Première Volte-face : 127, avenue Newston

"Viens quand tu veux". Tu avais pas plus vague, Zack? D'ailleurs, quand il a parlé, hier, sur le message de mon nano,"d'un contrat pour moi", est-ce que Zack voulait dire que c'était là où se déroulait l'affaire, ou bien l'adresse du cabinet? Si c'est le second cas, c'est plutôt pratique. C'est pas très loin de chez moi. Je sais pas s'il est du genre à avoir fait gaffe à ça; c'est vrai qu'il sait ou j'habite, il m'a ramenée l'autre fois à moto.

En marchant, je me demande ce qu'il entend par "acheter le matériel", aussi. Je m'attends à arriver dans un petit studio vide, genre, aucun meuble, avec juste Zack allongé au milieu sur un futon, ou un truc du genre. Est-ce qu'il y a au moins des meubles, et qu'il parlait juste... D'un ordinateur, d'un bureau, de casiers, j'en sais rien?

Bon, inutile d'y penser pour le moment. Avenue Newston... J'y suis presque. Je suis venue un peu les mains dans les poches... En même temps, je ne vois pas de quoi je pourrais avoir besoin; tout dépendra de ce fameux "contrat" qu'il a trouvé pour moi. Est-ce que ça signifie qu'il ne participera pas...? En tout cas, s'il participe, j'espère qu'il est remis de sa gueule de bois, parce que même par message, je pouvais sentir l'éthanol s'évaporer.

Okay... Je suis devant. Alors... C'est ça?

Le local devant lequel Skye se tenait faisait plutôt penser à une petite boutique qu'à un quelconque "bureau de détective".
Une double porte, entouré de deux vitrines de deux mètres de long, sur lequel trônait une écriture partiellement effacée. En plissant le regard, on pouvait lire "Notaire".
Nul doute qu'il allait falloir changer cela, en plus de nettoyer et réparer les lieux. Les vitrines avaient plusieurs fissures sur la grande majorité de leur surface.

Était-ce vraiment là ?
Oui, sur la porte à double battant, et fermée, il y avait un papier accroché de l'intérieur.

Papier a écrit:

"Zack Nelvas, Détective privé

Local en cours de rénovation, frappez fort puis entrez"

En jetant un coup d'œil à l'intérieur, à travers les vitres poussiéreuses, on pouvait voir un bureau, deux chaises, un casier.
Le tout en plein milieu de la pièce.
Un balai, un seau, une serpillère et divers produits ménagers venaient à accompagner ce tableau qui faisait plutôt penser à un déménagement qu'à un emménagement.

En parlant de déménagement, une vieille camionnette, blanche à l'origine mais majoritairement couleur "rouille", si c'était vraiment une couleur, déboula dans l'avenue, crissant de toute part, cahotant de tous les côtés malgré le bon état de la route, zigzagant parfois.
Comme la vitrine de la boutique, il y avait des écritures partiellement effacée "The Rockbop Band".

A la place conducteur, Skye pouvait reconnaître Bebop. Juste à côté il y avait Rockstaddy et enfin Zack.
Dans la camionnette, les fameuses fournitures certainement, au vu du boucan dégagé à chaque mouvement du véhicule.

Avec l'aide des deux compères, Zack avait récupéré quelques affaires dans son ancien squat.
Quitter l'endroit lui avait paru étrange mais maintenant qu'il avait ce local, il ne lui servait plus à rien.
Il avait donc récupéré le frigo, le canapé et quelques ustensiles comme une bouilloire électrique

Voyant Skye devant les locaux, Zack passa la tête à travers la vitre de la camionnette et leva sa main vers le ciel pour saluer Skye.

- Hey !

Quelques secondes plus tard, la camionnette s'arrêta devant le local, dans un gémissement plus que plaintif.
A se demander si elle pourrait repartir.

"Oh ! Salut Skye !" "Skye ! Salut !"

Les trois hommes descendirent du camion et après un bref serrage de main avec Skye, Bebop et Rocksteaddy allèrent à l'arrière du camion. et commencèrent à décharger tandis que Zack ouvrit la porte, avant de se tourner vers sa future collaboratrice.

- Ca va ? Pas trop craignos pour venir jusqu'ici ?

Il avait dit cela avec un léger sourire.
Oui, Zack avait pensé à Skye avant de louer les locaux. Un endroit dans la Bordure, assez proche de la banlieue.
C'était un peu craignos mais pas trop non plus. De quoi faire affluer deux clientèles différentes, tout en permettant à Skye de pas trop s'emmerder à venir jusqu'ici.

- C'est cool que tu sois venu !

"Zack ! Un coup de main pour ton canapé, il pèse aussi lourd qu'un éléphant."

- Ouais, ouais.

Bien que visiblement emballé par ce qu'il se passait, le colosse semblait épuisé. Il avait une gestuelle plus raide qu'habituellement, notamment au niveau de l'épaule gauche.
Il n'avait pas sa paire de lunettes non plus, révélant des cernes excessivement marqués.
Quant à sa tête, elle faisait l'objet de nombreuses coupures légères, comme s'il s'était pris les éclats d'une vitre qui aurait explosé sous une quelconque force.

Le colosse se dirigea vers l'arrière de la camionnette et aida les deux amis à sortir le canapé.

J'ai du me planter. Une vieille boutique, un notaire apparemment, on voit encore les traces de colle des lettres qui ornaient la vitrine... Mais, non, c'est bien ici. En m'approchant, je peux lire sur un papier imprimé un peu à la va-vite le nom de mon ermite ninja. Détective privé... Alors, ça y est, il a sauté le pas. Je mets mes mains autour de mes yeux pour les coller à la vitre et observer, à travers la poussière, les quelques meubles qui trônent là, dans un royaume de poussière.

Mouais. Une très bonne illustration de l'expression "strict minimum". Apparemment, il est en train de nettoyer, y'a tout un tas de produits ménagers contre le mur... Attends, il m'a quand même pas fait venir pour ça, hein? Et puis il est ou, d'abord...? Ça a l'air vide, ce truc...

Pendant que j'espionne l'intérieur du "bureau", un espèce de vieux tacot électrique déboule dans l'avenue. Il fait tellement de bruit que je suis presque forcée de me retourner, et j'ai eu raison; je reconnais Bebop et Rocksteady à l'avant, les deux gentils loubards élèves au dojo du maître de Zack. D'ailleurs, lui aussi est là, juste derrière eux. Je m'écarte un peu pour les laisser se garer, Zack sort la tête pour me saluer, je lui rends son signe de main en retour.

- Hey !

Ils descendent de l'espèce de cadavre de véhicule qui renfermait quelques autres meubles, frigo, canapé et quelques trucs. Que du... Enfin, pas du neuf, disons. Les trois descendent et je salue les deux comparses du détective. Ils sont toujours aussi sympa; je me rappelle la première fois que je les ai vus, la claque que ça m'avait mis, la différence entre leur aspect et leur discussion. Ils commencent à décharger la camionette, et Zack se tourne vers moi après avoir ouvert la porte.

- Ca va ? Pas trop craignos pour venir jusqu'ici ?

- Nan, c'est plutôt proche et c'est sur l'avenue, pas dans une ruelle... Ça t'a pas coûté trop cher d'ailleurs?

- C'est cool que tu sois venue !

"Zack ! Un coup de main pour ton canapé, il pèse aussi lourd qu'un éléphant."

- Ouais, ouais.

Que je sois venue...? Ben, c'est lui qui me l'a demandé... Quoi que, c'est vrai qu'il m'avait laissé le choix. J'imagine qu'il y avait une part de curiosité. Et puis, c'est moi qui lui ai proposé de l'aide, à la base! En tout cas, il avait l'air complètement crevé. Les cernes, les mouvements qui trahissent quelques courbatures... Il a fait ça rapidement, et probablement tout seul pour la majorité. Je parierai même que c'est Bebop et Rocksteady qui se sont portés volontaires pour l'aider, contre son avis. Et les voilà, à descendre tous les trois le canapé.

Mais, la fatigue de l'emménagement n'expliquait pas tout. Il était blessé au visage. Des griffures, ou plutôt des coupures, vu la courte longueur des entailles. Le genre qu'on ne peut se faire qu'en passant la tête à travers une vitre sans l'avoir ouverte avant.

- C'est en rapport avec la fameuse affaire, ta tête d'Edward aux mains d'argent?

Je passe derrière eux pour transporter d'autres trucs; une bouilloire, un peu de vaisselle...

- Nan, c'est plutôt proche et c'est sur l'avenue, pas dans une ruelle... Ça t'a pas coûté trop cher d'ailleurs?

- Putain que si... Entre la caution, vachement élevée sous prétexte que j'fais un métier dangereux, les loyers d'avance, l'assurance... La place pas trop dégueulasse... Bref, ça coûte. Et vu ma gueule, le type avait bien envie de refuser au départ. J'ai dû sortir ma plaque. Et quand j'ai voulu payer directe, il m'a regardé comme ça.

Il haussa un sourcil tout en plissant les yeux et en tordant ses lèvres. Mimique légèrement accentuée pour apporter une dimension comique à la réaction du type.

- Bref, j'suis... Pas en rade, mais pas loin. En gros, reste l'ordinateur à acheter, quelques trucs et j'pourrai finir mon mois avec des pâtes. Bordel, ça m'est pas arrivé depuis mon adolescence, le coup dans la gueule !

Il se mit à rire.
Putain, c'que ça lui plaisait ce changement. Être son propre patron et faire ce qu'il voulait, en restant dans les limites de la légalité, bien sûr.


"Zack ! Un coup de main pour ton canapé, il pèse aussi lourd qu'un éléphant."

- Ouais, ouais.

Il alla donc filer un coup de main aux deux zigotos, qui se plaignirent du poids du canapé. L'un blaguant sur le fait qu'il cachait des trucs dedans.

- Faites pas vos mauviettes, les gars... Sinon j'le balance à Ludo et il vous mettra à des exercices pour muscler tout ça...

Ludo, Ludovic de son prénom, était le fameux maître du dojo.
Bebop et Rocksteaddy grimacèrent de concert, avant de soulever le canapé aidé par Zack, qui ramait également.
Difficilement, ils se dirigèrent vers le local.

- C'est en rapport avec la fameuse affaire, ta tête d'Edward aux mains d'argent?


- J'sais pas qui est ton "Edward". Ma gueule, c'est à cause de mon autre boulot.

Il n'y avait pas que la gueule, bien entendu, Mais Zack n'avait pas vraiment envie d'en parler pour le moment.
Enfin, pas tout de suite, quoi.

- Et du coup, c'est quoi ton Edward aux mains d'argent ? Un voleur ?

Le trio fit passer le canapé à l'intérieur, allant le placer sur le mur de droite. Les deux compères retournèrent à la camionnette pour aller chercher le reste du matos, tandis que Zack restait avec Skye, les bras sur les hanches et contemplant son "royaume".


- Bon, ça paye pas d'mine pour le moment...

En effet.
Bien qu'ayant entamé un peu de ménage, les murs étaient encore sale, le plancher avait besoin d'être salement récuré avec toutes les tâches dessus... Des lumières qui pendaient aux  plafonds dans des fils dénudés.

- Va falloir bricoler un peu ! Mais bref ! J'te fais rentrer dans ma tête. Ici, c'est l'accueil. Faudrait mettre un bureau juste devant pour accueillir les gens. A notre gauche, j'pense, à terme, mettre une sorte de petit salon. A notre droite, comme tu peux le voir à travers les vitres, ça sera le bureau pour écouter le client. Si on prend la porte sur notre gauche, on atterrit dans un couloir.

Il s'avança jusqu'à la porte afin de l'ouvrir et d'inviter Skye à le suivre.
Le couloir était assez large pour se tenir côte à côte. Les murs qui leur faisaient face comportaient des vitres, tout le long.
Cela permettait à Skye de voir une salle sur la gauche et une grande pièce face à elle avec une kitchenette toute à droite.

- Là, à gauche, ça sera les "archives"... Bon, pas sûr qu'il y aura grand-chose à mettre dedans mais j'sais pas quoi d'autres y foutre. Tout au fond à droite, y a une porte qui permet de rejoindre le bureau dont je t'ai parlé.

Puis il désigna la salle avec la kitchenette, qui formait une sorte de grand salon, un lieu de vie.

- Bah là, c'est là où j'vivrai. Tout au fond à droite, à côté de la cuisine, t'as une salle d'eau. Mais pareil, y a des travaux à faire dedans. Quand l'ancien propriétaire est parti, des mecs se sont mis à squatter ici. L'agence a bien appelé les flics, mais les gars s'barraient et revenaient. Des chances qu'ils débarquent, donc. J'ai mené ma petite enquête avant... C'pour ça que j'ai pu faire baisser un poil le prix, mais bon, ça reste cher.

Il se retourna vers Skye, un sourire montrant toutes ses dents.

- J'adore ce changement. Y aura plus qu'à aménager tout ça. T'en penses quoi toi ?

- Putain que si... Entre la caution, vachement élevée sous prétexte que j'fais un métier dangereux, les loyers d'avance, l'assurance... La place pas trop dégueulasse... Bref, ça coûte. Et vu ma gueule, le type avait bien envie de refuser au départ. J'ai dû sortir ma plaque. Et quand j'ai voulu payer directe, il m'a regardé comme ça.

La tête que Zack imitait, c'était plus ou moins celle que je voyais tous les jours quand je voulais faire des courses. Fringues, bouffes, ou même des revues scientifiques... Faut croire qu'il n'a vraiment pas l'air solvable si les gens ont autant de réticence à lui vendre quelque chose qu'à un turne.

- Bref, j'suis... Pas en rade, mais pas loin. En gros, reste l'ordinateur à acheter, quelques trucs et j'pourrai finir mon mois avec des pâtes. Bordel, ça m'est pas arrivé depuis mon adolescence, le coup dans la gueule !

- Si tu veux, une copine m'a montré une boutique d'informatique sympa et pas trop cher, près du Dusk2Dawn... Bon, faut bricoler un peu, mais ça sera toujours mieux qu'une machine préfabriquée et bourrée de failles.

Au moins, toute cette histoire a l'air de le hyper de fou. Il s'amuse, et pour lui le jeu en vaut la chandelle... Il part aider les deux autres à déplacer le canapé. Il est énorme, son truc. Je suis sûre qu'il a plus souvent dormi dessus que dans son propre lit. Les gars font une vanne sur le poids du meuble, et Zack leur envoie une pique.

- Faites pas vos mauviettes, les gars... Sinon j'le balance à Ludo et il vous mettra à des exercices pour muscler tout ça...

D'après la phrase, et la réaction des potes de Zack, "Ludo", c'est le fameux maître du dojo. Il a l'air plutôt sévère. J'attends toujours de le rencontrer... Maintenant que j'ai un prénom, j'essaye, mentalement, de reconstruire un visage pour aller avec. Vu l'allure du dojo, c'aurait été simple de me représenter un vieil asiatique barbu. Simple, et un brin rétrograde, aussi. Je chasse ces pensées inutiles de ma tête, je verrais bien le moment venu.

- C'est en rapport avec la fameuse affaire, ta tête d'Edward aux mains d'argent?

- J'sais pas qui est ton "Edward". Ma gueule, c'est à cause de mon autre boulot.

J'ai tendance à oublie que tout le monde n'a pas ma mémoire. Un vieux classique du siècle dernier. Zack n'est probablement pas un grand cinéphile.

- Et du coup, c'est quoi ton Edward aux mains d'argent ? Un voleur ?

- Un type avec des ciseaux greffés à la place des doigts. Du coup, il a des entailles plein la tronche. Enfin, peu importe. Ton autre boulot te fait traverser des parois en verre...?

Une fois tout le mobilier entré dans la boutique, l'endroit commençait vaguement à ressembler à quelque chose de vivable. Assez vaguement.

- Bon, ça paye pas d'mine pour le moment... Va falloir bricoler un peu ! Mais bref ! J'te fais rentrer dans ma tête. Ici, c'est l'accueil. Faudrait mettre un bureau juste devant pour accueillir les gens. A notre gauche, j'pense, à terme, mettre une sorte de petit salon. A notre droite, comme tu peux le voir à travers les vitres, ça sera le bureau pour écouter le client. Si on prend la porte sur notre gauche, on atterrit dans un couloir.

Je le suis dans son voyage mental. On croirait une jeune mère de famille qui vient de s'installer dans une maison assez grande pour son gosse et un chien, et qui se projette déjà près de la cheminée en train de tricoter une écharpe ou je sais pas quoi... Je souris en l'imaginant en train de tricoter, alors qu'il m'emmène dans le couloir qui relie les différentes salles.

- Là, à gauche, ça sera les "archives"... Bon, pas sûr qu'il y aura grand-chose à mettre dedans mais j'sais pas quoi d'autres y foutre. Tout au fond à droite, y a une porte qui permet de rejoindre le bureau dont je t'ai parlé.

Hm. Des archives... C'est vrai que dans ce genre de cas des archives informatiques ne suffisent pas et qu'il faut de la place pour entreposer les documents et autres dossiers, mais de là à avoir une pièce complète...? Enfin, au moins, il y avait des vitres. Peut-être qu'y installer un petit bureau en plus, doté d'un ordinateur prévu pour les travaux un peu plus... "discrets". Je repense au module proposé par Solveig, ça pourrait être intéressant d'en utiliser un ici.

Ensuite, il me montre la pièce de vie. Apparemment, l'état des lieux n'a pas été fait dans le plus grand des calmes. On voit bien qu'il y a eu de la vie ici depuis la fermeture du notaire, et pas forcément la forme la plus évoluée.

- Bah là, c'est là où j'vivrai. Tout au fond à droite, à côté de la cuisine, t'as une salle d'eau. Mais pareil, y a des travaux à faire dedans. Quand l'ancien propriétaire est parti, des mecs se sont mis à squatter ici. L'agence a bien appelé les flics, mais les gars s'barraient et revenaient. Des chances qu'ils débarquent, donc. J'ai mené ma petite enquête avant... C'pour ça que j'ai pu faire baisser un poil le prix, mais bon, ça reste cher.

Moi, j'aurais carrément attaqué le mec en justice et tenté d'avoir le bail gratuitement. Enfin, je comprends... Moi et Kelya, on est dans un appartement étudiant, plus ou moins prévu pour nous - et encore, on nous a entassées sans trop nous demander notre avis. Mais dans une ville littéralement sous cloche, l'espace libre est une denrée de plus en plus rare. Enfin, bien sûr, de la place, il y en a dans la Bordure, plus que dans le Département Scientifique, mais le fait de ne pas pouvoir "étendre" Central Point en fait une zone immobilière particulièrement incommode... Au niveau des prix, surtout. Bah, en tout cas, ça a l'air de plaire à Zack.

- J'adore ce changement. Y aura plus qu'à aménager tout ça. T'en penses quoi toi ?

- Eh bah t'es quasiment sur les rails, prêt à te lancer... Bon, faut pas écrire "décoration d'intérieur" sur la porte, mais sans ça, tu peux déjà quasiment recevoir du monde. Enfin, si tu leur fais pas voir plus que la salle d'attente et le bureau.

Les gars avaient enfin terminé et s'étaient écroulés dans le canapé. On va les rejoindre et je me pose entre les deux, le temps que tout le monde se repose; on discute un peu, on rigole en parlant des vieux meubles de Zack, de son crâne, des lunettes roses de Bebop qui sont passées de mode d'au moins un siècle et demi... Puis, Rocksteady se met à me chambrer sur ma taille, je le cogne sur le genou pour faire bonne mesure. Pendant qu'il se tient la rotule, Bebop me demande mon numéro. Je finis par l'échanger avec les deux comparses, avant que la conversation ne revienne sur le cabinet de détectives.

- Tu pourrais peut-être ajouter un second bureau dans les archives, un truc moins "façade publique".

On discute encore de quelques améliorations (dans le désordre, une lampe qui change de couleurs, des stores à lamelles pour faire comme dans les vieux films, un four à pizza...) et, finalement, le sujet arrive sur la raison première du message que Zack m'a envoyé.

- Du coup, t'avais parlé d'une affaire...?

- Si tu veux, une copine m'a montré une boutique d'informatique sympa et pas trop cher, près du Dusk2Dawn... Bon, faut bricoler un peu, mais ça sera toujours mieux qu'une machine préfabriquée et bourrée de failles.

- Ah ouais, pourquoi pas.... Mais comme je t'ai dit, j'suis pas à l'aise. Tu m'accompagneras ? Ou j'te file une enveloppe, t'y vas et le surplus tu le gardes pour toi. Comme tu veux.


Il s'arrêta un cours instant... Perplexe. C'était lui qui venait de proposer de filer de la thune là comme ça et de garder le surplus ?
On ne pouvait pas dire qu'il était vraiment radin, enfin si, enfin non. C'plutôt qu'il avait tendance à garder pour lui.
Ouais mais là, il demandait un service, normal qu'il paye. Ça n'avait pas trop de rapports quoi.

- Ouais, on peut faire comme ça, si ça te va.

Il se reposait ptête un peu trop sur Skye, mais informatiquement, il n'avait pas le choix. Ptête qu'elle lui donnerait des cours et qu'il essayera de suivre, sans être trop trop impatient.
Qu'il crève d'ici quelques semaines, ce n'était pas une raison à s'arrêter de vivre.

Sur ce, retour au déménagement.

- Un type avec des ciseaux greffés à la place des doigts. Du coup, il a des entailles plein la tronche. Enfin, peu importe. Ton autre boulot te fait traverser des parois en verre...?

Ok, elle avait pigé ce qu'il lui était en partie arrivé.
Bon, il n'y avait pas le choix, il allait devoir parler de son autre boulot... Pis bon, il n'était pas obligé de tout dire.

- Ok ok ok, je m'avoue vaincu.

Il avait dit cela en levant les bras, comme pour se rendre, très amusé de la situation.

- La famille Sanders a officiellement signé une alliance avec une société. La signature, c'était l'autre nuit.J'ai dû escorter et protéger la signataire de la famille Landers, la fille chérie de son papa... Mlle Lexy Sanders. Et crois-moi que des gars voulaient vraiment pas que le contrat soit signé.

Ça avait certainement été la pire nuit de Zack.
Une première course poursuite pour arriver au lieu de rendez-vous, puis protéger les deux représentants des organismes pendant la signature, obligeant Zack et l es autres gardes du corps à s'allier pour repousser l'invasion du bâtiment, et enfin une autre course-poursuite pour mettre le contrat en sécurité...
Ca avait été long. Trèèèèèèès long.
Et pour une telle nuit, Zack ne s'en était pas trop mal sorti.

- Je suis son garde du corps, c'est ça mon autre boulot. Mais garde-ça pour toi, s'il te plait. J'te fais confiance.

Après la visite, ils prirent une pause sur le canapé de Zack, se moquant par exemple de son crâne.

- C'pour plus d'aeromachin quand j'fous des coups d'boule !

Il avait préparé un peu de café avec la bouilloire, mais la mise en service du truc fit légèrement grésiller tout le circuit électrique.

- Putain...  Bon, ça aussi à réparer, ok. Vous m'fileriez un coup de main, les gars ?

En parlant de coup de main et de gars, il se dit que ça pourrait être sympa que Kayn passe. Ça faisait longtemps qu'ils s'étaient pas vu.
Aussitôt dit, aussitôt fait, Zack sortit son Nanocom et envoya un message à son ami et ancien coéquipier.
Bebop n'avait pas pu s'empêcher de jeter un coup d'oeil.


"Oh ! Kayn ! Ptain ça fait longtemps qu'on l'a pas vu au dojo... Ca fait quoi Rocksteddy ? 5 ans ?"
"Ouais, un truc dans ce genre, depuis qu'il a déménagé. Pourquoi, c'est à lui que tu proposes Zack ?"

Il aurait aimé sincèrement que les autres ne sachent pas que Zack gardait contact avec Kayn.
Même quand il était partit de l'autre côté de Central Point, Kayn et Zack avait gardé contacts, s'entraidant parfois sur des affaires...
Mais ce qui était important, aujourd'hui, c'était que seul Kayn était en possession de tous les documents de Zack, comme les suspicions à l'égard de Lexy Sanders.
A la mort de Zack, Kayn prendra la relève si le colosse avait échoué dans sa tâche.

- Vous êtes trop curieux les mecs... Trop trop curieux. Mais ouais, on l'a pas vu à la salle depuis 5 ans, depuis qu'il a déménagé. Mais il est revenu dans le coin.

"Ah ouais ? Pourquoi ?"

- Il a eu une fille et il a changé de taffe pour plus de sécurité. Un turne chez les flics, c'est galère tu sais.

"Oh une fille ! Ah ! Je l'imagine bien ! Mlle Vigothia, n'oubliez pas une chose, vos agissements découlent de vos choix, de votre moral. Agissez donc avec parcimonie. Relâchez donc cette tétine, il est l'heure de manger."

La parodie de Bebop imitant Kayn cherchant à nourrir sa fille fit rire Rocksteddy, Zack envoya une taloche à l'arrière du crâne de l'imitateur.

- Gaffe, sinon j'lui dis de passer au dojo histoire qu'il te foute la fessée.

"Aïïe ! Avec plaisir ! On s'fera un barbeuc ! Ca sera top ! Ca te dit Skye ?"

Zack poussa un soupir, tout en laissant le soin à Skye de répondre.

La conversation repartit sur divers sujets, comme un four à pizza.
Ceci dans la joie et la bonne humeur, tout en buvant un café, agrémenté de rhum pour les trois gaillards.

- Tu pourrais peut-être ajouter un second bureau dans les archives, un truc moins "façade publique".

- Ah ouais, pas con... Mais ça veut dire un deuxième ordi et un autre bureau ça... Bon, pour le bureau, une table devrait suffire. Pour l'ordi bah on ira voir à ta fameuse boutique.

Il avait porté sa main à son menton, caressant inconsciemment son bouc dans une mimique de réflexion.
Ça allait plus être des pâtes qu'il allait bouffer mais des cailloux. Bon après, niveau local il n'avait plus rien à dépenser, hormis les quelques réparations mais l'arrière-boutique pouvait attendre un peu.
Et puis il avait déjà deux affaires en attente.

Ils partirent sur d'autres sujets, toujours en riant.
Ce moment fît sincèrement du bien à Zack. Les deux compères étaient de véritables pitres, un vrai duo comique
Mais Skye semblait plus ou moins s'impatienter de quelque chose... La raison de sa présence ici ?

- Du coup, t'avais parlé d'une affaire...?

- Ouais...

Zack se tourna vers Bebop et Rocksteddy, tout en leur souriant.

- Bon, les mecs, c'est pas qu'on va discuter affaire, Skye et moi, mais si. J'vous remercie et ouais, j'vous dégage.

Il avait dit cela en riant, tout en tapant fortement le dos de Bebop.

"Ouais, ok ! Tu passeras à notre concert au Last Rock ? Y aura tout le dojo ! Parles-en à Kayn, ça fera plaisir à tout le monde de le voir... Et Skye, t'es la bienvenue aussi ! On fait du New Hard Symphrock !"

C'était un son... Plutôt tribal, où la voix avait une importance capitale, avec une ambiance électronique, et de la grosse instru.
Un truc ni trop bourrin, même si ça pouvait facilement déborder, ni trop fin.

- Ouais ouais... Allez, cassez-vous ! Et merci !

Une fois les deux compères dehors, Zack alla ouvrir les casiers et en sortit un premier papier.

- Donc, je t'ai pas parlé d'une affaire mais d'un contrat. Le tiens.

Il posa le papier sur le canapé, laissant à Skye la liberté de le prendre, en attendant, cigarette et un autre café.
Il tournait beaucoup trop à ça depuis 48h... Ah non, 72h presque.
Depuis quand il n'avait pas fait une vraie nuit déjà ?

- Tu m'parlais d'un stage, mais voilà, moi j'te propose un CDI en temps partiel avec possibilité d'heures supplémentaires. Toi ça te fait un montant fixe, si c'est plus, que j'pourrai assurer avec mon boulot fixe. T'as aussi la possibilité d'avoir un % sur les affaires qu'on résoud. Je t'ai noté en tant qu'assistante... Voilà, j'me disais que ça serait bien de te faire un truc du genre, mais si tu préfères le stage, on reste sur le stage.

Il préférait lui laisser le choix.
Puis rien n'empêchait de faire un stage pendant un peu de temps, comme une sorte de période d'essai, puis ensuite de basculer sur le CDI.

- Maintenant, il y a bien des affaires, j'ai eu deux demandes...

Zack s'arrêta quelques instants, en pensant à l'affaire qui le touchait le plus...

- La plus importante est l'enlèvement de la fille de Ludo, le maître de notre dojo.

Et ce qui lui faisait assez froid dans le dos, dans cette affaire, c'est que l'enlèvement s'était fait après que Zack se soit confronté à la Mafia.
Y avait ptête pas de liens, mais sa paranoïa lui soufflait que cette histoire, c'était un piège.

- Ah ouais, pourquoi pas.... Mais comme je t'ai dit, j'suis pas à l'aise. Tu m'accompagneras ? Ou j'te file une enveloppe, t'y vas et le surplus tu le gardes pour toi. Comme tu veux.

L'idée de le trimballer dans magasin d'informatique m'amuse un peu, c'est vrai. Je l’imagine comme un vieux dinosaure qui arpente les rayons à la recherche d'un composant dont il n'a la moindre idée ni de l’utilisation, ni de l'apparence... Le genre à chercher un aviron quand on lui demande de la RAM.

- Comme tu veux, c'est sûr que tu te feras peut-être chier dans ce genre de boutique. J'peux le faire, si tu veux.

- Ouais, on peut faire comme ça, si ça te va.

Cette affaire réglée, on a continué à parler, quand finalement, il a été obligé de parler de son fameux "autre boulot". Et là... Autant il l'a pris à la légère, en mode "allez j'me rends, j'avoue tout", autant je dois dire que ça m'a putain de scié les jambes.

- Ok ok ok, je m'avoue vaincu. La famille Sanders a officiellement signé une alliance avec une société. La signature, c'était l'autre nuit. J'ai dû escorter et protéger la signataire de la famille Landers, la fille chérie de son papa... Mlle Lexy Sanders. Et crois-moi que des gars voulaient vraiment pas que le contrat soit signé.

Je l'écoutais encore plus ou moins, mais j'étais bloquée avec la bouche ouverte. C'est sûr, ça explique les cicatrices, le changement de look, ça explique tout, en fait. Mais dans quel genre de monde j'ai pu me retrouver à connaître le garde du corps de ma nouvelle... Employeuse? En tout cas, ça confirme plus ou moins l'idée reçue que j'avais quand au fait qu'elle trempait dans des histoires un peu louches. Il me faut un moment pour sortir de mon mutisme.

- Tu bosses pour LEXY SANDERS?!

J'ai un peu haussé le ton. J'imagine que ça pouvait passer pour la surprise d'apprendre que son boss était une personne influente.

- Je suis son garde du corps, c'est ça mon autre boulot. Mais garde-ça pour toi, s'il te plait. J'te fais confiance.

J'aurais pu laisser les choses où elles en étaient. Mais maintenant que je savais ça, je préférais jouer cartes sur table. Enfin, pour le moment, on rejoignait les autres.

Après un petit souci électrique, Zack décida d'écrire à un ami à lui, un certain Caïn, ou Kane, apparemment un ancien habitué du dojo disparu depuis 5 ans. Un ancien flic lui aussi, mais turne. Ils ont du se connaître pendant leur taf... En tout cas, il habite dans le coin et il a une gamine. Je range toutes les infos dans un compartiment de mon cerveau, et je commence à m'imaginer une montagne un peu comme Rocksteady et Bebop, quand celui-ci fait une imitation du personnage.

"Oh une fille ! Ah ! Je l'imagine bien ! Mlle Vigothia, n'oubliez pas une chose, vos agissements découlent de vos choix, de votre moral. Agissez donc avec parcimonie. Relâchez donc cette tétine, il est l'heure de manger."

- Gaffe, sinon j'lui dis de passer au dojo histoire qu'il te foute la fessée.

"Aïïe ! Avec plaisir ! On s'fera un barbeuc ! Ca sera top ! Ca te dit Skye ?"

- M'sieur Vigothia? Kayn Vigothia? Ben putain, tu m'étonnes qu'il a changé de taf, c'est mon prof de philo...! C'est un ancien flic...? Je commence à comprendre pourquoi il se la jouait commando pendant la manif...

Ca commençait à faire pas mal, alors je décidais de tout lâcher devant les trois mecs, après tout, je faisais peut-être autant confiance aux trois.

- Bah tant qu'on en est aux coïncidences, je préfère te le dire maintenant... Moi aussi, Lexy vient de m'engager pour bosser dans son labo personnel. J'suis laborantine-biologiste moléculaire... Enfin, entre autres, pour son compte. Je saurais même pas comment expliquer comment ça en est arrivé là. Mais, garde du corps pour elle... Ca a l'air d'être le genre à mettre la ville à feu et à sang juste pour avoir son martini à l'heure...

Plus tard, en évoquant l'idée d'un second bureau, il semble plutôt d'accord et propose de profiter de passer à la fameuse boutique d'informatique. Pour payer tout ça, il allait falloir remplir les caisses, et la discussion s'amène finalement sur l'affaire. Il congédie ses deux potes, et après avoir accepté leurs deux invitations, l'une à un barbecue et l'autre à un concert de New Hard SymphRock au Last Rock, Zack me montre enfin de quoi il voulait parler, en me tendant un document.

Un CDI d'assistante du cabinet de détectives privés.

- Donc, je t'ai pas parlé d'une affaire mais d'un contrat. Le tien. Tu m'parlais d'un stage, mais voilà, moi j'te propose un CDI en temps partiel avec possibilité d'heures supplémentaires. Toi ça te fait un montant fixe, si c'est plus, que j'pourrai assurer avec mon boulot fixe. T'as aussi la possibilité d'avoir un % sur les affaires qu'on résout. Je t'ai noté en tant qu'assistante... Voilà, j'me disais que ça serait bien de te faire un truc du genre, mais si tu préfères le stage, on reste sur le stage.

- Ca me va...! J'aurais enfin de la matière pour faire tourner mon cerveau... Parfois j'ai l'impression qu'il va s'éteindre définitivement si je me contente de la vie de tous les jours. Enfin, sans compter les évènements à la con... La manif a été terrible...

- Maintenant, il y a bien des affaires, j'ai eu deux demandes... La plus importante est l'enlèvement de la fille de Ludo, le maître de notre dojo.

- Merde... Ca fait longtemps?

D'une part, ça pouvait expliquer pourquoi je n'avais toujours pas vu le fameux maître, mais d'autre part je demandais surtout ça avec en tête la fameuse statistique qui dit que si on n'a pas retrouvé une personne disparue après 48h, les chances de la retrouver en vie diminuent drastiquement.

- Quel âge elle a...?

Je crains un peu la réponse. Si c'est une adulte, il est plutôt facile d'imaginer ce qui a pu se passer. Les cas "habituels", fuite en amoureux, prise d'otage, plan cul un peu trop psychopathe... Mais si c'est une gamine... Les solutions possibles deviennent beaucoup plus glauques.

- M'sieur Vigothia? Kayn Vigothia? Ben putain, tu m'étonnes qu'il a changé de taf, c'est mon prof de philo...! C'est un ancien flic...? Je commence à comprendre pourquoi il se la jouait commando pendant la manif...

Alors que Zack allumait une clope, et que Bebop et Rocksteddy riaient ensemble de l'imitation, l'intervention de Skye les fît se figer, avant de se regarder entre eux pour finalement fixer leur regard sur Skye.
Un sourire apparaissait sur le visage de Zack... Il y avait quelque chose d'étrange.

- Ouais... Il a tendance à un peu trop se la jouer. Mais malgré qu'il soit turne, il a quand même réussi à finir inspecteur. Et passer de la bordure à la banlieue. C'était compliqué, mais il a toujours tenu.  Bref. Sacrée coïncidence qu'il soit ton prof.

- Bah tant qu'on en est aux coïncidences, je préfère te le dire maintenant... Moi aussi, Lexy vient de m'engager pour bosser dans son labo personnel. J'suis laborantine-biologiste moléculaire... Enfin, entre autres, pour son compte. Je saurais même pas comment expliquer comment ça en est arrivé là. Mais, garde du corps pour elle... Ca a l'air d'être le genre à mettre la ville à feu et à sang juste pour avoir son martini à l'heure...

"What ? Mais What ? Mais t'es qui en fait ?" rit Bebop.
"Ouais ! Hein ! Déjà que tu nous maraves pas mal notre bon Zack et nous-même à l'entrainement, et là tu nous apprends que t'as un putain de cerveau avec ton truc de... Labomachin... J'ai pas retenu le reste." Surenchérit Rocksteddy.

Seul Zack n'avait pas prononcé un mot, tirant sur sa clope tout en fixant Skye, une étrange lueur sombre dans le regard.

- Ah ouais ? Tu bosses pour Lexy Sanders...

Ca le surprenait... Il était légèrement plus... Froid.
On aurait pu croire que ça aurait été sympa que des "collègues" montent une agence de détective privée, mais... Mais... Ce fût plutôt une légère méfiance qui s'empara du colosse.
Mais Skye était turne... Et loin d'être idiote vu ce qu'elle venait de dire. Etait-elle au courant de ce qu'il se passait réellement sous la direction de Lexy Sanders ?
L'affaire se complexifiait.

- Le genre à mettre la ville à feu et à sang juste pour avoir son martini à l'heure... C'est presque ça, ouais.

L'ambiance s'était clairement refroidie.
Zack continuait de fixer Skye, tout en fumant sa clope. Les deux compères se regardèrent sans trop trop savoir quoi dire.

- Et du coup, ce four à pizza ? Vous voulez qu'on en fasse et qu'on livre ? "Pour une enquête commandée, une pizza offerte ?

Changement de sujet, ça ne servait à rien d'aller plus loin.
Zack avait pris sa décision.
Puis était venu le moment de discuter affaire, et les deux amis partirent.
Zack alla donc chercher ce contrat et lui fit sa proposition.

- Ca me va...! J'aurais enfin de la matière pour faire tourner mon cerveau... Parfois j'ai l'impression qu'il va s'éteindre définitivement si je me contente de la vie de tous les jours. Enfin, sans compter les évènements à la con... La manif a été terrible...

La manif... Quelle idée.
Encore une fois, le visage de Zack reprit une mine sévère.

- Fallait vraiment être con pour faire une telle manifestation et pour y aller. Ceux qui ont préparé ce truc-là, méritent pas de vivre. On est plus dans le droit ou la justice, mais dans une putain de guerre et la sauce monte, monte, monte. Là, faut couper les têtes.

C'était pour ça qu'il ne s'y était pas pointé.
Heureusement qu'à ce moment-là, il avait déjà quitté son emploi de flics, sinon il se serait certainement retrouvé dans tout ce merdier, à tabasser les manifestants.
Mais autant reparler boulot

- Maintenant, il y a bien des affaires, j'ai eu deux demandes... La plus importante est l'enlèvement de la fille de Ludo, le maître de notre dojo.

- Merde... Ca fait longtemps? Quel âge elle a... ?

- Elle s'appelle Julie, a sept ans et est turne. Elle a été enlevée dans la nuit, chez eux. Ludo m'a appelé et m'a expliqué. Je lui ai dit de ne rien faire pour le moment. Puis, j'ai demandé à Bebop et Rocksteddy d'aller fouiner quelques rumeurs... Pour ça qu'ils étaient là. Le déménagement, c'était une excuse.

Il tira sur la clope... Ouais, c'était vraiment une histoire louche.

- Ludo habite dans la bordure, pas très loin du dojo. Dernièrement, y a pas eu d'enlèvements de turnes dans ce coin là... Et s'infiltrer chez quelqu'un pour ça, c'est... Pas commun. C'est pas l'enlèvement au bord de la route avec une camionnette noire par exemple. Donc, soit c'est un hasard, soit quelqu'un en veut personnellement à Ludo.

Il y avait une troisième hypothèse : soit c'était un piège.
Ouais, c'était ptête légèrement égocentrique, mais Zack restait persuadé que la Mafia se tenait derrière ça, c'était un peu son genre, une sorte de "rappel".
Enlèvement qui a lieu le lendemain de la signature où il s'était confronté à la Mafia. La cible, un enfant, n'était pas anodine non plus... Beaucoup savaient que Zack détestait qu'on touche aux enfants. Et le lien ? Ludo... Ami de Zack et père de l'enfant.
Mais c'était ptête autre chose, ptête qu'il commençait à voir des menaces un peu trop partout. Ptête qu'il sombrait, au fur et à mesure, sans s'en rendre compte.
Ptête qu'il était en train de péter les plombs.

- Pas eu de demandes de rançons pour le moment. Donc, j'te propose qu'on aille voir chez Ludo comment ils sont entrés. Je lui ai dit de toucher à rien et de surtout pas prévenir les flics. Okay ?

Il alla pour se lever... Hors de question d'attendre plus longtemps.

- Au fait, Skye... Tu te rappelles quand je t'ai dit, l'autre soir, que j'allais crever ?

Lui, il s'en souvenait bien, il se souvenait même de la réponse de Skye, qu'il était une boîte à mystère, et qu'on trouverait le moyen de régler ça.

- C'est parce que ma vie est liée à celle de Lexy Sanders, un petit dispositif qu'elle implante dans certains employés pour s'assurer de leur loyauté, et qui pète si elle meurt...

Le sadisme de cette femme, la pire des saloperies.
Elle n'avait jamais rien acquis par elle-même, elle était née "Sanders" et ça avait suffit à ce qu'elle obtienne autant de pouvoir.
Et ce pouvoir, elle l'utilisait pas bien.
Rien que d'y penser, ça lui foutait la rage et la haine. Putain d'aristocratie.

- Moi... J'vais buter Lexy Sanders.

Alors fatalement, si elle meurt, le dispositif pète, tuant Zack à son tour.
Neutraliser le dispositif était hors de question. Non seulement ça mettrait la puce à l'oreille à Lexy Sanders, mais en plus, mourir d'une bombe serait certainement plus doux que de passer entre les mains de Papa Sanders.

Il sortit de sa poche, une photo pliée et abimée, qu'il déposa sur la table.
Dessus ? Betty, cette jeune enfant turne, retrouvée dans la bordure le corps complètement charcuté.
L'affaire qui avait mis Lexy Sanders sur la route de Zack.

- J'peux pas le prouver, mais ça, je sais que c'est elle, que c'est la FATE.

La bombe était lâchée.
Il s'affala plus profondément dans le canapé, tirant puissamment une taffe de sa clope, tout en scrutant le visage de Skye.

Ma révélation sur Vigothia fait son petit effet sur Bebop et Rocksteady, Zack le prend avec un peu plus de... Je sais pas. De cynisme? Je sais pas ce qu'il y a entre ces deux là, mais c'est trop vieux et trop compliqué pour être résumé en un mot, style "amitié". Par contre, ma seconde révélation à propos de Lexy, si elle met les deux autres dans tous leurs états, je sens que Zack se renferme pas mal. Alors que les deux autres rigolent, il tire sur sa clope.

- Ah ouais ? Tu bosses pour Lexy Sanders...

Il m'a jamais regardée comme ça. Ça me fout mal à l'aise. Quoi qu'il y ait entre eux, ça doit pas être une simple relation de patron à employé... Il se la tape? Nan, ça m'étonnerait. Elle a pas l'air du genre à... Ouais, elle a pas l'air du genre à coucher du tout, en fait. A moins que ça lui soit utile. C'est autre chose, du coup... Elle l'utilise probablement. Tout comme elle compte sûrement le faire avec moi. Je compte bien tirer mon épingle du jeu mais ce sera peut-être plus compliqué qu'il n'y paraît... Sans compter le niveau intellectuel de la bataille, elle a tous les moyens, le fric, les connaissances...

- Le genre à mettre la ville à feu et à sang juste pour avoir son martini à l'heure... C'est presque ça, ouais.

Il me fixe un long moment encore, soupçonneux, et je suis trop mal à l'aise pour dire quoi que ce soit avant qu'il ne change de sujet.

- Et du coup, ce four à pizza ? Vous voulez qu'on en fasse et qu'on livre ? "Pour une enquête commandée, une pizza offerte ?

Heureusement que Bebop s'est étouffé de rire à ce moment. L'ambiance aurait eu du mal à s'alléger à nouveau, sans eux. Je me rend compte que j'ai pas eu affaire à toutes les facettes de Mr. Nelvas... Quand la discussion arrive sur la manif, après qu'il m'aie montré les contrats, cette fois, son ton devient sévère.

- Fallait vraiment être con pour faire une telle manifestation et pour y aller. Ceux qui ont préparé ce truc-là, méritent pas de vivre. On est plus dans le droit ou la justice, mais dans une putain de guerre et la sauce monte, monte, monte. Là, faut couper les têtes.

- Perso, j'allais justement rejoindre Lexy pour le contrat... Et je me suis retrouvée bloquée là-dedans avec des gens que j'connaissais. Dont Vigothia, du coup.

Je l'appelle par son nom de famille, comme on le fait tous avec les profs. Ça doit faire bizarre à Zack. On ne s'attarde pas trop sur le sujet, attaquant directement cette histoire de fille disparue.

- Elle s'appelle Julie, a sept ans et est turne. Elle a été enlevée dans la nuit, chez eux. Ludo m'a appelé et m'a expliqué. Je lui ai dit de ne rien faire pour le moment. Puis, j'ai demandé à Bebop et Rocksteddy d'aller fouiner quelques rumeurs... Pour ça qu'ils étaient là. Le déménagement, c'était une excuse.

Une turne de sept ans... Il y a quatre possibilités principales qui s'imposent. La première, évidemment, c'est la plus glauque, un réseau pédophile ou même un détraqué isolé. La seconde, c'est la FATE. Mais elle me paraît peu plausible, ils ont plus tendance à faire "disparaître" des orphelins paumés de la Bordure. Ça arrive de plus en plus, puisque maintenant, on leur confie moins d'enfants comme à l'époque de ma naissance. Personne n'avait encore entendu parler des rumeurs de détention et de torture... Pardon. D'expérimentations physiques répétées. Et la troisième possibilité... C'est que quelqu'un veut utiliser sa mutation. Il y a des cas où ça peut être utile. J'ai déjà lu un article sur un criminel qui se servait de son propre gamin dont la mutation lui permettait de démagnétiser les serrures des magasins qu'il pillait ensuite...

La dernière possibilité, Zack ne met pas longtemps à m'en parler : une affaire personnelle.

- Ludo habite dans la bordure, pas très loin du dojo. Dernièrement, y a pas eu d'enlèvements de turnes dans ce coin là... Et s'infiltrer chez quelqu'un pour ça, c'est... Pas commun. C'est pas l'enlèvement au bord de la route avec une camionnette noire par exemple. Donc, soit c'est un hasard, soit quelqu'un en veut personnellement à Ludo.

- Tu connais sa mutation, à la petite...?

J'aimerais pouvoir écarter la première et la dernière solution. La 2eme, la FATE, étant la moins probable, c'est le cas d'utilisation de la mutation qui serait le plus simple à résoudre. En tout cas, avec les éléments qu'il m'avait donné, je m'en tenais à ces quatre possibilités.

- Pas eu de demandes de rançons pour le moment. Donc, j'te propose qu'on aille voir chez Ludo comment ils sont entrés. Je lui ai dit de toucher à rien et de surtout pas prévenir les flics. Okay ?

Il se lève, il est parti pour bouger tout de suite. Mais avant de partir, il me dit un truc.

- Au fait, Skye... Tu te rappelles quand je t'ai dit, l'autre soir, que j'allais crever ?

Ouais. Je hoche la tête, je m'en souviens; il avait l'air persuadé que c'était une fatalité définitive. Ce qui n'est le cas de rien sur cette terre.

- C'est parce que ma vie est liée à celle de Lexy Sanders, un petit dispositif qu'elle implante dans certains employés pour s'assurer de leur loyauté, et qui pète si elle meurt...

Ça va un peu plus loin que les simples impressions que me donne Lexy quand je la vois. Je devrai définitivement faire gaffe à ne pas accepter n'importe quoi de sa part... Enfin, pour le moment, elle a peut-être plus besoin de moi, que moi d'elle. Je le fais surtout pour le fric, et pour avoir accès à son matériel... Mais ça a l'air d'être une sacrée sadique.

- Moi... J'vais buter Lexy Sanders.

Un lien ne se fait pas dans mon cerveau. Un illogisme. S'il la tue, alors qu'il est lié à elle, il mourra. C'est pas ce qu'on appelle communément une suicide?

Il y a d'autres solutions, ruiner sa carrière, l'exposer publiquement, mais je ne pense pas que ce soient des alternatives qui conviennent à Zack. Il a l'air... Arrêté sur sa décision. La buter. Le fait qu'il me dise, à moi, quelque chose d'aussi gros... C'est non seulement qu'il me fait confiance, mais aussi qu'il compte sur moi pour respecter son choix. Et puis, peu à peu, je me rends compte de l'ampleur de sa déclaration. la mort de Lexy, et celle de Zack. Deux personnes pour qui je travaille. Dont l'une aura un impact sur toute la Sanders Company à sa mort. Un meurtre... Deux? Je secoue la tête, comme pour chasser un mal de crâne. Je viens de m'empêcher d'utiliser ma mutation, je suis bien trop fatiguée pour ça...

- J'peux pas le prouver, mais ça, je sais que c'est elle, que c'est la FATE.

Il me sort une photo d'une gamine déchiquetée. Comme ça, de but en blanc. Le temps d'analyser ce qui se trouve sur la photo, j'ai un haut le cœur. Il me faut quelques secondes pour pouvoir parler à nouveau.

- Je sais pour la FATE. J'y ai grandi. J'ai eu la chance de leur être utile, alors j'ai échappé au pire... Mais le NEST est plein d'histoires atroces, qu'on ne raconte pas, pour la plupart. Pour Lexy... Entre l'infirmière de l'Institut et la scientifique de la FATE, ouais, y'a un bel écart. Je pense qu'elle veut juste se servir de moi pour résoudre deux ou trois trucs qui lui posent problème. Moi, je veux juste utiliser son matériel pour faire avancer la science. Je pensais pas qu'elle pouvait être... Aussi extrême. Je ferai attention...

Ouais, je compte pas démissionner. J'ai l'impression d'avoir une carte bien placée en bossant pour elle. Que je pourrais m'en servir... Ne serait-ce que pour mettre à bien mon projet N.I.U.S. Je vais vers la porte de sortie, précédant Zack, mais assez lentement pour qu'il puisse m'arrêter s'il veut ajouter quelque chose.

- Tu connais sa mutation, à la petite...?

Zack eut un léger sourire. Enlèvement pour utiliser sa mutation, hein ?
Malheureusement, il avait mis cette idée sur un plan plutôt secondaire, au vu de la mutation.

- C'est un assemblage. Elle a des crocs, des mains griffues et l'articulation des jambes qu'est inversée, pas comme nous quoi. Elle fait pas très humaine pour le coup.

Même lui avait pas pu s'empêcher un frisson quand il l'avait vu pour la première fois. Elle tenait plus du monstre que de l'humain.
Mais l'aspect physique passé, elle était adorable.


La discussion repart sur Lexy Sanders et Zack avait exposé la suite des évènement la concernant.
Il ne cherchait pas à ce que Skye prenne partie ou qu'elle fuit, ça aurait été d'autant plus louche.

- Je sais pour la FATE. J'y ai grandi. J'ai eu la chance de leur être utile, alors j'ai échappé au pire... Mais le NEST est plein d'histoires atroces, qu'on ne raconte pas, pour la plupart. Pour Lexy... Entre l'infirmière de l'Institut et la scientifique de la FATE, ouais, y'a un bel écart. Je pense qu'elle veut juste se servir de moi pour résoudre deux ou trois trucs qui lui posent problème. Moi, je veux juste utiliser son matériel pour faire avancer la science. Je pensais pas qu'elle pouvait être... Aussi extrême. Je ferai attention...

Elle se lève et s'avance doucement, comme pour laisser à Zack le temps d'en placer une dernière avant qu'ils partent.
Ce qu'il fait.

- C'est ça... Fais attention. Encore plus si elle sait qu'on bosse ensemble, ok ? Gaffe à son majordome aussi, c'est clairement pas un majordome normal.

Ca l'avait surpris quand l'homme avait immobilisé son bras avec un mètre de couture. Parti pour prendre ses mesures afin de faire son costume, ça avait fini en immobilisation du bras pour injecter le truc sensé le tuer.
Sur le moment, il avait préféré pas moufter et vu la différence de corpulence, il aurait certainement fait voler le type, mais ce genre de gars avait toujours des cartes dans sa manche.
C'était le chien humain de Lexy, et Zack savait qu'il était dangereux.

Ils sortirent de l'agence et Zack ferma la porte à clef.
Il alla ensuite jusqu'à la moto qu'il démarra. Il enfila ensuite son cassque, un nouveau qu'il avait dû acheté car l'ancien était perdu quelque part.

- On en a pas pour très long à y aller, environs dix minutes. C'est au 201 Rue Downton.

Précision faite, il attendit que Skye enfourne la moto pour y aller.
C'était dans la Bordure, mais plutôt à la limite, ce qui faisait que le quartier était pas trop trop craignos. C'était une impasse aussi, ça faciliterait le questionnement du voisinage.
Quelqu'un aurait forcément vu quelque chose.

- C'est un assemblage. Elle a des crocs, des mains griffues et l'articulation des jambes qu'est inversée, pas comme nous quoi. Elle fait pas très humaine pour le coup.

Apparemment, il avait déjà pensé à la possibilité que la gamine aie disparu "à cause" de sa mutation. Mais vu que c'est principalement une différence physique, ça reste assez peu probable. Encore que... Il y a des tarés de toutes les sortes.

Des crocs, des griffes et... Articulation inversée? Dans le doute, j'imagine qu'il voulait dire que c'est une digitigrade, comme les canidés ou les félins. Je mets ça de côté pour l'instant, le temps de lui parler de mon rapport... Personnel avec la FATE, et avec Lexy. Et puis, il est temps de partir chez Ludo.

- C'est ça... Fais attention. Encore plus si elle sait qu'on bosse ensemble, ok ? Gaffe à son majordome aussi, c'est clairement pas un majordome normal.

J'imagine qu'elle est déjà au courant. C'est le genre de personne à avoir des infos sur tout. Quoi que... Pour le coup, je n'ai parlé à personne de cette histoire de détectives, et la seule trace officielle existante, c'est ce contrat, et il est encore dans mon sac. Quand au majordome... Je ne l'ai pas beaucoup croisé. C'est lui qui m'a apporté le contrat, et qui servait à boire quand j'étais chez elle... Mais je ne l'ai jamais entendu parler, je pense. Alors comme ça, il était spécial...? Je me demande si c'est un turne. En tout cas, je prendrais mes dispositions. Plusieurs idées me viennent déjà en tête.

Il referme la porte derrière nous, et on grimpe tous les deux sur la moto. J'ai encore de vagues souvenirs de la dernière fois qu'il m'a fait monter dessus, alors je ne me fais pas prier...

- On en a pas pour très long à y aller, environs dix minutes. C'est au 201 Rue Downton.

Dix minutes à moto... Effectivement, c'est pas très loin du dojo, comme il l'avait dit plus tôt.

-C'est parti, alors. Julie nous attend.

Je met le casque qu'il m'avait déjà prêté l'autre fois, et je m'accroche à lui. Je me sens... Bizarre. A la fois en colère contre ce qui est arrivé à la petite, mais aussi... Complète. L'inverse de vide. Comme si, pour une fois, ce que je faisais avait un sens, un sens précis, clair, avec une retombée directe. Et surtout, un sens qui correspond à ma vision de la morale.

C'est sûr, je peux pas dire que mes recherches bio-moléculaire n'ont aucun sens ou aucun but. Mais le fait de devoir emprunter les installations de Lexy... De collaborer avec la FATE... Et de créer des choses qui pourraient très bien avoir une utilisation à mille lieues de leur but originel, on ne peut pas dire que je nage en pleine plénitude. Je secoue la tête. On démarre. Inutile de penser à tout ça. Je trace ma route... Comme je l'ai toujours fait.

Zack et Skye roulaient à une vitesse raisonnable pour ne pas attirer l'attention, s'engouffrant dans la bordure après deux kilomètres parcourus dans la grande avenue.

Skye pouvait, au fur et à mesure, reconnaître quelques enseignes. Elle était déjà passée par là, lors de sa première errance qui l'avait amené à rencontrer Zack.
D'ailleurs, ils ne passèrent pas très loin du Dojo, traversant la rue adjacente.

Quelques minutes après, zigzagant entre les différents batiments, ils débouchèrent dans une impasse.
Le panneau à l'entrée de la rue indiquait "Downton", le premier immeuble qu'ils croisèrent étaient le numéro 195.
Quelques mètres plus loin, Zack s'arrêta, permettant à Skye de détailler l'environnement.

L'impasse était composée de grands immeubles, comme la majeure partie des bâtiments de la bordure.
Comme les autres, l'aspect était négligé, la peinture autrefois beige était maintenant délavée et l'on apercevait facilement la couche de béton. Il y avait également d'innombrables fissures répandues tout le long des immeubles, et malgré que cela pouvait faire douter quant à la solidité des structures, elles ne semblaient pas assez profondes pour créer une quelconque catastrophe.

Les étages étaient parsemés de balcon, offrant un accès aux appartements par des portes-fenêtres. Avec un peu de force et d'agilité, il était tout à fait possible d'escalader et d'accéder au dernier étage de chaque immeuble. Il y avait bien des grilles pour protéger une intrusion par cet endroit-là, mais la plupart étaient mangées par la rouille ou semblaient ne plus tenir en place.

Chaque immeuble avait son accès barré par une grille, fermée électroniquement. Pour en ouvrir l'accès, il y avait un pavé numérique ou un lecteur de carte.
Mais en regardant bien, la grande majorité de ces protections semblaient désuètes, y compris pour l'immeuble 201

Le quartier semblait calme également, malgré le fait que le son pouvait facilement se répercuter.
Il serait difficile de croire que personne n'ait rien vu, ni entendu.

Zack pointa l'immeuble 201, et plus particulièrement le 4ème étage, dont la grille avait été récemment repeinte en noire.

- Ils habitent là.

Il coupa définitivement le contact et retira son casque, le posant alors sur sa cuisse tandis qu'il prit son paquet de cigarettes.
Après l'avoir allumé, il se leva, casque à la main et commença à jeter un regard aux alentours.

Il jeta un regard aux alentours, s'attardant sur le bitume au cas où il y aurait une quelconque trace.

- Enlevée tard dans la nuit... Personne n'a rien vu, rien entendu. Là, tu vois pas, mais la ruelle est bien éclairée. Par contre, la lumière des lampadaires a du mal à atteindre les bâtiments.

Il s'arrêta de tourner en rond, relevant la tête du sol.

- A priori, aucune trace. Faudrait voir si quelqu'un a pas vu quelque chose et aurait, finalement, peur de parler. Allons déjà voir notre bon ami.

Et il s'avança, pénétrant dans l'enceinte de l'immeuble en poussant simplement la grille.

- Reprenons... A priori, pas de témoin, il n'a rien entendu et la porte n'a pas été fracturée. Dans la rue, la lumière reste perpétuellement allumée mais personne n'a rien vu ni entendu. Donc, à priori, ils se sont pas approchés par là. Derrière, c'est la rue...

Un détail avait peut-être pu attirer l'attention de Skye.
Deux étages au-dessus du 4ème, il n'y avait plus de grilles au balcon, et l'appartement semblait, à priori, vide.

On s'enfonce dans la bordure. Les enseignes passent des panneaux LED aux néons clignotants, moins onéreux. Il n'y a pas grand monde dehors. Dans les petites rues, de plus en plus resserrées, on peut voir au fur et à mesure qu'on s'avance à l'intérieur des secteurs de la bordure que les routes sont moins entretenues, les poubelles souvent à l'abandon. La condensation rend le bitume humide, et le long des grands immeubles, de longues traînées noires attestent d'un manque d'entretien constant. Sans compter les fissures...

C'est devant l'un de ces immeubles que Zack arrête la Flying Fortress. C'est vraiment énorme. Je n'ai pas à me plaindre de l'appartement étudiant en colocation, pour des turnes, ce genre d'habitation est déjà hors norme. C'est grâce au NEST qu'on a accès à tout ça. Ici, et dans toute la Bordure d'ailleurs, les immeubles servent plus à entasser les gens qui ne peuvent plus se permettre de vivre dans les secteurs centraux. Certains n'ont même plus l’électricité, celle-ci, produite par le dôme, étant en priorité utilisée par les citoyens.

La sécurité comme l'hygiène étaient des options, et particulièrement rares avec ça. Beaucoup de grilles défoncées ou d'échelles descendues. Mais bon... Ici, on est quand même dans la zone résidentielle de la Bordure.

En fait, le pire, dans ces quartiers, c'est l'extérieur, tout près de la Barrière. L'extrême bord de Central Point. Les dernières rangées d'immeubles n'ont pas pu être terminées, faute de moyens après la Dernière Guerre. Du coup, des familles entières y vivent... Enfin, y survivent, dans des appartements vides, aux murs nus et bétonnés, des bâches couvrant les ouvertures béantes de futures baies vitrées. Sans eau courante, électricité... La couverture médiatique de ce genre de choses est pratiquement nulle.

ZAck me montra la grille noire d'un appartement du 4ème étage de l'immeuble 201.

- Ils habitent là.

Je descend de la moto pour libérer mes cheveux du casque, pendant que Zack prend une cigarette dans son paquet. Il commence déjà à chercher des traces quelconques. Je sors mon nanophone, j'ai presque envie de le filmer quand il se met à parler comme un détective de polar. Mais, la situation ne prête pas vraiment à s'amuser.

- Enlevée tard dans la nuit... Personne n'a rien vu, rien entendu. Là, tu vois pas, mais la ruelle est bien éclairée. Par contre, la lumière des lampadaires a du mal à atteindre les bâtiments. A priori, aucune trace. Faudrait voir si quelqu'un a pas vu quelque chose et aurait, finalement, peur de parler. Allons déjà voir notre bon ami.

Il rentre dans l'enceinte du bâtiment en poussant la grille, déjà ouverte.

- Reprenons... A priori, pas de témoin, il n'a rien entendu et la porte n'a pas été fracturée. Dans la rue, la lumière reste perpétuellement allumée mais personne n'a rien vu ni entendu. Donc, à priori, ils se sont pas approchés par là. Derrière, c'est la rue...

S'il me regardait pendant son speech, il va peut-être râler. Pendant qu'il parlait, j'étais sur mon nano, même si je suis tout à fait capable d'écouter en même temps. En fait, j'étais sur le web, et je venais de créer un compte pro de compagnie d'immobilier. En accédant aux ressources privées communes d'un ensemble d'autres compagnies, on se rend compte que ces bâtiments, ils se les refilent comme des maladies vénériennes. Personne n'en veut : ni les agents immobiliers, ni les clients. Et ceux qui finissent par s'y installer sont souvent mauvais payeurs, même si c'est bien malgré eux, il faut l'avouer.

Or, parmi les récents versements de loyers, un seul n'a jamais eu le moindre retard. En même temps, il a été cédé relativement récemment, il y a 3 mois. Avec un acompte particulièrement élevé. Celui de l'ami de Zack? Non... Ce n'est pas la même adresse. C'est au 6ème. Je lève la tête. Pas de lumière. Le balcon semble vide, pas de table, de pots de fleur... Non, c'est pire que ça. Il n'y a plus de grillage. Et c'est juste au-dessus de l'appartement que Zack m'a montré...

Si on avait été plus proches de la Barrière, j'aurais penché pour un squat. Mais non seulement on était à la frontière de la Banlieue, mais en plus, il y avait cet histoire de loyer... Je montre le nano à Zack.

-Pour des gens qui payent aussi bien, ils prennent pas vraiment soin de leur balcon, tu trouves pas...?

-Pour des gens qui payent aussi bien, ils prennent pas vraiment soin de leur balcon, tu trouves pas...?

Le nez au ciel, tirant sur sa cigarette, Sky venait d'interrompre ses réflexions sur un possible indice, une possible trace, qui aurait pu lui mettre à l'oreille.
Il regarda donc le nanocom avec un savant mélange de concentration et d'incompréhension avant de comprendre que des mecs payaient un loyer, chose rare, mais que tout semblait vide.
Bref, comme le faisait remarquer Skye, c'était bizarre.
Mais ce qui était plus bizarre, c'est qu'elle ait chopé l'info en même pas une minute.

- Bah p'tain, j'sais pas comment t'as fait ça mais niveau efficacité, ça chôme pas. Tu peux remonter pour voir qui paie ?

Si elle était si douée pour l'informatique, ça l'arrangeait.
Zack n'y connaissait rien, même s'il était né avec, même si c'était un outil qu'on utilisait à chaque instant, ça... Ne l'intéressait pas.
Ptête qu'il aurait pu fournir des efforts pour apprendre, mais il préférait largement tâter le terrain pour choper l'info plutôt que de tapoter des doigts sur un truc qui faisait "clic clic clic".
C'était dérangeant comme bruit, même s'ils faisaient presque plus de bruits, y avait toujours un "reste".
Ou c'était dans la tête de Zack. Tête qui gardait son attention sur le balcon.

- Trois mois... Une planque.

Et par planque, c'était pas celle que pouvait utiliser les flics pour cacher un témoin, comme dans ces vieux films.
Non, c'était celle pour cacher la raclure, après quelques méfaits, voire en faire un lieu de passe de tout genre. Prostitution, drogue, armes, etc.
Cela voulait dire que de l'autre côté, il y avait de la thune et des hommes armés.

Zack balaya l'air d'un geste de la main, avant de la porter à hauteur de sa bouche et de reprendre sa clope en main.
Pour le moment, ça restait des suppositions, mais ce nouvel élément était... Inquiétant et intrigant.
Si c'était bien une planque, ptête qu'elle avait un rapport mais ptête pas. Ptête que ça venait des types qui payaient ou de leurs alliés.

Le colosse se remémora les quelques gangs qui officiaient dans le coin....
"Flesh Red", " Pomodoro ripieno", "Aigles de la Bordure", et bien d'autres encore.
Peu semblait répondre à la finance nécessaire pour louer une telle planque, ou aux contacts nécessaires pour obtenir un telle planque.
Et puis, ça n'était pas très discret de permettre à une bande squattant le coin d'utiliser ce genre de truc.

- Mouais... Tente de remonter et dis-moi ce que tu trouves. Ensuite, on ira voir le maître pis l'appartement. Ok ?

Il pinça sa presque fin de cigarettes entre ses lèvres, avant de plonger sa main dans l'intérieur de son blouson.
Il en sortit sa matraque télescopique, qu'il tendit à Skye.

- Garde ça, pour le moment. Pas encore besoin mais après, j'pense que si.

- Bah p'tain, j'sais pas comment t'as fait ça mais niveau efficacité, ça chôme pas. Tu peux remonter pour voir qui paie ?

-Ça risque de prendre un moment, j'ai accès aux transactions en lecture seule, mais pas aux dossiers des clients... Je peux essayer.

- Trois mois... Une planque.

Il réfléchit un moment. Je sais pas à quoi, et c'est assez frustrant de me dire que si j'avais les mêmes éléments que lui, je pourrais certainement arriver plus rapidement à la conclusion de sa réflexion... Seulement, ces "éléments", c'est son expérience du terrain. Et même avec une formation accélérée, c'est le genre de trucs qui prend du temps à assimiler.

- Mouais... Tente de remonter et dis-moi ce que tu trouves. Ensuite, on ira voir le maître pis l'appartement. Ok ?

Il éteint sa clope, et sort un truc de sa veste, avant de me le tendre. Une matraque... Un truc comme les flics, télescopique. Whaaat... Je fais quoi avec ça, moi...? J'me suis jamais servi de ce genre de choses, c'est super étrange. Porter une arme... Frapper quelqu'un avec. Pas que ce soit une arme très compliquée à utiliser, mais... C'est pas en vente libre, ce genre de merdes, et j'ai pas été flic, moi...

- Garde ça, pour le moment. Pas encore besoin mais après, j'pense que si.

-On t'a déjà dit que tu savais rassurer les filles, toi...?

Je m'agrippe à la matraque, en regardant le fameux balcon. Bon... Je vais tenter de trouver une backdoor pour récupérer l'accès d'un ordinateur en ligne sur leur réseau interne et en sortir un dumpfile.

-On ferait aussi bien d'avancer... Je te dirai si, et quand, j'arrive à quelque chose.

-On t'a déjà dit que tu savais rassurer les filles, toi...?

Zack se mit à rire.
Il est vrai que filer une arme, sans dire quoi que ce soit, ce n'était pas particulièrement rassurant.
Il avait perdu l'habitude de travailler à plusieurs. Quant à chaperonner... Le dernier remontait à une dizaine d'années.

- T'as raison, j'ai un peu tout dans la tête et j'pense pas à partager.

Il s'alluma une nouvelle clope avant de tendre son paquet à Skye si elle en voulait une.
Il allait expliquer et ça allait certainement être long.

- Ce genre de trucs là, l'appartement loué et payé mais plutôt vide, c'pas... Rare. J'en ai déjà vu. Ca sert de planque, en gros. Pour... Un peu tout et n'importe quoi. Ca va du stockage d'armes, de drogues voire d'humains pour du trafic, à la création d'un QG temporaire pour effectuer des actions dans la guerre des gangs.

Il tira à nouveau sur sa clope.

- La bordure, c'est que ça, que des guerres de territoires entre les différents gangs qui tentent de s'imposer.

Bon, ce n'était pas vraiment que ça, mais dans le cas d'une planque, c'était majoritairement ce cas-là.

- Donc, cet appartement qui est certainement une planque, on ira vérifier quand même, appartient certainement à un gang. Toi, t'as trouvé que quelqu'un payait pour cet appartement, ok ? Mais la majorité des gangs ont pas ces moyens-là. Et s'ils l'avaient, bah... Ils auraient pas les connaissances pour faire dans les règles de l'art, tu vois ? Donc, on peut dire que ce truc-là, ça appartient à un gros. Et un gros qui est pas de ce coin. Parce que les autres gangs du coin, je les connais et j'peux te dire qu'ils feraient pas ça.

Il s'arrêta quelques instants, histoire que Skye assimile bien les informations.

- Mais l'truc qui me chiffonne... C'est que si la planque a été utilisée pour piquer la gosse... Bah... Pourquoi elle ?

Il avait bien une réponse, mais c'était trop tôt et trop... Paranoïaque.
Devait-il le dire à Skye ? Oui, certainement, elle devait connaître les possibles tenants et aboutissants.
Il se tourna vers elle, la mine légèrement assombrie, tout en décochant un mouvement du visage en direction de la matraque.

- La seule explication que j'ai, pour le moment, c'est... Une vendetta. J'ai amoché pas mal de types d'un gang qui se fait appeler "la mafia". C'est du lourd, mais c'pas celle des films. Juste des rois du crimes qui font aussi office de mercenaires pour des riches familles. Et j'crois qu'il essaie de se venger.

Au fur et à mesure ses traits devinrent plus durs. L'éclat doré de son regard s'était effacé, au fur et à mesure qu'il parlait, tandis que sa mâchoire se crispait de temps à autre.
On pouvait pas dire que Zack culpabilisait de ce qu'il avait fait à la "mafia". Ils avaient joué et ils avaient perdu.
Il voulait une revanche et Zack allait se faire un plaisir de jouer, mais il y aurait des pertes et des fracas. Ptête lui-même allait crever.

- Ecoute... Si tout va dans ce sens, c'est chaud, ok ? Alors si j'te dis, à un moment ou à un autre, de dégager... Tu dégages, ok ? Ces mecs, ils rigolent pas.

Au moins, ça le fait marrer... La situation doit pas être si dramatique que ça.

- T'as raison, j'ai un peu tout dans la tête et j'pense pas à partager.

Il s'allume une autre clope, et il m'en tend une. J'imagine qu'on va rester là un moment. Je vais essayer de continuer à creuser du côté des virements pendant l'explication... D'une main, je pianote sur mon nano et de l'autre, je tiens la cigarette après l'avoir allumée.

- Ce genre de trucs là, l'appartement loué et payé mais plutôt vide, c'pas... Rare. J'en ai déjà vu. Ca sert de planque, en gros. Pour... Un peu tout et n'importe quoi. Ca va du stockage d'armes, de drogues voire d'humains pour du trafic, à la création d'un QG temporaire pour effectuer des actions dans la guerre des gangs.

-Eh bah j'espère que c'est pas des armes. Parce que ça serait un putain de gang s'ils pouvaient en planquer comme ça...

Je suis un peu nerveuse, et j'ai du mal à me concentrer sur ce que je fais. D'un côté, j'alloue mon temps de cerveau disponible à l'écoute, mais de l'autre, j'essaye de faire au plus vite sur mon nanocom.

- La bordure, c'est que ça, que des guerres de territoires entre les différents gangs qui tentent de s'imposer.  

J'imagine que c'est son point de vue d'ancien flic qui parle. Je veux dire... J'y suis déjà allée, et c'est pas SI craignos... Enfin, je pensais. J'ai peut-être eu du bol? J'en sais rien. C'est difficile d'avoir des données fiables sur ce qui se passe dans la Bordure. Les médias en rajoutent ou étouffent des trucs, les rumeurs font l'inverse...

- Donc, cet appartement qui est certainement une planque, on ira vérifier quand même, appartient certainement à un gang. Toi, t'as trouvé que quelqu'un payait pour cet appartement, ok ? Mais la majorité des gangs ont pas ces moyens-là. Et s'ils l'avaient, bah... Ils auraient pas les connaissances pour faire dans les règles de l'art, tu vois ? Donc, on peut dire que ce truc-là, ça appartient à un gros. Et un gros qui est pas de ce coin. Parce que les autres gangs du coin, je les connais et j'peux te dire qu'ils feraient pas ça. Mais l'truc qui me chiffonne... C'est que si la planque a été utilisée pour piquer la gosse... Bah... Pourquoi elle ?  

-Un gros, pas du coin. Donc ça rend notre gamine d'autant plus importante, s'ils se sont déplacés jusqu'ici exprès. C'est pas juste un rapt au hasard... C'était prémédité. Elle, et pas une autre.

Dans ce genre de cas, y'a plusieurs possibilités... Une affaire personnelle contre la fille. Une affaire personnelle contre le père. Voire, une mutation utile de la fille...

- La seule explication que j'ai, pour le moment, c'est... Une vendetta. J'ai amoché pas mal de types d'un gang qui se fait appeler "la mafia". C'est du lourd, mais c'pas celle des films. Juste des rois du crimes qui font aussi office de mercenaires pour des riches familles. Et j'crois qu'il essaie de se venger.

Il...? Apparemment, Zack a quelqu'un en tête. Mais il ne m'en parle pas... Est-ce que, d'une façon ou d'une autre, il est plus lié à cette affaire qu'il ne veut bien me laisser l'entendre?

- Ecoute... Si tout va dans ce sens, c'est chaud, ok ? Alors si j'te dis, à un moment ou à un autre, de dégager... Tu dégages, ok ? Ces mecs, ils rigolent pas.

-Ok, ok, attends. "Il", et maintenant "ces mecs". Tu t'es déjà frotté à eux, je me trompe? T'as l'air plutôt... Familier avec cette mafia.

La Cosa Nostra, la Piovra... Utiliser un nom aussi légendaire dénote soit d'un égo démesuré, soit de moyens à la hauteurs de leurs ambitions. Et pour Zack, on s'approche plutôt de la seconde possibilité, apparemment.

-Alors, moi, je veux bien enquêter sur la disparition de cette fille, mais si c'est un piège pour choper le maître, ou même toi, j'pense que tu peux me mettre au courant...!

Pour le coup, j'ai pas beaucoup avancé sur la recherche des noms dans la base de donnée. Pas facile de faire deux trucs aussi différents à la fois.

-Un gros, pas du coin. Donc ça rend notre gamine d'autant plus importante, s'ils se sont déplacés jusqu'ici exprès. C'est pas juste un rapt au hasard... C'était prémédité. Elle, et pas une autre.

Zack l'écoutait.
Qu'elle fasse le même cheminement que lui était une bonne chose, et au moins faudrait pas expliquer le truc des dizaines de fois.
Là où c'était moins rassurant, c'était dans le fait qu'elle donnait poids à ce qu'il espérait être de la paranoïa.

Et si c'était moins rassurant pour lui, ça l'était encore moins pour elle.

-Ok, ok, attends. "Il", et maintenant "ces mecs". Tu t'es déjà frotté à eux, je me trompe? T'as l'air plutôt... Familier avec cette mafia. Alors, moi, je veux bien enquêter sur la disparition de cette fille, mais si c'est un piège pour choper le maître, ou même toi, j'pense que tu peux me mettre au courant...!

- Calmos.

Un ton calme, voire doux dans le grondement perpétuel qui était la voix grave et menaçante de Zack.
Il pensait pas particulièrement que ça allait la calmer, mais bon.
C'était juste une amorce, qu'il rythma par le fait de tirer une bouffée de cigarette tout jetant un bref regard au balcon du 6ème étage, avant de revenir sur elle.

- Si j'savais que c'était un ptain de traquenard dès le départ, tu penses bien que je t'aurai pas mise sur l'affaire. Ok, j'ai ptête des tendances suicidaires, mais j'implique pas les autres. Enfin je crois.

C'était dans la suite de l'amorce, même si ça ne répondait pas trop à la question.

- Pour tout te dire, j'en sais rien de si c'est un piège ou non. La clef, elle est là-haut.

Il désigna le fameux appartement vide.

- Si on trouve des preuves que cet appartement est lié à l'enlèvement, alors là on pourra pisser dans nos frocs. J'pense que c'en est un, mais j'ai des tendances à la paranoïa, ok ? J'peux juste te dire qu'il y a quelques jours, j'me suis frité avec cette "mafia", dans le cadre de mon job avec tu sais qui. Ils ont eu des pertes matérielles, humaines, mais aussi de réputation.

Bah ouais... Un seul mec qui déboite une trentaine de types. Bon, il était pas tout seul à un moment, mais ça la fout mal. Plus l'échec de la mission, ils devaient avoir une sacrée dent.

- "Elle" est sensée régler ça, à moins qu'elle veuille me voir crever. Bon, j'crois que c'est ce qu'elle veut mais pas par eux, ok ? Alors ptête que c'est réglé et qui tente quand même ou ptête que c'est pas réglé et ils ont le champs libre. Mais pour le moment, ça reste qu'une putain de supposition. Si ça s'confirme, tu te mets à l'abri le temps que je règle ça.

Mais là, il savait pas trop comment régler ça... On réglait pas trop ce genre de rixe avec la mafia, à moins de crever ou de leur vendre son âme. Trucs pas jouasses.

- Ecoute.

Il s'approcha de Skye, posant une main sur son épaule.

- On voit qui fout la merde, et si c'est trop dangereux, tu te retires et j'finirai le taffe, ok ? Mais, si tu veux te reitrer maintenant et qu'on s'mette sur une affaire plus cool, on pourra. Y en a une autre, plus tranquille, demandée par étudiante du FATE sur des évènements qui lui paraissent louches. Mais comme ça concerne un turne, les flics veulent pas vraiment s'en occuper. Le dossier est sur le bureau

Une certaine Solveig Langley, qui avait pas trop su vers qui se tourner, apparemment.
A dire vrai, Zack savait pas comment elle l'avait trouvé alors qu'il venait à peine d'ouvrir l'agence. Et clairement, elle venait pas de la bordure.

- On fait comme ça ?

- Calmos.

Il parle plus doucement que d'habitude. J'imagine qu'il a du comprendre que je manquais beaucoup trop de données... Et que ça me faisait stresser. Il aspire lentement la fumée de sa clope, les yeux posés sur le fameux balcon mafieux, et enfin, il me regarde pour me répondre.

- Si j'savais que c'était un ptain de traquenard dès le départ, tu penses bien que je t'aurai pas mise sur l'affaire. Ok, j'ai ptête des tendances suicidaires, mais j'implique pas les autres. Enfin je crois. Pour tout te  dire, j'en sais rien de si c'est un piège ou non. La clef, elle est là-haut.

Donc, en gros, tout ça était juste un gros "warning"... C'est vrai que j'ai pas tellement réfléchi aux implications qu'il pourrait y avoir, si on tombait vraiment sur eux. Je veux dire, je suis là, je profite de l'adrénaline en jouant les héros avec Zack... Et soudain, je réalise que lui, il a été flic. Qu'il y a des consignes de sécurité, des règles à respecter pour éviter les mauvaises surprises. Une préparation à observer minutieusement. C'est de ce genre d'expérience dont je parlais tout à l'heure : des actions répétées si souvent qu'elles en sont devenues naturelles et peuvent être réalisées sans devoir passer par tout le schéma de pensée qui les justifie. Des habitudes, des réflexes. De l'expérience.

- Si on trouve des preuves que cet appartement est lié à l'enlèvement, alors là on pourra pisser dans nos frocs. J'pense que c'en est un, mais j'ai des tendances à la paranoïa, ok ? J'peux juste te dire qu'il y a quelques jours, j'me suis frité avec cette "mafia", dans le cadre de mon job avec tu sais qui. Ils ont eu des pertes matérielles, humaines, mais aussi de réputation.

Lexy... Contre la mafia? Si je reste dans le même état d'esprit que Zack a l'air de vouloir me faire adopter, je vais peut-être finir par réviser ce contrat avec elle... Et si mes recherches menaient à quelque chose qu'elle utiliserait à mauvais escient...? Non, attends... Si la mafia est contre elle, ça en fait une gentille, non? L'histoire doit être plus compliquée que ça...

- "Elle" est sensée régler ça, à moins qu'elle veuille me voir crever. Bon, j'crois que c'est ce qu'elle veut mais pas par eux, ok ? Alors ptête que c'est réglé et qui tente quand même ou ptête que c'est pas réglé et ils ont le champs libre. Mais pour le moment, ça reste qu'une putain de supposition. Si ça s'confirme, tu te mets à l'abri le temps que je règle ça.

En gros, si on tombe sur la mafia, je suis sensée me planquer et le laisser gérer avec des mecs qu'ils décrit lui-même comme une mort certaine. Sympa. Je crois qu'il voit que je suis sur le point de l'ouvrir, parce qu'il me coupe en posant la main sur mon épaule.

- Ecoute. On voit qui fout la merde, et si c'est trop dangereux, tu te retires et j'finirai le taffe, ok ? Mais, si tu veux te reitrer maintenant et qu'on s'mette sur une affaire plus cool, on pourra. Y en a une autre, plus tranquille, demandée par étudiante du FATE sur des évènements qui lui paraissent louches. Mais comme ça concerne un turne, les flics veulent pas vraiment s'en occuper. Le dossier est sur le bureau. On fait comme ça?

-Me met pas sur la touche avant de savoir ce que je sais faire. L'autre affaire, on la règlera en temps voulu, je te rappelle qu'il y a la vie d'une gamine en jeu, là... Hors de question de faire demi-tour. Mafia ou pas.

Ça m'a un peu énervée qu'il cherche à me faire reculer comme ça. Je sais qu'il y avait plus une volonté de protection, mais... Je n'aime pas l'idée d'être inutile, et encore moins celle d'être inactive, en face d'une histoire pareille.

Je reprends ma recherche sur le nano en avançant vers l'immeuble. Quel que soit le plan, la première étape restait inchangée : se rendre au fameux étage fantôme. Et puis, ça faisait bien trop longtemps qu'on était devant l'entrée à discuter, autant qu'on ne se fasse pas entendre par des voisins...