Aux informations de Central News, les images de la manifestation mettaient en scène trois élèves et un professeur du NEST. Kelya, Skye, Heidi et Kayn. Leur implication est inconnue, mais les images ont beaucoup tourné, difficile de les manquer.
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On parle également, parmi les victimes, d'un turne avec deux rangées de dents pointues. Violent, proche des milieux terroristes, il est annoncé qu'il trempait dans plusieurs réseaux de trafic d'enfants. Des photos ignobles ont été retrouvées sur son nanocom et de l'ADN sur ses dents, prouvant qu'il s'adonnait au cannibalisme.
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Depuis la manifestation, les turnes sont très restreints dans leurs droits civiques. Couvre-feu, certains magasins interdits, plus de présomption d'innocence... Une atmosphère étouffante s'est emparée des rues. Heureusement, au NEST, il n'en paraît rien, pour les pensionnaires.
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Au NEST, on raconte dans les couloirs qu'il se passerait quelque chose entre le prof d'anglais et l'infirmière... Ils sont faits pour s'entendre, aussi calmes et posés l'un que l'autre...
Non...Pitié ne me faites pas ça... Pitié non..Non ! NON !
Eleonore se réveille en sursaut, les draps trempés par sa sueur. Elle regarde autour d'elle : pas de doutes, c'est bien la chambre de l'appartement miteux qu'elle a dû louer après sa démission de la F.A.T.E il y a quelques mois. Bien moins bon que son logement de fonction qu'on lui avait donné, elle pouvait même supporter le bruit de cette partie de la banlieue qui n'était pas vraiment sage tant qu'elle pouvait être le plus loin possible de son ancien travail. Tout en reprenant sa respiration, elle essayait de calmer son corps qui tremblait de toute part. Encore ce cauchemar, celui où elle voit un Turne se faire tuer par l'un de ses prototypes qu'elle a conçu à la F.A.T.E. Elle se demande également ce qui se passera le jour où la société décidera de sortir le produit final, terminé par un autre agent qui aura pris sa place de bon coeur, mais elle espère surtout qu'il ne sortira jamais.
Elle se lève ensuite, bien décidée à prendre une douche au vue de la sueur qui ruisselait sur son corps à cause de ce cauchemar. Elle part donc en direction de la salle de bain tout en allumant les informations à la télé, un réflexe qu'elle a adoptée depuis des années. Après avoir pris une douche raffraichissante, elle retourna dans le salon, la serviette autour du corps tout en regardant la télévision. Il y avait encore cet avis de recherche contre une Turne apparemment qui avait violenté un homme dans un fast-food en compagnie d'une femme aveugle, mais rien d'alarmant par rapport à la situation après la manifestation. Elle pouvait donc sortir sans soucis pour tenter encore une fois de trouver un travail. Eleonore passa toute la journée à postuler partout, des contrôleurs de qualité aux personnels de fast-food mais encore une fois sans succès. Il fallait se rendre à l'évidence : personne ne voulait d'une femme qui a quitté la F.A.T.E à peine un an après avoir été embauchée de peur que ce soit une employée qui démissionnerai facilement, et bien qu'elle ai fait des réserves auparavant, 10 bitcoins ne lui suffiront pas à manger après ses deux mois de nourritures composées principalement de plats instantanées et de conserves.
Finalement, d'un long soupir, elle finit par atterrir sur un banc du grand parc près du N.E.S.T, désespérée. Que faire maintenant ? Ouvrir sa propre entreprise ? Ou alors rejoindre le N.E.S.T ? Cette dernière solution lui parcourt le dos d'un frisson, comment pouvait-elle rejoindre le N.E.S.T après ce qu'elle avait fait à la F.A.T.E ? En regardant autour d'elle les différents passants, elle stoppe son regard sur une personne plutôt étrange, ou du moins une personne qui lui paraît familière. Au bout de quelques secondes, la personne sous la capuche ne fait aucun doute : c'est la Turne qu'elle voit aux infos tous les jours ! Eleonore regarde alors à droite, puis à gauche avant de se lever tranquillement et d'aller la voir. Elle ne sait pas elle-même ce qu'elle fait, ni même ce qu'elle pourrait lui apporter, mais si elle peut éventuellement aider quelqu'un, c'est bien cette Turne qu'Eleonore doit aider.
Excuse moi, je peux te parler deux minutes ?
Eléonore Lacroix
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Sam 31 Aoû - 1:05
Une rencontre inattendue
Lele
Vendredi, 16h, cours de musicologie.
« -Aujourd’hui nous aborderons une pièce bien connue : la 9ème symphonie de Beethoven qui.. Je vous entends souffler, une remarque mademoiselle Langley ?
-Non non, allez-y continuez vous n’avez pas encore dit de conneries. Quoi que, on ne pourrait pas se pencher sur quelque chose de plus intéressant pour une fois ?
-Ah bon, et cette pièce n’est pas assez bien pour vos oreilles, mademoiselle Langley ? Dans ce cas là deux choix s’offrent à vous : soit vous me laissez continuer mon cours en paix, sois vous sortez de cette salle mais je ne vous laisserai pas perturber vos camarades aujourd’hui.
-Très bien, alors je vais choisir la première option. »
Me voilà donc libérée de ma dernière heure de cours de la journée, et aussi de ma semaine. C’est le prof qui m’a proposé de sortir alors j’espère bien ne pas recevoir de blâme pour ça, ce serait un comble. Enfin, je travaille à 20h ce soir, donc j’ai un peu de temps à tuer. Il faudra bien sûr que je rentre à mon nouvel appartement poser mes affaires et récupérer une ou deux babioles mais là, maintenant, j’ai un peu plus d’une heure tranquille et je sais exactement ce que je veux en faire.
Vêtue de mon sweater noir à capuche tout récemment lavé de mon sang, d’un slim en cuir noir et de mes bottines tout aussi noires, je me dirige d’un pas décidé vers le grand parc. Je ne sais pas pourquoi il est juste à côté du NEST, ou pourquoi c’est le NEST qui est construit à côté, mais après avoir passé dix jours presque tout le temps enfermée dans une chambre d’hôpital avec vue sur cette grande étendue de nature contrôlée artificiellement, je n’ai pas pu m’empêcher de voir naître en moi un besoin récurrent de le visiter régulièrement.
Alors me voilà fraîchement postée sur un banc, capuche sur la tête pour me rendre inabordable, écouteurs dans les oreilles pour m’isoler de ce monde de merde et lunettes teintées pour cacher mes cernes violacées. Pour peut-être la millième fois de ma vie, je regarde mon baladeur, fais défiler les dizaines d’albums qu’il contient jusqu’à arriver à celui qui m’intéresse : Carmen. Je ne suis pas spécialement énervée, mais pas non plus forcément de bonne humeur, alors rien de tel que mon opéra préféré pour m’évader d’ici. Ce coin d’herbe taillée au millimètre est ce qui se rapproche le plus des prairies infinies dont je rêvais quand j’étais gamine, alors ça fera bien l’affaire.
Les yeux fermés et une expression de concentration intense sur le visage, les morceaux défilent et je me sens de plus en plus légère. Jusqu’à ce qu’un élément perturbateur ne casse cette légèreté et me fasse retomber au sol comme une figurine de plomb dans un sursaut d’effroi.
« Excuse moi, je peux te parler deux minutes ? »
Après quelques secondes nécessaires à mon cœur pour reprendre un rythme acceptable, je lève enfin les yeux vers la personne qui vient de m’interpeler. Je ne la connais pas, et il n’y a aucune chance pour qu’elle me connaisse ou me reconnaisse. Les lunettes et la capuche servent aussi à ça ; en ce moment traînent quelques vidéos où on me voit fuir la manifestation en compagnie des autres. Je l’ai regardée, au moins une fois, et par chance mes yeux sont dans l’ombre de ma capuche et il est impossible de tirer des conclusions avec la faible qualité de la caméra de surveillance. Mais en me voyant accompagnée de trois autres turnes, évidemment ça éveilles peut-être les soupçons.. Bordel dans quelle merde je me suis encore fourrée moi..
Enfin, c’est vrai que je n’avais même pas remarqué que je m’étais habillée presque comme ce jour là, alors facile de me reconnaître quand même.. Et merde.
« Tu dois te tromper de personne, on se connaît pas. »
J’ai lancé ces quelques mots dans un ton froid mais encore teinté de la frayeur qu’elle m’a causée il y a quelques instants. Je ne fais rien de mal, je suis juste assise toute seule, même une statue serait plus gênante que moi en cet instant, alors je ne comprends pas ce qu’elle veut. Elle n’a même pas l’air mal intentionnée, ce qui pique encore plus ma curiosité, et par la même occasion ma méfiance.
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