Aux informations de Central News, les images de la manifestation mettaient en scène trois élèves et un professeur du NEST. Kelya, Skye, Heidi et Kayn. Leur implication est inconnue, mais les images ont beaucoup tourné, difficile de les manquer.
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On parle également, parmi les victimes, d'un turne avec deux rangées de dents pointues. Violent, proche des milieux terroristes, il est annoncé qu'il trempait dans plusieurs réseaux de trafic d'enfants. Des photos ignobles ont été retrouvées sur son nanocom et de l'ADN sur ses dents, prouvant qu'il s'adonnait au cannibalisme.
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Depuis la manifestation, les turnes sont très restreints dans leurs droits civiques. Couvre-feu, certains magasins interdits, plus de présomption d'innocence... Une atmosphère étouffante s'est emparée des rues. Heureusement, au NEST, il n'en paraît rien, pour les pensionnaires.
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Au NEST, on raconte dans les couloirs qu'il se passerait quelque chose entre le prof d'anglais et l'infirmière... Ils sont faits pour s'entendre, aussi calmes et posés l'un que l'autre...
Finir par mon cours de musicologie ça me sauve un peu la journée. C’est la seule matière qui ne me barbe pas complètement. Ça ne m’empêche pas de rester au dernier rang dans la salle et de passer tout le cours la tête enfouie dans les bras, mais c’est quand même un peu différent, là je ne dors pas.. J’écoute. Enfin tout ça pour dire que je ne suis pas spécialement de mauvaise humeur. Pas de bonne humeur non plus, faut pas déconner, mais juste pas mauvaise.
Qu’est-ce que je fais à déambuler toute seule dans la rue moi déjà ? Ah oui, j’ai des courses à faire. Je suis presque à court de nourriture. Des fois je me dis que je devrais mieux manger, mais bon vu que ma cuisine se limite à un évier et une plaque à moitié défectueuse, mon micro-ondes n’est pas prêt de se rendre inutile. Alors c’est parti pour l’épicerie du quartier.
Comment ça elle est fermée ? Un congé ? Mon œil, et pour faire quoi, on est sous un dôme. M’enfin, pas le choix, je vais devoir aller ailleurs. Je crois me rappeler qu’il y a une autre enseigne à quelques pavé de là. Et je suis repartie. Je scrute un peu les environs ; la ville est grande, et je n’ai pas vraiment eu l’occasion de m’aventurer dans ce coin du district.
Oh, une animalerie ? C’est assez rare ce genre de magasins, les animaux de compagnie sont un signe de luxe la plupart du temps, c’est rare de voir quelqu’un promener un chien. Il paraît qu’à une époque c’était normal d’avoir chez soi un animal. Je soupire en m’approchant de la vitrine. La vie devait être plus simple il y a 100 ans.
Je finis par me coller à la vitrine pour regarder d’un peu plus près les bestioles qui se cachent à l’intérieur. Est-ce que j’aime bien les animaux ? Je sais pas, j’en ai jamais eu, et je peux pas dire que je me souvienne avoir déjà vu un chien ou un chat de près. Après, oui, bien sûr je trouve ça mignon, comme tout le monde non ? Une des boules de poils m’a remarquée et me lance un regard bizarre. Je n’arrive pas à décoller mes yeux des siens avant quelques secondes. Bon, lui je l’aurais bien ramené avec moi. Et son voisin aussi. Et le voisin de son voisin. Arg, mais c’est pas possible, comment est-ce que les gens font pour passer devant et ne pas repartir avec un de ces machins ? Mon regard s’échappe enfin de l’emprise démoniaque de ces créatures pour tomber sur une étiquette de prix.
800 bitcoins pour un chiot ?! Tu m’étonnes qu’on ne voit jamais personne en balader, ces trucs coûtent trois fois le prix de mon loyer, et j’ai déjà assez de mal à le payer..
Puis, je sors brusquement de mes pensées. Je vient d’entendre la porte s’ouvrir, et personne n’entre. C’est donc que quelqu’un sort. Ou sinon je suis en train de tourner barge, mais j’espère qu’il est tout de même un peu trop tôt pour ça. C’est une jeune femme qui sort, elle doit avoir à peu près mon âge. Vu sa dégaine, elle ne doit pas avoir de quoi s’offrir une boule de poil. Une minute, c’est moi qu’elle regarde ?
Je m’éloigne du panneau de verre, m’apprêtant à tourner les talons mains dans les poches.
« Quoi qu’il se soit passé c’est pas moi, ok ? J’ai rien fait, alors maintenant je vais déguerpir. »
Un peu trop sur la.. ? La défensive ? Non, je vois pas. De toute façon à part regarder je n’ai vraiment rien fait, mais c’est l’habitude de me faire alpaguer par des commerçants un peu trop sanguins qui a parlé à ma place.
Putain de journée de merde. J'ai passé ma journée à nettoyer la boutique pour chasser les mauvaises ondes, alors que j'avais cours normalement. Anita et ses superstitions à la con. La seule mauvaise onde que je capte dans ce bordel, c'est la mienne. J'en ai plein le cul. Bon au moins les enclos des petits monstres sont propres. Il me reste quelques coups de balai à passer et je pourrai fumer. Je m'approche du box à Ouragan, un des nouveaux chiots qu'on a reçu hier...
Je ne comprends pas encore très bien d'où viennent les animaux de l'animalerie. Anita reste très vague sur les livraisons. Mais quand je rentre en contact avec les animaux, j'ai comme un mauvais sentiment. On a une livraison tous les mois, parfois les animaux sont quasiment au bord de la mort. Parfois, ils sont en bonne santé. On a beaucoup de nouveaux nées mutant en ce moment, la plupart subissent leurs mutations et meurent. Les autres sont vendus à des riches, il doit y avoir un côté VIP à avoir un animal mutant. Répugnant, les gens qui prennent les animaux pour des objets me dégoutent.
Bref, nous avons 5 nouveaux petits chiots. Ouragan est le plus fou d'entre eux, c'est une pile électrique. C'est pour ça que je l'appelle comme ça. Normalement, on n'a pas vraiment le droit de donner des noms aux animaux, car ce sont des biens à vendre. Sauf que comme les règles, me font chier, je fais ce que je veux. Si son prochain propriétaire veut l'appeler paupiette ça ne changeras rien à ma vie.
Je fixe ce petit monstre qui ne tiens pas en place. Il tourne, il joue, il mord ses frères.
-Bah, ouais, t'es content mon pote, ton box il est tout propre hein. Bah, oui, tu me regardes avec tes 4 grands yeux d'amour. Tu veux jouer, c'est ça hein … * agite une corde * Oh, calme toi, c'est ma main ça mec. J'aimerai bien la garder si ça ne te dérange pas.
J'en ai besoin de cette main pour ranger cette maudite vitrine. Il faut tout aligner correctement avec la bordure de l’étagère. Sinon ça bousille les ondes positive blablabla. Puis après on fait brûler de la sauge blanche. C'est drôle, j'ai l'impression que ça les calme un peu. C'est vrai que c'est apaisant. Sauf Ouragan bien sûr, rien ne le calme lui.
-SAHANAAA , TU NE FUMES PAS DANS LA BOUTIQUE.
-Mais je fume pas dans la boutique! Je fais brûler de la sauge, et pourquoi tu hurles tout le temps ?
-VA FUMER DEHORS !
-Mais je fum... Oui allez, c'est bien t'sais quoi je roule ma clope et je me casse dehors.
J'comprend pas pourquoi elle me cris dessus comme ça. Alors que je lui parle le plus calmement possible. Elle devient sourde où c'est juste pour me faire chier ? En tout cas ça marche bien. Bon, allé, je roule mon joint et je sors. Tiens, c'est calme tout d'un coup. Ouragan se serait il endormis ?
Je me retourne vers le box. Il fixe l'extérieur de la boutique, il ne bouge plus. Il est bizarre ce chien. Bon, allé, je vais fumer. À cette heure de la journée, le soleil tape sur la vitrine et j'adore m'y adosser.
* ding ding *
-Quoi qu’il se soit passé c’est pas moi, ok? J’ai rien fait, alors maintenant je vais déguerpir.
-Wow putain t'es cinglé, tu m'as foutu les boules.
C'est quoi cette fille qui parle plus vite que la lumière ? J'en ai lâché mon joint par terre. Je me penche pour le ramasser. Ok, déjà pour commencer, je vais allumer ce joint bien mérité. Voilà, maintenant, on peut parler.
-Si tu crois que je vais te courir après, c'est mal me connaître. Pas après la journée de merde que je viens de passer. T'façon, on est fermé.
Attends, elle se casse vraiment ou quoi ? Anita va me tuer si elle apprend que je parle aux potentiels clients comme ça. Je la vois déjà me crier dessus. Pourquoi j'ai peur d'elle comme ça, c'est fou.
- Hey ! J'ai jamais vu ouragan aussi calme. Tu veux pas me dire ton secret ?
« Wow putain t'es cinglé, tu m'as foutu les boules. »
C’est moi qu’elle vient de traiter de cinglée là ou je rêve ? Je m’arrête. Le regard mauvais, je la regarde suspicieusement ramasser la clope, se la remettre dans le bec et l’allumer. J’agite une main devant mon visage lorsque la fumée arrive à mon niveau pour la dissiper du mieux possible. Ah oui, je vois, c’est ce genre de clope. Difficile de passer à côté de la différence d’odeur.
« Si tu crois que je vais te courir après, c'est mal me connaître. Pas après la journée de merde que je viens de passer. T'façon, on est fermé. »
Et bah c’est tant mieux, comme ça j’aurai pas à courir non plus, j’ai moyen envie. Une minute, elle a dit ‘on’ ? Elle bosse ici ? Voilà qui expliquerait pourquoi elle sort d’un magasin désert. Enfin, c’est pas mon problème ça. C’est même pas un vrai problème. Allez, je me casse, moi à la base je voulais juste regarder des bestioles, pas taper la discute avec une inconnue.
« Hey ! J'ai jamais vu ouragan aussi calme. Tu veux pas me dire ton secret ? »
Je me retourne à nouveau vers elle, comme elle m’alpague. Ouragan, c’est comme ça que ce truc avec quelques yeux en trop s’appelle ? Je ricane brièvement en détournant le regard. Ouragan.. sérieusement quoi.. Enfin bref je crois que ce n’était pas l’objet de sa remarque. Mon secret pour rentre ce chiot calme ? Qu’est-ce que j’en sais moi, je l’ai juste regardé. Je lâche un soupir avant de lui répondre.
« Son regard a croisé le mien, alors forcément je l’ai soutenu. A partir de là, j’imagine qu’il a dû reconnaître qu’il avait à plus fort que lui. »
J’écarte les bras et hausse les épaules, l’air satisfait. Que voulez vous, cette petite bête a tout simplement dû s’apercevoir qu’on ne déconne pas avec moi. J’ai peut-être pas l’air mais je suis une dure ! Je prends quelques courts instants pour réaliser quelque chose.
« On te laisse vraiment fumer ce truc là au taff ? »
Même moi qui bosse dans un magasin de musique j’ai déjà vu un employé se faire virer pour ça, et pourtant la musique n’est pas un milieu réputé pour être très très clean.
-Son regard a croisé le mien, alors forcément je l’ai soutenu. A partir de là, j’imagine qu’il a dû reconnaître qu’il avait à plus fort que lui.
Cette petite blonde a une voix beaucoup trop énergique. Sauf si c’est ce joint qui est trop chargé ou le soleil qui me tape trop sur le système. En tout cas elle a l’air sûr d’elle, ça me fait rire. J’peux pas m’empêcher de laisser échapper un petit rire.
-Pus fort que lui hein… * rire* t’es marrante toi. Comment tu arrives à dire ça, alors qu’il y a une vitre qui vous sépare ? Tiens regarde ce que ce petit monstre m’a fait juste en jouant.
Je coince mon joint entre mes dents. Je remonte ma manche de sweat pour lui montrer la jolie morsure qu’il m’a faite sur la main et sur le bras. Bon sur le bras elle ai caché sous mes tatouages. J’arrive même pas à la voir. Mais celle sur la main est bien visible. Petit con d’ouragan.
-T’as pas du croiser beaucoup d’animaux toi pour dire ça.
Les animaux bien qu’ils soient mignons, reste sauvages. Parfois leur mutation modifie leur comportement, ça les rend imprévisibles. C’est aussi ça qui est excitant de travailler avec eux Elle me fixe. Elle n’a pas bougé d’un poil, c’est fou cette assurance pour cette petite taille. Je dois faire une tête de plus qu’elle mais elle me regarde comme si je faisais seulement 1m20 les bras levées. Pourquoi il y a autant de froideur dans un visage aussi doux ?
- On te laisse vraiment fumer ce truc là au taff ?
-Je fume ce truc-là partout où ça me chante. Par respect pour les petites boules de poils je fume à l’extérieur.
Pourquoi on me laisserait pas fumer ou je veux quand je veux ? Je fais du mal à personne après tout. Pourquoi on est obligé de mettre toujours des règles sur tout ?
-SAHANA LE CHIEN ABOIT DEPUIS TOUT A L’HEURE.
-Voilà pourquoi je fume. Pour oublier que je suis un larbin. Si tu taffais tu fumerais. Sauf si tu fumes déjà.. Tu fumes ?
P’tain même quand la porte est fermé, je l’entends gueuler. Alors que j’avais même pas entendu qu’ouragan avait recommencé à délirer. Je sais plus quoi faire pour le calmer ce monstre. Il va se fatiguer à un moment et dormir pendant des mois. J’sais pas si c’est conventionnel ce que je vais dire mais bon …J’écrase mon joint par terre.
-Bon il faut que je rentre pour calmer le monstre. Ciao
J’ouvre la porte de l’animalerie. Je regarde ouragan qui à l’air de pleurer lorsqu'il voit la fille s’éloigner. Mais il a quoi ce chien ? Il est tordu. Bon après tout. Je vais tenter le coup .Qui ne tente rien n’a rien hein. J’ouvre la porte de l’animalerie. La fille est encore assez proche pour m’entendre.
-Hey toi, tu disais être plus forte qu’ouragan. Tu veux bien venir me faire une démonstration de force ? Je te paye une bière. Tu bois au moins ?
Si elle arrive à calmer ouragan, je pourrais aller me poser plus vite.
« Pus fort que lui hein… t’es marrante toi. Comment tu arrives à dire ça, alors qu’il y a une vitre qui vous sépare ? Tiens regarde ce que ce petit monstre m’a fait juste en jouant. »
Ça la fait marrer ? Je passe de cinglée à comique en quelques secondes, ça ne me plaît que moyennement. J’arrive à dire ça parce que j’en ai pas grand-chose à faire, voilà tout. Elle remonte sa manche et me tend son bras. Des tatouages chelous et quelques traces de dents. Ouais, j’ai vu pire hein. Si c’était si grave que ça tu serais pas en train de t’en vanter.
« T’as pas du croiser beaucoup d’animaux toi pour dire ça. »
A moi de ricaner un peu. J’en ai croisé des sauvages, mais les miens se déplacent sur deux pattes et cognent avec les poings. Et puis des traces de morsures, je dois bien en avoir une ou deux quelque part sur le corps. Dans ce monde, il existe des grands malades capables de se battre de manières qu’on ne soupçonnerait jamais.
« Je fume ce truc-là partout où ça me chante. Par respect pour les petites boules de poils je fume à l’extérieur. »
Ouh, attention, on a une rebelle par ici. J’allais la rembarrer un petit coup avant d’entendre cette voix mélodieuse sortie de nul part, un deus ex animalerie qui me fait éclater de rire juste devant son nez. Alors c’est comme ça que tu t’appelles, Sahana ? J’ai l’impression que son nom me dit quelque chose, mais pas moyen de savoir pourquoi. Et puis après tout, tant pis, de toute façon il y a des chances que je ne la revoie jamais de ma vie.
« Voilà pourquoi je fume. Pour oublier que je suis un larbin. Si tu taffais tu fumerais. Sauf si tu fumes déjà.. Tu fumes ? »
Ah oui, parce que je travaille pas moi maintenant ? Elle a l’air de penser bien des choses sur moi, et des choses qui n’ont pas l’air vraies. D’ordinaire je m’en serais complètement foutue, mais là je sais pas pourquoi ça m’énerve.
« Non, je fume pas. »
Un larbin, et puis quoi encore, au moins toi tu bosses pas la nuit.
« Bon il faut que je rentre pour calmer le monstre. Ciao »
C’est ça, ciao, faut que j’y aille aussi de toutes manières, j’ai des courses à faire si je veux pas crever de faim dans deux jours. Je fourre mes mains dans mes poches et commence à tailler la route.
« Hey toi, tu disais être plus forte qu’ouragan. »
Mais c’est pas vrai, elle va jamais me laisser tranquille ou quoi ? Bien sûr que je l’ai dit, et je le maintiens.
« Tu veux bien venir me faire une démonstration de force ? Je te paye une bière. Tu bois au moins ? »
Donc si je comprends bien, tu veux que je vienne faire ton job à ta place ? Et puis quoi encore. Pour une bière ? Mouais, c’est déjà mieux que rien, et c’est pas plus cher que gratuit. Je jette un coup d’œil à ma montre avant de soupirer. Je travaille pas ce soir, et j’ai un peu de temps avant la fermeture des épiceries ; sur le papier je n’ai pas de raison pratique de refuser, seulement que j’ai pas envie de le faire. Le regard suspicieux, je la dévisage, puis le petit tyran quatre yeux, puis elle à nouveau.
« Tss, t’as de la chance que je sois de bonne humeur. »
Je la regarde d’un œil mauvais alors que je pénètre à l’intérieur de la boutique. Je retrousse à mon tour mes manches, laissant apparaître un tableau de tâches bleues et vermeilles sur mes avant bras. Enfin, je m’arrête devant la boule de poil. Je le fixe dans les yeux, droite comme un i, et les mains dans les poches à la manière des plus grands Hitachi. De l’extérieur on pourrait croire que mon regard est dédaigneux, mais c’est juste que je jauge un peu le chiot à mes pieds. t’es pas pareil que les autres et tu mords les autres pour le plaisir, hein ? Tu me plaît bien.
-Tss, t’as de la chance que je sois de bonne humeur.
-Non j'ai de la chance d'avoir de la bière sinon tu n'avais aucun intérêt à venir n'est ce pas ?
Pourquoi elle me regarde toujours avec autant de mépris ? Je ne lui ai rien fait pourtant ? Pourquoi elle perd autant d'énergie à froncer toujours des sourcils. Elle va avoir des rides avant l'âge si elle reste toujours aussi coincée. Peut-être qu'avec une bière dans le nez, elle sera moins casse-couilles.
Je lui tiens la porte, elle passe devant moi. Et un merci ? non ? ok ... bien ... Elle remontre ces manches. What ? C'est quoi ce délire ! C'est quoi tous ces bleus ? Elle se bat ou quoi ? C'est une petite boule de nerd, c'est ça ? Elle va quand même pas tabasser mon chien … Mais qu’est-ce que j'ai laisser rentrer chez moi !
-Hey, tu vas pas le frapper hein. Quand je disais démonstration de force, je voulais pas que tu lui casses la gueule c'est pas le but.
-Bon, je vais aller chercher 2 bières. Tu restes tranquille, et c'est valable pour vous deux parce que je sais pas qui me fait le plus flipper.
Je me dirige vers le frigo dans l'arrière-boutique. Je me retourne trois fois pour voir si elle ne lui casse pas la gueule. J'ai toujours horreur de la violence. J'ai du mal à comprendre pourquoi les gens aiment se battre. il y a tellement de moyens de se défouler pourquoi la violence est la plus prisé ? Les animaux qui sont ici on déjà assez souffert, ils n'ont pas besoin de plus de violence. La tendresse et l'écoute résoudrons bien plus de problème.
-SAHANA POURQUOI J'ENTENDS LA PORTE DU FRIGO ?
-Parce que je suis en train de l'ouvrir. D'autres questions ?
-TU NE VAS PAS BOIRE MAINTENANT TOUT DE MÊME ?!
-Non, je me sors une bière pis je vais la regarder pendant 2h avant de la remettre au frigo. D'autres questions ?
C'est pas vrai ça. Je sais même pas ou elle est dans la maison, tellement sa voix fait écho dans toute l'animalerie. À quel moment j'ai signé pour me faire ridiculiser devant les potentiels clients ? C'est fou ça.
Je referme le frigo et me dirige vers le box d'ouragan. Je pose les bières sur l'étagère. Je cherche dans ma poche mon briquet. J'ouvre les deux bières. Je regarde Ouragan fixement, mes yeux changent de couleurs. Pourquoi cette fille t'intrigue autant ? Elle dégage quelque chose qui t'est familier ? Elle t'apaise ? Pourquoi moi, tu me casses les couilles et elle tu la respecte? Elle a du charisme… Je vois... Et moi non, c'est ça ? Petit con. J'crois pas beaucoup au coup de foudre mais je pense que chaque animal est lié intiment avec son maître. Souvent, je m'amuse à regarder les couples qui se baladent et c'est dingue à quel point, ils se ressemblent. Comme si on était destiné à cohabiter avec eux.
-Tiens ça c'est pour toi et arrête de faire cette tête quand tu me regardes ça me fait marrer. J'ai que ça, j’espère que ça te va. Alors qu'elle est le diagnostic docteur ? Ce chien est cinglé ou c'est juste un trou d'uc qui décide de me faire chier ?
Je la regarde droit dans les yeux, puis je regarde Ouragan. C'est vrai qu'ils vont bien ensemble.
-Il est mignon, avec un peu de chance et de dressage, il pourrait peut-être t'aider pour vaincre les gens qui t’ont fait ces tatouages éphémères sur le bras.
« Non j'ai de la chance d'avoir de la bière sinon tu n'avais aucun intérêt à venir n'est ce pas ? »
Ouais, elle a pas tort sur ce coup. Mais pas totalement raison non plus, généralement la promesse d’une unique bière n’est pas suffisante pour me faire me déplacer.
« Hey, tu vas pas le frapper hein. Quand je disais démonstration de force, je voulais pas que tu lui casses la gueule c'est pas le but. »
J’aime pas bien comme elle me regarde. Elle a commencé à flipper à quel moment ? Elle fait presque dix centimètres de plus que moi, je vois pas de quoi elle pourrait avoir peur, surtout que je ne suis pas non plus forcément taillée pour casser quelque gueule que ce soit. Et puis je vais pas casser la gueule à un bébé clébard, je reste humaine.Ah, c’est bon, j’ai compris. C’est vrai qu’à la longue j’ai fini par ne plus y faire gaffe tellement ils ne s’en vont jamais, mais à la réflexion, ça doit pas être commun à voir autant de bleus concentrés sur une même personne. Et encore, elle a pas vu mon dos.
« Bon, je vais aller chercher 2 bières. Tu restes tranquille, et c'est valable pour vous deux parce que je sais pas qui me fait le plus flipper. »
D’où elle me donne des ordres ? Déjà que je viens ici pour l’aider, c’est vraiment pas dans son intérêt de me traiter comme ça. M’enfin, elle disparaît à l’arrière du bâtiment, s’en suivent un échange des plus passionnant avec la même voix qui l’a déjà ramenée à l’ordre il y a quelques instants. Je commence à comprendre un peu mieux pourquoi est-ce qu’elle est aussi décontractée au travail, elle peut se le permettre, elle connaît sa patronne personnellement.
Un moment après, elle revient avec les bouteilles promises. Entre temps, je n’avais pas bougé d’un iota, ni prononcé un seul mot. Pourquoi est-ce qu’il reste planté là à me regarder, j’ai rien de spécial, je l’ai même pas caressé une seule fois. C’est ça qu’il attends ? Non il peut toujours rêver, même si j’ai pas l’impression que ce soit ça. Je la regarde les décapsuler du coin de l’œil, guettant toujours le cabot de temps en temps, au cas où. Les morsures à la jambe j’ai jamais eu, et ça fait partie de mes petites fiertés alors hors de question qu’elle s’évapore ici.
Ses yeux, c’est une turne, ça ne fait aucun doute. Elle doit faire partie de ceux qui s’en fichent et qui pense qu’on est comme les autres et que toute la haine que les humains ont pour nous c’est pas si grave que ça. Enfin, pour ma part j’en ai pas grand-chose à faire, turne ou pas turne, j’aime pas les gens de la même manière.
« Tiens ça c'est pour toi et arrête de faire cette tête quand tu me regardes ça me fait marrer. J'ai que ça, j’espère que ça te va. Alors qu'elle est le diagnostic docteur ? Ce chien est cinglé ou c'est juste un trou d'uc qui décide de me faire chier ? »
J’attrape la bière qu’elle me tend en hochant légèrement la tête en guise de remerciement. J’aime pas trop parler, et j’aime pas non plus les gens qui parlent trop, et malheureusement pour elle, elle tourne moulin à parole.
« Il est mignon, avec un peu de chance et de dressage, il pourrait peut-être t'aider pour vaincre les gens qui t’ont fait ces tatouages éphémères sur le bras. »
De quoi elle parle, là ? Vaincre des gens, du dressage, m’aider.. Elle est en plein délire si elle pense que je vais repartir avec le molosse miniature. Je prends la première gorgée de la bouteille avant de lui répondre.
« Fallait pas m’inviter si ma tête te revenait pas, je vais pas la changer pour toi. Et le diagnostic, eh bah c’est que t’es nulle ma grande. »
J’ai juste eu à le regarder pour qu’il se calme, je vois pas en quoi c’est difficile. Enfin, peut-être que pour le coup, ça a à voir avec ma tête. Peut-être qu’elle la fait marrer cette Sahana, mais au moins elle est capable de rendre le toutou docile.
« Je sais pas ce que tu t’imagines à propos de moi, mais laisse moi te dire que t’as tout faux. Et puis je vois pas bien où tu veux en venir non plus mais il y a aucune chance que je reparte avec ce truc qui bave partout. »
Autant remettre directement les choses à leur place. Je ne casse la gueule de personne, je ne frappe personne, et je ne demande rien à personne. Ensuite, je n’ai ni la place ni le temps de m’occuper d’un chien. Alors oui, il est mignon, et oui, il y a peut-être une partie de moi qui a envie de l’emmener, mais je ne peux tout simplement pas, c’est pour son bien, je pourrai pas m’en occuper comme il le mérite.
- Fallait pas m’inviter si ma tête te revenait pas, je vais pas la changer pour toi. Et le diagnostic, eh bah c’est que t’es nulle ma grande.
Je manque de m'étouffer. Moi nulle ? Moi, je n'arrive pas à calmer ce chien ? Elle a peut-être pas tords. On ne peut pas comprendre tous les animaux. Comme on ne peut pas comprendre tout les humains. Peut-être que nous ne sommes pas fait pour nous comprendre. Peut-être que cette petite boule de poils veut de la fermeté et que je suis trop douce. Je me laisse trop marcher sur les pieds.
- Ouais, tu as sûrement raison. Ce chien est peut-être juste trop casse couille pour que je le comprenne. Il faut qu'il trouve un maître à sa hauteur... J'ai rien contre ta tête sinon je t'aurais pas payé ma dernière bière.
- Je sais pas ce que tu t’imagines à propos de moi, mais laisse moi te dire que t’as tout faux. Et puis je vois pas bien où tu veux en venir non plus, mais il y a aucune chance que je reparte avec ce truc qui bave partout.
Ce que j'imagine de toi ? Je n'ai pas pris le temps d'y réfléchir parce que je m'en fous de qui tu es. Moi à la base, je voulais juste que l'autre se la ferme. Puis parler un peu. Anita me dit souvent de me faire des amis. Mais j'ai la fâcheuse tendance à tomber que sur des casse-couilles qui me prennent la tête. Du coup ça me fatigue. La preuve, je suis fatiguée.
- Je voulais pas te contrarier. Ce que j'imagine à propos de toi ? Rien du tout. Le seul truc que je vois, c'est que tu as une sacrée descente et ça me plaît. Pour ce qui est du truc qui bave partout, j'lui trouverai bien un maître qui le trouveras attachant et qui le comprendras.
Bah ouais mon pote, tu es plus qu'un truc qui bave partout. Tu es bien plus que ça. Crois moi. Toi aussi, tu as le droit d'être aimé. Je caresse la petite boule de poil. Pour une fois, il ne me mordille pas la main, il me lèche les doigts. Il a l'air d'être un peu plus calme. C'est bien. Nos bières sont à moitié vide, autant qu'on discute un peu.
- Bon reprenons depuis le début dans ce cas. Comme ça, j'arrêterai de me faire des a priori sur toi. T'es étudiante ?
Sa peau est tellement pâle, je me demande de quelle origine elle vient. Central point est vraiment une grosse salade de culture mélangés. C'est ça que j'aime bien. On a tellement à apprendre de chacun.
- C'est la première fois que je te vois dans le coin... Tu viens souvent ici ?
« Ouais, tu as sûrement raison. Ce chien est peut-être juste trop casse couille pour que je le comprenne. Il faut qu'il trouve un maître à sa hauteur... J'ai rien contre ta tête sinon je t'aurais pas payé ma dernière bière. »
Comment ça, qu’elle le comprenne ? Elle est déjà pas capable de comprendre que je suis là pour la bière et pas pour l’entendre parler, alors comprendre un chien mutant.. Bon, c’est une turne, mais le seul pouvoir que je lui vois en ce moment c’est celui de débiter beaucoup de conneries à la seconde. Si j’étais enfermée dans une cage ici avec elle tous les jours tu m’étonnes que j’aurais envie de mordre tout ce qui passe, y compris sa main.
« Je voulais pas te contrarier. Ce que j'imagine à propos de toi ? Rien du tout. Le seul truc que je vois, c'est que tu as une sacrée descente et ça me plaît. Pour ce qui est du truc qui bave partout, j'lui trouverai bien un maître qui le trouveras attachant et qui le comprendras. »
J’imagine bien que tu voulais pas me contrarier, mais concrètement, plus tu parles, plus t’as de chances de le faire, c’est des maths ou un truc du genre. Et on ne peut pas s’empêcher d’imaginer des choses sur les autres, si on ne les connaît pas, on doit forcément combler les trous nous même.
Mon regard se reporte sur le trublion quand elle décide de le caresser. Eh bien, tu pourrais quand même la mordre, après tout ce qu’on vient de me raconter sur toi, tu pourrais au moins être à la hauteur de ta réputation bonhomme.
« Bon reprenons depuis le début dans ce cas. Comme ça, j'arrêterai de me faire des a priori sur toi. T'es étudiante ? »
Je soupire, regrettant que ma bouteille ne soit pas encore vide. Maintenant, je suis coincée ici au moins jusqu’à ce que je la finisse.
« C'est la première fois que je te vois dans le coin... Tu viens souvent ici ? »
Plus pour longtemps si elle continue comme ça. Je fini d’une traite ma bière comme pour me donner le courage de lui répondre, sachant pertinemment que ça va me mener à une discussion bien trop longue à mon goût. Je fais ça pour toi, petit molosse.
« Mouais, j’tire dans la musique. Et non, j’avais jamais foutu les pattes dans ce coin. J’avais de courses à faire. »
Et j’en ai toujours d’ailleurs. Mais bon, comme ça elle aura pas besoin de me demander pourquoi. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai comme le pressentiment que même si je ne lui ai pas retourné la question, elle me donnera quand même sa réponse. D’ailleurs j’y pense, c’est une turne, vu ses yeux de tout à l’heure, ça ne fait aucun doute, alors elle devrait être au NEST. C’est vrai que maintenant que je fais le lien, sa tête commence à me dire vaguement quelque chose. Je la dévisage en plissant les yeux. Une nana comme ça, je m’en souviendrais quand même non ?
Et puis, maintenant que j’y pense, elle a vraiment le temps d’épier tous les passants au point de pouvoir dire si elle m’a déjà vu ou pas ? Tu m’étonnes qu’elle aie le sentiment de se faire exploiter, ça doit pas être une rapide niveau exécution des tâches si elle passe son temps à faire autre chose. Je ricane un instant.
« T’es quand même un sacré phénomène. »
Au final, même si ce côté insupportablement loquasse n’a pas disparu, i y a quelque de singulier chez elle, et je suis sûre que même si c’était sa dernière bière elle cache forcément autre chose dans son frigo.
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