

Pas le temps de réfléchir, qu'il me relance déjà sur une autre question. Si mon tshirt n'indique plus que "Star", je suis loin d'être une étoile, niveau réflexion, en ce moment. Je met un bon moment avant de réussir à répondre.

- Et toi, dans quel film tu voudrais vivre ?

- Dans quel film... Hmm…

Je sens la chaleur me monter à la tête alors que j'essaye de rassembler mes idées. C'est ça, être quelqu'un de normal? Tout le monde ressent ça quand il réfléchit? Putain, c'est super désagréable. Je mords dans la glace pour me rafraîchir les idées pendant que Sören manipule la bouteille de whisky.

- Bot.

- Bot ?

- C'est un film où la science est parvenue à créer des robots totalement similaires aux humains, grâce au machine learning. Mais au lieu d'être un film de conquête de l'humanité par les robots, même si c'est le fond de l'histoire, on suit l'histoire d'amour entre une "Bot" et un étudiant. Ça se finit plutôt bien.

- Une sorte de Warm Bodies du futur ?

Il me tend une bière, alors que je réalise que c'est la première fois qu'il me cite un truc dont j'ai pas la moindre connaissance. Et puis, je réalise. Il a vu des choses... Des films, des séries, qui n'ont pas forcément pu être ramenés à Central Point. Des films dont je n'ai pas la moindre idée. Que je ne pourrai absolument, totalement et de toute autre façon, jamais voir. Cette perspective me colle un vertige mémorable, alors que je tiens la bouteille à la main. La solution apparaissait alors évidente et j'en bois un bon quart. Je cherche dans mon cerveau, le plus violemment possible, chose rare, ma mutation parvient même à s'activer alors que je suis bourrée... Mais rien ne vient.

- Merde... J'ai aucune idée ce que c'est.

Ma réaction lui semblera peut-être exagérée, mais c'est une vérité terrible qui vient de m'être révélée. Encore une fois, mon visage recommence à chauffer. Je suis un peu jalouse... Il a vu des œuvres qui ont totalement disparu aujourd'hui. Je m'approche à genoux, et je colle mes mains sur ses épaules - toujours en tenant la bouteille dans l'une, et la glace dans l'autre - et mes yeux dans les siens.

- T'as tellement de bol... T'as vu plein de trucs. Moi, y'a rien que j'ai vu que tu pourras pas voir.

Avant de retomber sur le canapé, face à lui. J'ai une soudaine et furieuse envie de regarder une centaine de films d'affilée. Quelle heure il est, déjà...?

Bière Runner 2149 - ft Skye Reid Skye-Star-Wars
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Lun 23 Sep - 23:20

- Transformé en délinquant?! Hey, je voulais juste un pizza, moi. C'est pas ma faute, si des abrutis de turnes se sont rués dans la rue pour sauter à pied joint dans l'évènement le plus inutile de l'année.

Wow. C’était… inattendu. La manifestation avait eu lieu quelques mois avant que Sören ne débarque à Central Point et pourtant… il en avait énormément entendu parler. Les médias en avaient tellement parlé… mais jamais sous l’angle que venait d’aborder Skye. Les journaux, les reportages, les documentaires… tous parlaient de LA manifestation des turnes… de tous les turnes. C’était bien la première fois qu’il entendait un turne se désolidariser de l’événement, et même le rejeter.

Mais avant que Sören ne puisse demander quoi que ce soit, Skye enchaîna :

- Et... Ann? C'est ça? Elle t'apprend rien? Un conseiller, c'est un peu comme un mentor, non?

- Nan mais Ann c’est pas pareil. C’est son boulot, et elle me raconte ce qui est dans l’intérêt de la F.A.T.E. Elle a beau être sympa, je me doute qu’elle oriente ses propos. Et puis si demain elle n’est plus payée, elle arrêtera de m’apprendre quoi que ce soit. Toi, personne te paye pour être là.

La relation entre Ann et Sören était particulière. Par la force des choses, la conseillère était devenue assez proche de lui… mais elle avait toujours su garder ses distances. Elle avait d’ailleurs toujours eu l’honnêteté de le dire, dès le début, lorsque Sören était encore plus naïf et maléable que maintenant : “je t’aide parceque c’est mon boulot, et que ce projet me tient à coeur. Mais ça s’arrête là. Il faut que tu fasses ton propre cercle de connaissance, que tu rencontres des gens. Et ça, tu dois le faire par toi-même”. Et elle avait on ne peut plus raison.

- Un héros célibataire, ça craint... Les films où le héros finit sans avoir jamais rien ressenti pour quelqu'un, ça court pas les rues. Il est nul, ton scénario !

Sören esquissa une moue boudeuse. Elle n’y allait pas molo, et même si c’était amusant et qu’ils étaient tous les deux largement alcoolisés… il y avait du vrai dans ce que Skye envoyait : En dehors de la F.A.T.E, Sören ne connaissait personne. Par la force des choses, il voyait Skye comme son amie, sa confidente, sa mentor et tout le reste. Pour ce qui était du love interest, il s’était posé la question sans avoir trouvé de réponse. Déjà, il manquait cruellement d’éléments de comparaison. Et puis avec l’alcool et cette histoire d’imitation de Dark Vader… ça facilitait pas les choses. Tout semblait un peu flou…

Heureusement, les magnums avaient permis un subtil changement de sujet. Bot… encore un film dont Sören n’avait jamais entendu parler. Mais lorsqu’il évoqua le fait que ça lui rappelait Warm Bodies…

- Merde... J'ai aucune idée ce que c'est.

Ce qui animait Skye… c’était plus que de la surprise. Ses joues tournent au rouge, ses yeux virèrent au noir… Troublé par sa réaction, Sören expliqua, cherchant un peu ses mots :

- C’est sorti… au milieu des années 2010 me semble. C’est l’histoire d’un zombie qui tombe sur une jeune femme et son groupe de survivant. Forcément, il commence à bouffer tout le monde. Et au moment de bouffer la fille, il tombe amoureux d’elle. Mais genre méga amoureux, le coup de foudre et tout. Forcément, la fille comprend pas trop ce qu’il se passe. Le zombie sauve la fille des autre zombies, il la met en sécurité. Petit à petit, ils arrivent à communiquer et…

Puis Skye s’approcha, posant ses mains sur les épaules de Sören. Si elle n'était pas en trian de lui tartiner son magnum dans le dos, ça relevait du miracle. Ou une petite giclée de bière, peut-être ?

- T'as tellement de bol... T'as vu plein de trucs. Moi, y'a rien que j'ai vu que tu pourras pas voir.


C’était… sincère. Sören ne pu faire quoi que ce soit de plus que de fixer les grands yeux noirs à l’iris gris de Skye, alors que le sourire du rouquin s'effaçait petit à petit. Alors qu’elle s'affaissait de nouveau dans le canapé, Sören restait plongé dans son regard. Il prit une inspiration pour commencer sa phrase, puis se résigna, laissant le silence s’installer quelques secondes de plus. Puis il lâcha finalement.

- Tu sais quoi ? Je vais pas te spoil la fin de Warm Bodies. Si je me débrouille bien, je pourrais te le montrer bientôt…

Puis, un large sourire aux lèvres, il mima les contours d’un écran en ajoutant :

- En exclusivité mondiale pour mon élément perturbateur slash mentor slash love interest favori.

Ça avait fait tilt au moment où Skye avait fait remarquer à Sören qu’il avait vu des films qu’aucun autre habitant de cette ville n’avait vu. Évidemment, que l’entièreté de la culture cinématographique mondiale n’avait pas pu survivre à l’épisode le plus meurtrier de l’Histoire de l’humanité.

Et ça expliquait beaucoup de choses concernant les affaires confisquées à Sören lors de son arrivée. Dans son gros sac à dos, il y avait ces clés USB d’un autre âge. 3 précisément, de 100Go chacune. Ce n’est pas dit qu’elles aient toutes survécu au voyage d’ailleurs. Avant de partir du bunker, Sören y avait transféré un tas de trucs : des films, des musiques, les quelques photos de famille dont il disposait… bref, un tas de souvenirs qu’il n’était pas prêt à abandonner en Écosse.

En imaginant que ne serait-ce que 5% du contenu de ces clés n’ait jamais été récupéré par les premiers arrivants à Central Point… elles auraient alors une valeur inestimable. Pour les scientifiques, pour les collectionneurs, pour les sociétés de diffusion… ces petits bouts de plastique et de métal étaient une véritable mine d’or.

Sören s’en voulait de ne pas l’avoir réalisé plus tôt. Il s’imaginait naïvement que tout ce qu’il avait pu voir ou entendre à l’extérieur existait forcément aussi à l’intérieur. S’il ne faisait aucun doute que la majorité du contenu de ces clés était suffisamment “culte” pour avoir été ramené par les premiers habitants… qu’en était-il des œuvres moins connues ? Skye n’avait sans doute jamais vu l'excellent Turbo Kid, n’avait sans doute jamais écouté le planant Transoceanic de Naïve… et surtout, elle n’avait aucun moyen de le faire.

Il devait récupérer le contenu de ses clés. Ça n’allait pas être simple, mais il pouvait peut-être faire pression. La réussite du projet dont il était le cobaye reposait énormément sur sa coopération totale lors des expériences. 4 mois, ce n’était pas suffisant pour raconter une vie, ni pour faire tous les tests dont la F.A.T.E avait besoin. Il arriverait sans doute à récupérer ces foutues clés en posant subtilement les arguments qui font mal sur la table. La bonne volonté de Sören pour poursuivre gentiment son programme de cobaye pourrait sans doute jouer en sa faveur. Et puis merde, il n’avait même pas pu récupérer les photos de sa famille… ça craignait.

Il se foutait pas mal que les clés soient rachetées par un collectionneur, par Disney ou n'importe quelle autre société de diffusion. Il voulait une copie du contenu. Ces films, ces musiques et ces photos, c'est ce qui lui restait de son enfance. S'il avait fait 800 bornes avec ces clés dans le sac à dos, ce n'était pas pour les voir disparaître une fois arrivé.
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Mar 24 Sep - 3:04
Ma réplique sur la manif a l'air de l'ébranler un peu. J'ai pas envie de me jeter là-dedans... J'imagine que les médias ont bien fait leur taf. "C'est la faute des turnes", "tous les turnes pensent pareil", "le gouvernement a fait de son mieux pour les arrêter"... Pff. Sans s'attarder là dessus, je lui pose la question pour Ann, mais il est catégorique... C'est juste une employée, quelqu'un qui ne fait ça que parce que c'est son taf.

- Nan mais Ann c’est pas pareil. C’est son boulot, et elle me raconte ce qui est dans l’intérêt de la F.A.T.E. Elle a beau être sympa, je me doute qu’elle oriente ses propos. Et puis si demain elle n’est plus payée, elle arrêtera de m’apprendre quoi que ce soit. Toi, personne te paye pour être là.

C'est sûr, ça fait pas très héros d'avoir une salariée qui t'apprends la vie. Et, encore moins si elle est payée pour rester avec lui...

- Un héros célibataire, ça craint... Les films où le héros finit sans avoir jamais rien ressenti pour quelqu'un, ça court pas les rues. Il est nul, ton scénario !

Il boude un peu, avant qu'on se mette à reparler films et qu'il me parle de Warm Bodies. Quand il apprend que je ne connais pas, il se met à m'expliquer le pitch. J'ai... L'impression de pas avoir envie de savoir. Je veux dire, ouais, et si c'est bien...? Moi, je pourrais jamais le voir... C'est terrible.

- C’est sorti… au milieu des années 2010 me semble. C’est l’histoire d’un zombie qui tombe sur une jeune femme et son groupe de survivant. Forcément, il commence à bouffer tout le monde. Et au moment de bouffer la fille, il tombe amoureux d’elle. Mais genre méga amoureux, le coup de foudre et tout. Forcément, la fille comprend pas trop ce qu’il se passe. Le zombie sauve la fille des autre zombies, il la met en sécurité. Petit à petit, ils arrivent à communiquer et…

Je l'arrête. J'ai pas envie d'en entendre plus. Savoir que ça restera juste... Un morceau de scénario à jamais détruit, impossible à recréer, je déteste ça. Je me lève pour le prendre par les épaules.

- T'as tellement de bol... T'as vu plein de trucs. Moi, y'a rien que j'ai vu que tu pourras pas voir.

Y'a un long silence après je me laisse retomber sur le canapé. Il se prépare à dire un truc, et puis... Rien. Puis encore une fois. Et finalement...

- Tu sais quoi ? Je vais pas te spoil la fin de Warm Bodies. Si je me débrouille bien, je pourrais te le montrer bientôt… En exclusivité mondiale pour mon élément perturbateur slash mentor slash love interest favori.

Quoi...? Comment...? Comment est-ce qu'il va pouvoir me montrer un titre perdu depuis des années...? Est-ce qu'il a prévu de retourner dans son bunker...? Il va mourir, s'il fait ça! J'ai pas du tout envie qu'il reparte et qu'il se fasse boulotter par un truc monstrueux dégueulasse.

- N'importe quoi... Comment tu ferais ça? Tu retournes pas dehors tout seul, hein?

Non, ça serait débile. Il a toujours eu l'air de flipper quand il parlait du temps où il était sur la route... Il y retournerait pas pour un simple film. Je me suis fait un ascenseur émotionnel toute seule... Une fois que j'ai réalisé ça, je me mets à me marrer. Pour moi, Sören est devenu "l'homme qui a vu des œuvres disparues aujourd'hui". Déjà, son statut de survivant en faisait quelqu'un de spécial, mais maintenant, c'est carrément une star... Je m'écroule en avant, allongée sur le dos, la tête sur ses genoux.

- Putain... Ca serait énorme. T'imagines combien il y a de films... De séries, de musiques, de... De tout. Y'a pas que l'humanité qui a été réduite à une pincée de poudre, la culture, toutes les cultures, c'est pareil...

Je m'étire, un bras de chaque côté de lui. Il doit être tard. Enfin, je crois? Je vois pas trop l'heure qu'il peut être. J'essaye d’attraper la télécommande avec les genoux, mais après un long moment à me tortiller inutilement, je finis par abandonner, et je lève la tête pour le regarder.

- Tu veux mettre un autre film...?
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Mar 24 Sep - 7:21

- N'importe quoi... Comment tu ferais ça? Tu retournes pas dehors tout seul, hein?

Sören pouffa de rire. Pwah, la tête qu’elle avait tiré… il fallait qu’il lui fasse remarquer, c’était vraiment fou !

- Pwah, la tête que t’as tiré !

Elle resta figée avec une tête d’ahurie pendant quelques secondes avant de rire elle aussi. Vive l’alcool, destructeur de barrières sociales et ramolisseur de cerveau.

- Ton humble élève n’allait pas partir de son bunker sans emporter un peu de ce que l’humanité a fait de meilleur. Mais évidement, on m’a pris toutes mes affaires quand je suis arrivé. Et dans ces affaires, il y avait ces vieilles clés USB avec plein de films et de musique. Je me souviens pas de tout ce que j’ai copié dessus mais… il y avait Warm Bodies. Et sans doute pas mal d’autres trucs que t’as pas vu.

À la base, il comptait faire planer le mystère du comment il comptait lui montrer ce film. Mais il était bien trop bourré pour garder un secret. Ça aurait été plus judicieux quand même… Les clés vieilles d’au moins 70 ans pourraient ne pas avoir survécu au voyage. Ou il pourrait tout simplement ne jamais réussir à les récupérer. Maintenant qu’il lui avait expliqué ça, il fallait qu’il mette la main sur ces films… ou Skye allait devenir dingue.

La jeune femme s’allongea, posant la tête sur les genoux de Sören. D’ici, il avait une vue plongeante sur… hem… le logo Star Wars de son Tshirt. Très beau logo, d’ailleurs. Bref, il fixa son regard sur les grands yeux noirs et gris de Skye. D’ailleurs, il se passait quelque chose d’étrange, non ? Elle avait beau avoir sa mutation visiblement active depuis quelques minutes… ça ne faisait pas comme d’habitude.

Les quelques fois où Sören avait eu affaire à Super Skye, elle avait tendance à balancer des tonnes d’info, à faire des phrases compliquées… bref, il ne panait pas grand chose. Là, elle avait juste l’air normale. Enfin, bourrée, mais pas différente de la Skye au yeux marrons d’il y a 20 minutes.

Sören but une grande gorgée de bière. Il avait bien besoin de courage pour ne pas succomber au malaise que lui provoquait cette soudaine promiscuité.

- Putain... Ca serait énorme. T'imagines combien il y a de films... De séries, de musiques, de... De tout. Y'a pas que l'humanité qui a été réduite à une pincée de poudre, la culture, toutes les cultures, c'est pareil...

- Avant ce soir, je m’étais jamais fait la remarque. Ça me semblait tellement évident que la culture ait survécu avec l’humanité… et ça l’était pas, au final. Je vais te récupérer ces clés, mais elles contiennent malheureusement pas tout ce qui a été perdu.

Merde, le ton de la voix de Sören virait presque à la tristesse, il fallait à nouveau détendre l’atmosphère. Skye se tortillait bizarrement, essayant visiblement de choper la télécommande avec ses membres postérieurs. C’était… lamentablement amusant. Au moins, elle avait redonné le sourire à Sören

- Tu veux mettre un autre film...?

- Volontier ! Cette fois, c’est toi qui choisis ! Mais avant ça… tu dois m’aider à récupérer mes clés. Ou du moins le contenu ! Pour ça… je fais appel à cerebro !


Sören plaça une main de chaque côté du crâne de Skye, posant délicatement ses doigts sur les tempes de la jeune femme.

- Bon, comment convaincre une société tentaculaire et sans scrupules de rendre au petit turne que je suis le contenu de ces clés USB dont la valeur doit être inestimable ? Je pourrais… gentiment demander à Ann ? Faire pression en refusant de poursuivre les tests tant que je ne les ai pas récupéré ? Menacer de pourrir le gala de bourges auquel je suis invité demain, où je dois rencontrer des investisseurs potentiellement intéressés par le projet dont je suis l'élément central ?


Sören avait lutté de toutes ses forces pour finir son monologue sans exploser de rire. Il venait de balancer quelques infos qu'il n'aurait pas dû... mais il ne savait déjà plus trop ce qu'il venait de dire... et Skye ne s'en souviendrait pas bien longtemps non plus, de toute façon. Mais si la situation l’amusait beaucoup, le fond était on ne peut plus sérieux. Il n’avait aucune idée de la meilleure manière de récupérer ces précieuses clés. Et Skye était infiniment plus capable que lui de trouver une solution.
Sören Larsson
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Mer 25 Sep - 11:07
- Pwah, la tête que t’as tiré !

Il se fiche de moi avant qu'on éclate de rire tous les deux. J'ai un peu de mal à m'arrêter, je me tiens le ventre, et quand enfin je parviens à laisser un peu de silence entre deux rires, il m'explique ce qu'il entendait par la.

- Ton humble élève n’allait pas partir de son bunker sans emporter un peu de ce que l’humanité a fait de meilleur. Mais évidement, on m’a pris toutes mes affaires quand je suis arrivé. Et dans ces affaires, il y avait ces vieilles clés USB avec plein de films et de musique. Je me souviens pas de tout ce que j’ai copié dessus mais… il y avait Warm Bodies. Et sans doute pas mal d’autres trucs que t’as pas vu.

Je me tais. J'aurais pu répondre quelque chose, mais mon cerveau a du mal à appréhender l'immensité et l'importance des propos qu'il vient d'entendre. Des films et des musiques inédites... Inconnues de tout Central Point. Non seulement c'est un putain de trésor culturel, absolument inestimable... Mais c'est aussi un trésor tout à fait estimable d'un point de vue commercial! Avoir accès à ces fichiers, c'est avoir la plupart des sociétés de divertissement dans la poche... Est-ce qu'il se rend compte à quel point il pourrait être riche? Bon, bien sûr, Google, Disney, ou d'autres, lui feraient probablement signer tout un tas de papiers qui lui mettraient bien profond, en mode interdiction de garder des copies, d'en parler, de les regarder même... Mais, turne ou pas, ça pourrait être la fortune pour lui...!

Et on se rend compte de ça bourrés, au fond d'un canapé dans un appart de Banlieue...!

La tête sur ses genoux, je ris encore un moment, avant de rouvrir les yeux. Je pense pas qu'ils soient toujours noirs... J'aurais essayé.

- Putain... Ca serait énorme. T'imagines combien il y a de films... De séries, de musiques, de... De tout. Y'a pas que l'humanité qui a été réduite à une pincée de poudre, la culture, toutes les cultures, c'est pareil...

- Avant ce soir, je m’étais jamais fait la remarque. Ça me semblait tellement évident que la culture ait survécu avec l’humanité… et ça l’était pas, au final. Je vais te récupérer ces clés, mais elles contiennent malheureusement pas tout ce qui a été perdu.

Je me doutais que quelques clés ne pouvaient pas contenir l'intégralité de l'histoire du cinéma - ou alors, dans une résolution absolument pourrie. Mais peu importe si tout n'était pas récupérable... Le fait de remettre les mains sur des oeuvres perdues, même une seule! C'était déjà quelque chose d'énorme. Un peu comme un animal, une espèce disparue, qui réapparaîtrait soudain, descendante d'une meute isolée dans un endroit perdu. Lui, aurait apparemment aimé tout sauver... Mais faut rester réalistes. Et puis il y a encore plein de nouveautés qu'il n'a pas vues.

Je lui propose de mettre un autre film.

- Volontier ! Cette fois, c’est toi qui choisis ! Mais avant ça… tu dois m’aider à récupérer mes clés. Ou du moins le contenu ! Pour ça… je fais appel à cerebro !

J'étais en train de jouer avec la télécommande, en recherchant machinalement Bot sur Disney+. le curseur s'arrête sur le film, quand il pose ses mains sur mes tempes. La vache, ça fait du bien. Je me rends compte que mon cerveau est en train de rendre l'âme.

- Bon, comment convaincre une société tentaculaire et sans scrupules de rendre au petit turne que je suis le contenu de ces clés USB dont la valeur doit être inestimable ? Je pourrais… gentiment demander à Ann ? Faire pression en refusant de poursuivre les tests tant que je ne les ai pas récupéré ? Menacer de pourrir le gala de bourges auquel je suis invité demain, où je dois rencontrer des investisseurs potentiellement intéressés par le projet dont je suis l'élément central ?

Cerebro devait être le surnom le moins insultant que j'aie jamais reçu. D'autant que dans mon état, j'étais pas plus maligne que n'importe quelle étudiante... Demander à Ann? Moi, je la connais pas du tout. Sören seul savait si ça pourrait marcher. Faire pression...? Peut-être qu'il pourrait en obtenir une copie. Mais, s'ils avaient déjà terminé d'éplucher les fichiers, ils ne mettraient pas longtemps avant de les vendre aux grosses sociétés de médias. Par contre, les menaces, pas sûre que ça marche, même pour un gala d'investisseurs de...

- Attends, quoi?

Je me redresse en m'appuyant sur lui.

- Quel projet? Tu m'as juste dit qu'ils te posaient des questions...

Mélanger les effets de l'alcool avec les souvenirs des tests reçus à la FATE n'était probablement pas une bonne chose. Je peux peut-être me vanter d'être une des rares personnes à connaître de l'intérieur le bruit d'une trépanation ou le fourmillement causé par des électrodes. Un frisson me coupe le souffle, je secoue la tête. Je détourne le regard quand je sens les larmes me monter aux yeux. Je me sens... Démunie. Inutile. Face à la FATE,face au Gouvernement...

Je me lève et je vais ouvrir la fenêtre, en m'allumant une clope, surtout pour éviter qu'il me voie dans cet état. Puis, je parviens à esquisser un sourire en me retournant, en guise d'excuse pour ne pas répondre à ses questions.

- Tu sais quoi... J'suis pas en état pour parler de ça, j'crois. On trouvera une solution après le film. Ou demain...
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Mer 25 Sep - 13:02

- Attends, quoi ? Quel projet? Tu m'as juste dit qu'ils te posaient des questions…

À peine avait-elle prononcée ses mots que Skye s’était relevée en hâte et dirigée vers la fenêtre. Sören resta planté assis sur la table quelques secondes.

Il avait fait une connerie ? Quelque chose semblait être passé par la tête de Skye. Elle avait peur que la F.A.T.E fasse des expérimentations bizarres sur Sören peut-être ? Ça semblait excessif comme réaction, ça n’était sans doute pas ça. ou du moins pas seulement ça.

Elle s’allumait sa clope à la fenêtre en prenant soin de ne pas croiser le regard de Sören qui l’observait quant à lui, un air dubitatif scotché à la face. Lorsqu’elle tourna finalement la tête vers lui, toute souriante, elle lui dit :

- Tu sais quoi... J'suis pas en état pour parler de ça, j'crois. On trouvera une solution après le film. Ou demain…

Sören ne répondit rien. Il prit maladroitement une cigarette dans le paquet que Skye venait de laisser sur la table.

- Ça te dérange si je t’en pique une ?

Le paquet était quasiment plein, ça ne la dérangerait sans doute pas. D’ailleurs, Sören s’était levé et dirigé vers son invitée avant même qu’elle ne réponde.

Il savait qu’il allait regretter cette clope dès le lendemain matin où, tout engourdi, il se réveillerait, mutation activée… pour se prendre cette répugnante odeur de tabac froid dans le museau. Mais peu importe. Fumer, ça le fascinait, il aimait voir cette fumée sortir de la bouche des gens comme de la sienne. Et puis il était bourré, alors les conséquences, ça ne le concernait pas trop à cet instant.

Il prit gentiment le briquet des mains de Skye et alluma lui aussi sa clope, avant de se pencher légèrement au dessus de la fenêtre, les deux coudes posés sur le rebord.

- Ils me font rien de bizarre là bas, si c’est ça qui t’inquiète.

Il se doutait bien que ce n’était pas ça. Ou pas que ça. Mais bon, cette réaction étrange après qu’il ait évoqué le projet dont il était le sujet d’étude… ça avait l’air de réveiller un truc en elle, un truc pas cool.

Le regard naviguant sur la façade de l’immeuble d’en face, Sören commença à se questionner sur la nature de sa présence à la F.A.T.E. C’est vrai qu’il était le cobaye idéal. Il détenait des informations sur l’extérieur, il y avait sans doute des tas de données utiles à extraire de son corps, il était coopératif et ne posait aucune question sur le pourquoi du comment. Sören n’avait jamais été troublé par ce qui lui avait été fait. Des examens médicaux, beaucoup de questions et, plus récemment, pas mal de sport… des tests d’endurance, des tests psycho-moteurs… le tout dans différents environnements. Bref, rien d’humiliant et rien de dangereux en apparence.

Mais il fallait bien l’avouer… Sören n’avait pas la moindre idée de ce à quoi pouvaient servir toutes ces informations. Simplement alimenter une base de donnée qui pourrait servir aux scientifiques à mieux comprendre l’extérieur ? C’était sans doute quelque chose dans le genre. Mais impossible de savoir si tout ça avait un objectif plus.. concret. Quant à la soirée genre “collecte de fond” du lendemain… il s’imaginait que le département scientifique souhaitait simplement attirer l’attention de quelques investisseurs sur lui. Histoire qu’ils donnent de l’argent… pour continuer les tests.

Bref, ce n’était pas le moment de penser à ça. Il y avait de la bière sur la table et un film à regarder. Sören laissait lentement s'échapper de larges volutes de fumée avec à chaque fois cette même fascination… comme un ces gamins qui soufflent dans ces trucs en plastique savonneux qui font des bulles.

Il espérait que Skye lui dise qu’elle allait bien, ou qu’elle s’ouvre à lui à ce sujet. Ou n’importe quoi d’autre en fait. La voir passer en un instant de cet état euphorique à cette espèce de… détresse silencieuse, c’était étrange et inquiétant.
Sören Larsson
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Mar 1 Oct - 10:22
- Ça te dérange si je t’en pique une ?

C'était plus une question rhétorique, je crois. De toutes façons, il m'en restait plein, et non, ça ne me dérangeait pas. C'est marrant que "l'homme sauvage" soit capable de ce genre de petites attentions sociales. Je me demande vraiment comment il a tenu le coup... Tout ce temps, je pense que beaucoup seraient devenus dingues. Violents, sauvages.

Il prend la clope, et vient vers moi. Il ne m'a pas dit qu'il ne fumait pas...? A cause de son odorat... D'ailleurs, rien qu'à la façon dont il l'a prise, et à la façon dont il la tient, on voit qu'il n'est pas habitué. Il prend mon briquet, que je tenais encore, et l'allume avant de se mettre à la fenêtre, penché comme dans un vieux Fritz Lang, où le flic passe un moment à gamberger sur une sale soirée d'été en tirant sur un store vénitien pour suivre une voiture louche des yeux.

- Ils me font rien de bizarre là bas, si c’est ça qui t’inquiète.

Sa phrase est si sérieuse et collait tellement à scène que j'étais en train de me représenter que je peux pas m'empêcher de sourire. Et j'en avais sûrement besoin... Mais, il y a quelque chose de vrai et de dérangeant là-dedans. Sören n'est pas de Central Point. Il ne connait pas les rumeurs, les on-dits sur la FATE et sur leurs méthodes. Et surtout, malgré son âge, il ne fait pas partie de la génération "d'échappés". C'est arrivé quelques fois, mais un accident majeur, sur laquelle la FATE n'a d'ailleurs jamais communiqué, a permis à des dizaines et des dizaines d'enfants et d’adolescents turnes de s'échapper. Bien sûr, certains ont dû être récupérés depuis... Mais pas tous, et les restants pourraient avoir été des témoins importants dans ces fameuses expériences. Mais, personne n'apportera un micro à un gamin turne sans-abri...

Bref, ce n’est pas le moment de penser à ça. Il y a de la bière sur la table et un film à regarder. Je tourne la tête, et je vois Sören fasciné par la fumée qu'il recrache. Comme je le pensais, c'est pas vraiment un habitué... Il fume plutôt d'une façon... Comment dire. Cinématographique? Même sa pose a quelque chose d'esthétique. Je sais pas s'il le fait exprès ou non...!

- T'inquiète pas trop. La FATE... Enfin, tu verras. T'es un peu le nouvel élève transféré, dans la classe de Central Point, mais tu comprendras vite que certains profs, genre le prof de science, ils ont pas une bonne réput' avec les élèves…

Je me suis un peu perdue dans ma métaphore. J'ai envie d'une autre bière. D'ailleurs, ma clope est terminée. Je pousse Sören des fesses et je vais jeter ma clope dans une bouteille vide, avant d'en ouvrir une autre en me laissant tomber sur le canapé.

- Alors, Bot...?

J’attrape la télécommande. Sans attendre de réponse, je lance le film... Il a largement le temps de s'installer pendant les génériques. Je m'allonge à moitié, pour m'installer confortablement.

Disney... Pioneer... Presents... Written and directed by  Dan Villard...

Je rouvre les yeux.
Je suis où...? Je regarde autour. Un appart. Gris, rouge. Une odeur rassurante. Bière, Pizza, clopes... Je suis en soirée. J'ai la tête posée sur des genoux. Kelya...? Non... Ca y est, tout me revient. Je suis chez Sören. On regardait... Bot. Je regarde vers l'écran. C'est la scène où Joel essaie de faire comprendre à "MaX", la fameuse IA super évoluée perdue par le gouvernement, que lors d'une partie, perdre est parfois aussi important que de gagner. Je referme les yeux. Heureusement, je connais le film. Je me demande si Sören dort aussi...? Je replace ma tête sur ses jambes, une main en dessous et une au dessus, comme pour un coussin.

Demain... Demain, j'dois penser à boire de l'eau...

"Alors, MaX? Maintenant que tu as perdu, tu as encore plus envie de gagner, non...?"

...
Skye Reid
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Mer 2 Oct - 0:20

- T'inquiète pas trop. La FATE... Enfin, tu verras. T'es un peu le nouvel élève transféré, dans la classe de Central Point, mais tu comprendras vite que certains profs, genre le prof de science, ils ont pas une bonne réput' avec les élèves…

C’était… une belle métaphore. Peut être ? Sören n’y avait pas compris grand chose… mais il avait sans doute un taux d’alcoolémie trop élevé pour comprendre une métaphore quelle qu’elle soit.

Ce dont Sören était sûr, c’est que Skye semblait avoir un problème avec la F.A.T.E. Comme pas mal de turnes, comme il commençait à le comprendre. Pour ce qui était de discuter de la nature de ce problème, ce ne serait apparement pas pour ce soir.

Alors que le rouquin s’extasiait devant la fumée de sa cigarette, Skye retourna vers le canapé, profitant de l’occasion pour asséner à son hôte un coup de cul amical, qui eut au moins le mérite de sortir Sören de son état contemplatif et, disons-le, semi-végétatif.

- Alors, Bot...?

- Bot !

Sören prit quelques minutes pour terminer sa clope, alors que les logos des différentes sociétés rattachées à Disney s’enchainaient à l’écran. Puis il retourna lui aussi en direction du canapé, en prenant soin de lâcher son mégot dans un bouteille vide… qui ne l'était en fait qu'à moitié.

Il resta planté quelques seconde, se disant que c’était un triste gâchis de bière, avant de se souvenir qu’il avait soif et de décapsuler une nouvelle bouteille. Sören s’installa à son tour, posant son dos contre l’accoudoir du canapé et entortillant du mieux que possible se jambes autour de celles de Skye pour profiter lui aussi d’une position semi-allongée plutôt confortable.

- Mais… c’est pas l’acteur qui joue l’espèce vétéran de l’armée avec une jambe en moins dans Blade Runner 2149 ça ? Ça fait tellement bizarre de voir deux films “récents” mais qui ont genre 20 ans d’écart.

La réponse se fit attendre… au point que Sören détourna son regard du long plan séquence servant à introduire le quotidien du héros. Skye avait les yeux fermés, la bouche légèrement entrouverte et la joue scotchée contre la surface du canapé.

Sören se replongea dans le film, bien décidé à ne pas en rater une miette même s’il devrait lutter seul contre la fatigue qui lui alourdissait les paupières. À un moment, il cru retrouver sa partenaire cinéphile… mais ce fut la désillusion. Elle se tourna sans rien dire pour venir laisser tomber mollement sa tête sur la cuisse de Sören.

L’intrigue se poursuivit et Sören n’en manqua pas une miette. Le milieu du film semblait… décousu, il était incompréhensible que Skye se soit attachée à une oeuvre au scénario si haché. Et puis le film était étrangement court. À moins que les quelques instants où Sören cligna longuement des yeux n’aient duré plusieurs minutes. Plus il y pensait, plus ça lui semblait probable, à en juger par la sensation de sécheresse désagréable qui lui envahissait la bouche.

Heureusement, il restait juste assez de bière dans sa bouteille pour survivre aux dernière minutes du film. C’est lorsque le générique de fin commença qu'il se rendit compte qu’il n’avait pas suivi grand chose de l’intrigue. Son cerveau fatigué et embrumé s’était contenté de s’extasier devant les belles images et la musique. Il faudrait qu’il le regarde à nouveau dans des conditions plus… adéquates.

D’ailleurs, qu’est-ce que c’était que cette musique, pendant les crédits de fin ? S’il arrivait à attraper son nano, il pourrait lancer… ce truc, qui permet de retrouver le titre d’une musique. Mais Skye le bloquait un peu… il fallait qu’il arrive à s’étendre en direction de la table basse. Il avait besoin d’énergie. Peut-être qu’en fermant les yeux juste 5 secondes, il trouverait la force d’atteindre son précieux objectif. 1… 2… 3… 4… ...

5 ? Les yeux de Sören piquaient… ou plutôt brûlaient. Il fit l’erreur de lever une paupière sous laquelle une véritable avalanche de rayons vinrent s’engouffrer. S’il n’avait pas vécu hors de la civilisation, il aurait sans doute su que penser à fermer les volets avant de s'endormir est l’un des 10 commandements de l’Homme alcoolisé. Rah, et puis cette odeur de tabac froid... infâme.

Il désactiva sa mutation avant d'asphyxier. Skye était toujours là, profondément endormie, la joue collée à la cuisse de Sören. Le rouquin passa doucement l’une de ses main entre le visage de Skye et sa cuisse. Il maintint sa tête alors qu’il retirait ses jambes pour finalement venir placer un coussin du canapé à l’emplacement exact qu'occupait sa cuisse.

Il récupéra son nanocom sur la table et l’utilisa pour fermer les volets. L’opération était difficile. Il fallait… viser le curseur et… descendre le doigt. Avec les membres tout engourdis et les yeux collés, ça représentait une sacrée épreuve. Une fois le défi relevé et les volets presque entièrement fermés, laissant échapper juste assez de lumière pour se repérer dans l’appartement, Sören se dirigea vers la salle de bain.

La douche fut salvatrice, mais pas autant que le brossage de dents. Il enfila ensuite une tenue propre plus “présentable” que son jogging de la veille. Il fallait qu’il sorte. S’il n’était pas simplement retourné s’effondrer sur son lit, c’est parceque cette clé USB l’obsédait. Comment avait-il pu être aussi con et ne pas s’en soucier avant aujourd’hui ? Il savait très bien que chaque journée à attendre réduisait les chances qu’il parvienne à remettre la main sur toutes ces précieuses données.

Peu importe les cernes, le mal de tête et l’état lamentable de l’appart’, il fallait qu’il aille à la F.A.T.E. Là. Maintenant. Et puis s’il revenait avec la clé avant que Skye ne se réveille… ça, ce serait un vrai héros.

Il était… 8h28. Presque 4 heures de sommeil, c’est pas si mal. Avant de partir, Sören arracha une page du petit carnet qu’il trimballait toujours avec lui. Il commença à écrire quelques mots, accoudé sur le bar, un large sourire aux lèvres.

“Coucou petit ange !”

Bière Runner 2149 - ft Skye Reid Skye10


Juste à côté de son salut chaleureux, il griffonna un petit dessin, en dessous duquel il inscrivit “je suis sûr que tu es radieuse ce matin”. Ça faisait longtemps qu’il n’avait pas dessiné… et il n’avait jamais été particulièrement talentueux non plus. Il avait simplement passé pas mal d’heures à tuer l’ennui en recopiant quelques personnages simplistes qu’il trouvait dans les BD et mangas du bunker.

Puis, satisfait de sa petite blague, il entama le corps de sa lettre. Quelques minutes plus tard, il laissa cette dernière sur le bar, jeta un dernier coup d’oeil à son invitée toujours endormie et quitta l’appartement.
Sören Larsson
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Jeu 3 Oct - 12:23
J'ai la bouche sèche... Et ça sent le tabac. Je dois être chez moi. J'ouvre les yeux, la tête à semi enfoncée dans un coussin qui ne me dit rien, et rapidement, tout me revient; je suis chez Sören, la soirée cinéma, le... Il y a eu autre chose, non? Il fait sombre. Il fait encore nuit? Ça m'étonnerait que j'aie dormi moins de trois heures... Non, il a fermé les volets. Mais attends... Il est où, d'ailleurs?

Je pousse sur mes bras pour relever ma carcasse. Si seulement mon foie marchait cent fois plus vite, lui aussi... J'ai soif. D'un mouvement mou, je regarde autour de moi. Rien... Enfin, des bières. Vides, en plus. Je me lève, et je marche sur un carton à pizza. C'est TOUJOURS annonciateur d'une merveilleuse journée... En plus, j'ai gardé mon pantalon. J'me sens dégueulasse. Je me traîne vers la cuisine, c'est la première fois que je rentre dans le petit espace... C'est plutôt bien aménagé. Comparé à l'état du reste de l'appartement, en tout cas. Je tiens mes cheveux, pour boire directement au robinet.

Je m'essuie la bouche d'un mouvement de main et je reviens vers le canapé. Où est mon nano? J'ai besoin de savoir l'heure...

Tiens?

Une page arrachée avec un dessin, sur la table. J'ai pas souvenir de ça. Je la ramasse. C'est... C'est moi? Je crois. C'est sensé être moi? Finalement, j'en suis sûre en remarquant le tshirt Star Wars, que je porte en ce moment... C'est plutôt mignon, mais je bave, sur le dessin, alors j'arrive pas à savoir s'il cherchait à se moquer ou non. En tout cas, il a réussi à m'arracher mon premier sourire de la journée. Mais au fait, il est quelle heure...? Mes yeux se reposent sur la feuille.

“Coucou petit ange !”

"Petit ange"? Là, c'est sûr, c'est de la moquerie.

“je suis sûr que tu es radieuse ce matin.”

J'ose même pas me regarder dans le miroir. Tout en lisant, je vais vers le volet pour le rouvrir avec la commande murale. Le soleil m'aveugle un moment. Radieuse, je sais pas, irradiée, sûrement. Je cligne des yeux, et reviens vers le canapé.

“Ton disciple est parti accomplir sa grande quête initiatique. J’espère presque que ta consommation abusive d’alcool t’a fait oublier cette partie de la soirée… la surprise serait encore plus dingue. Enfin, si j’y arrive.”

De quoi il parle...? Je ferme les yeux, le temps de faire taire les tambours dans mon crâne. Le film... Les pizzas... La bière, beaucoup... La fin du film. Une quête initiatique...? Une seule chose est certaine : en pleine gueule de bois, je suis tout à fait incapable d'utiliser ma capacité.

“J’ai hésité à te séquestrer, mais j’ai pas trouvé de quoi t’attacher à une chaise. Du coup, je t’ai laissé le double des clés sur le bar si tu veux partir. Préviens moi par contre, que je te ramène pas un SUPER truc à bouffer à midi (oui, c’est une invitation) pour rien.”

Je ris un peu. Il est à la fois très maladroit et plutôt direct, c'est un drôle de mélange. Mais, on s'ennuie pas souvent avec lui... Rester manger ici? Je récupère mon nano, enfoncé entre deux coussins du canapé. 11h23... Bon, j'ai déjà fait largement pire, mais quand même... Je regarde sur le bar. Je ne les avais pas vues la première fois en passant dans la cuisine, mais elles sont bien là, les clés posées sur le comptoir.

“Je te fais confiance pour ne pas te laisser mourir. Tu trouveras à bouffer dans la cuisine, tu peux me piquer des fringues, une serviette… bref, fais comme chez toi, je veux pas te retrouver toute déshydratée sur mon canap’ quand je rentrerai.”

Une serviette... Oh, putain, oui, une douche! Mon futal est dégueu, mon haut pareil. J'ai dû transpirer dedans toute la nuit. Super glamour. Je me lève, et j'avance vers le couloir où je n'ai pas encore été. D'un côté, la salle de bains, de l'autre, la chambre...

“J’ai jamais trop compris comment on témoignait tel ou tel niveau d’affection à la fin des lettres, donc pour toi ce sera…

Bisou xoxo.


-C'toi le xoxo.

Je parle tout haut en déposant lettre sur le comptoir, à côté des clés. Puis, direction la salle de bains. Plutôt classe... C'est vraiment à la salle de bains qu'on voit la valeur d'un appart. Ou alors, je dis ça parce que la mienne était pourrie avant d'arriver dans la coloc. Je retire mon pantalon, puis mon tshirt, et je les fous en boule dans un coin. Pareil pour la culotte, un de mes trois achats récents, avec Solveig, lors de cette rencontre improbable... Je regarde s'il y a une serviette dans le coin, et oui. J'entre dans la douche, et j'allume l'eau... Une violente gifle le temps que l'eau froide devienne tiède suffit à me réveiller à moitié. La tête en arrière, je secoue mes cheveux sous l'eau. Je passe la main sur ma nuque, je sens le très léger relief tatouage en forme de nuage...

J'ouvre la bouche. J'ai l'impression d'avoir mangé un morceau d'éponge, je laisse l'eau couler un moment comme ça, avant de finalement me passer du savon sur le corps.

En sortant, je vais déjà beaucoup mieux. Je m'essuie vite fait avec la serviette, puis je l'enroule autour de mes cheveux après les avoir frottés comme une dingue. Toute nue, je regarde mes fringues en boule par terre avec une certaine appréhension... J'ai pas vraiment envie de remettre ça.

“...tu peux me piquer des fringues, une serviette… bref, fais comme chez toi”

Après tout, c'est lui qui a proposé! Je traverse le couloir pour aller dans la chambre de Sören. On fait pas vraiment la même taille, mais... Je vais bien trouver quelque chose?
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